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ministrées, règnent la sécurité, la tranquillité. Les contributions y sont modérées, réparties avec équité et supportées par tous les citoyens dans la proportion de leurs facultés : les dépenses sont strictement mesurées sur les besoins réels, et un fonds de réserve est ménagé pour les cas d'événemens désastreux ou d'attaque imprévue.

Sous quelque point de vue que l'on fasse envisager un système de finances, en dernière analise les revenus publics ne peuvent être que le produit des contributions levées sur le peuple d'une manière plus ou moins gênante pour les contribuables, selon qu'elles sont plus ou moins bien réparties, plus ou moins sagement proportionnées à leurs moyens. La nature des impôts, et l'équitable mesure des dépenses qui les occasionent, fondée sur les besoins réels, ont une grande influence sur le travail, et par conséquent sur la richesse nationale, dont il est la

source.

En remontant aux temps anciens, on voit les taxes payées par les nations qui se rapprochent de l'origine de la civilisation, d'abord simples et peu considérables comme les Etats naissans dont elles avaient à soutenir la faiblesse, puis s'accroître

et se multiplier sous différens noms, à mesure que l'esprit de conquête s'introduit, ou dès que l'autorité, jalouse de ses droits, juge à propos de les étendre et de les maintenir.

Nous passerons sous silence ce qui concerne les Assyriens, les Babyloniens et même les Egyptiens, parce que ces temps reculés n'offrent pas de notions assez certaines. On a cependant lieu de conclure de la somptuosité des édifices destinés au service public, et de l'opulence qui se déployait dans les solennités chez ces peuples, au rapport des historiens, que leurs finances étaient dans l'état le plus prospère. On y voit en même temps l'origine des subsides établis sur les peuples vaincus, et l'on reconnaît que, dès lors, les taxes étaient réglées au dixième du produit · des terres.

Chez les Hébreux le droit des rois était de prendre le dixième des moissons, des vendanges et des troupeaux; ce que l'on peut considérer comme l'origine de la dîme ecclésiastique.

Cette même taxe sur les terres se retrouve dans toutes les républiques de la Grèce : à Athènes, les citoyens étaient divisés en quatre classes, selon ce que chacun retirait de ses biens: on payait au

de contrées, fournissaient un revenu qui, longtemps, suffit aux dépenses de la république, surtout tant qu'il régna de l'ordre dans l'administration des deniers publics.

C'est sous Auguste que paraît remonter l'origine des impôts, qui ont porté en France les noms de taille et de capitation, et qui s'y sont perpétués jusqu'à notre révolution. Il leur donna une base plus certaine qu'auparavant, en faisant faire un cadastre des terres et un dénombrement des individus. Les revenus de l'Etat consistaient :

1o dans les produits des fonds de terre appartenant à l'Etat, dont la plupart étaient concédés moyennant une redevance qui était ordinairement de la valeur d'un dixième de la récolte ; 2° dans la taxe foncière par argent, qu'on conjecture avoir été d'un vingtième; 3° dans la taxe par tête ou capitation; 4° dans les gabelles, ou profits sur le sel, dont les empereurs s'étaient attribué la vente; 5° dans les droits de péage aux passages des fleuves et rivières; 6° dans les droits de douanes, et enfin dans les produits casuels tels que les confiscations, les amendes, les dons gratuits, les corvées ou services en nature.

Les personnes chargées de lever les impôts

s'appelaient publicains, parce que leurs fonctions devenaient publiques en ayant pour objet de réunir les revenus de l'Etat, ils formaient des sociétés, et prenaient à ferme tous les impôts d'une ou plusieurs provinces; il y avait un adjudicataire principal qui était chef de la société : tout se faisait en son nom, il était responsable de ses associés envers l'Etat : ce fut le modèle de nos fermiers généraux.

Les divers impôts s'accrurent et se multiplièrent suivant le caractère de modération ou d'avarice des divers Empereurs, et lorsque des Gouverneurs avides favorisaient les fermiers des impôts dans la vue de partager le produit des concussions. L'on attribue même à ces exactions tyranniques, et à la mauvaise administration des officiers des Empereurs dans les Gaules, la confédération des provinces Armoriques, événement qui contribua plus qu'aucun autre à l'établissement de la monarchie française.

Les Rois de la première race maintinrent toutes les impositions établies dans les Gaules par les Romains, notamment sur la circulation des marchandises et sur certaines consommations; elles furent levées d'après les mêmes usages, sous le

le nom de tribut public, parce qu'il était affecté à l'acquittement des charges de l'Etat. Cela se pratiqua ainsi jusqu'au règne de Pepin, pendant lequel il se fit de grands changemens dans cette partie, ainsi que dans le reste de l'administration publique.

Les fonds de terre qui appartenaient au fisc, formèrent le domaine de la couronne. Le revenu en était spécialement destiné à l'entretien du prince et de sa maison.

Le démembrement de la monarchie, suite des faiblesses et des prodigalités des derniers rois Carlovingiens, fit perdre à la couronne la plus grande partie de ses possessions.

que

Dans le temps de la féodalité, les seigneurs, maîtres absolus sur leurs terres, y établissaient des prestations, des péages de toute espèce. On ne connaissait plus alors la violence pour asservir le foible et extorquer l'argent de ceux qui en possédaient. Les chemins étaient impraticables; les châtelains, au lieu de les réparer, s'y embusquaient, pillaient les marchands et les passans, rançonnaient, en un mot, tout ce qui était sans défense : le moins qu'ils faisaient, était d'exiger des droits arbitraires à tous les passages

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