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des friandises, des pommes, des noix, jetés avec profusion dans la chambre enchantée.

On avait soin de mettre de côté pour elle un morceau de pain et une cruche d'eau, car la fée, simple et frugale, détestait le luxe et la gourmandise.

Cependant la tante Arie, très indulgente de sa nature, mais juge équitable des actions de l'enfance, ne manifestait jamais sa présence aux méchants et aux indociles, ne distribuant d'étrennes qu'à ceux qui avaient remplis fidèlement leurs devoirs.

Hélas! lai tainte Airie, la fée protectrice de l'Ajoie, s'est envolée avec toutes ses compagnes et de nos jours son souvenir n'existe même plus dans la mémoire du peuple! Elles ont fui pour toujours les charmantes fées qui peuplaient les campagnes de nos aïeux, elles ne daignent plus se révéler à nous avec leurs bonnes grâces d'autrefois. Nos mœurs nouvelles les ont éloignées en détruisant le prestige qui les entourait et en dépopularisant ces gracieuses fictions qui faisaient la joie de notre première enfance.

Nous ignorons l'époque précise de la substitution de Saint-Nicolas à la tante Arie, mais quoiqu'il en soit, le souvenir de la bonne fée était encore vénéré en Ajoie du temps de la grande Révolution.

C'est ainsi que tout se transforme et tout s'enchaine dans les traditions léguées par les siècles.

Pour nous, Jurassiens, qui avons le culte du passé, aimons et gardons précieusement l'agréable, la touchante coutume, à laquelle nous dù

mes, pendant notre enfance, de si doux rêves. Il est bon que les bébés du présent et de l'avenir y retrouvent les mêmes joies, les mêmes jouissances, les mêmes émotions.

CÉLESTIN HORNSTEIN,

Avocat.

Peut-on trouver de la Houille à Cornol?

Be 2 juin 1888, le Conseil-exécutif du canton de Berne accorda à une société de financiers zurichois, représentée par M. Ad. Steffen à Zurich, l'autorisation d'exécuter un sondage dans les environs de Cornol à l'effet d'y rechercher des gisements de houille. La société, largement pourvue de moyens financiers, avait consulté des hommes compétents, entre autres M. Mayer-Eymar, professeur à l'Ecole polytechnique fédérale et M. Przibilla, ingénieur des mines à Cologne. D'après le préavis de ces Messieurs, la combe située au sud du village de Cornol présenterait des avantages tout spéciaux pour la recherche du terrain houiller. A cet endroit, les parties moyennes du terrain henpérien venant affleurer, il n'y aurait à traverser que le Conchylien, le Grès bigarré et le Permien pour arriver dans les couches qui doivent renfermer le combustible précieux. On espérait atteindre ces couches au moyen. d'un sondage ayant au maximum une profondeur de 600 à 700 mètres, et au minimum, ensuite de circonstances toutà-fait favorables, à 350 mètres.

La société zurichoise avait opéré avec prudence, le secret fut bien gardé, aussi, la nouvelle de l'obtention de la concession produit une grande sensation, non seulement dans le monde savant et industriel, mais dans toutes les classes de la population. Cette nouvelle fut généralement bien accueillie, car on voyait le moment proche où la Suisse serait affranchie du lourd tribut qu'elle paie annuellement à l'étranger pour l'acquisition du combustible indispensable à l'industrie moderne. La population du Jura bernois y voyait une source de richesse et de prospérité tant par le gain direct que procurerait l'exploitation

du minéral que par l'impulsion favorable que subirait notre industrie ferrugineuse. Enfin la haute spéculation financière y trouverait également un vaste champ d'exploitation.

Cependant le projet de sondage ayant rencontré quelques sceptiques, une polémique s'engagea à ce sujet dans quelques journaux suisses (1). La discussion fut parfois vive et acerbe; on reprochait surtout à l'opposition son manque de patriotisme; on lui contestait le droit de se mêler de choses qui, au fond, ne concernaient que les financiers et spéculateurs zurichois, ceux-ci étant bien libres de dépenser leur argent comme bon leur semblerait. Le sondage, même s'il ne devait pas réussir, aurait une grande importance scientifique en donnant des détails nouveaux sur la constitution géologique du pays. D'ailleurs, ces envieux et prétendus géologues ne possédaient même pas les rudiments de leur science, témoin les formidables erreurs commises par l'un d'eux, dans ses profils géologiques, lors de la construction des chemins de fer jurassiens. Ces petits géologues de province n'avaient donc qu'à se soumettre et renoncer à combattre l'opinion des savants zurichois et allemands.

A cela les contradicteurs répondirent par l'histoire, car ce n'est pas la première fois qu'on fait des tentatives de fouilles dans les environs de Cornol pour rechercher dans les profondeurs des matières minérales précieuses. Nous possédons sur deux de ces tentatives des documents écrits et imprimés qui nous renseignent parfaitement sur la constitution géologique des environs de Cornol.

Au sujet de fouilles exécutées au sud de la route de la Måle-Côte par un nommé Thurberg, de Cornol, mon prédécesseur M. Ducret, a publié dans les Actes de notre Société (2) sous le même titre Peut-on trouver de la houille

(1) Voir surtout quelques numéros des Basler Nachrichten et du Jura des mois de juin et juillet 1888.

(2) Actes de la Société jurassienne d'Emulation, 24e session p. 173; 1874.

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