Page images
PDF
EPUB

corde ce qu'on ne veut pas, et qui refuse ce qu'on veut et qu'on a droit de vouloir !

Je le sais, monseigneur, il est douloureux pour un cœur aussi chrétien que le vôtre, d'apprendre que bien des personnes voient ici un commencement de persécution. Je n'ignore pas combien vous auriez horreur d'attacher un pareil caractère à vos mesures; mais enfin il est constant que ceux qui veulent persécuter s'en réjouissent. Ils disent bien haut à la vérité que les projets de persécution, qu'on leur attribue et qu'on leur connoît, sont chimériques. Ils ont imaginé à ce sujet mille expressions agréables qui leur servent à se jouer de la prétendue terreur des prêtres. Qu'ils sachent que nous sommes les héritiers de ces ecclésiastiques français qui ont fait admirer au monde entier leur foi et leur courage; que leur sang encore fumant nous marque la route que nous aurons à suivre et que nous suivrons, s'il le faut. Non, les prêtres ne craignent que leur Dieu, et leurs ennemis ne sauroient les faire trembler. Ceux-ci leur prê-tent les frayeurs qu'ils voudroient leur inspirer, et ils les calomnient sur ce point comme sur tout le reste. Mais des prévisions ne sont point des craintes, et il est bien aisé de prévoir que, si l'autorité ne se réveille, nous reverrons d'affreux spectacles et d'abominables scènes. Les mêmes causes doivent produire les mêmes effets: or qui oseroit nier, s'il n'est aveugle ou grossièrement dupe, que les symptômes qui se manifestèrent en 91 ne se reproduisent avec des caractères même plus odieux et plus sinistres ? Les révolutionnaires, dans leur orgueil, se flattent de nous endormir et de nous tromper, en se moquant de l'idée seule de la persécution; mais ils ne savent pas à quel point ils sont démasqués et connus. Ne remplissoient-ils pas, il y a quelques mois, la France de leurs terreurs simulées sur la puissance sans bornes des Religieux qu'on vient de frapper; à présent que quelque esprit ingénu s'alarme des suites de ce grand crédit et de la secousse qui peut avoir lieu après ce coup porté, ils disent en propres termes qu'ils ont grandement envie de rire quand on leur parle de la puissance de ces hommes, et ils accablent de leur mépris ceux qui avoient eu la simplicité de les croire. Leurs protestations et leurs fines railleries sur l'impossibilité d'une persécution, sont également rassurantes. Ils la nient en ce moment, et quand elle sera arrivée, si Diều ne la détourne, ils auront grandement envie de rire, et ils cèderont à cette envie à la vue des per

sonnes qu'ils auront empêchées de prévoir, et peut-être de prévenir les crimes et les horreurs dont ils seront entourés.

"Tout en repoussant, monseigneur, l'ombre même des suppositions qui seroient inalliables avec vos lumières et avec vos vertus, je crois que les ennemis de la religion et du trône peuvent faire servir à leurs desseins les nouvelles mesures concernant l'éducation; je crois que la liberté garantie par la Charte y est blessée au préjudice de la religion : je ne puis adhérer à votre doctrine sur les restrictions que Vous croyez qu'on peut mettre à cette liberté. Le clergé dont j'ai l'honneur d'être le chef, et chez lequel j'ai toujours reconnu une pureté de foi égale à la fermeté et à l'élévation de ses sentimens, partage toutes mes dispositions: je ne puis donc ni coopérer, ni le faire coopérer à l'exécution des choses qui ont été arrêtées.

»En conséquence, monseigneur, de même que par ma lettre du 20 mai, j'ai eu l'honneur de vous déclarer que je m'asbtenois à l'égard de la nomination du président et du prêtre chargé de faire l'examen relatif à l'instruction religieuse, ainsi j'ai celui de faire connoître aujourd'hui à Votre Excellence que je ne puis en aucune sorte désigner les deux notables pour chaque comité de ce département.

Lettre d'un Prélat au Ministre de l'instruction publique.

(Cette lettre, qui circule dans le public, est attribuée à M.le cardinal de Clermont-Tonnerre.)

«M. le grand-maître, je viens de recevoir la lettre de Votre Excellence relative à l'ordonnance du 21 avril dernier, concernant l'instruction primaire. Puisque V. Exc. reconnoît que cette instruction doit être essentiellement religieuse, et que la surveillance en appartient aux évêques, en vertu de leur titre même, il semble que V. Exc. devoit aussi reconnoître que M. l'évêque d'Hermopolis n'avoit fait que remplir un devoir, en rendant au corps épiscopal une attribution importante, qui lui avoit été enlevée par l'impiété. Il est donc beaucoup à regretter que V. Exc. n'ait point maintenu l'ouvrage de son illustre et sage prédécesseur, qu'elle ait dépouillé les premiers pasteurs des droits

qui leur avoient été rendus par l'ordonnance du 8 avril 1824, en rétablissant, avec quelques modifications peu importantes, un régime qui avoit déjà produit, et qui doit produire encore, dans l'enseignement de la classe pauvre, les plus funestes abus. J'aime à croire que ce résultat est loin de la pensée de V. Exc. Les principes qu'elle a émis dans son rapport au Roi, et ceux qui sont consignés dans la lettre du 12 du mois dernier, sembleroient le garantir, si les dispositions de l'ordonnance et les instructions qui l'accompagnent se trouvoient en harmonie avec les droits que V. Exc, reconnoît au clergé. Depuis long-temps, les ennemis du trône et de l'autel voyoient avec regret les évêques chargés de la direction des écoles primaires, et il est impossible de se dissimuler, en lisant soit les dispositions de l'ordonnance du 12 avril, soit l'instruction ministérielle du 7 mai, qu'elles ne conduisent insensiblement à l'accomplissement de leurs coupables vœux.

» D'un côté, la recommandation faite aux comités de favoriser toutes les méthodes d'enseignement, et par conséquent l'enseignement mutuel, que tous les bons esprits ont toujours repoussé en France, parce que, si cette méthode peut contribuer à développer-plus promptement l'esprit, elle laisse le cœur vide, par une fausse économie du temps que l'expérience universelle a reconnue nécessaire pour donner aux enfans une éducation morale et religieuse; de l'autre, la permission de tenir des écoles mixtes que V. Exc. s'est engagée à ne jamais refuser, et plusieurs autres dispositions qu'il seroit trop long de détailler, pouvant devenir des sources inépuisables de désordre que les comités établis par l'ordonnance n'auront aucun moyen de réprimer.

» Le caractère sacré dont je suis revêtu, mon amour pour le Roi, mon attachement inviolable à la religion, tout ine fait un devoir de vous signaler, M. le grand-maître, les graves inconvéniens de la mesure à laquelle V. Exc. 'm'invite à concourir, et de lui déclarer que jusque-là je m'abstiendrai d'y participer.

>> Je reconnois d'ailleurs les obligations que Dieu m'impose par rapport à l'éducation des fidèles confiés à mes soins, notamment pour celle de la classe pauvre; je les remplirai autant qu'il sera en mon pouvoir, avec tout le zèle dont je serai capable, afin de former de bons chrétiens et des sujets fidèles. >> J'ai l'honneur d'être, etc. >>

DÉFENSE DES JESUITES

A LA CHAMBRE DES DÉPUTÉS.

Fragment d'un discours de M. le baron de l'Epine, prononcé dans la séance du & juillet.

«Je représente l'opinion et les douleurs de trois mille pères de famille, qui mettent comme moi, au-dessus de tout, la nécessité de donner à leurs enfans des principes religieux, seul gage de la paix des familles et de la stabilité des empires. Nous l'avions trouvée cette éducation religieuse et monarchique; depuis près de quinze années l'expérience avoit prouvé l'excellence de ses méthodes et la supériorité de ses institutions. Par quelle aveugle fureur de détruire at-on porté la hache sur ces établissemens précieux, qu'il auroit fallu créer si nous n'avions eu le bonheur de les posséder ?

Quelle est profonde cette plaie qui vient d'être faite à la religion et à la monarchie! Nos enfans étoient élevés dans l'amour de leur Dieu et de leur Roi; ils croissoient à l'abri de ces asiles protecteurs où n'osa jamais pénétrer cette licence qui infecte tant d'autres établissemens : leurs mœurs étoient pures, leurs jeunes coeurs formés de bonne heure à de nobles, à de religieux sentimens. Heureux de notre confiance et de la docilité de leurs élèves, leurs vertueux maîtres, selon l'ingénieuse expression d'un de nos honorables collègues, qui s'est fait tout-à-coup leur adversaire après avoir été un de leurs plus chauds admirateurs, leurs maîtres pouvoient, comme autrefois l'illustre Cornélie, les montrer avec une égale confiance à leurs amis et à leurs ennemis.

» Déjà, forts de leurs principes et d'une instruction solide, ces élèves, rentrés au sein de leur famille, cominençoient à se répandre en assez grand nombre dans la société, à y donner l'exemple des vertus unies à d'estimables talens, à une modestie plus estimable encore.

» Se seroit-on effrayé de cette apparition subite d'une génération nouvelle qui nous menaçoit d'un heureux retour à la foi de nos pères, d'un attachement inviolable à la dynastie légitime; d'une génération qui, en faisant revivre les bonnes mœurs, s'annonçoit avec le triste présage de ramener la prospérité dans l'Etat et le bonheur dans les familles ? Tome 14. 6

On seroit tenté de le croire, aux cris d'alarme et de fureur qui ont éclaté de toutes parts.

» Mais, dit-on, nous ne voulons point de ces instituteurs qui obéissent à un chef étranger.... Dans ce cas, abjurons tous le catholicisme, car le chef de cette religion n'habite pas la France.

» Hommes de bonne foi, je dois le croire, mais dont on a cruellement surpris la confiance, vous avez cru devoir céder à ces importunes clameurs....

» Concessions málheureuses, fécondes en repentirs, et dont vous n'avez pas calculé toutes les suites!

» Vous nous mettez en opposition avec la plupart des peuples qui nous entourent; vous proscrivez ce qu'ils ont tous le bon esprit d'encourager et d'accueillir; vous faites refluer chez eux l'or que la France en recevoit, vous faites pire, vous faites refluer chez eux, à notre préjudice, le mode d'éducation que vous repoussez.

Vous répandez la consternation dans le sein des familles vous ne connoissez donc pas le cœur des pères ? Si vous le connoissiez, vous ne les auriez pas blessés dans leurs affections les plus tendres, dans leurs droits les plus justes, dans leurs devoirs les plus sacrés. »

Fragment du discours de M. Duplessis-Grénédan, dans la séance du 30 juillet.

[ocr errors]

« Sous l'expression vague de congrégation dont se sert l'ordonnance du 16 juin, n'osant pas nommer les Jésuites par une sorte de pudeur qui naît de la conscience de l'injustice; sous cette expression dont on peut arbitrairement resserrer ou étendre le sens jusqu'à y comprendre toute association, même les confréries, elle enveloppe une foule de citoyens, et ouvre un vaste champ aux vexations.

Elle viole la Charte, établissant des incapacités arbitraires pour être admis aux emplois publics, et les faisant résulter de liens secrets formés devant Dieu, liens si étrangers à l'autorité civile, qu'elle ne peut les connoître que par la confession de celui qui les a formés.

» Elle ramène avec tout leur cortége de fraude et d'iniquité ces déclarations odieuses que la puissance publique abusée à quelquefois prescrites, sur ce qui se passe dans le Secret de la conscience.

« PreviousContinue »