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partie du territoire d'Ili leurs possessions de Ferghana et de Semiretchie.

Fin de la rébellion musulmane.- La Chine, débarrassée des musulmans du Yun-nan par la prise de Ta-li, avait pu diriger toutes ses forces vers le nord-ouest de l'Empire. L'ancien vice-roi du Fou-Kien, Tso Tsoung-tang, célèbre dans la guerre des T'aï-ping, et depuis vice-roi du Kan-sou et du Chen-si en 1867, fut nommé généralissime des troupes envoyées contre Kachgar. Il se rendit maître de la ville de Manas, se signala par un horrible massacre, et marchait contre Yakoub lorsque celui-ci mourut, miné par la fatigue et la maladie. L'œuvre de Yakoub finissait avec lui: les Chinois, contre lesquels ses successeurs ne pouvaient lutter, s'emparèrent successivement de la capitale de l'émir, Aksou, le 19 octobre 1877, de Yarkand le 21 décembre, de Kachgar le 26 décembre et enfin de Khotan le 4 janvier 1878.

Affaire de Kouldja. En 1871, les Chinois avaient accepté l'offre des Russes d'occuper la ville de Kouldja et le nord des Tien-chan jusqu'à pacification complète du pays; il était convenu que les frais d'occupation seraient remboursés par la Chine. Mais quand l'empire de Yakoub eut sombré et que le Céleste Empire voulut reprendre les Tien-chan, il fallut entamer des négociations avec la Russie. On fit choix de Tchoungheou, celui qui avait été envoyé en Europe après le massacre de Tien-tsin. Arrivé en Russie, Tchoung-heou signait à Livadia, en octobre 1879, un traité dont les conditions étaient tellement léonines que, vaincue, la Chine ne les aurait même pas acceptées, et qu'à son retour Tchoung-heou fut condamné à mort (non) exécuté) et que ses biens furent confisqués. La Russie rendait une partie du territoire de Kouldja, mais en gardait la partie la plus florissante; c'est-à-dire la vallée de la Tekkes au pied des Tien-chan, et les passes, particulièrement celle de Mouzarte, allant de Kouldja à Aksou, et qui coupe la route militaire faite. par Kien-loung, mettant Kouldja en communication avec Kachgar. On comprend le rapport fulminant du censeur Tchang Tchi-tong contre le malheureux diplomate.

Tchang Tchi-tong. L'un des personnages qui ont pris

une part très active à la politique de la Chine dans ces dernières années est ce fonctionnaire important, aujourd'hui gouverneur général des deux Hou, dont la résidence officielle est Wou-tchang, sur la rive droite du Kiang, en face de Hankeou. Tchang Tchi-tong est un Chinois de Nan-p'i, dans la province de Tche-li, où il est né en 1835; juge dans la province de Canton en mars 1865; trésorier du Kiang-sou en mai 1868, il doit sa grande réputation au rapport qu'il fit comme censeur sur le traité signé par Tchong-heou avec les Russes à Livadia (1879). Depuis lors, il a été gouverneur du Chan-si (janvier 1882), gouverneur général des deux Kouang (août 1884), et enfin gouverneur général des deux Hou (8 août 1889). De lui dépendent en majeure partie les grands travaux entrepris à l'embouchure de la rivière Han, et le grand chemin de fer central qui doit relier le fleuve Bleu, à travers le Hou-pé, à Péking. Règlement de l'affaire de Kouldja. La non-ratification du traité de Livadia était donc un casus belli. Tseng Ki-tse, fils aîné du vice-roi Tseng Kouo-fan, alors ministre à Paris et à Londres, fut envoyé à Saint-Pétersbourg pour reprendre les négociations sur de nouvelles bases. C'est le diplomate bien. connu en Europe sous le nom de marquis Tseng; comme son père, il était originaire du Hou-nan, où il est né en 1837. Il est mort à Peking en 1890. Grâce à sa patience et à des conseils amicaux, il réussit dans une tâche qui paraissait impossible. Le 12-24 février 1881, Tseng signait à Saint-Pétersbourg, avec les plénipotentiaires russes Nicolas de Giers et Eugène Butzow, un traité en vingt articles qui rendait une grande partie du territoire contesté à la Chine; mais, par l'article VII: « La partie occidentale du pays d'Ili est incorporée à la Russie, pour servir de lieu d'établissement aux habitants de ce pays qui adopteront la sujétion russe et qui, par ce fait, auront dû abandonner les terrains qu'ils y possédaient. La frontière entre les possessions de la Russie et la province chinoise d'Ili suivra, en parlant des montagnes Bédjin-taou, le cours de la rivière Khorgos, jusqu'à l'endroit où celle-ci se jette dans la rivière Ili et, traversant cette dernière, se dirigera au sud, vers les montagnes Ouzoun-taou, en laissant à l'ouest le village de Koldjat.

Mariage impérial et audience.

Il y a un certain parallélisme dans les événements qui ont précédé la majorité de Toung-tchi et celle de Kouang-Siu. Ce dernier, né le 2 août 1872, à Péking, s'est marié le 26 février 1889, à la fille de Kouei-siang, frère de l'impératrice Tse-hi, alors vice-lieutenant général, de la tribu Ye houa-la. Par un édit du 12 décembre 1890, l'empereur régla les audiences accordées désormais au corps diplomatique. C'était renouveler les traditions du règne précédent; mais, plus tard, les ministres d'Autriche et d'Angleterre demandèrent à être reçus dans une salle qui n'eût pas été attribuée aux réceptions des pays vassaux de l'Empire. Une nouvelle audience, en novembre 1894, fut accordée pour la première fois au Wen Hoa-tien, dans l'intérieur du palais impérial, aux ministres des États-Unis, de Russie, de France, d'Angleterre, de Belgique, de Suède et au chargé d'affaires d'Espagne.

Guerre sino-japonaise. -Les Japonais ont toujours émis de grandes prétentions sur la Corée depuis l'époque de l'impératrice Jin-go, et nous avons, dans un chapitre précédent', parlé de l'invasion de ce pays par Taico-sama. Des difficultés dans le genre de celles qui amenèrent l'intervention de la France en 1866 et des États-Unis en 1871 furent le prétexte pour les Japonais de renouveler leurs prétentions sur la Corée. Le 20 septembre 1875, leur bâtiment de guerre l'nyokuwan ayant été attaqué par les Coréens pendant qu'ils se livraient à des travaux hydrographiques, les Japonais forcèrent la Cour de Séoul à leur donner ample compensation et à signer à Kang-hoa un traité le 26 février 1876. Ni les Français ni les Américains n'avaient obtenu un résultat pareil. La Chine, soi-disant suzeraine de la Corée, comme de la Birmanie et de l'Annam, n'avait pris part à aucune des négociations. Le traité fut signé par le lieutenant-général Kuroda Kiyotaka, ministre des Colonies, et Inouye Kaoru, membre du Genroin, pour le Japon, et par Sin-Hön et In Jà-syng, pour le gouvernement coréen. Il était décidé que toutes les communications du Japon au gouvernement de Corée seraient écrites en japonais et, pendant une

1. Voir ci-dessus, t. X, p. 1007.

période de dix ans, seraient accompagnées d'une traduction chinoise, la Corée pouvant employer la langue chinoise. En dehors de Cho-riang-hang, dans Fousan, deux ports devaient être ouverts au commerce sur la côte; les articles supplémentaires furent signés entre les deux pays (24 août 1876, 30 janvier 1877, 3 juillet 1877, 20 décembre 1877). Dès le 30 août 1879, le port de Yuen-san, dans la province de Han Kiang, devait être ouvert; en réalité, les employés chinois des Douanes impériales prenaient la direction dans les trois ports ouverts au commerce de Jen-tchuan, Yuen-san et Fou-san. Il était évident que la Chine, se considérant comme suzeraine de la Corée, ne voulait pas se laisser supplanter par sa rivale. Beaucoup de désordres. avaient déjà été amenés par une garnison chinoise et une garnison japonaise casernées à Séoul depuis 1882; par suite de leurs jalousies, le 4 décembre 1884, il y eut des troubles sérieux dans cette ville et sept ministres furent assassinés; la lutte se déclara le lendemain entre les deux garnisons. Les Japonais eurent leur légation brûlée, leurs hommes massacrés et durent fuir sur la côte. Palk-keum-moun-youi, Kim-ok-kyoum, Sayekoum-pou et Hong-yeng-syetri étaient les auteurs de cette révolution, qui amena un résultat contraire à leurs espérances, puisque croyant travailler pour les Japonais, ce fut le jeu des Chinois qu'ils firent. Quelque temps après, Kim-ok-kyoum, réfugié au Japon, fut persuadé par son compatriote Hong-Tjongou, qui avait passé quelque temps à Paris, de venir à Chang-hai avec lui. Le 28 mars 1894, Kim-ok-kyoum était assassiné à coups de revolver dans cette ville par son ami, lequel prétendit avoir agi par ordre du roi de Corée. Transporté en Corée, le corps du malheureux Kim-ok-kyoum fut coupé en huit morceaux lesquels furent distribués aux huit provinces du royaume. La guerre ne pouvait pas tarder à éclater, et les hostilités commencèrent aussitôt. Le 20 juillet, le capitaine Galsworthy, commandant le navire anglais le Kowshing, parlait de Takou pour transporter des troupes à Assan en Corée; il fut coulé près des îles Shup-sinto; seuls le capitaine Galsworthy, le capitaine allemand Hannecken, et 40 hommes sur 1500 purent se sauver. Les résultats des premières attaques des Japonais sur terre contre

la ville fortifiée d'Asan, en juillet, ne furent pas importants, car aussitôt après, sous la conduite de leur général comte Yamagata, ils s'engagèrent sur la route de Péking par la Mandchourie; le 15 septembre ils se rencontraient avec les Chinois à Ping-yang. Le général Tso fut laissé seul par ses collègues chinois Yeh et Wei, qui avaient battu en retraite le 16, les Japonais étaient vainqueurs et les Chinois se sauvèrent à Yi-tcheou, sur le Yalou, fleuve qui sépare la Corée de la Mandchourie et sert de frontière. Les Japonais étaient, deux jours plus tard, le 17 septembre, aussi heureux sur mer que sur terre et attaquaient victorieusement, à l'entrée du Yalou, la flotte de l'amiral chinois Ting, dont les vaisseaux transportaient des troupes à Yi-tcheou. Ce qui restait de la flotte eut grand'peine à se réfugier à Port-Arthur. Pendant ce temps, les Japonais se rendaient (8 octobre) maîtres de Yi-tcheou et, franchissant le Yalou, sous la conduite de leur général Nodzu (24 octobre), après quelques engagements, arrivaient à Founghouang-tcheng, d'où partent les trois routes de Moukden, de Nieou-tchouang et de Port-Arthur. De là, au lieu de se diriger sur Moukden, ils se dirigèrent vers le sud. L'attaque simultanée des troupes de terre et de la flotte permit aux Japonais d'emporter Port-Arthur (novembre 1894).

de

De la péninsule de Liao-toung, les Japonais portèrent leur attaque sur l'autre côté du Pet-che-li, sur le golfe du Chantoung, où Wei-hai-wei fut pris le 2 février 1895; enfin une autre flotte s'emparait des îles Pescadores et débarquait un corps troupes à Formose. A la suite de ces revers, la Chine, représentée par Li Houng-tchang et Li Tching-fong, et le Japon, représenté par le Comte Ito Hirobumi et le Vicomte Mutsu Munemitsu, signaient à Shimonoseki, le 17 avril 1895, un traité en onze articles, par lequel l'Empire du Milieu cédait à son rival heureux la portion sud de la province de Feng-tien (Cheng-king, Mandchourie), l'île de Formose et les îles Pescadores. La Chine devait payer une indemnité de 200 000 000 de taëls.

Les villes de Cha-si dans la province de Hou-pé, TchoungKing dans le Se-tchouen, Sou-tcheou dans le Kiang-sou, Hang tcheou dans le Tché-Kiang, étaient ouvertes au commerce japo

HISTOIRE GÉNÉRALE. XII.

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