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exceptionnelle. Les maîtres d'école n'étaient pas des mieux logės alors; qu'on en juge. Le bois de compétence, qui lui avait été alloué, pour son usage et chauffer sa classe, avait été insuffisant, car « son logement était extrêmement froid par la hauteur extraordinaire des appartements et en ce que le plafond, portes et fenêtres se trouvant usés, il n'avait pu se préserver du froid, malgré la consommation extraordinaire du bois. » Le Conseil aussi augmenta son salaire de 100 francs à la condition qu'il se procurerait un logement comme il jugerait à propos. >>

En vain, l'on essayait dans la vie politique de ressusciter entièrement le passé ; l'aspect seul de la ville témoignait de l'inanité de ces projets d'un autre âge. Ce n'était plus la cité moyen-âge, entourée de murs, avec ses portes closes à la fin du jour et son château fort veillant à sa garde du haut de la colline. Le cachet antique disparaissait de jour en jour. Tous ces appareils d'une défense inutile faisaient place l'un après l'autre, au grand jour et aux aisances domestiques. Déjà en 1808 le Conseil avait autorisé la vente des terrains « situés derrière les maisons bordant les fossés depuis l'église du collège jusqu'à la porte St-Germain et le 28 février 1815, ce qui en restait était adjugé définitivement. On avait aussi ménagé des entrées dans le haut de la ville, en ouvrant le mur d'enceinte près des Jésuites, et si l'aplanissement du chemin de ce côté et derrière l'église n'était pas achevé, la faute en revenait, non au magistrat, mais aux particuliers auxquels incombaient ces travaux. En janvier, le mur de cette ville près de la porte de Courtedoux tombant en ruine, le Conseil prit une mesure définitive (20 janvier)

compte d'un franc par mois pour chaque élève domicilié en ville, et 1 fr. 50 par chaque élève étranger), de plus le logement, la jouissance d'un jardin et chacun 6 cordes de bois voiturées aux frais de la ville. Les vacances furent fixées alors du 15 septembre au 1er novembre. L'intérim de la classe Fuëg fut fait par Simon Jacot, maltre de dessin et d'écriture au collège, auquel le conseil adressa une lettre de remerciments.

par laquelle « tous les murs de clôture de ville étaient abandonnés aux propriétaires riverains qui en jouissaient.> Deux décisions encore méritent d'être rapportées ici, l'une sur la réparation urgente de l'hôtel-de-ville (17 janvier). Le devis estimatif fait par l'architecte Schwartzlin portait la dépense à 5358 fr. 10. Ces travaux furent ordonnés de suite (8 mars) et l'on en confia la surveillance à l'architecte susdit et au conseiller Hans. La seconde décision est relative au parapet derrière la paroisse qui devait être construit depuis longtemps. Le grand-bailli intervint dans cette affaire, et après avoir demandé compte des motifs qui avaient fait abandonner cette réparation nécessaire, il chargea le maire d'adresser une sommation en forme à Séb. Béchaux de remplir les engagements qu'il avait contractés à cet égard. Un délai de deux mois lui fut accordé pour l'exécution de ce travail, ce terme écoulé, la reconstruction aurait lieu d'office à ses frais.

II.

Organisation de la bourgeoisie.

1817. ― Règlement d'organisation et d'administration de la bourgeoisie de la ville de Porrentruy. Nomination du Magistrat. Premières séances du Grand et du Petit-Conseil. Réception de bourgeois. Règlements divers: comptabilité, gardes-police, conseil d'assises, jouissance des biens communaux, société de tir, incendies, tenue des foires, boulangers, bouchers, écoles primaires. - Ursulines.

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C'est à partir de janvier 1817 seulement que la bourgeoisie de Porrentruy fut organisée définitivement. Le 22 dudit mois eut lieu une assemblée générale de la corporation, sous la présidence du grand bailli; on y

SOURCES. Règlement pour l'organisation, l'administration et la jouissance des droits de bourgeoisie de la ville de Porrentray. - Por. 1817. 32 pages in-4.- Registre des délibérations du Grand-Conseil de la ville de Porrentruy du 1er février 1817 au 9 juillet 1832, fol. man. Registre des délibérations du Petit-Conseil de la ville de Por. de février 1817 fol. man. (Archives de la ville). Règlemens divers de la ville. Vol. in-fo man.

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arrêta le règlement pour l'organisation, l'administration et la jouissance des droits de bourgeoisie, élaboré conformément aux prescriptions de l'ordonnance souveraine des 19 et 29 avril 1816.

Ce règlement formant la base de la vie communale, il importe d'en rendre compte. Ce travail, remarquable par sa logique et sa clarté, ne comprend pas moins de 86 articles on tint compte dans sa rédaction, des dispositions de l'ancien règlement d'avant 1792, autant que le permettaient les circonstances actuelles, la Constitution et les lois de Berne. Il se divise en six titres. Le premier traite des citoyens de la ville, comprenant deux classes, les bourgeois et les habitants. On reconnaît bourgeois « ceux qui par eux ou leurs auteurs, sont en possession de cette qualité en vertu de titres légaux et reconnus. >> (art. 2) Le droit de vote appartient aux « citoyens âgés de 24 ans, chefs de famille ou émancipés (art. 5). » Les bourgeois, stipule l'art. 7, jouissent seuls des avantages résultants des propriétés et revenus de la ville. >> Eux seuls aussi sont appelés à remplir les places et fonctions de la magistrature, ou toutes autres salariées par la ville (art. 8). » Le taux d'admission à la bourgeoisie fut fixé à 700 fr. S. plus un droit proportionnel, au maximum de 350 L. S. à déterminer « à raison de l'industrie du postulant et du nombre des descendants existants et appelé s à jouir des mèmes droits, ou de sa qualité d'indigène, de suisse ou d'étranger (art. 9). » Cependant ce droit ne concernait point l'individu, ayant épousé la fille ou la veuve d'un bourgeois. Par l'art. 10, il était statué que la bourgeoisie pouvait été décernée « comme récompense de services rendus à la ville. »>

Le titre II comprend quatre chapitres, le 1er sur les tribus, le second sur le magistrat ici sans doute l'on s'en tenait aux errements de l'ancien régime. Les tribus ou abbayes existaient jadis dans toutes les villes suisses de quelque importance, celles de Porrentruy avaient eu

leur histoire non sans intérêt. Les rétablir est donc chose naturelle, mais peu facile, comme l'expérience le prouva bientôt. Le corps des bourgeois était en conséquence divisé « en quatre compagnies ou Tribus, » celle des cultivateurs, celle des marchands, celle des tanneurs et celle des tisserands (art. 15). Au magistrat, chaque tribu était représentée par trois notables (art. 17), intermédiaires entre le magistrat et les tribus (art. 19), qui étaient libres de s'assembler une fois par mois pour « la police intérieure et pour répondre aux communications du magistrat. Quant à celui-ci, il se composait: de deux bourgmestres, alternant annuellement; de deux lieutenants, alternant de même; d'un petit conseil de douze membres, << gouvernant alternativement et annuellement par moitié », d'un grand conseil composé des autorités susdites et des 12 notables; enfin du greffier-secrétaire du conseil (art. 22). Comme « officiers, » le magistrat avait en outre le receveur et le messager de la ville (art. 23). La nomination du magistrat, sauf le greffier élu par le GrandConseil (art. 25), était dévolue pour la première fois à la bourgeoisie, et dans la suite par lui-même, assisté « de quatre notables nommés par les tribus (art. 24). » Le chapitre 3, s'occupe de la forme des élections et des délibérations; le chapitre 4 des pouvoirs et attributions; c'est un des plus longs et des plus importants. D'abord les membres du magistrat étaient nommés à vie; seulement, tous les deux ans, les conseils procédaient par scrutin secret à leur épuration (art. 37). » Les membres réunissant contre eux plus des deux tiers des voix, étaient déchus de leurs fonctions, et il était passé immédiatement à leur remplacement (art. 38).

Le bourgmestre en charge président les conseils, toutes les commissions, avait la surveillance générale de toute l'administration de la ville; c'était le chef de la cité. Un certain décorum s'alliait bien avec la constitution aristocratique de la bourgeoisie; aussi n'est-on pas surpris de

lire à l'art. 41: « Le 1er janvier de chaque année, le bourgmestre en charge remet ses pouvoirs en présence du Grand-Conseil assemblé; cette cérémonie se fait en déposant les sceaux de la ville dans les mains de son successeur, après avoir rendu un compte analitique de sa gestion annuelle; le nouveau bourgmestre se rend à l'office divin, à la suite du conseil, et fait ensuite une visite au seigneur Grand-Baillif; puis retourne à l'Hôtelde-Ville pour recevoir le serment des nouveaux bourgeois et des salariés de la ville. » Nous sommes, on le voit, en pays catholique, comme avant la Révolution. La religion et l'Etat marchent la main dans la main. C'est le cérémonial, comme les coutumes du vieux temps. Le bourgmestre hors de charge n'était que le remplaçant de son collègue; de même pour les lieutenants, à celui qui était en fonctions incombait spécialement la charge de la police de la ville. Notons encore que tous les membres du magistrat devaient être âgés de 30 ans accomplis (art. 27) Le Petit-Conseil avait des attributions assez étendues; aussi se réunissait-il les lundis de chaque semaine en séance ordinaire (art. 45). Il exerçait la police dans l'enceinte de la ville et sa banlieue. Les objets de son ressort, désignés par décret de LL. EE. du 10 mars suivant, comprenaient l'ordre et la tranquillité intérieure « la police du commerce et des métiers, les établissements de salubrité et d'embellissement, les divertissements publics, la police personnelle » (art. 46). Il pouvait frapper les contrevenants aux règlements d'une amende jusqu'à 20 francs et pour délit de police de sa compétence condamner à un emprisonnement de deux fois 24 heures ou jusqu'à 20 fr. d'amende << sans recours ni appel ». Le Petit Conseil était aussi chargé « de l'économie, maintien et conservation des propriétés de la ville»; de la surveillance des établissements de charité, d'hôpital, fabrique d'église, nomination aux stipendiums, etc. Il n'osait excéder dans ses dépenses le revenu annuel de la ville, sans autorisation

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