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les coalisés, repoussés par le canon, perdirent leur propre artillerie et leurs bagages.

A la suite de ces désastres militaires des troubles civils agitèrent les deux pays vaincus. Le président bolivien Prado et le péruvien Daza s'enfuirent. Le vice-président La Puerta succéda à Prado, et Narcisse Campero devint président au Pérou tandis que l'armée passait sous le commandement de Camacho.

Mais le sort des nouveaux chefs fut aussi malheureux : les Chiliens battaient les Péruviens à Los Angelos, et de nouveau à Tacna; ils occupaient tout le Pérou méridional (juin 1880). Vainement les Péruviens pensèrent défendre Lima en s'établissant sur les fortes positions de Chorillos et de Miraflorès; ils furent repoussés en deux journées (13 et 15 janvier 1883); la capitale du Pérou s'ouvrit aux Chiliens vainqueurs.

La guerre était finie, mais il se produisait encore sur le territoire de la République péruvienne des résistances qui ajournèrent la conclusion de la paix jusqu'en avril 1884. Le Chili enlevait à la Bolivie ses territoires maritimes; au Pérou, les pays riches en salpêtre et en guano, de Tacna et de Tarapaca. Le Chili après la guerre; l'insurrection balmacediste. Une guerre civile fit expier au Chili ses propres victoires, à l'heure même où tout semblait favoriser la paix. Errazuriz, d'abord dévoué au clergé, avait passé au camp libéral; en 1881, son successeur Santa Maria frappait le clergé en lui enlevant l'état civil, en attendant de supprimer (1885), comme religion d'État officielle, le catholicisme.

C'est encore une question présidentielle qui devait troubler le pays; le président Balmaceda prétendit continuer sa politique, à l'expiration de ses pouvoirs, sous le nom de son homme-lige, Sanfuentes. Le parti libéral était hostile à ces prétentions; Balmaceda commença la lutte en dissolvant le Congrès.

Si l'armée, les grandes villes prirent parti pour Balmaceda, la flotte et les provinces septentrionales tinrent pour les congressistes, dont les forces étaient sous la direction d'Errazuriz. Dès le premier succès des parlementaires, Santiago se soumit; Balmaceda dut s'enfuir et se suicida (novembre 1891).

Présidences de Montt et de Federico Errazuriz. — Le triomphe de la flotte fut symbolisé par l'élection à la présidence du candidat libéral, l'amiral Georges Montt (18 novembre 1891). Nul incident n'a troublé sa présidence. En 1896 il eut pour successeur le fils d'Errazuriz, Don Federico Errazuriz, antérieurement déjà deux fois ministre; nul trouble ne s'est manifesté, mais le parti balmacediste a acquis une forte situation dans les Chambres et dans les conseils. Une cérémonie funèbre en l'honneur de Balmaceda (1896) a déchaîné un vif enthousiasme populaire.

V. Le Mexique.

La régénération. Rôle prépondérant de Porfirio Diaz. La guerre entreprise par la France et la tentative. infructueuse de l'archiduc Maximilien eurent pour effet de pousser le Mexique dans la voie du progrès, à l'issue d'une période de crise cruelle. Depuis la victoire de Juarez le Mexique est aux mains des radicaux et des fédéralistes.

Les cléricaux s'étaient compromis par l'appel qu'ils avaient fait aux étrangers; aussi, en 1871, fut prononcée la séparation de l'Église et de l'État; en 1873, les jésuites d'abord, puis les différents ordres étrangers furent expulsés; la place ayant été faite nette, des écoles laïques furent multipliées.

Juarez, qui avait été réélu en 1871, mourut le 18 juillet 1872; il eut pour sucesseur le président de la Cour suprême, Sébastien Lerdo de Tejada, dont les pouvoirs devaient expirer fin juillet 1874. A sa réélection, il fut attaqué; on ne le respectait ni on ne l'honorait comme Juarez, et contre lui prirent les armes Iglesias et Porfirio Diaz. C'est en vain que le Congrès se déclara pour Tejada, Porfirio Diaz fit son entrée dans Mexico. le 1er décembre 1876.

Du même coup Diaz mettait la main sur le pouvoir suprême; il le conserva jusqu'en 1880. Porfirio Diaz avait été à côté de Juarez l'un des libérateurs du Mexique; c'était un médecin, qui

était devenu général au cours de la guerre contre la France et les partisans de Maximilien.

Le 1er décembre 1880 le général Manuel Gonzalès lui succéda; mais son gouvernement fut vivement attaqué en raison du favoritisme et de la corruption qui lui étaient justement reprochés.

Depuis 1884, en 1888, en 1892, en 1896, en 1900 Porfirio Diaz a toujours été réélu.

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L'action de Porfirio Diaz a été considérable; c'est une véritable vie nouvelle qui est née au Mexique la sécurité individuelle y est parfaite; il n'est plus question aujourd'hui des exploits des bandits qui tuaient et volaient impunément, même au sein des villes. La stabilité gouvernementale est encore un fait à noter; avant Diaz, 52 présidents avaient occupé le pouvoir en 59 ans. Diaz préside aux destinées de la République mexicaine depuis plus de 20 ans.

Diaz a eu une œuvre d'épuration à accomplir; il n'y a pas manqué il a frappé tous les fonctionnaires et gouverneurs prévaricateurs. Il a su, d'autre part, assurer les progrès matériels et économiques du pays.

Il y a présentement au Mexique un bon service télégraphique; 40 lignes de chemins de fer représentant une longueur totale de 11256 kilomètres. Le régime douanier est protectionniste; le budget s'est réglé en excédent depuis 1880, et le règlement de la dette extérieure a commencé dès lors.

Des écoles, des bourses de commerce ont été construites. L'impulsion donnée par le chef de l'État se propageait au loin, des villes se modernisaient; elles se donnaient un système perfectionné et régulier d'éclairage et de voirie; elles construisaient des collèges et des écoles. Il n'y a plus aujourd'hui un village de 100 habitants, au Mexique, qui n'ait son école. Depuis le mois de juillet 1896, il est vrai, tout l'enseignement est à la charge de l'État, qui en assure l'unité d'esprit. L'instruction religieuse est bannie des écoles publiques.

L'agriculture prospère : les hauts plateaux irrigués peuvent s'adapter à la culture des céréales; la production du café et du caoutchouc sont deux grandes sources de richesses.

Une réforme remarquable due à Porfirio Diaz, c'est la soumission parfaite de l'armée à une discipline qui a interdit toute tentative de pronunciamiento. Avec Juarez et Porfirio Diaz, le Mexique, jadis décrié, est devenu une république prospère et honnête. Les relations diplomatiques ont été reprises avec la France en 1882, avec l'Angleterre en 1883.

Brésil.

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CHAPITRE XXII

L'EMPIRE COLONIAL FRANÇAIS

De 1870 à 1900.

Considérations générales. Les trente dernières années du XIXe siècle sont caractérisées par un fait d'une importance capitale, non seulement pour notre propre histoire, mais pour l'histoire du monde : c'est l'expansion de la France en Afrique et en Asie; c'est la constitution, à la place des empires coloniaux que nous avaient fait perdre les traités de 1713, de 1763, de 1814, d'un nouvel empire colonial français. Ce sera l'honneur de la troisième République que d'avoir réparé dans la mesure du possible les erreurs de l'ancienne politique royale ou impériale et revendiqué la part légitime de la France dans le partage du monde. Dans l'Afrique du Nord, l'Algérie s'est annexé les oasis du Mzab et ceux de la frontière marocaine; à l'est, elle s'est complétée par la conquête de la Tunisie. Dans l'Afrique de l'Ouest, les quelques postes et comptoirs que l'Angleterre nous avait restitués en 1814 ont été le point de départ d'une expansion qui, franchissant la ligne de partage des eaux entre le Sénégal et le Niger, s'est propagée jusqu'aux limites du bassin du Nil; en outre, des quelques comptoirs épars sur le littoral de Guinée la domination française s'est étendue jusqu'aux montagnes de Kong et au moyen Niger, et le puissant

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