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BIBLIOGRAPHIE

Statistique annuelle de la France, depuis 1871.

la France, depuis 1880.

Annuaire statistique de Statistiques décennales agricoles de 1882 et 1892.

Enquêtes, rapports et débats parlementaires pour le renouvellement du tarif général des douanes de 1884 et de 1892. — Bulletin de statistique et de législation comparée, publié par le ministère des Finances, mensuel, depuis 1877. Bulletin de l'Office du travail, mensuel, depuis 1894. L'Économiste français, hebdom., depuis 1873. Le Monde économique, hebdom., depuis 1891. Revue d'économie politique, mensuelle, depuis 1887. Annales de École libre des Sciences politiques, depuis 1883; depuis 1899, Annales des Sciences politiques, bimestrielles. - Publications du Musée social. — Publications de l'Office du travail. — G. d'Avenel, Le mécanisme de la vie moderne, 3 vol. in-18. Cte de Rocquigny, Les syndicats agricoles et leur ouvre, 1 vol. in-18. E. Cheysson L'économie sociale à l'Exposition universelle de 4889.1 vol in-8. 4897, 1 vol. in-18.

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- Léon de Seilhac, Les congrès ouvriers en France, 4876

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Mathieu-Bodet, Les finances

P. Hubert-Valleroux, Les associations ouvrières et les associations patronales, 1 vol. in-8. Cucheval-Clarigny, Les finances de la France de 1870 à 1874, 1 vol. in-8. françaises de 1870 à 4878, 2 vol. in-18. Léon Say, Les finances de la France (15 décembre 1881-20 décembre 1883), 1 vol. in-18; Les solutions démocratiques de la question des impôts, 2 vol. in-18. Voir également ci-dessus, t. XI, la bibliographie du ch. XXII, p. 876.

CHAPITRE XXIV

LA COLONISATION RUSSE: LES RUSSES EN ASIE

De 1870 à nos jours.

Le mot «< colonisation » a, pour les Russes, un sens plus étendu que pour les autres peuples d'Europe. Ceux-ci colonisent, au delà des mers, dans les parties du monde autres que l'Europe; les Russes colonisent non seulement en Asie, mais encore à l'intérieur des limites européennes de la Russie. Le peuplement de ses steppes du Sud n'est pas achevé; dans le bassin de la Volga, ou sur les rives de la mer Noire, des populations allogènes, musulmanes ou païennes, conservent encore leur individualité distincte. Il y a donc lieu de parler de colonisation intérieure avant de passer aux progrès réalisés par les Russes dans la Transcaucasie, l'Asie centrale, la Sibérie et l'Extrême-Orient.

1.

La colonisation intérieure.

Les steppes du bassin de la mer Noire étaient encore à peu près désertes au commencement du siècle. Jusque vers 1870, leur peuplement a été presque exclusivement agricole; depuis vingt-cinq ans, il est devenu, par surcroît, industriel. Dans le

bassin du Dniepr, et, plus encore, dans celui du Don et du Donetz, de riches gisements de houille et de minerai de fer ont été mis en exploitation. Il en est résulté un développement rapide des voies de communication, et la naissance d'une multitude d'industries nouvelles. On peut, dès à présent, prédire à cette région la fortune du pays noir de l'Angleterre. Iékaterinoslav, qui n'avait que trente mille âmes au milieu de ce siècle, en a cent vingt mille maintenant, et, dans la masse des gouvernements du Sud, du Pruth à la Volga, le recensement de 1896 accuse, pour une période de dix années, un accroissement de population qui n'est pas inférieur à 30 p. 100.

Dans leurs provinces de l'Est et du Sud, les Russes ont eu affaire à des populations en majorité d'origine asiatique et de religion musulmane. Dans ces trente dernières années, elles ont subi le contre-coup de la politique de russification suivie dans les provinces de l'Ouest. Les autorités religieuses ont déployé plus de zèle à la recherche des apostats, c'est-à-dire des musulmans baptisés plus ou moins malgré eux et retournés secrètement à leur ancienne foi; les autorités scolaires ont étendu leur surveillance jusque dans l'intérieur des écoles musulmanes. Il ne semble pas qu'il en soit résulté grand'chose. Plus important est l'afflux constant des colons russes dans les provinces du Sud ou de l'Est. Les Tatars, les Tchouvaches, les Tchérémisses du bassin de la Volga ne forment plus que des ilols à demi submergés par le flot slave. En Crimée, l'achèvement des lignes de Sévastopol et de Féodosia, en faisant de la côte le vignoble et le sanatorium de la Russie, a eu pour conséquence une diminution de l'importance relative de la population

tatare.

II.

Provinces du Caucase.

La conquête de ces provinces avait été terminée, avant la période qui nous occupe, par la reddition de Schamyl et l'émigration des Abkhazes'. Depuis 1870, à part quelques troubles

1. Voir ci-dessus, t. XI, p. 524.

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locaux, suscités par un essai prématuré d'imposer le service. militaire aux indigènes, il n'y a pas eu d'insurrection à réprimer. Les seuls faits d'armes à mentionner sont ceux accomplis pendant la guerre de 1877-1878, et dont la conséquence a été l'annexion du Lazistan et d'une partie de l'Arménie turque, avec le port de Batoum et la forteresse de Kars. A la vérité, ces acquisitions étaient grevées de charges: Batoum, déclaré port franc par le Congrès de Berlin, ne devait jamais être fortifié. Par un oukaze de 1885, l'empereur Alexandre III a déchiré l'engagement pris à Berlin aujourd'hui Batoum, entouré de forts, serait le point d'appui d'une nouvelle marche en avant des Russes dans l'Asie Mineure.

L'histoire des provinces caucasiennes, pour ces trente dernières années, se réduit donc à celle de leur administration, de leur développement économique et de la russification des populations indigènes.

Administration et russification. - La principale modification des cadres administratifs a été la suppression, après l'avènement d'Alexandre III, de la Lieutenance générale du Caucase. Les provinces caucasiennes, jusqu'alors espèce de pachalik autonome, sont devenues des gouvernements analogues aux provinces d'Europe. Il va sans dire, d'ailleurs, que dans les détails d'administration, elles continuent à en différer beaucoup.

A l'égard des populations musulmanes, l'attitude du gouvernement n'a pas changé. Elles ont continué à jouir de la mème tolérance. D'une façon générale, on peut dire que la Russie est infiniment plus sûre de ses sujets musulmans du Caucase que nous ne le sommes, nous, Français, des musulmans algériens. Les musulmans sujets russes, les uns chiites, les autres sunnites, sont moins unis, moins fanatiques que les nôtres. D'autre part, il existe parmi eux une aristocratie à laquelle les cadres de l'armée et de l'administration russe s'ouvrent largement. Beaucoup de Tatars, de Lesghiens, etc., élevés à Pétersbourg et passés par la Garde, sont devenus des pristaf (commissaires de police), ou mème de brillants officiers. Le colonel Alikhanof (Ali-Khan), un des conquérants du Turkestan, descend d'un des compagnons de Schamyl.

Enfin les Russes ont trouvé dans les populations chrétiennes ou semi-chrétiennes du Caucase de précieux points d'appui. Svanes, Ossèles, Georgiens même, s'assimileront par l'école, l'église ou le régiment, à la race dominante. Pour les Arméniens, cette assimilation sera sans doute plus difficile et plus lente. Eux-mêmes nouveaux venus au Caucase (sauf dans la province d'Erivan), actifs, intelligents, maîtres des capitaux et de la vie. économique des villes, attachés profondément à leurs rites et à leurs souvenirs nationaux, ils offrent à la russification une résistance que plusieurs oukazes, sous Alexandre III, n'ont pas réussi à briser. Leurs écoles ont été russifiées; le gouvernement s'est arrogé le droit de choisir leur patriarche, le catholicos; enfin, la plupart des fonctionnaires arméniens, qui pullulaient au Caucase, ont été transférés dans l'intérieur de l'Empire. Il est difficile de dire, quant à présent, quelle a été l'efficacité réelle de ces diverses mesures.

Enfin la russification s'opère par l'immigration directe de colons russes. Comme dans notre Algérie, cette immigration a été quelquefois l'œuvre des autorités; c'est ainsi que dans l'Abkhazie, vide de ses habitants, l'autorité militaire a établi des colonies cosaques. D'une façon générale, cette colonisation officielle a donné de maigres résultats, à cause soit de l'incurie des autorités, qui ont parfois établi les colons dans des localités malsaines, soit du manque d'initiative et de ressources des colons eux-mêmes. Les colonies libres ont mieux réussi : beaucoup de villages de sectaires, memnonites de race allemande, molokhanes ou doukhobores de race russe, ont atteint une remarquable prospérité malheureusement compromise, dans ces dernières années, par les vexations des autorités.

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Transformation économique. Le principal agent de russification du pays, c'est, beaucoup plus que les efforts du gouvernement, la transformation économique qui s'est opérée depuis une vingtaine d'années. En 1870, Bakou ne donnait encore de pétrole que pour quelques milliers de roubles; aujourd'hui le pétrole russe inonde l'Europe, l'Asie; des usines colossales se sont fondées à Bakou, une nombreuse population d'ingénieurs et d'ouvriers européens a immigré ; l'isthme cauca

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