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les regretions, ces asiles pieux, et nous ne pouvons dissimuler notre douleur à la vue de tant d'injustices.

D'un autre côté, les maximes les plus révoltantes semblent s'accréditer, à la faveur même de nos lois, par l'étrange abus qu'on en fait jusque dans le sanctuaire de la justice. Une impure philosophie, qui corrompt tout ce qu'elle touche, a voulu souiller la sainteté du sacerdoce, en condamnant le célibat qui en fait un état tout divin, et qui lui imprime un si auguste caractère. On veut que les prêtres se marient: et une ville de ce diocèse ( quel sujet de douleur pour nous!) a donné ce honteux exemple, et son nom a été cité le premier dans l'histoire scandaleuse de ce temps: exemple déplorable, qui a eu ensuite des imitateurs, et qui a été justifie, loué, célébré par des hommes publics chargés d'interpréter les lois. Il est vrai que des orateurs, dans d'autres assemblées, ont préconisé les mêmes doctrines; que Luther, ce moine apostat, a eu sa part de l'éloge; que la réforme d'Angleterre, ouvrage monstrueux, pétri de sang et de crimes, a été vantée comme une des époques les plus honorables au génie des hommes, et que, pour tout dire en un mot, notre affreuse révolutiou qui, en fait de ruines et de destructions, a surpassé toutes les réformes, a été louée comme le chefd'œuvre de l'esprit humain. Faut-il s'étonner que la philo. sophie, après avoir débité ces belles maximes que nos pères ne connurent point et qu'ils auroient en horreur, ait décidé que la Charte n'interdit point le mariage aux prêtres ?

Mais des scandales si honteux et si affligeans avoient été précédés par d'autres excès que Dieu punit toujours d'une manière éclatante, et qui sont les avant-coureurs des plus terribles châtimens. Nous avions eu la douleur de vous apprendre, au mois de décembre dernier, les profanations et vols sacriléges qui avoient été commis à Dampierre-le-Château. Nous avions réparé, autant que nous l'avions pu, ces crimes horribles, et nous avions pensé que l'excommunication prononcée solennellement par nous contre les coupables, que les cérémonies mêmes de l'expiation auroient effrayé ou même touché les cœurs assez misérables pour former encore de si noirs desseins. Mais, quelques mois après, presque à nos yeux et aux portes de la ville épiscopale, nous avons vu se renouveler le même attentat, et la paroisse de Sarry avoit à déplorer la perte la

plus sensible à des cœurs chrétiens, celle du corps adorable de Jésus-Christ, qu'on avoit enlevé de ses tabernacles. Nous devons, à cet égard, prendre toutes les mesures qui nous semblent propres à prévenir les profanations, et à mettre à couvert le trésor le plus précieux que nous possédons sur la terre, et dont tout notre or et tout notre argent ne sauroient payer le prix. A cet effet, nous autorisons MM. les curés à se pourvoir de boites en bois ou en fer-blanc, où seroient déposées les saintes hosties. Elle seroient garnies de soie en dedans, et on placeroit dans le fond un corporal plié proprement: par ce moyen, on éviteroit les inconvéniens qui peuvent résulter de l'humidité des églises et des tabernacles. D'ailleurs, on renouvelleroit souvent les saintes espèces, selon les besoins. On ne feroit usage des vases d'argent que pour la communion des fidèles, et ils seroient déposés chez quelque personne sûre ou chez le curé lui-même, dans les lieux où un prêtre fait sa résidence.

Pour ce qui est des villes et des gros bourgs, où l'on a moins à craindre, on pourroit continuer à laisser les ciboires et ostensoirs d'argent dans les tabernacles, sans se dispenser toutefois de surveiller les églises et de garnir les troncs de bonnes serrures. C'est surtout ce dernier objet qui tente la cupidité des voleurs, et il seroit bon que ces troncs fussent visités souvent, à peu près tous les mois.

Après nous être acquitté d'un devoir sacré en prescrivant ces mesures, qui ne sont pas seulement de simples conseils, nous rendons MM. les curés responsables devant Dieu de toutes les suites que pourroit entraîner leur négligence.

Que d'autres objets nous pourrions signaler à la piété et à la sollicitude de MM. les ecclésiastiques! Pour ce qui leur est personnel, nous ne saurions trop leur recommander d'être scrupuleux pour le choix des livres, de n'en avoir que de bons et qu'on puisse lire sans danger. Il faut, à cet égard, se méfier beaucoup de soi-même, et ne pas sc flatter qu'on sera toujours insensible aux fausses maximes du siècle, en lisant des ouvrages qui en sont remplis, qui les préconisent, qui n'exaltent tant les vertus humaines que pour nous dégoûter peu à peu de celles dont la vraie piété est le fondement. Et ce qu'on dit ici des ouvrages frivoles ou philosophiques, qui ne sont propres qu'à gâter l'espritet à le séduire, il faut le dire de ceux qui renferment une doctrine erronée, contraire à la Foi, dont se repaît l'esprit de

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parti, et qu'on ne peut, d'ailleurs, retenir sans s'exposer aux censures de l'Eglise et sans se montrer rebelle à ses décisions. Le Quesnel est, comme on sait, dans cette catégorie. Il faudroit comprendre dans le nombre des ouvrages à rejeter de la bibliothèque d'un ecclésiastique un livre trop connu et jugé depuis long-temps comme un tissu de mensonges et de calomnies (les Comptes rendus de la Chalotais) que nous avons trouvé chez un prêtre. On n'a, dit-on, ces ouvrages que pour les connoître, et par pure curiosité. Dieu veuille qu'on n'en ait jamais les principes! D'ailleurs cette raison est spécieuse, et pour peu qu'un ouvrage fût suspect, je me garderois de l'acheter, ou ne le lirois que pour de bonnes raisons, mais jamais sans permission.

On sait assez quel scandale ont produit les ventes publiques de certaines bibliothèques, où l'on a trouvé souvent, à côté de quelques livres de piété assez rares et peu lus apparemment, tant ils étoient poudreux, des livres infâmes, dont le titre seul fait rougir. Des vendeurs malins et peu favorables à la Religion en faisoient retentir les noms avec une affectation digne d'eux, mais bien affligeante pour les gens de bien. Un prêtre attaché à son devoir, et qui veut honorer son état, ne se permettra rien en ce genre, qu'on puisse lui reprocher, et il se jugera lui-même rigoureusement.

On en peut dire autant pour ce qui est du choix des estampes et des tableaux.

Nous sommes heureux de vous annoncer, N. T. C. F., la prochaine réimpression de notre Bréviaire, que le diocèse de Versailles a adopté, et où l'on fera peu de changemens. Dans l'embarras où nous étions de nous procurer des Bréviaires pour les MM. qui entrent successivement dans les ordres sacrés, nous avons dû profiter de cette occasion, qui nous offre une économie réelle, Déjà on imprime le Psautier et nous nous occuperons, au fur et à mesure, de la composition des autres parties, en sorte que, d'ici au mois de décembre l'ouvrage soit terminé, excepté cependant le Propre des Saints, qui exigera plus de temps.

Le Règlement diocésain ne pourra paroître qu'à la même époque, et c'est pour travailler plus à loisir à cet ouvrage important que nous supprimerons les visites que nous devions faire, cette année, dans les cantons d'Anglure et de

Fère-Champenoise. Le Catéchisme ne sera publié vraisemblablement qu'au mois de décembre.

Nous avons rencontré un assez grand nombre de paroisses où l'on néglige de se procurer un Ordo. Toutes les sacristies en doivent être pourvues. Faute de prévoir ce livret, on s'expose à manquer à beaucoup de choses souvent essentielles.

On a été averti qu'une nouvelle Méthode pour servir la messe a été publiée et se trouve chez M. Martin, libraire à Châlons. On doit la faire lire et apprendre dans les écoles.

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Nous invitons MM. les curés qui viennent à Châlons, à ne point se loger dans les auberges, mais au Séminaire, qui est proprement la maison des prêtres, et où ils seront toujours bien reçus. On en doit dire autant de l'Evêché, qui leur est toujours ouvert.

C'est dans le cours de nos visites, et au jour de la fête des apôtres Saint Pierre et Saint Paul, que nous vous adressons cette lettre, N. T. C. F., après nous être mis, nous et tout le Clergé de ce diocèse, sous la protection de ces grands Saints, que J.-C. lui-même a choisis pour être les fondateurs de son église et les modèles des pasteurs. A la vue de leurs magnifiques exemples, et en lisant ces épîtres admirables où l'esprit de Dieu respire tout entier, ranimons notre foi et prenons un nouveau courage. L'église de J.-C. sera combattue, nous le savons, l'histoire de tous les siècles nous l'apprend assez; mais jamais les portes de l'enfer ne pourront prévaloir contre elle. Au lieu donc de nous affliger et de nous laisser abattre par les attaques multipliées de ses ennemis, redoublons de zèle dans l'exercice de nos fonctions (1), et què notre ardeur cependant soit toujours tempérée par la charité et par la prudence. Si nous souffrons persécution pour le nom de J.-C., nous serons heureux;

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(1) C'est une belle parole que celle du grand Alain de Solminihac, évêque de Cahors : « Je ne sais (disoit-il ) ce que cela veut dire, mais plus je suis attaqué, plus j'ai de force et de courage.» On sait avec quel zèle il se déclaroit contre les scandales et les mauvaises doctrines. • La bonté et la fermeté sont les deux pieds » sur lesquels je marche toujours (écrivoit-il à un évêque). Je n'appréhende pas plus les plus hautes puissances que les four»mis, quand il s'agit de la gloire de Dieu.»

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c'est l'apôtre Saint Pierre qui nous l'apprend; Si exprobramini in nomine Christi, beati; parce que ce sera la marque infaillible que nous avons part à l'honneur, à la gloire, à la vertu d'un Dieu et de son esprit : Quoniàm quod est honoris, gloriæ et virtutis et qui est ejus Spiritus, super vos requiescit. 2. Petr. 4. 14.

Pour nous, placé par la Providence à la tête du trou peau, et chargé de l'édifier ét de l'instruire, nous nous acquitterons avec zèle, Dieu aidant, de ce noble et saint emploi. Nous demanderons au Seigneur qu'il soit lui-même notre guide et notre appui dans les chemins difficiles où nous avons à marcher, en sorte que nous ne fassions jamais rien qui soit indigne du rang où il nous a élevé, et que nous soyons prêt à tout souffrir plutôt que de trahir l'honneur et les intérêts de son église.

Lettre de Mgr. P'évêque de Chartres à S. Ex. Mgr. de Vatimesnil, ministre de l'instruction publique, au sujet de la formation des Comités cantonnaux dans le dépar tement d'Eure-et-Loir.

« Monseigneur, j'ai différé la nomination de deux notables pour chaque comité cantonnal, que je vous avois en quelque sorte annoncée par ma lettre du 20 mai, et que Vous me pressez d'effectuer, parce que l'état des choses étant bien changé depuis la date de ma lettre, j'ai cru devoir mûrir ma détermination et voir à loisir ce que je pouvois faire. A présent mes idées sont fixées, Monseigneur, et je dois vous déclarer que ce qui a été fait et dit depuis deux mois m'engage à m'abstenir des choix dont il s'agit.

» Le discours que V. Exc. a prononcé devant la Chambre, le 7 juillet, a été particulièrement l'objet de mes profondes méditations; j'y ai vu la règle de ma conduite; souffrez que je vous expose les inductions que j'en ai tirées.

» La profession de foi que vous y faites, Monseigneur, c'est que la liberté en matière d'éducation doit avoir des limites, et qu'une liberté non restreinte est une chimère dans l'ordre civil. Je pourrois vous représenter, Monseigneur, que cette chimère ne se réalise que trop sur d'autres articles, puisqu'il n'y a point d'insulte à la religion de l'Etat, de mauvaise doctrine, d'erreurs impies qui ne

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