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droits protecteurs que leur opposent leurs anciens clients, désirent trouver des débouchés dans les colonies; mais il est certain que celles-ci repoussent cette union désavantageuse pour elles. Aussi le « zollverein » a-t-il été abandonné par la plupart des impérialistes.

Leurs efforts se bornent à préparer une fédération purement défensive. C'est notamment le point de vue de sir Charles Dilke. Les colonies contribueraient à l'augmentation, jugée nécessaire, de la flotte anglaise. C'est le principal sacrifice à leur demander, car la défense de l'empire doit se faire surtout par les forces navales. L'Australasie contribue déjà à l'entretien d'une escadre. Le Cap a fait don à la reine du vaisseau de guerre Afrikander lors du jubilé de 1897. Mais les autres colonies ne se sont pas montrées jusqu'à présent disposées à se charger de grosses dépenses militaires.

En somme la fédération impériale a séduit l'opinion anglaise comme un moyen de répondre au prolectionnisme et aux armements des États continentaux; si les colonies se prêtent à la réaliser, ce sera vraiment, pour le monde britannique, au point de vue économique et militaire, le « splendide isolement » dont a parlé un de ses hommes d'État.

BIBLIOGRAPHIE

Une bibliographie complète pour la période contemporaine ne pourrait être dressée qu'avec les catalogues des principaux libraires anglais et des éditeurs de publications officielles d'Ottawa, de Sydney et des capitales des colonies. Pratiquement, on se servira du Statesman's Year-Book, pour la bibliographie générale, de la Review of Reviews pour l'indication et l'analyse des articles de revues depuis huit ans, de la National Biography pour la biographie (et la bibliographie) des gouverneurs généraux, etc. Nous n'indiquons ici que quelques ouvrages qui sont particulièrement intéressants ou qu'il est plus facile de trouver.

Généralités. Fédération. Sir Ch. Dilke, Problems of Greater Britain, Londres, 1890, 2 vol. in-8; un article dans la Revue de Paris, 1er janvier 1898. Pierre Leroy-Beaulieu, Les nouvelles sociétés anglo-saxonnes, Paris, 1897, in-18 (au point de vue de l'ancien libéralisme). - G.-R. Parkin, Imperial Federation, the problem of national Unity, Londres, 1895, in-8. A. Todd, Parliamentary Government in the British colonies, 2o éd., Londres, 1894, in-8. Une collection de petites histoires des colonies vient d'être publiée à Londres, sous le titre de Story of Empire Series, in-8.

Canada. J.-P. Bourinot, Canada, Londres, 1896, in-8, petite hist.

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préférable à celle de W.-P. Greswell, Londres, 1890, in-8. G.-M. Grant, Picturesque Canada, Toronto, 1884, 2 vol. in-4, avec de magnifiques gravures. Ch. Lindsey, Rome in Canada..., Toronto, 1889, in-8. G.-R. Parkin, The great Dominion; Studies in Canada, Londres, 1895, in-8 (recueil de correspondances).

Australasie.

- E.-A. Coghlan (chef de la statistique de la NouvelleGalles), A statistical account of the seven colonies of Australasia, Sydney, in-8 (périodicité irrégulière). La Review of Reviews analyse ou indique la plus grande partie des nombreux livres publiés depuis cinq ou six ans sur la démocratie et les réformes sociales en Australasie. Voir en outre les recueils et revues de législation ouvrière.

Afrique anglaise. G. Aubert, L'Afrique du Sud, Paris, 1897, in-8 (statistiques). Mermeix, Le Transvaal et la Chartered, Paris, 1897, in-18, l'exposé français le plus impartial du conflit de 1896-97. Les divers ouvrages de F.-R. Statham. Sur la Rhodesia et les guerres contre les Matabélés, de nombreux ouvrages d'officiers et de volontaires: BadenPowell (1896); Leonard (1896); Plumer (1897); Sykes (1897), etc. Sur le partage de l'Afrique, en français, V. Deville, et en anglais Scott Keltié, The partition of Africa, Londres, 1898 (nombreuses éditions mises à jour).

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Inde. Les divers ouvrages de B.-H. Baden-Powell montrent que la communauté de village est d'origine récente et n'est pas une institution générale, contrairement aux hypothèses de Sumner Maine et de Laveleye. A. Chevrillon, Dans l'Inde, Paris, 1889, in-18 (impressions d'un touriste). James Darmesteter, Lettres sur l'Inde: A la frontière afghane, Paris, 1888, in-18. Marquise de Dufferin, Quatre ans aux Indes anglaises. Notre viceroyauté... 1884-88, trad. franç., Paris, 1898, 2 vol. in-18. Lord Roberts, 44 years in India from subaltern to commander in chief. Londres, 1867, 2 vol. in-8. Sir John Strachey (ex-ministre des finances de l'Inde), L'Inde, trad. fr., Paris, 1893, in-8.

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CHAPITRE IV

L'AUTRICHE-HONGRIE DEPUIS 1871

Dans l'évolution politique de l'Autriche-Hongrie depuis 1871, trois moments se détachent nettement. Jusqu'en 1878, les adversaires des Constitutions existantes, en Autriche se résignent, en Hongrie se rallient le dualisme s'affermit. De 1879 à 1896, grâce à un changement de système en Autriche, la prépondérance de la Hongrie s'y accuse plus ouvertement, et il fonctionne sans trouble. Pour assurer le renouvellement facile du compromis à sa troisième échéance, le gouvernement autrichien commet à partir de 1896 une série de fautes qui provoquent la crise, où, après l'Autriche, la monarchie et la Hongrie ellemême se trouvent sucessivement entraînées et qui n'a point encore reçu de solution.

1.

L'ère libérale allemande (1871-1879).

Le ministère Auersperg. La disgrâce imprévue de Beust gâta au parti libéral allemand la joie de son triomphe sur Hohenwart. Elle l'avertit de ne point se fier trop à ses propres forces. Aussi s'empressa-t-il d'accepter le pacte que lui proposa le prince Adolphe Auersperg, chef désigné du nouveau cabinet politique intérieure strictement constitutionnelle, pleine

liberté à la cour dans les questions militaires. Le président du conseil, frère cadet du prince Carlos', était connu pour sa fidélité à la Constitution: son énergie et sa raideur d'ancien capitaine de cavalerie plurent à la majorité, tant qu'il ne les tourna que contre l'opposition. Lasser, l'ancien collègue de Schmerling, était l'homme d'Autriche le plus capable d'administrer le difficile département de l'intérieur; Stremayr, l'auteur de la dénonciation du Concordat, reprit les cultes et l'instruction. L'Université de Vienne fournit au cabinet deux de ses professeurs les plus distingués: Glaser à la justice, Unger comme ministre sans portefeuille, « ministre de la presse » et orateur du cabinet. Le gouvernement, aussitôt formé, se donna une majorité comme toujours, quelques dissolutions de Diètes, suivies de nouvelles élections, y suffirent. La session parlementaire s'ouvrit le 28 décembre 1871, et le discours du trône. caractérisa en deux phrases tranchantes la politique nouvelle : « Malgré mon intention d'aller, avec l'assentiment du Reichsrath, jusqu'au bout des concessions compatibles avec l'unité de l'État, la paix intérieure si vivement désirée n'a pas pu être rétablie. Mon gouvernement, composé d'hommes que ma confiance a désignés parmi vous, considère comme le premier de ses devoirs d'affermir le régime constitutionnel légal, et d'assurer à la loi, dans toute la vie publique, une obéissance absolue. »

Le premier acte du nouveau ministère fut la réforme électorale. Les libéraux la réclamaient depuis longtemps. A leur conception unitaire de l'État autrichien, il convenait mal que le Parlement de l'Empire eût l'air d'un congrès de délégués des provinces, et qu'une Diète, en refusant d'élire ses députés (la Diète de Bohême venait encore de le faire, après la chute de Hohenwart) pût tronquer la représentation nationale, lui enlever toute autorité morale. Une loi provisoire (13 mars 1872) autorisa le cabinet à faire combler, par le moyen d'une élection directe, toute vacance survenue en cours de session. La politique d'abstention devint désormais sans objet, car les députés des circonscriptions allemandes de la Bohême vinrent occuper

1. Voir ci-dessus, t. XI, chap. XIII.

leurs sièges. La loi définitive, sanctionnée le 3 avril 1873, ne se borna pas à transformer en règle l'élection directe : elle porta de 203 à 353 le nombre des sièges et les redistribua. La part des villes et des chambres de commerce, fiefs du parti libéral, fut accrue de 6 p. 100, celle des campagnes diminuée de 2, celle des grands propriétaires de 4. Les inégalités et les injustices de la représentation des intérêts restèrent intactes.

Autant que centralistes, les libéraux allemands sont par tradition anticléricaux. La dénonciation du Concordat, qui rendait nécessaire une organisation nouvelle des rapports de l'Église et de l'État, leur fournit l'occasion d'appliquer leurs principes. A l'ouverture de la session de 1874, Stremayr présenta quatre projets de lois sur la haute surveillance de l'État sur les Églises, sur les ordres religieux, sur les revenus ecclésiastiques, sur la reconnaissance des associations religieuses (en faveur des vieux catholiques). Avec l'esprit qui règne à la cour d'Autriche, c'est déjà pour un ministère une victoire que d'être autorisé à aborder ces questions brûlantes. Auersperg et Stremayr, ne dissimulèrent pas qu'il n'y avait rien à espérer de l'empereur au delà de leurs projets, et la preuve en fut bientôt faite. Les lois adoptées d'accord avec le gouvernement reçurent la sanction; elle fut refusée à la loi sur les ordres monastiques, à cause d'un amendement dirigé contre l'établissement d'ordres

nouveaux.

A peine l'Exposition universelle, dont on attendait de grands résultats pour l'essor industriel de l'Autriche, venait-elle d'être inaugurée, qu'éclata à Vienne, le 9 mai 1873, une terrible crise financière. Une période de spéculation effrénée aboutit au grand krach» de Vienne. Pendant un mois, les faillites se succédèrent sans interruption: toutes les classes de la société en furent atteintes, le contre-coup s'en fit sentir dans les provinces les plus reculées. Le ministre des finances, par son énergie, sauva l'État d'une catastrophe plus grande, en résistant aux sollicitations des spéculateurs, qui, au nom du salut public, en réalité pour se sauver eux-mêmes, réclamaient la réouverture de la planche aux assignats. Longtemps les conséquences de cette crise pesèrent sur l'Autriche. Elle paralysa Depretis dans son

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