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paru pouvoir intéresser. J'ai négligé tous les actes qui ne sont que de circonstances ou dans un intérêt particulier. Les Assemblées s'étant emparées du pouvoir, tous leurs actes sont l'histoire du temps: c'est pour cela que je suis entré dans plus de détails pour cette époque. Enfin, j'ai tâché de n'omettre aucun des actes législatifs qui ont donné naissance à quelque institution nouvelle d'un intérêt général, ou qui ont apporté quelques chandans la forme ou la marche du Gou

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vernement.

Tous les actes législatifs des Assemblées constituante et législative, et ceux de la Convention nationale, sont désignés sous le nom de décrets. La sanction du Roi était d'abord nécessaire pour que ces décrets devinssent lois de l'État ; mais le 10 août 1792, l'Assemblée législative décréta que la sanction était abolie, et que tous les décrets seraient des lois. Sous le Directoire, l'on a distingué les arrêtés du Directoire, qui n'avaient pas force de lois, et les résolutions du Conseil des

Cinq-cents, qui devenaient lois par l'approbation de celui des Anciens. Sous le Gouvernement impérial, il y a des décrets et des lois, et, sous la Monarchie, des ordonnances et des lois. L'on peut établir cette différence entre les décrets et les lois, entre les ordonnances et les lois : que l'un est un acte qui émane directement de la volonté du Souverain ou de son Conseil, et que l'autre est un acte adopté par la Nation entière. Le premier est un règlement administratif qui, souvent, ne s'applique qu'à une petite portion de la population; le second, au contraire, est applicable à la Nation en général, et doit servir de règle invariable, et pour la gouverner, et pour lui rendre justice.

J'ai adopté cette grande division en trois classes pour chaque année séparément. J'ai placé en tête de chaque division, les faits ou les actes les plus saillans qui peuvent servir de point de repère dans une suite aussi nombreuse d'événemens, dont la plupart peuvent fixer l'attention; mais dont quelques-uns ont

influé plus particulièrement sur notre avenir. En lisant seulement cette partie du travail, l'on peut, en un instant, se rendre compte sommairement de tout ce qui s'est passé de plus remarquable pendant les trente années les plus intéressantes de notre histoire contemporaine.

Pour éviter la confusion qui pourrait résulter des doubles dates, je n'ai indiqué que celles du vieux style; la comparaison avec celle du nouveau étant très-facile à établir au moyen d'une petite brochure qui a pour titre: Concordance des Calendriers républicain et grégorien depuis 1793 jusques et compris l'an 22 (1814). Quelquefois cependant j'ai indiqué un fait remarquable par sa propre date en nouveau style; ces dates étant, pour ainsi dire, consacrées pour désigner ces journées célèbres, telles que le 13 vendémiaire, le 10 thermidor, le 18 fructidor, le 18 brumaire, etc.

L'on trouvera quelques événemens sans date: c'est qu'alors les renseignemens ont

manqué pour leur en assigner une; mais ils sont toujours placés à leur rang entre deux dates certaines.

Je n'ai rien négligé pour n'omettre aucuns faits remarquables; je me suis appliqué à les exposer d'une manière claire et succincte sans les altérer. J'ai fait tous mes efforts pour découvrir la vérité au milieu d'un grand nombre de relations, dans lesquelles elle pouvait avoir été déguisée par quelques considérations politiques ou d'intérêt particulier. Enfin, j'ai cherché à apporter une exactitude scrupuleuse dans les dates.

Afin d'avoir plus de chances en faveur du résultat que je désirais obtenir, je me suis entouré de tous les documens que j'ai cru propres à m'éclairer. J'ai consulté les journaux du temps, les bulletins des lois, et plusieurs ouvrages remarquables qui m'ont paru mériter la confiance, soit par la réputation de leurs auteurs, soit par l'exactitude que j'y ai remarquée; j'ai été aussi à même de recueillir des renseignemens précieux auprès

de personnes d'un mérite distingué, qui, nonseulement ont bien voulu m'éclairer sur les faits dont elles avaient été témoins oculaires, mais qui m'ont encore communiqué les recherches curieuses qu'elles avaient pu faire. J'aurais éprouvé une véritable satisfaction à leur en témoigner ma reconnaissance, si leur modeste obligeance ne m'avait imposé le devoir de taire leur nom.

C'est en comparant tous ces renseignemens que j'ai pu rassembler un plus grand nombre de faits, et surtout acquérir plus de certitude sur leur authenticité et leur date précise.

Les connaissances humaines sont maintenant si étendues, que les instans deviennent très-précieux pour les personnes qui se livrent à l'étude. Combien de temps ne faut-il pas pour se mettre seulement au courant de tout ce qu'embrasse la partie à laquelle on se voue de préférence? Il faut donc renoncer à l'universalité des connaissances; la vie de l'homme ne suffirait pas pour l'acquérir: mais en

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