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échecs, il fut contraint à la retraite, et se rendit à Madrid, pour y concerter de nouveaux plans de campagne, et demander des renforts que la malveillance d'un ministre l'empêcha d'obtenir. Retenu long-temps par de fausses espérances, il fut accusé de lenteur par le peuple : des clameurs s'élevèrent contre lui de toutes parts; il rejoignit l'armée cependant, mais il n'y arriva que pour ètre témoin de ses revers, et sa disgrace suivit de près cet événement. Retiré dans une de ses terres près de Séville, le général Ricardos y mourut en 1798.

* RICAUT (PAUL), diplomate anglais, fut d'abord secrétaire du comte Winchelsea, puis envoyé extraordinaire de Charles II à Constantinople, et devint ensuite consul à Smyrne, où il rendit de très-grands services au commerce anglais. Nommé à son retour en Angleterre secrétaire des provinces de Leinster et de Conaught, en Irlande, i obtint en même temps le titre de conseiller privé et celui de juge de l'amirauté. La révo lution qui enleva le trône aux Stuarts lui fit perdre ces divers emplois; mais ayant ensuite sollicité la faveur de Guillaume III, il fut pourvu, en 1690, de la charge de résident près des villes anséatiques de Hambourg, Lubeck, Brême, etc. Il retourna dans sa patrie en 1700, et y mourut la même année. Outre une traduction anglaise de l'Histoire du Pérou, par Garcilaso de la Vega, 1688, in-fol., du Criticon de Balth. Gracian, et une continuation des Vies des papes, par Platina, on a de Ricaut Histoire de l'état présent de l'empire othoman, Londres, 1669, souvent réimprimée, traduite dans presque toutes les langues de l'Eu rope, et en français par Briot, Paris, 1670, in-4o, et par Bespier, Rouen, 1677, 2 vol. -n-12, et plusieurs autres ouvrages.

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*RICCATI (VINCENT de ), jésuite, habile géomètre, ne à Castel - Franco en 1707, mourut en 1775 laissant plusieurs ouvrages, parmi lesquels on cite surtout: de Usu motus tractorii in constructione æquationum differentialium Commentarius, Bologne, 1752, in-40; Opuscula ad res physicas et mathematicas pertinentia, Lucques, 1757-72, 2 vol. in-4o; Institutiones analyticæ collectæ, Bologne, 1765-67, 3 vol. in-4o; Milan, 1775. RICCATI (le comte JOURDAIN de), frère du précédent, mourut à Trévise en 1790, âgé de 81 ans, fut mathématicien, architecte et musicien distingué. On a de lui un Traité sur les corles vibrantes, etc.

* RICCHIERI V. RHODIGINUS.

RICCI (MATTHIEU ), célèbre jésuite missionnaire, né à Macerata, dans la Marche d'Ancône, suivit dans les Indes le jésuite portugais Valignan, missionnaire déjà renommé, fut choisi par les jésuites de Goa avec les PP. Roger et Pasio, pour fonder une mission à la Chine, se fit d'abord connaître dans la province de Canton, par plusieurs bons ouvrages écrits en chinois, et par une mappemonde, où, pour se conformer aux idées d'un peuple ignorant et vain, qui croyait que la Chine était au milieu du monde, il la plaça au centre de la carte. Ses divers travaux, sa tolérance et son zèle avaient donné de lui une haute opinion; mais quelle que fût la disposition des esprits à son égard, toutes ses tentatives pour être présenté à la cour avaient été jusque là infructueuses, et l'avaient même exposé à plusicurs dangers. Enfin en 1600, il s'y introduisit sous le titre d'ambassadeur chargé de présents, tels qu'une horloge, une montre à sonnerie, etc., qu il offrit à l'empereur au nom des Portugais. Ces divers objets qui avaient pour le monarque chinois tout l'attrait de la nouveauté valurent au P. Ricci un accueil des plus favorables. Bientôt ses talents achevèrent de lui gagner la faveur impériale, et dès-lors il ne lui fut pas difficile de remplir les instructions qu'il avait reçues. Plusieurs conversions éclatantes devinrent comme le signal de nouveaux triomphes, et l'établissement des missionnaires obtint tout l'accroissement dont il était susceptible. Le P. Ricci mourut à Pé-king en 1610, à l'âge de 58 ans. Ou lui doit, outre quinze ouvrages de géométrie et de morale religieuse, composés en chinois, des mémoires d'après lesquels le P. Trigault a rédigé, sous le titre de Christianá expeditione apud Sinas, l'histoire de l'établissement et les premières années de la mission de la Chine (Augsbourg, 1615, in-4o). Le P. Dorléans a composé d'après ce dernier ouvrage la Vie du P. Mat. Ricci, Paris, 1693, in-12.

* RICCI (JEAN-BAPTISTE), peintre, né à Novare en 1545, mort à Rome en 1620, exćcuta sous le pontificat de Sixte-Quint et sous celui de Clément VIII, plusieurs travaux qui firent honneur à son talent remarquable surtout dans la peinture à fresque. Il existe encore diverses compositions de cet artiste à Rome et dans d'autres villes des états de l'église. RICCI (Camille), peintre, né à

Ferrare en 1580, fut élève d'Hippolyte Scarsella, et saisit si bien sa manière qu'il devint difficile de distinguer les ouvrages du maitre d'avec ceux de l'élève. Ricci cultiva aussi avec succès la sculpture, l'architecture et la musique, et serait devenu un des premiers artistes de son temps, si la mort ne l'eût enlevé avant l'âge de 40 ans. On voit encore de lui à Ferrare, plusieurs compositions qui annoncent la fécondité de son talent. RICCI (Antoine), surnommé Barbalunga, peintre, élève du Dominicain, né à Messine en 1600, mort en 1649, imita avec bonheur la manière de son maître, et forma lui-même un grand nombre d'habiles élèves, parmi lesquels on cite Maroli, Gabriello et Scilla. Cet artiste, l'un des plus distingués de la Sicile, a laissé à Monte-Cavallo et dans sa ville natale, plusieurs tableaux qui semblent de la main de Zampieri lui-même.

* RICCI (SÉBASTIEN), peintre, né à Cividale-di-Belluno en 1660, mort à Venise en 1734, voyagea en France, en Allemagne et en Flandre, et se rendit ainsi familier le style des plus habiles maitres. Il a laissé un grand nombre de compositions qui lui valurent une réputation presque universelle. · Marc Ricci, neveu du précédent, mort à Venise en 1726, à l'âge de 50 ans, fut un des plus habiles paysagistes de l'école vénitienne. Il aida son oncle dans l'exécution de plusieurs de ses grands ouvrages, et a laissé diverses productions qui font honneur à son talent. Parmi les élèves qu'il a formés, on eite Dominique et Joseph Valeriani, François Zuccherelli et Joseph Zaïs.

• RICCI (LaurenT), le dernier général des jésuites jusqu'à leur suppression par le pape Clément XIII, naquit à Florence en 1703, d'une famille noble et ancienne. Novice chez les jésuites à 15 ans, il sortit de la maison professe de Rome pour aller enseigner la rhétorique, puis la philosophie à Sienne; rappelé ensuite dans la capitale d'Italie, il devint successivement directeur spirituel au Séminaire puis au Collège Romain, et secrétaire de son ordre après la nomination du père L. Centurioni au généralat. A la mort de celui-ci ( 1758), Laurent Ricci fut désigné comme son successeur. C'était alors un moment difficile : l'orage qui bientôt devait disperser les jésuites les avait déjà frappés aux lieux de leur plus absolue domination; le marquis de Pombal envoyait contre eux au Paraguay un armement considérable. On a vu à l'article de ce grand

ministre quelles accusations motivaient les premiers coups qui furent portés à la redoutable société. Les griefs ne manquèrent nulle part pour justifier son banuissement des divers états où elle avait étendu ses ramifications; mais une semblable mesure allait nécessiter de longs efforts de la part de l'autorité politique, qui enfin comprenait le péril dont la menaçait incessamment une corporation indépendante d'elle par ses statuts et dominatrice sur tous par ses attributions. A-t-on, pour perdre les jésuites, exagéré malignement l'influence qu'ils avaient exercée jusqu'alors? La direction de l'enseignement, celle des consciences et un pouvoir absolu en matière de législation spirituelle, faisaient-ils bien réellement de cette société une puissance à part dans l'état (car, pour son entière et exclusive dévotion aux ordres d'un chef unique, elle n'est pas contestable)? S'il fut long-temps permis de mettre en doute cette question, on peut croire qu'elle est aujourd'hui totalement résolue. En décelant la vitalité inhérente à leur institution par les efforts au prix desquels ils sont parvenus à se remontrer à la face de l'Europe, les jésuites n'ont plus également laissé de doute sur la force incommensurable qu'ils tiennent de la condition essentielle de leur société. «Que l'ordre demeure ce qu'il est, disait Laurent Ricci, ou bien qu'il cesse d'être ! » Sans doute alors ce prévoyant général pensait qu'entre la né cessité de subir une modification funeste aux destinées de son ordre et celle de le voir dispersé, mieux valait se courber sous le plus violent de ces coups, et attendre des temps meilleurs. (Voy. PIE VII.) Ce fut sous l'influence de la même idée que Laurent Ricci dicta sa déclaration écrite au château de Saint-Ange, où il avait été relégué avec six assistants et plusieurs membres de la société dissoute après le bref de Clément XIV, et où il mourut en 1775. Dans cette déclaration il protesta, 1o que la compagnie de Jésus n'avait donné aucun lieu à sa suppression; 20 qu'en son particulier il ne croyait pas avoir mérité l'emprisonnement et les rigueurs dont il avait été l'objet; 3o enfin qu'il pardonnait sincèrement aux auteurs de ces persécutions. La Vie de Laurent Ricci a été écrite par Caraccioli, La Haye, 1776, in-12.

* RICCI (SCIPION), évêque de Pistoie et de Prato, petit-neveu du précédent, né à Florence en 1741, s'est rendu célèbre par

sa longue opposition au saint-siége, et les réformes qu'il fit introduire dans les états autrichiens et dans le grand-duché de Toscane. Favorisé par le grand-duc Léopold, il ouvrit à Pistoie, en 1786, un synode pour procéder régulièrement aux nouvelles doc trines qu'il voulait établir, mais ces doctrines ayant encouru la désapprobation du pape et de la majorité du clergé, l'évêque de Pistoie ne tarda pas à être en butte à l'animadversion publique, et se vit forcé de donner sa démission. Plus tard, en 1799, il subit un emprisonnement pour s'être déclaré en faveur des décrets de l'assemblée constituante et des Français qui avaient momentanément occupé la Toscane. Rendu à la liberté, il signa, en 1805, une formule d'adhésion entière, tant aux bulles contre le jansénisme qu'à la bulle Auctorem fidei, à laquelle il avait précédemment refusé de se soumettre, et se réconcilia ainsi avec le saint-siége. Ce prélat mourut en 1810. On a publié en 1824 à Bruxelles un ouvrage fort curieux intitulé: Vie et Mémoires de Scipion Ricci, par de Potter, 4 vol. in-8° cet ou-, vrage a été réimprimé en 1825 à Paris, chez les frères Baudouin. Cette édition, qui est mutilée, a été publiée par M. l'abbé Grégoire et par le comte Lanjuinais.

* RICCIARELLI (DANIEL). Voyez VoL

TERRE.

* RICCIO (BARTHÉLEMY NERONI, plus connu sous le nom de Mastro), peintre siennois du 16e siècle, fut élève d'Antoine Razzi ou le Sodoma, dont il épousa la fille, et soutint, après lui, la réputation de son école. Il fut de plus architecte de la république de Lucques.

RICCIO (DOMINIQUE), surnommé Brusasorci, peintre, né à Vérone, où il mourut en 1567, à l'âge de 73 ans, étudia les chefsd'œuvre du Giorgion et du Titien, et parvint, dans plusieurs de ses compositions, à s'approcher beaucoup de leur manière. Il excella surtout dans la peinture à fresque, et l'on regarde comme un chef-d'œuvre celle dont il orna une des salles du palais Ridolfi à Vérone. Son fils Félix RICCIO OU BRUSASorci le Jeune, né à Vérone en 1540, se fit aussi une grande réputation dans la peinture. On a de Jui plusieurs madones avec des enfants Jésus et de petits anges de la plus rare beauté et divers sujets peints sur marbre qui annoncent le talent d'un grand maître. Ses portraits sont aussi fort estimés. - Cécilia RICCIO OU BRUSASORCI, sœur du précé

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dent, possédait aussi un grand talent pour le portrait. — Jean-Baptiste RICCIO ou BRUSASORCI, frère des précédents, élève de Paul Véronèse, fut employé comme peintre à la cour de Charles-Quint, et s'y fit de la réputation.、

* RICCIOLI (Jean-Baptiste), jésuite et l'un des plus savants astronomes du 17. siècle, né à Ferrare en 1598, mort à Bologne en 1671, a laissé un grand nombre d'ouvrages, dont on trouvera la liste dans la Biblioth. societat. Jesu.

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* RICCOBONI (ANTOINE), en latin Ricobonus, né à Rovigo en 1541, mort en 1599, professa les belles-lettres à l'université de Padoue pendant trente ans avec distinction, et a laissé Commentaires historiques, avec des fragments des anciens historiens; Commentaires sur les oraisons et sur quelques autres ouvrages de Cicéron; une Rhétorique, 1595, in-8°; des Commentaires sur la poétique et la morale d'Aristote, in-4o; une Histoire de l'université de Padoue, Paris, 1592, in-4°, et plusieurs autres ouvrages.

* RICCOBONI (Louis), célèbre comédien et littérateur, né à Modène en 1674 ou 1677, embrassa fort jeune la carrière du théâtre et s'y distingua dans l'emploi des amoureux. Chef d'une troupe à 22 ans, il entreprit de substituer aux farces qui occupaient alors la scène italienne la comédie régulière, et fit jouer quelques pièces traduites ou imitées de Molière; mais cette réforme n'ayant point été goutée par le plus grand nombre des spectateurs, Riccoboni se lassa des obstacles, vint en France avec sa troupe, s'associa le fameux Dominique, et obtint de nombreux succès. Rappelé en Italie en 1729, par le duc de Parme, il fut nommé intendant des menus plaisirs et inspecteur des théâtres établis dans les états de ce prince ; mais la mort ayant enlevé en 1731 son illustre protecteur, il revint à Paris, renonça au théâtre par des motifs de religion, se consacra alors uniquement à la culture des lettres, et mou'rut en 1753. Outre des traductions en prose italienne de Manlius et de Britannicus, et en vers d'Andromaque, on a de lui un recueil de comédies italiennes qu'il composa dans sa jeunesse et dont quelques-unes eurent du succès ce recueil fut publié sous le titre de Nouveau Théatre italien, Paris, 1718, 2 vol. in-12; un poème intitulé : Dell' arte representativa, capitoli sei, Londres (Paris), 1728, in-8°; Histoire du théâtre italien,

depuis la décadence de la comédie latine, Paris, 1728-31, 2 vol. in-8°; Observations sur la comédie et sur le génie de Molière, ibid., 1736, in-12; Pensées sur la déclamation, ibid., 1737, in-8°; Réflexions et Criiques sur les différents théâtres de l'Europe, avec des Pensées sur la déclamation, ibid., 1738, in-8°; de la Réformation du Théâtre, ibid., 1743; réimprimé en 1767, avec l'Essai de Bussonnier sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs. — RICCOBONI (Hélène-Virginie BALETTI), connue aussi sous le nom de Flaminia, née à Ferrare en 1686, était femme du précédent, et se distingua non-seulement au théâtre par la variété de ses talents, mais se fit aussi un nom dans les lettres, et mérita par diverses compositions poétiques d'être admise dans les Académies de Rome, de Ferrare, de Bologne et de Venise. Ayant suivi son mari en France, elle y partagea ses succès, et se retira ensuite, à son exemple, pour vivre dans la pratique de toutes les vertus chrétiennes. Elle mourut à Paris en 1771. Mme Riccoboni a donné deux pièces de théâtre qui n'eurent aucun succès; mais on cite d'elle une lettre pleine d'observations judicieuses au sujet de la nouvelle traduction de la Jérusalem délivrée, par Mirabeau, et dont celui-ci a profité pour améliorer son

ouvrage.

* RICCOBONI (ANTOINE-FRANÇOIs), fils des précédents, né à Mantoue en 1707, suivit aussi la carrière du théâtre, mais il eut beaucoup moins de succès que dans ses compositions dramatiques, dont plusieurs attirerent long-temps la foule au théâtre italien. Malheureusement quelques connais. seurs en chimie lui persuadèrent qu'il réussirait à trouver le grand œuvre, et lui firent souvent négliger les lettres pour se livrer à de vaines expériences qui n'aboutirent qu'à le ruiner. Marié avec la femme la plus spirituelle de son siècle, il jouit des succès qu'il lui vit obtenir, en fut tendrement aimé, et ne fit rien cependant pour la rendre heureuse. Il mourut à Paris en 1772. Outre quelques pièces de vers, une Satire sur le goút, et le Conte sans R, insérés dans les recueils du temps, Riccoboni a donné un assez grand nombre de comédies, parmi lesquelles nous ne citerons que celles qui sont restées au théâtre italien jusqu'à sa suppression. Ce sont: (avec Romagnesi) les Comédiens esclaves, en 3 actes, 1726; les Amusements à la mode, en 3 actes et en Tome 20.

vers, 1732; le Conte de Fée, en 1 acte, 1735; - seul le Prétendu, comédie en 3 actes et en vers, 1760; les Caquets, comédie en 3 actes et en prose, traduite ou imitée de Goldoni : cette pièce a été reprisc avec succès au théâtre Louvois en 1802; les Amants de Village, comédie en 2 actes et en vers. 1764. On a encore du même auteur l'Art du Théátre, Paris, 1750, in-8o; réimprimé en 1752, avec les Pensées sur la déclamation, de Riccoboni père. RICCOBONI (Marie-Jeanne LABORAS DE MEZIÈRES ), femme du précédent, née à Paris en 1714, annonça dès sa jeunesse ce goût exquis et cette supériorité de talents qui l'ont rendue si justement célèbre. Actrice à 20 ans, par nécessité, elle eut peu de succès à la scène, et ne trouva pas non plus de bonheur dans són union avec Antoine-François Riccoboni, dont elle cut souvent à déplorer les infidélités. Abreuvée de dégoûts et d'amertumes, ce fut alors que pour se distraire elle se livra à l'étude des lettres, et qu'elle produisit ces charmants ouvrages qui la placèrent, dès son début, au premier rang parmi nos meil. leurs romanciers. L'Histoire du marquis de Cressy, et les Lettres de Julie Catesby, publiées en 1758 et 1759, obtinrent un tel succès que l'on douta d'abord qu'une femme pût en être l'auteur: Palissot ne contribua pas pen, dans sa Dunciade, à répandre ce soupçon; mais il se rétracta ensuite, et Me Riccoboni put jouir pleinement de son triomphe. S'étant retirée du théâtre en 1761, elle vécut alors du produit de ses ouvrages et d'une petite pension que lui faisait la cour; mais cette dernière ressource lui ayant été en levée à l'époque de la révolution, elle finit ses jours dans un état voisin de l'indigence, et mourut à Paris en 1782, à l'âge de 78 ans. Les autres ouvrages de Mme Riccoboni sont : les Lettres de miss Fanny Butler, où l'on a prétendu voir l'histoire de ses propres chagrins; Ernestine, regardée par La Harpe comme le diamant de l'auteur, et qui a fourni le sujet d'un drame lyrique, portant le même nom : cette pièce fut jouée aux Ita. liens en 1777; l'Amélie, traduite librement et abrégée du roman de Fielding; Mae Riccoboni donna cette traduction comme le résultat de l'étude qu'elle venait de faire de l'anglais, avec le seul secours d'une gram. maire et d'un dictionnaire; la Suite de Marianne, ouvrage de Marivaux; l'Histoire de miss Jenny Level, 1764 ; Lettres d'Adélaïde de Dammartin, comtesse de Sancerre, à

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M. le comte Rancé, 1766, traduites en anglais; Lettres d'Élisabeth-Sophie de Vallière, à Louise-Hortense de Canteleu, 1772; Lettres de milord Rivers à sir Charles Cardignan. Ce fut par ce dernier ouvrage, qui obtint un succès mérité, que Mme Riccoboni fit en quelque sorte ses adieux aux lettres. Ses autres productions sont de peu d'importance. Ses OEuvres complètes parurent en 1786, 8 vol. in-8° : la plus belle édition est celle de 1818, Paris, 6 vol. in-8°, fig. Il a paru en 1826, chez Brissot-Thivars une édition en 9 vol. in-18 des (Evres de Mme Riccoboni: elle est précédée d'observations sur ses écrits par La Harpe, Grimm et Diderot. * RICH (JAMES-CLAUDIUS), savant distingué, résident d'Angleterre à Baghdad, de 1807 à 1821, joignait à une connaissance approfondie des langues orientales et particulièrement de l'arabe, le goût des recherches d'antiquité; il travailla pendant douze ans à réunir une belle collection de manuscrits orientaux, de médailles précieuses, de cylindres, de pierres gravées et de monuments babyloniens, qu'il recueillit lui-même dans les nombreuses visites qu'il fit sur l'emplacement de Babylone. Ses observations scientifiques et littéraires ont été publiées dans le Recueil des mines de l'Orient, et il en a paru une traduction française, Paris, 1818, in-8°. Rich, après divers voyages et de nombreuses découvertes, poussa ses recherches jusque dans les cantons les plus reculés du Kurdistan, et mourut, âgé seulement de *35 ans, à Schiraz, en 1821, du cholera morbus. Le Journal des Savants de mai 1821 et d'avril 1822, contient des extraits intéressants de deux lettres du résident anglais à M. Sylvestre de Sacy.

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* RICHARD Ier, roi d'Angleterre, surnommé Cœur de Lion, second fils de Henri II et d'Éléonore de Guienne, naquit à Oxford en 1157, et annonça dès sa plus tendre jeunesse ce courage héroïque, cet esprit altier, turbulent et impétueux qui remplirent sa vie de tant d'agitations, et lui valurent tour à tour le blâme et l'admiration de ses contemporains. Fils ingrat et dénaturé, il ne craignit pas de susciter la guerre 'contre son père pour lui arracher la couronne; mais il ne l'eut pas plutôt obtenue en 1189, qu'il se repentit de sa conduite, et abandonna ses états pour aller combattre les infidèles. D'accord avec Philippe-Auguste, Richard s'embarqua avec son armée pour les côtes de la Syrie, s'empara de l'ile

de Cypre, dont le prince Isaac lui avait refusé l'entrée, se rendit ensuite au camp de Ptolémaïs, et poursuivit les travaux du siége avec une telle activité que la ville tomba enfin au pouvoir des armées chrétiennes. Resté seul à la tête des croisés, après le départ du roi de France, ce fut alors que Richard montra dans tout son jour cette violence de caractère qui le faisait haïr de ses égaux et le rendait si redoutable à ses ennemis. Il fit massacrer deux mille cinq cents captifs parce que Saladin avait refusé de remplir les conditions qui lui avaient été imposées à la reddition de Ptolémaïs. Marchant ensuite vers Ascalon, il se couvrit de gloire à la bataille qui fut donnée près d'Assor. Mais quels que fussent ses exploits, il ne put cependant gagner la confiance de l'armée chrétienne, et augmenta bientôt le mécontentement général en ne pressant pas le siége de Jérusalem, qu'il n'osait attaquer en présence de l'armée musulmane et que les soldats de la croix brúlaient de conquérir. Dans les vifs débats qui s'élevèrent alors, les Français, restés en Palestine, se séparèrent des Anglais, et la position de Richard devint des plus critiques; mais loin de se laisser abattre par les difficultés, il entreprit de nouveaux combats, obtint chaque jour de nouveaux triomphes, et força enfin ses ennemis à l'admiration. Ce fut surtout à Jaffa qu'il montra ce merveilleux courage qui rendit son nom si fameux dans les fastes de la gloire. Débarqué dans cette ville avec quatre cents arbalétriers et dix chevaux seulement, il attaque les soldats musulmans, les met en fuite, les poursuit jusque dans la plaine où campait l'armée de Saladin, forte de quinze mille cavaliers ; range ses compagnons, soutient le premier choc, attaque à son tour, et obtient la victoire. Malgré cette valeur brillante, célébrée par les Arabes eux-mêmes, Richard cependant dut quitter la Terre-Sainte sans l'avoir conquise. Débarqué à son retour sur les côtes de Dalmatie, il crut pouvoir, à la faveur d'un déguisement, traverser les terres de Léopold, duc d'Autriche, qu'il avait grièvement offensé au siége d'Acre; mais ayant été reconnu et arrêté, son ennemi le fit charger de chaînes et le livra à l'empereur Henri VI, qui, après lui avoir fait subir une longue captivité, exigea, dit-on, une rançon de 250,000 marcs d'argent. Rendu enfin à son royaume, Richard le trouva dechiré par la faction qu'y avait excitée son

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