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énergie; les montagnes y sont éclairées d'après le principe de la lumière oblique.

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Après la chute de Napoléon, le gouvernement de la Restauration sentit la nécessité de posséder une carte de France plus exacte que celle de Cassini et Louis XVIII prescrivit par ordonnance royale l'exécution d'une nouvelle carte au Les travaux topographiques et géodésiques commencés en avril 1818 ne furent terminés qu'en 1866 et la gravure en 1882. Le dessin de cette carte, dite carte de l'Etat major, se rapproche beaucoup de celui qui a été adopté en Suisse pour la grande carte du général Dufour. La surface gravée de cette œuvre magistrale couvre plus de 100 m3 et se compose de 273 feuilles, la minute au 1 de ce chef d'œuvre topographique est également mise au net. Cette carte donne à peu près le dernier mot de la topographie, mais les Français veulent encore faire mieux et l'on voit déjà exposé les essais d'une deuxième carte topographique de la France au où la montagne est figurée par des courbes de niveau équidistantes, relevées d'estompe. La carte entière se composera de 950 feuilles, couvrant une surface de 243 m2. Au fond ce n'est qu'une reproduction au des minutes exécutées sur le terrain. au de la carte précédente et augmentée naturellement par de nouveaux travaux. Elle est gravée sur zinc en six couleurs et se rapproche beaucoup, quant à l'exécution, de la belle carte spéciale de l'Ortler au publiée à Vienne

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en 1884 par Meurer et Freytag. Est-ce une imitation? Nous ne saurions le dire, et pour avancer une chose aussi grave il faudrait pouvoir comparer les deux cartes, ce qui est tout à fait impossible, les gardiens placés dans cette salle ayant l'ordre d'éloigner toute personne qui voudrait prendre des notes de trop près. Les six couleurs de cette carte sont employées de la manière suivante le rouge est affecté aux habitations et aux chemins carrossables régu

lièrement entretenus; le noir à l'écriture, aux chemins qui ne sont pas toujours carrossables et aux limites administratives; les eaux sont représentées en bleu ; les bois en vert, les courbes de niveau en bistre relevé d'estompe. Comme dans cette carte les hachures font complètement défaut l'expression plastique rendue uniquement par les courbes de niveau ferait entièrement défaut si les dessinateurs n'avaient su faire usage d'une légère teinte estompée qui donne un relief particulier aux montagnes sans nuire en aucune façon à la netteté des détails topographiques.

Une 3 carte en cours d'exécution, mais dans des proportions plus modestes est la carte chorographique de la France au avec courbes de niveau relevées d'estompe

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et en six couleurs. C'est une réduction de la carte au ; les ondulations du terrain y sont dessinées par l'estompe, mais pour les montagnes on a admis le principe d'éclairage par la lumière oblique. Les équidistantes se trouvent à 20 m. et la carte achevée comprendra 82 feuilles. Comme. dessin, c'est peut être la plus belle carte de France, mais ici, comme dans les précédentes l'orthographe des noms en dehors de la frontière laisse à désirer. Ainsi entre une allée et une venue du gardien nous avons pu voir le nom de Estavayer sur les bords du lac de Neuchâtel écrit Estevayer et d'autres du même genre que nous aurions bien voulu enregistrer mais le gardien nous répéta: Monsieur il est interdit de prendre des notes.

Les besoins de l'armée ont encore nécessité la création

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d'une 4 carte au comprenant le territoire des pays limitrophes de la France. Les quelques feuilles exposées : Nice, Grand St-Bernard et Mulhouse offrent un grand intérêt de même que les spécimens d'une 5e carte au 500000 publiée par le Service géographique de l'armée, destinée avant tout à faire connaître les pays qui avoisinent la France. Nous pourrions écrire longuement sur ces deux dernières cartes et sur d'autres encore, mais cela nous con

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duirait trop loin, toutefois nous ne pouvons passer sous silence quelques feuilles de la belle carte d'Algérie au 500000 en 7 couleurs, la minute de la carte de la Tunisie au 1 en 21 feuilles; la carte du Tonkin au en 5 cou

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leurs et 13 feuilles et une superbe carte d'Afrique au 2000000 héliogravée en deux couleurs et 62 feuilles, haute de 4 m. 20 sur 4 m. de large qui vient d'être terminée et qui fait le plus grand honneur à son auteur, M. de Lannoy de Bissy, officier du génie.

Les cartes marines et côtières ne le cèdent en rien à celles que nous venons d'énumérer si rapidement.

Quant aux cartes murales et aux atlas servant à l'enseignement à tous les degrés, la France, jusqu'à ces dernières années, était tributaire de l'étranger, c'est à Vivien de St-Martin et à Levasseur que revient l'honneur d'avoir affranchi leur pays de cette sujétion. Le premier fait éditer ses beaux travaux chez MM. Hachette et Cie, le second chez M. Ch. Delagrave, qui publie également les cartes de l'Institut géographique de Paris.

M. E. Levasseur, professeur au Collège de France et membre de l'Institut, passe à juste titre pour le rénovateur de l'enseignement géographique en France et les progrès accomplis depuis l'introduction de son cours complet en trois années, sont considérables. Malgré cela, les atlas scolaires sont encore loin de répondre aux exigences du temps; leurs auteurs ne peuvent se défaire de l'ancien système qui consiste à couvrir tout un pays d'une teinte plate rouge, jaune, bleue, verte, etc., qui ne signifie rien. et qui empêche d'indiquer à l'aide de signes conventionnels les différents aspects du sol. Ce défaut devient encore plus frappant quand le cartographe s'amuse à couvrir chaque province, ou chaque département d'une couleur différente pour en faire une espèce de vêtement d'Arlequin. Il est vrai que cette manière de représenter les pays est expéditive et qu'elle évite à l'auteur les frais de gravure

d'une foule de détails parfois difficiles à rendre. Cette fâcheuse indifférence, ou cette crainte du travail crée une cartographie à part pour les atlas scolaires qui ne ressemble en rien aux cartes d'état-major. La plupart de ces petits recueils de cartes bariolées sont accompagnés d'un texte explicatif qui ne brille pas toujours par une grande exactitude, c'est ainsi qu'on peut lire à la page 19 de l'atlas scolaire de Levasseur, 1888, cette description renversante le Jura est un vaste plateau, etc., une définition semblable se passe de commentaire et caractérise tout l'ouvrage.

Pour ce qui concerne les atlas scolaires de Bonnefont, professeur au Lycée Condorcet (Lanée édit :), les critiques sont à peu près les mêmes, trop de couleurs, trop de détails insignifiants, trop de subdivisions théoriques qui n'existent que dans l'imagination de l'auteur; moins de détails oiseux et plus de géographie physique ; quelques données positives et sobrement exprimées feraient de ce livre un bon manuel.

MM. Armand Colin et Cie, rue de Mézières, à Paris, publient aussi une série d'atlas remarquables par l'exactitude des renseignements contenus dans le texte; les cartes, malheureusement, rentrent dans la catégorie de celles que nous avons mentionnées ci-dessus. Quant aux planisphères Chatelain, cartes des voies et communications établies pour le monde entier, 1888-89, ils sont recommandables à tous égards, mais il faudrait les compléter. Par exemple, les compagnies de navigation hollandaises si importantes ne figurent pas parmi les pavillons flottant sur l'Atlantique et la Méditerranée.

La librairie Delagrave édite aussi à l'instar de Gotha un petit atlas de poche, mais ce n'est pas le soigné des produits des ateliers de Justus Perthes, ni de la librairie Hachette ni même de la maison Logerot, dont quelques travaux sont vraiment beaux.

La librairie Hachette publie dans ce moment deux atlas qui ne ressemblent en rien à ceux que nous venons de

citer. C'est d'abord l'atlas de Vivien de St-Martin, un vrai chef-d'œuvre de gravure, de précision, de netteté, qu'on peut comparer sans crainte à tout ce que la cartographie allemande a produit de plus parfait mais dont le prix est inabordable, puis l'atlas de géographie moderne de Schrader, auquel travaillent M. Prudent, officier du génie, M. Anthoine, ingénieur, et M. H. Jacottet, de Neuchâtel. Cet excellent atlas, en cours d'exécution est imprimé en huit couleurs. Le verso de chaque page porte une notice concise avec plans détaillés du pays dessiné au recto. Le prix de ce dernier, 20 fr., est encore trop élevé pour qu'on puisse songer à l'introduire dans les écoles, mais les cartes une fois revues et gravées, rien n'empêche l'éditeur d'en faire un tirage bon marché, abordable aux élèves des écoles primaires supérieures et des écoles secondaires. Alors seulement la jeunesse studieuse en France serait dotée d'un atlas sérieux à tous égards, car dans celui-là au moins, on ne trouve pas la ville de Coire placée sur les bords du lac de Neuchâtel comme cela se voit sur la planche 59 de l'atlas universel de Malte-Brun, revu et corrigé par Huot, membre de plusieurs sociétés savantes, etc.

Si en général les atlas scolaires français sont défectueux, quelques cartes physiques murales des cinq parties du monde font le plus grand honneur à leurs auteurs MM. Levasseur et Naud-Evrard. Ces cartes au fond brunâtre, imitent à deux mètres de distance le relief le plus parfait. Les accidents du terrain sont indiqués par des teintes d'ocre brûlé qui vont en s'affaiblissant de la base au sommet des montagnes, l'eau est bleue, les villes sont indiquées par des points rouges. Ces belles cartes, simples, claires et agréables à la vue, devraient se trouver dans toutes les écoles.

La même librairie met en vente plusieurs récréations géographiques telles que le Loto national, le Touriste, le Magister, mais le plus ingénieux est sans contredit l'Enseignement de la Géographie par l'électricité, de M. Le

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