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Nécrologe.

La religion vient de perdre un de ses ministres, et Marseille un pasteur dont le nom seul rappelle le zèle le plus ardent, la charité la plus active et la douceur la plus inaltérable.

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Jean-Baptiste-Jacques- Marie Carle, né à Marseille, le 28 novembre 1770, montra dès son enfance un goût décidé pour l'étude, à laquelle il s'appliqua avec une assiduité dont cet âge est d'ordinaire peu capable, I sut tellement modérer l'ardeur de son caractère ; naturellement vif et bouillant, que, comme un autre François de Sales, il fut toute sa vie un modèle de douceur et de patience.

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Il étudia dans le séminaire du Bon-Pasteur, et puisa dans les cœurs sacrés de Jésus et de Marie, auxquels ce séminaire étoit consacré, la vraie science du salut, le zèle ardent, la charité sans bornes qu'il a déployés avec tant d'énergie

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La révolution vint interrompre ses études, mais n'affoiblit point cependant son goût pour l'état ecclésiastique; et ce fut sous le règne de la terreur, alors que les prêtres du Seigneur étoient persécutés, envoyés en exil ou traînés à l'échafaud, que le jeune Carle se sentit porté avec d'autant plus d'ardeur à suivre sa vocation, qu'elle l'exposoit aux dangers les plus imminens. C'est dans ces jours funestes qu'il s'adjoignità M. l'abbe Reymonet, dont la mémoire sera toujours en vénération dans Marseille. Ce véritable apôtre de nos jours seconda le zèle de son disciple, qui, bravant comme lui tous les dangers et une mort certaine, n'étoit occupé que des moyens de procurer, en secret, aux fidèles les secours et les consolations de la religion. Une protection visible de la Providence, les accompagna partout et les fit passer sains et saufs, sans être reconnus, au milieu des révolutionnaires les plus acharnés à leur suite.

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Parvenu à l'âge qui lui permettoit de remplir les augustes fonctions du sacerdoce, après lesquelles il soupiroit avec ardeur, M. Carle partit pour Paris où il fut ordonné prêtre. Il quitta la capitale le lendemain de son ordination, et vint célébrer sa première messe à Marseille, le 25 mars 1795,

jour de l'Annonciation, qui fut pour lui, chaque année, un jour de renouvellement de ferveur; et l'on peut fixer à cette époque, la résolution qu'il prit de jeûner tous les samedis en l'honneur de la très-sainte Vierge qu'il nomma toujours du doux nom de mère, et à laquelle il voua le culte le plus tendre.

Dès-lors son zèle, que la crainte de la mort ne put ja mais ralentir, ne fit que s'accroître aucun danger n'étoit capable de l'arrêter un seul instant, lorsqu'il s'agissoit d'exercer son ministère. Prenant fréquemment sur son sommeil, il força la nature à soumettre les besoins de son corps à ceux, bien plus impérieux pour lui, de salcharité, et on l'a souvent vu passer deux fois vingt-quatre heures sans prendre la moindre nourriture et sans que son tempérament en souffrît.

La paix ayant été rendue à l'Eglise, ce digne ministre du Seigneur fut nommé, en 1804, vicaire de la paroisse Notre-Dame-du-Mont. Il y forma, sous l'invocation de Saint Joseph, une congrégation d'hommes, dont il a conservé la direction jusqu'à sa mort. La piété et la douceur toute évangélique du directeur la rendirent bientôt très-nombreuse; il acquit l'entière confiance de tous: jeunes et vieux, le regardoient comme un père tendre. L'onction de ses paroles les pénétroit d'attachement à la religion, et la régularité de leur vie a toujours été un sujet d'édification pour les habitans de cette ville. foto

Une époque fâcheuse vint encore l'éprouver. En 1810, le chef du gouvernement, instruit qu'il avoit reçu un exemplaire de la bulle d'excomunication, le fit poursuivre. M. Carle eut le bonheur d'échapper à toutes les perquisitions; mais réduit à se cacher de nouveau, il supporta avec patience cette nouvelle épreuve, la plus terrible puisqu'elle le forçoit à renfermer pendant deux ans dans des bornes étroites, un zèle qui n'en connut jamais.

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La divine providence qui veilloit sur la France ayant. ramené la légitimité sur le trône, l'abbé Carle recouvrant son entière liberté, fut nommé vicaire dans la paroisse Saint-Vincent-de-Paul.

En 1820, Mgr. de Beausset, archevêque d'Aix et d'Arles, pénétré de toutes les vertus de ce véritable apôtre, le nom ma curé de la paroisse Saint-Ferréol. La crainte que, lui inspira son humilité, de ne pouvoir en remplir dignement

les fonctions lui fit refuser cette charge, qu'il n'accepta que lorsque le prélat, juste appréciateur du mérite et de toutes les qualités qui doivent former le caractère d'un pasteur des âmes, lui dit avec fermeté : Dieu le veut, et je l'ordonne. Il fot installé le 25 mars, même année, par M. de Sinetti, aumônier de ́S. A. R. MONSIEUR, et chanoine du chapitre de Saint-Denis.

Le plus heureux caractèron l'accord parfait d'une bienveillance naturelle avec une inépuisable charité, lui eurent bientôt gagné, non-seulement les cœurs de tous ses paroissiens, mais encore de ceux avec lesquels les devoirs de sa charge le mirent en relation : jeunes et vieux, 'pauvres et riches, grands et petits, lui accordèrent une entière confiance. Dans les embarras de fonctions importantes et souvent bien pénibles, rien ne put jamais altérer la sérénité de son âme. Son esprit conciliateur, l'amabilité de ses manières, 'sa bonté, lui aplanissoient tous les obstaèles; toujours prêt à voler au secours des malheureux, rien ne l'arrêtoit lorsqu'il s'agissoit du salut d'une âme; plus elle étoit vile aux yeux du monde et plus elle devenoit précieuse à ses yeux. Quelqu'un s'ouvroit-il à lui, lui communiquoit-il ses peines, ses besoins, il répondoit toujours pourquoi vous chagriner, l'abbé Carle n'estit pas ta, et aussitôt les peines étoient cahnées, les besoins étoient soulagés.

M. l'abbé d'Astros étoit son intime ami, il avoit partagé avec lui la persécution de 181o. L'amitié qui les unissoit avoit toujours été aussi înaltérable et pure que le feu dont ils brûloient pour le triomphe de la foi. Aussi M. d'Astros, ayant été sacré évêque de Bayonne, s'empressa-t-il de nommer M. Carle son vicaire-général; mais quelque satisfaction que celui-ci eût éprouvé de se réunir à ce tendre ami, à ce prélat plein de l'amour de Dieu, jamais il n'eut la pensée de se séparer de son troupeau.

En 1823, Mgr. de Mazenod, évêque de Marseille, qui nous rappelle, par la vivacité de sa foi et la fermeté de ses principes, les évêques des premiers temps, s'empressa de donner publiquement à M. Carle une preuve de son estime en le nommant chanoine honoraire.

Les devoirs de son état excitoient chaque jour davantage en M. Carle la sainte ambition du salut des âmes dont il étoit dévoré. Il s'y dévouoit entièrement, les jours paroissoient Avoir doublé pour lui leur durée, et l'on avoit de la peine à

concevoir comment ses facultés physiques pouvoient suffire à tant de zèle. Visiter les malades, partager et adoucir la douleur des affligés, concilier les différens des familles, verser les consolations dans les âmes au tribunal de la pénitence, souvent jusqu'au milieu de la nuit, proclamer plusieurs fois dans le même jour, en divers lieux, les vérités de la foi avec une liberté toute chrétienne: telles étoient ses occupations habituelles. Aumônier du Cercle religieux, de l'OEuvre des prisons et de plusieurs autres, il-suffisoit à tout; s'oubliant lui-même, il sembloit se multiplier par le feu de son zèle et l'ardeur de sa charité.

Le 27 juillet dernier, il fut prêcher aux Cayols, hameau des environs de Marseille, et c'est en descendant de la chaire que ce ministre fort et robuste, qui n'avoit jamais été malade jusqu'alors, fut atteint d'un rhumatisme goutteux articulaire qui reflua sur les poumons. Son sang, échauffé par ses travaux, aggrava sa maladie qui se compliqua d'une fièvre milliaire. Tous les secours de l'art, les soins les plus empressés, les vœux, les prières des fidèles et du clergé, rien ne put conserver cet apôtre : c'étoit un fruit mûr pour le ciel.

Il supporta tous ses maux avec patience et résignation: soumis à tout ce qu'on exigeoit de lui, sa douceur ne s'est jamais démentie au milieu de son accablement et de ses souffrances que la volonté de Dieu s'accomplisse, répondoit-il à toutes les espérances qu'on vouloit lui donner. Aussi Dieu qui fut toujours son soutien, sa force et sa consolation, lui conserva-t-il jusqu'au dernier moment sa présence d'esprit. Il répondit lui-même à toutes les prières de son agonie. Il avoit reçu les Sacremens de l'Eglise le g août, et sa belle âme s'envola dans le ciel et se réunit à son créateur dans la nuit du 11, à trois heures do matin.

Il reçut les honneurs dus au rang qu'il tenoit dans l'Eglise, et son corps fut exposé dans sa paroisse. On avoit de la peine à contenir la foule des fidèles qui se pressoient pour le voir une dernière fois, et lui payer le juste tribut de leur douleur; l'affluence ne fut pas moins considérable pour ses obsèques : les regrets et les larmes l'accompagnèrent jusqu'à sa dernière demeure.

Telle fut la vie et la fin du digne et vénérable pasteur que la mort a enlevé à l'attachement de ses ouailles, à l'amour de sa famille, à la tendresse de ses amis, incon

solables de sa perte; et l'on ne craint pas de le dire, à l'imitation du clergé et à la vénération de tous les fidèles de Marseille, dont les regrets seront éternels comme sa mémoire. D. F***. (Article communiqué. )

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Tableau des Etablissemens de religion et d'éducation dans le royaume de Pologne, tiré de l'Annuaire publié à Varsovie pour 1827.

Commission du gouvernement pour les affaires ecclésiastiques et l'instruction publique.

Ministre président : le comte Stanislas Grabowski (1), sénateur palatin, chevalier de l'ordre de Saint-AlexandreNewski, coininandeur de Saint-Jean-de-Jérusalem,

Membres de la commission : 1° Jean Paul Woronicz, archevêque de Varsovie, primat et sénateur du royaume. 2o Les évêques de Plock, d'Augustow, siégeant pendant six mois, et les évêques de Cracovie et de Lublin, pendant les six autres mois. 3° Parmi les autres membres, nous remarquons le comte Stanislas Zamoyski, palatin et président du sénat.

Etablissemens de la religion catholique, et de l'instruction publique.

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Archevêché de Varsovie. Diocèse de Cracovie; - de Cujavie dit de Kalicz;-de Plock;

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-de Lublin;-de Sandomir; d'Augustow à Seyny;-de Podlasie à Janow; des grecs catholiques à Culm ou Chelm.

(1) Ce Ministre est aussi distingué par l'étendue de ses connoissances, que par son activité et son zèle pour tout ce qui a rapport au bien public.

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