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NÉCROLOGIES

Victor Gilliéron

Le 24 février 1890, à 10 heures du soir, M. le Dr Victor Gilliéron, professeur à Bâle, est mort après d'atroces souffrances à l'âge de 63 ans et 3 mois. La géologie perd en lui un de ses représentants les plus autorisés et la Société jurassienne d'émulation qui, dans sa séance générale du 19 octobre 1889, l'appela parmi ses membres honoraires doit un souvenir à cet homme d'étude aussi savant que modeste.

Victor Gilliéron naquit à Genève le 26 mars 1826. 'Il fut d'abord instituteur à Lutry, puis à Aubonne. En 1853, il fut nommé professeur au progymnase de Neuveville, poste qu'il occupa avec distinction jusqu'en 1866, c'est-à-dire jusqu'au moment où il fut appelé à Bâle comme professeur de langue française à l'école supérieure des jeunes filles. A Neuveville il eut à supporter deux épreuves bien cruelles, sa femme Miry Ganty y meurt en 1855 et deux mois avant son départ pour Bâle il perd son troisième fils Gustave. En 1887 une affection des yeux le força de renoncer à l'enseignement, mais à peine remis de cette maladie qu'une autre bien plus cruelle vint entraver les occupations scientifiques du zélé travailleur et finit par l'enlever à la science, à sa famille et à ses nombreux amis.

Quoiqu'enseignant la littérature française, sa branche de prédilection était cependant la géologie, c'est à elle qu'il consacrait tous ses loisirs. Comme champ spécial de ses investigations il avait choisi les Alpes fribourgeoises, et les deux importants volumes qui accompagnent la carte géologique de cette contrée témoignent de son activité et de la profondeur de ses connaissances. Membre actif de la

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Société jurassienne d'émulation, nous trouvons diverses notices géologiques et autres dans les publications de la Société. Pendant les dernières années de son existence il s'occupait de préférence de paléontologie et classait avec une sévérité rigoureuse les nombreux et beaux fossiles recueillis dans ses courses alpines. Deux petites publications paléontogiques qui tombent dans cette période firent sensation dans le monde savant et dévoilèrent le critique profond. Lorsqu'en 1888 on parlait de rechercher la houille à Cornol, il était du petit nombre de ceux qui déconseillèrent ces fouilles. Il engagea par contre le gouvernement de Bàle-Ville à pratiquer un sondage à Biningen pour atteindre les couches qui devaient contenir le sel gemme. On sait que ce sondage, d'ailleurs peu profond, a traversé ces couches sans rencontrer de sel. Gilliéron était occupé à rédiger un mémoire sur ces faits lorsque la mort vint mettre un terme à ses longues souffrances. On ne saurait mieux retracer cette vie laborieuse et décrire l'activité scientifique de celui qui fut pour nous un maitre et un ami dévoué qu'en donnant la liste de ses travaux, monuments impérissables qui assurent à notre géologue jurassien une des premières places dans l'histoire de la géologie suisse. F. K.

Travaux de Victor Gilliéron.

1862. Notice sur les habitations lacustres du pont de Thielle (Actes de la Société jurassienne d'émulation. vol. XII, p. 76).

1864. Note sur les Alpes fribourgeoises (Actes de la Société jurassienno d'émulation, vol. XVI, p. 39). 1865. Structure géologique des environs de Bienne (Actes de la Société jurassienne d'émulation, vol. XVII, p. 36).

1868-69. P. de Loriol et V. Gilliéron. Monographie paléontologique et stratigraphique de l'étage Urgonien inférieur du Landeron.

1870. Notice sur les terrains crétacés dans les chaînes extérieures des Alpes des deux côtés du Léman.

1873. Les Alpes de Fribourg en général et Montsalvens en particulier. (Matériaux pour la carte géologique, XIIe livraison).

1885. Description géologique des territoires de Vaud, Fribourg et Berne, compris dans la feuille XII entre le lac de Neuchâtel et la crête du Niesen. (Matériaux pour la carte géologique, XVIIIe livraison).

1886. La faune des couches à Mytilus.

1887. Sur le calcaire d'eau douce de Moutier attribué au Purbeckien.

1889. Note sur l'achèvement de la première carte géologique ds la Suisse.

Albert Campler

Albert Campler, instituteur à Moutier, décédé le 30 avril 1890, à l'âge de 40 ans.

Monsieur Campler a été élève de l'Ecole normale et a subi l'examen de brevet primaire en 1870; il fut pendant quelque temps seulement, instituteur aux Reussilles ; presque toute sa carrière pédagogique a été consacrée à l'éducation de la jeunesse de Moutier, où il s'est acquis l'estime de toute la population.

Une foule recueillie, telle qu'on en a rarement vu à Moutier, a tenu à rendre les derniers devoirs à cet instituteur enlevé après plusieurs années de souflrances.

Des chants furent exécutés sur la place de l'école par ses élèves, et par ses collègues, sur le cimetière de Chalière. M. Péquegnat, inspecteur, a rappelé le souvenir de l'instituteur aimé, de l'homme consciencieux et du citoyen paisible.

A. R.

Charles Spiess

Charles-Frédéric Spiess, pharmacien à Porrentruy, est décédé dans cette ville, le 14 juin 1890 après de longues souffrances. I naquit le 14 mai à Landau (Bavière) et montra dès sa jeunesse des aptitudes spéciales pour les sciences naturelles, ce qui l'engagea aussi plus tard à se vouer à l'étude de la pharmacie. Après avoir subi des examens brillants à Würzbourg, il occupa successivement la place d'aide-pharmacien à Aigle, puis à Genève où il employait les loisirs que lui laissait son état à faire de la botanique et de l'entomologie.

Reçu bourgeois de Genève, puis citoyen suisse en 1874, il fit l'acquisition de la pharmacie Gouvernon à Porrentruy, qu'il dirigea jusqu'en 1889, avec autant de talent que de succès.

Une maladie cérébrale, suite fatale d'un surmenage intellectuel, a mis fin à ses jours après de longues souffrances, supportées avec beaucoup de résignation.

Charles Spiess était un botaniste distingué, il connaissait à fond la flore du Jura et du Valais, et le Jardin botanique de Porrentruy lui doit un grand nombre de plantes rares. Il était aussi un eutomologiste ardent et par le fait en relation avec des collègues de tous les pays. Comme pharmacien de renom, il avait obtenu la confiance de toute la contrée, aussi bien par ses connaissances que par son extrême serviabilité. Bon citoyen, il s'était attaché de tout son cœur à sa nouvelle patrie et était partisan d'un progrès modéré dans tous les domaines.

Ses nombreux amis personnels, et ceux qui ne l'ont connu que par sa correspondance ou de nom conserveront un bon souvenir de ce savant modeste, de cet homme de bien, aimé et estimé de tous.

F. K.-B.

Victor Michel

Victor Michel est né à Porrentruy, le 8 décembre 1849. Il fit ses premières études dans sa ville natale et les termina à Besançon et à Fribourg en Brisgau. Jeune encore il vint unir ses efforts à ceux de son vieux père et tous deux, avec l'activité et l'amour du travail qui les distinguaient, dirigèrent le journal le Jura qui devint une feuille d'annonces vouée aux intérêts agricoles et commerciaux et éloignée des luttes politiques.

Victor Michel fils, homme bon et sincère, mais simple et modeste dans ses aspirations et peu porté aux honneurs ou aux emplois que tant d'autres envient, ne remplit aucune charge publique marquante. C'était par la voie de son journal qu'il rendait des services, en ouvrant les colonnes à tous ceux qui avaient des idées nouvelles à émettre, soutenant ainsi toutes les œuvres utiles au pays et toutes les entreprises favorables.

Victor Michel était un des membres les plus dévoués de la Société jurassienne d'Emulation. Il en faisait partie depuis 1882. Membre de nombreuses autres sociétés, plutôt par obligation que par sympathie il donnait à la Société jurassienne d'Emulation surtout les preuves quotidiennes d'un sincère attachement. A plusieurs reprises il fut délégué de la société pour la représenter à Montbéliard et Besançon ou ses relations avec nos voisins de la frontière lui avaient créé beaucoup d'amis et en avaient créé aussi de nouveaux à la Société elle-même. C'est des presses de Victor Michel que sortent la plupart des Actes de la Société jurassienne d'Emulation. Ainsi ceux des années 1849-1868; 1869-1871; 1874-1876; 1879-1881 et 1883-1885 de même que le premier volume de la deuxième série paru en 1889.

L'Emulation perd en Victor Michel, un homme de cœur, un sociétaire affable, et toujours prêt à rendre ser

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