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6. Acroura medio-jurensis nob. - Rayon d'une petite ophiure du genre Acroura Agass. -Très caractéristique dans l'oxfordien du Jura bernois.

7. Belemnites ressemblant en petit à la ferruginosus Voltz qui est oxfordienne.

8. Fragment de quelque Nucula? oxfordienne?

9. Fragments de la Turitella minuta nob. Oxfordien. 10. Inconnu; indiscernable.

11. Article du bras de quelque crinoïde.

12. Fragments de deux fossiles qui sont peut-être des pointes de Cidaris.

13-14. Inconnu ; indiscernable.

15. Fragment d'un Pecten à grosses côtes.

16. Pentacrinites pentagonalis Goldf; en grand nombre. Oxfordien.

17. Concrétions pyriteuses habituelles dans l'oxfordien; très abondantes.

18-19. Terebratula, qui pourrait être la varians. Schl. Bronn, ou la concinna Sow. Bronn de l'oolithique, ou quelque espèce liasique.

20. Fragment d'un petit Spirifer probablement liasique. C'est évidemment là un mélange de fossiles oxfordiens, oolithiques et liasiques parmi lesquels dominent les premiers. Ainsi, vers 1100 pieds, après avoir traversé le keupérien et le conchylien, la sonde avait retrouvé des terrains supérieurs.

Remarquons que ce fait ne saurait être le résultat ni d'une supercherie, ni d'un accident de sondage. La première n'aurait eu aucun but ou plutôt aurait atteint un but opposé aux intérêts des ouvriers et du contre-maître, forts ignorants, du reste, de ce que sont les terrains oxfordiens ou autres. Quant au second, il ne pouvait y contribuer, puisque les travaux ne traversaient aucun des trois terrains auxquels appartiennent les fossiles ci-dessus, et que l'orifice même était particulièrement fort éloigné de

tout affleurement ou débris du terrain oxfordien, dont il est séparé par de puissants reliefs oolithiques. Bref, rien ne milite contre la légitimité de ce fait établi par l'examen de fossiles, qu'à une profondeur de 1100 pieds on a ramené des débris oolithiques et oxfordiens.

Mais ce fait, quoique singulier au premier coup d'œil, est-il bien difficile à expliquer, et exige-t-il quelque hypothèse en opposition avec ce que nous apprend l'orographie extérieure de nos montagnes. Nullement et en voici,

selon nous, la solution.

Les chaines du Jura présentent habituellement des massifs ployés ou brisés dans le sens de leur axe longitudinal. Le long de cet axe, il y a souvent faille : les deux lèvres de rupture sont plus ou moins redressées, froissées l'une contre l'autre, l'une étant plus élevée et ayant relevé ou rabattu l'autre sur elle-même. Cette dernière, dans la profondeur, forme, par conséquent, un pli contre lequel vient poser, butter, selon un contact plus ou moins dilacéré, la lèvre en tête de faille qui l'a emporté. Ces sortes de plis se voient, comme chacun sait, très souvent à découvert dans les Alpes, où ils se répètent mème sur une grande échelle. Or, là où un système de couches est replié sur lui-même, il est clair qu'une verticale ou un sondage, après avoir rencontré la série inverse.... d, c, b, a, retrouvera nécessairement dans la profondeur la série naturelle a, b, c, d,.... c'est-à-dire des terrains plus modernes après de plus anciens, ou une seconde fois des terrains déjà traversés, ou enfin même des terrains beaucoup plus modernes que ceux au milieu desquels on aura commencé. - Cela posé, il faut remarquer que dans certaines chaînes, comme celle du Mont Terrible au point dont il s'agit, l'une des lèvres de rupture a, en effet, été fortement rabattue par la pression de l'autre beaucoup plus élevée : cette dernière s'appuyant à recouvrement contre la courbure, brisée ou non, du massif rabattu; je dis qu'il y a recouvrement, car le keupérien de la lèvre relevée vient battre, non pas contre le keupérien de l'autre, mais contre le

liasique et surtout l'oolitique. Par conséquent, une verticale menée à partir d'un point keupérien de la première convenablemeut inférieur doit rencontrer dans la profondeur le pli (plus ou moins brisé ou modifié par la faille proprement dite), formé par les terrains de l'autre. Ceci peut avoir lieu de diverses manières et dans diverses proportions, selon que, dans l'intérieur du sol, s'est dessinée la tangence des deux lèvres de la faille, tangence nécessairement oblique d'abord qu'il y a recouvrement de l'une par l'autre. La figure ci-jointe fera mieux saisir ceci que toute autre explication. Elle représente une des modifications de l'hypothèse dans laquelle, en tous cas, la verticale rencontre toujours quelque part les terrains supérieurs ployés appartenant à la lèvre de rupture opposée. Remarquons bien aussi que dans ce croquis, où les hauteurs et longueurs sont dans des proportions réelles, il n'y a rien de supposé dans le profil extérieur lui-même, lequel est parfaitement observable et conduit forcément par ses structures à une conséquence de ce genre. Ce profil, du reste, n'a pas été fait exprès, et je le prends dans l'Essai sur les soulèvements jurassiques, cah. I. t. IV. f. 3.

Il y a dans les chaînes jurassiques beaucoup de faits partiels, et de bien plus complexes encore dans les failles du Jura occidental que M. Pidancet a fait connaître récemment aux environs de Besançon. Bref, ni dans le fait quoique nouveau, ni dans l'hypothèse ci-dessus, il n'y a en réalité rien de surprenant. Seulement, ce à quoi l'on n'avait pas pris garde, c'est que dans le choix d'un lieu de sondage, il est indispensable de se rendre compte, par l'examen préalable, non seulement des terrains, mais des structures, si l'on n'a pas affaire à quelque cas de ce genre. Or. dans les chaînes très disloquées, il y aura peut-être, plus souvent qu'on ne le pense, des précautions à prendre à cet égard.

Le fait capital qui ressort de cette lettre de Thurmann,

c'est que le sondage de Cornol, partant de la partie inférieure du Keuper, après avoir traversé le Conchylien, est retombé dans la série jurassique, pour s'arrêter à une profondeur de 1100 pieds, soit environ 350 mètres, dans les marnes pyriteuses de l'Oxfordien. L'existence de ce dernier étage à cette profondeur est suffisamment fixée par les nombreux fossiles cités dans cette lettre. Il n'y a absolument pas à douter de l'exactitude de ces déterminations, Thurmann connaissait trop bien la faune de l'oxfordien pyriteux, ayant décrit à peu près à la même époque (1), une vingtaine de fossiles provenant de ces mêmes couches et de diverses localités du Jura bernois. D'ailleurs, si, à Cornol, les terrains étaient dans une position. normale, on devrait, à la profondeur de 1100 pieds se trouver au moins dans le Permien, dont les roches caractéristiques, dépourvues de fossiles, sont facilement reconnaissables. Au lieu de cela on trouve les marnes de l'Oxfordien. En reliant dans un profil géologique, ce point à celui où l'on voit affleurer l'Oxfordien dans le voisinage, soit dans le sud du village de Cornol, on obtient une ligne inclinée qui concorde entièrement, soit avec la direction des couches bathoniennes observable le long de la route de la Mâle-Côte, soit avec celle des couches du Jura supérieur qu'on peut poursuivre dans le village de Cornol. Toutes ces couches sont dans une position renversée et plongent du Nord au Sud. Le profil de Thurmann est donc confirmé par ces faits et il est certain qu'il existe en cet endroit une faille étendue et profonde ayant modifié complètement l'allure des dépôts stratifiés. Cette faille, bouleversant les couches jusque dans une profondeur aussi considérable, ne doit pas être locale, elle doit se prolonger sur une grande distance et affecter plus ou moins toute la chaîne du Mont Terrible. C'est, en effet, ce qui résulte de l'étude des faits suivants.

(1) Thurmann, Abraham Gagnebin, notice historique avec un appendice géologique, Porrentruy 1851.

A l'Est de Cornol, on peut poursuivre jusque vers Asuel et même au-delà le même renversement des couches du Bathonien, de l'Oxfordien et du Jurassique supérieur. Tandis qu'aux mêmes endroits, la disposition des couches de la lèvre méridionale de la faille se complique considérablement par suite de l'existence du nœud confluent des Rangiers.

A Bellerive, où le Keuper affieure également, notre regretté Quiquerez avait pratiqué de nombreuses coupures et galeries pour s'assurer de la nature des terrains et de l'existence du gyps dans cet endroit. Après avoir donné une description détaillée des différentes couches rencontrées dans ses travaux (1), il dit textuellement:

<«< Ainsi selon les places et l'aspect du terrain, les deux >> galeries ouvertes au Vorbourg sont arrivées au centre du » soulèvement keupérien. La seconde même l'a un peu » dépassé d'après les plans. Toutes deux sont arrivées » dans un terrain brouillé, mêlé de marnes sableuses et de » gyps ainsi que de brèches appartenant aux étages juras» siques. >>

Donc, ici, on peut également constater une sorte de faille.

Le profil de Gressly à travers Bärschwil et le Fringeli (2) ne présente rien d'anormal, tandis que celui qu'il a tracé pour Meltingen (3), quelques kilomètres à l'Est, nous montre l'existence d'une faille considérable avec renversement des couches de la lèvre nord comme à Cornol, mais avec cette différence, qu'ici, la lèvre sud s'est affaissée.

Enfin, si nous considérons le Hauenstein comme la con

(1) Quiquerez, sur le terrain keupérien supérieur dans la vallée de Bellerive, près de Delémont, dans les Mittheilungen der naturf. Gesellschaft Bern, no 281, p. 129; 1853.

(2) Gressly, Observations géologiques sur le Jura soleurois, pl. 5, fig. 1-2.

(3) Gressly, Observations géologiques sur le Jura soleurois, pl. 5, fig. 5.

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