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de veuves, de père aveugle, frères aînés d'orphelins, etc. La commission du district prononce sur le maintien du conscrit dans ses foyers comme soutien de famille. Il y a là assurément une grande source d'abus.

SON APPLICATION POSSIBLE EN FRANCE.

Le service obligatoire va très-certainement être adopté chez nous. Pour en atténuer les effets fâcheux sur les études, le moyen le plus simple serait d'inscrire dans la réserve les jeunes gens qui, après six mois de présence au corps, ayant fait strictement leur service, justifieraient d'une instruction militaire suffisante. Ils verseraient dans la caisse de l'armée une somme de mille francs. Ce ne serait plus l'exonération, car le jeune homme appelé à jouir de cette faveur compterait toujours à son ré giment, et aussitôt l'ordre de mobilisation arrivé il rejoindrait son corps pour marcher à l'ennemi.

Le règlement sur le service intérieur autorise un soldat à faire monter sa garde par un de ses camarades moyennant soixante-quinze centimes, avec la permission de son capitaine. L'inscription dans la réserve serait l'application du même principe. L'homme qui a à faire chez lui se libérerait du service journalier en temps de paix moyennant une somme destinée à entretenir sous les drapeaux les soldats qui ont terminé leur temps et à améliorer la solde des cadres. Cette faveur étant accessible à tous, au

cultivateur comme au fils de famille, le principe d'égalité sociale ne se trouverait pas violé comme en Prusse.

La moyenne du contingent annuel est de 320,000 hommes; déduction faite de 15,000 pour l'Alsace et la partie de la Lorraine qui nous a été enlevée, il nous restera 305,000 hommes sur lesquels nous avons à défalquer les exemptions et les déductions:

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La loi de 1832 exemptait en outre les frères de militaires sous les drapeaux, des militaires morts en activité de service ou retraités pour blessures ou infirmités contractées dans les armées de terre et de mer. Elle exemptait aussi l'aîné de deux frères tirant au sort la même année. Ces différentes exemptions montaient à 8,86 0/0. Elles avaient leur raison d'être lorsque le soldat restait sept ans sous les drapeaux; mais, le service actif devant être considérablement diminué, on peut réduire cette faveur. Après six mois de présence au corps, les militaires qui se trouvent dans ces différentes conditions pourraient être classés dans la réserve.

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Étaient en outre déduits ceux dont les frères accomplissaient un premier engagement de sept ans; ils pourraient être assimilés à ceux qui ont des frères présents sous les drapeaux.

Les élèves de l'École polytechnique pourraient jusqu'à trente ans être requis comme ingénieurs pour les cadres des compagnies de télégraphe et de chemin de fer.

Il semble juste d'exiger aussi que les membres de l'instruction publique passent six mois sous les drapeaux pour instruire les sous-officiers, caporaux et soldats. Ils seraient ensuite libérés de tout service militaire. Les écoles régimentaires n'ont donné jusqu'ici que de très-médiocres résultats. Cela tient à ce que l'on n'improvise pas un professeur; l'enseignement demande une vocation et une aptitude particulières. Les moniteurs régimentaires ne voient le plus souvent dans les écoles qu'un moyen de se mettre en relief ou d'échapper aux exigences du service actif.

Les engagés volontaires étant appelés à servir le même nombre d'années que les conscrits, nous

n'avons pas à les déduire comme non-valeurs dans l'évaluation des contingents. Les exemptions et les déductions s'élèvent donc à 40, 48 %, ce qui nous donne pour les 305,000 appelés un contingent de 181,536 hommes. En défalquant le chiffre de 1,536 pour les insoumis, ceux dont les infirmités n'ont pas été reconnues par les conseils de révision, ceux qui meurent avant d'avoir rejoint leur corps, etc., le contingent annuel sera de 180,000 hommes.

Afin d'avoir toujours neuf contingents instruits sous les drapeaux en cas de guerre, le temps de service pourrait être porté à neuf ans et demi, ce qui nous donnerait un effectif de 1,620,000 hommes et 1,800,000 hommes, en appelant dans les dépôts des bataillons de remplacement la première classe des recrues à marcher. De ce chiffre nous déduirons 200,000 non-valeurs (infirmes, réformés, morts, disparus, etc.) et 100,000 hommes formés en corps spéciaux pour la défense des forteresses et des camps retranchés. L'effectif de l'armée active sera donc de 1,500,000 hommes dont 1,320,000 instruits, prêts à marcher immédiatement, 180,000 recrues pouvant rejoindre au bout de quelques mois. Notre nouvelle organisation militaire devra donc nous permettre d'encadrer ces nombreux contingents.

et

DURÉE DU SERVICE EFFECTIF.

Infanterie.

L'expérience a prouvé que deux années de service suffisaient pour faire un bon fantassin. Comme complément d'instruction, la première et la deuxième année de son inscription dans la réserve (troisième et quatrième année de service) il rejoint l'armée active, qui se met en marche, formée en division, en corps d'armée, toutes armes réunies; il est mobilisé, il fait une campagne de vingt-cinq jours, il apprend à marcher en grande masse, il campe, il tire à la cible, il manœuvre. C'est l'image la plus vraie de la guerre. Cette instruction bien faite est peut-être préférable pour le soldat déjà instruit et discipliné à une année passée dans une caserne ou dans un camp d'instruction permanent. Mais, pour que le soldat se forme en peu de temps, il faut réformer bien des abus.

Des permissions trop fréquentes, l'autorisation de travailler en ville ou aux ateliers du corps, détournent sans cesse le soldat de son métier. Combien de fois n'avons-nous pas vu dans les camps et dans les places de guerre demander six cents travailleurs à des régiments qui n'avaient pas mille hommes à mettre sous les armes! De l'aveu même des officiers du génie qui les employaient, cent ouvriers ordinaires auraient fait plus de besogne. Pendant

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