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d'un transfert qui s'opère sur la simple attestation de la vente, revêtue de la signature de l'agent de change qui l'a opérée.

Ces négociations se font à la Bourse; mais, cet établissement public ayant été provisoirement fermé le 27 juin 1793, il y eut interruption de transmissions légales de rentes depuis cette époque, jusqu'à sa réorganisation, qui eut lieu le 6 floréal an 3 (25 avril 1795).

Cette circonstance, jointe au bouleversement que causèrent les assignats, et par suite les mandats dans les transactions sociales, avait fait naître une défiance qui se propagea long-temps: elle se portait principalement sur les effets publics, et occasiona une longue incertitude dans la valeur des inscriptions de rentes sur le grandlivre.

Ce ne fut qu'au commencement de pluviose an 5 (janvier 1797), qu'elles eurent un cours à peu près régulier, mais très-bas; que ce cours fut coté à la Bourse, et publié par les journaux.

Il reste à parler d'une mesure prescrite par la loi du 9 vendémiaire an 6 ( 30 septembre 1797), qui produisit un grand effet dans le public: ce fut la réduction de la dette publique au tiers,

que l'on appela consolidé, parce qu'il fut conservé produisant rente perpétuelle, et porté sur un nouveau grand-livre. Les deux autres tiers furent mobilisés et convertis en bons au porteur, dits bons deux tiers, admissibles en paiement des biens nationaux,

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Ces bons perdirent, à l'instant même de leur émission, de 70 à 80 pour cent, et n'eurent bientôt plus aucune valeur. L'autre partie de la dette publique a justifié son titre de consolidé car elle existe encore aujourd'hui à un taux très-élevé, et ce sont ses variations depuis son origine qui nous ont servi à dresser nos tableaux graphiques de la valeur des fonds publics. La première cote du tiers consolidé, fut publiée le 21 nivôse an 6 ( 10 janvier 1798). (

Dans la revue très-superficielle de la partie historique de l'administration financière que nous venons de parcourir, l'on a pu remarquer qu'elle est restée bien long-temps enveloppée des langes de l'enfance arracher, ou plutôt extorquer de l'argent des contribuables, sans s'occuper de les mettre en état d'en reproduire, le dépenser ou en guerres désastreuses ou en profusions, ne rendre aucun compte, tel a été

trop long-temps tout le secret de ceux qui disposaient de la fortune publique. On aperçoit sous François Ier une lueur de système financier. Avant lui on n'était point dans l'usage des emprunts perpétuels, des créations de charges, des augmentations de gages, etc.; mais la fâcheuse situation des affaires, jointe au goût de dissipation, et à la munificence de ce prince, firent employer ces ressources d'une manière plus nuisible qu'utile à la prospérité de l'État.

Sully a été le premier administrateur véritablement habile que la France ait produit, et qui étonna l'Europe par sa sagesse, l'efficacité et la douceur de ses mesures. Nous voyons ensuite Colbert, allant de pair avec lui, tout en suivant un autre plan, parce que les circonstances étaient changées l'un et l'autre avait raison dans son système.

Tout a marché au hasard sans véritables principes jusqu'au milieu du siècle dernier, que les économistes ont, en hésitant, ouvert la carrière financière. Il est évident que ce sont ces laborieux écrivains, qui, tout en se jetant dans des écarts, ont mis sur la voie des vrais principes, et ont donné naissance à la science de l'écono

mie politique. Cette science est-elle arrivée à son point de perfection? non sans doute; mais la voilà maintenant établie sur des bases invariables et incontestables.

C'est déjà un hommage rendu aux vrais principes, que d'avoir donné du développement au système des contributions indirectes, et de l'avoir régularisé : car, une nature d'impôt qui se répartit sur tout le monde, en raison de la consommation de chaque individu, et se paie à mesure, au moment même de cette consommation, et, en quelque sorte, sans que le contribuable s'en aperçoive, doit paraître préférable à tout autre impôt qu'il faut payer d'époque en époque, et qui, au-delà de certaines bornes, peut deve◄ nir le fléau de l'agriculture et de l'industrie : mais l'organisation de la perception présentait et présente encore bien des difficultés.

La partie des contributions indirectes la plus délicate, et qui exigerait dans son organisation les connaissances les plus étendues, une expérience consommée, et une impartialité à toute épreuve, ce sont les douanes: parce qu'elles se rattachent à la haute politique, et que la prospérité de l'industrie et du commerce en dépend.

Nous nous abstiendrons de traiter ces hautes questions de finances: elles sont au-dessus de nos forces, c'est seulement aux hommes éclairés qui ont étudié, approfondi et dirigé ces branches importantes de l'administration publique, qu'il appartient d'indiquer les améliorations dont elles sont susceptibles..

La véritable conquête de notre époque, c'est la création du crédit public, s'il n'est pas porté au point où il peut arriver, au moins on est sur la bonne voie.

Autrefois on débattait sérieusement la question de savoir s'il vaut mieux, dans le besoin, mettre des impôts nouveaux que de faire des emprunts. Aujourd'hui, d'après les principes du crédit, il ne peut plus rester de doute, qu'il vaut toujours mieux emprunter qu'imposer, surtout lorsque, par l'effet d'une bonne administration, par une sage disposition des fonds publics, on pourra trouver dans l'économie sur les dépenses, dans des dispositions d'ordre et dans des moyens créés par le génie, des ressources propres à fournir aux intérêts annuels de l'emprunt et à son amortissement.

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