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pat: tant il est vrai qu'on s'attache à familiariser tous les esprits avec le joug sous lequel ses paroles sont retenues captives. Ses paroles (tous les amis de l'ordre s'en déclareroient garans), seroient des paroles de vérité et de paix. Pourquoi ne pas au moins permettre qu'il s'assemble par provinces, ou qu'il ait un organe près du Gouvernement ?

» Si, en remplissant la France du bruit de l'inexécution des lois du royaume, dans tous les diocèses, on 'eût été assez juste pour mettre ainsi l'épiscopat en présence de ses accusateurs, et lui ouvrir les voies où une légitime défense n'a à redouter ni des préventions injustes, ni une partialité systématique, ni l'esprit d'une faction hostile, nul doute que la vérité n'eût brillé du plus grand éclat; nul doute qu'à la conviction publique des services que rendent à l'Etat les ministres de la religion, elle n'eût ajouté la démonstration positive du respect et de la soumission qu'ils professent partout pour les lois du royaume. »

Après avoir signalé le danger de notre système de législation qui est en opposition complète avec les principes conservateurs des Etats, et qui tend à l'entière ruine de tout ce qu'il y a dans l'ordre social de sacré et de légitime, M. Besson fait l'éloge du corps qui est en butte aux attaqués réitérées des journaux, et cite une lettre adressée, le 23 mars 1828, au rédacteur de l'Ami de la Religion, par M. Treizet, ancien curé d'Armois-le-Davien et Gondreville, diocèse de Soissons, aujourd'hui chanoine, Cette lettre prouve que M. l'avocat-général Séguier, qui dès les premières années de la révolution jugea très-bien les projets de la nouvelle philosophie, était tout-à-fait revenu des préventions qu'il avoit eues contre les jésuites, et regrettoit sincèrement d'avoir contribué à leur bannissement (1).

(1)« Monsieur, mes amis m'engagent à vous faire part d'une » anecdote dont ils savent que j'ai une parfaite connoissance, que j'ai racontée souvent à plusieurs d'entre eux, et qui fut » même l'objet d'une note signée de moi, et remise en 1816 à un Ecclésiastique encore vivant. On a cru qu'il convenoit, en » ce moment, de lui donner plus de publicité, et c'est ce qui » m'a porté à vous adresser cette lettre, en vous priant de la consigner dans votre journal.

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A la fin de 1791, j'étois à Tournai avec plusieurs Ecclésiastiques du diocèse de Soissons; il y avoit, entre autre, M. Boully,

» curé d'Attichy. Le quatrième dimanche de l'Avent un peu avant

Le prélat termine par des réflexions sur la législation relative aux communautés, et donne à l'appui le passage suivant d'un réquisitoire de M. Bellart, sur les attaques des journaux contre les réunions religieuses.

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« Nous leur demandons à notre tour ce que devient ce grand principe, si juste au fond, ce principe si souvent invoqué par eux, qui permet de faire tout ce que la loi ne défend pas. Si la loi ne reconnoît pas les vœux perpétuels, elle ne dénie pourtant pas à qui que ce soit, le » droit de s'habiller comme il lui plaît, de régler l'emploi de son temps à sa fantaisie, de prier Dieu où il veut, et » de se joindre à ses voisins ou à ses amis pour le prier dans une maison commune. Eh quoi! encore une fois, on » peut se réunir, les théologiens diroient, pour offenser Dieu, tout le monde le dira, pour se livrer à des occupations frivoles et mondaines, et l'on ne pourra pas se » réunir pour adorer Dieu! Les sociétés de plaisirs se forment sans opposition, et il faudra clore violemment des >> maisons d'édification et de prières! Qu'importe que ces » sociétés s'appellent des couvens ? les mots n'altèrent pas » les droits. Si les hommes qui se renferment dans les cou. vens n'y restent que par leur propre volonté, si, au

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midi, cet ecclésiastique vint me voir à mon logement où se trouvoient réunis plusieurs de mes confrères. Je veux vous rendre, nous dit-il, ce que je viens d'entendre de la bouche de » M. Séguier, avocat-général, qui, réfugié ici comme nous m'a » accosté en sortant de la messe de la cathédrale, et a lié con>versation avec moi. Voici ses paroles :

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Monsieur le Curé, nous avons fait une terrible école au palais, en signant le renvoi des Jésuites. Je vous proteste que si Dieu permet que jamais je remonte sur les fleurs de lis, má pre-› mière parole sera pour leur rappel.

Nous étions huit témoins qui entendîmes le rapport de M. Boully, savoir :.... (suivent les noms de ces témoins). Je n'ai pas besoin de dire combien ce récit nous étonna, et on peut imaginer quelles réflexions nous fîmes là-dessus,

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On ne me soupçonnera pas, j'espère, d'avoir imaginé une anecdote que je me nappelle comme si elle s'étoit passée hier. Je n'ai jamais connu les Jésuites, je n'ai point été élevé par eux, et j'avois même été élevé par MM. de l'Oratoire, où probablement je n'aurai pas pris des préventions aveugles en faveur de la Société. J'ose assurer que je n'ai en tout ceci que l'intérêt de la vérité.

Tome 14.

>> moindre mot et au moindre signe, les murs de leur re>> traite tombent devant eux, s'ils ont la liberté d'en sortir » à tout jamais, aussitôt qu'ils en ont conçu la pensée, en >> quoi donc la loi est-elle violée, d'y laisser demeurer ceux >> qui ne veulent pas en sortir, au milieu des compagnons » de leur choix, comme dans un port où ils sont à l'abri >> des tempêtes et des agitations de la vie ? C'est le propre >> des gouvernemens libres, qu'en tout ce qui ne blesse ni » la loi, ni l'intérêt d'autrui, chacun puisse faire son bien»> être à sa manière. »

Lettre pastorale de M. l'évêque d'Amiens, sous la date du 12 juin, à l'occasion des calomnies répandues contre les prêtres qui dirigent le petit séminaire de SaintAcheul.

«LES prêtres respectables qui dirigent le petit séminaire de Saint-Acheul ont été, depuis quelques années, l'objet des attaques les plus violentes et les plus injustes. Nous n'avons pas besoin de les défendre auprès du clergé de ce diocèse; il connoît leur foi, leur zèle et leur piété; il leur doit une partie de ses membres, et il en reçoit les secours les plus désintéressés pour l'exercice du saint ministère. Nous ne les justifierons pas non plus auprès de vous, N. T. C. F., qui leur avez donné les marques les moins équivoques de votre estime en leur confiant vos enfans: l'idée que vous aviez conçue de leur rare capacité s'est encore accrue lorsqu'ils ont remis dans vos mains ces tendres objets de vos affections; ils ont été pour vous des témoins d'autant plus croyables, qu'ils ne faisoient parler, en faveur de leurs maîtres, que la pureté de leurs mœurs, une instruction solide, de saines doctrines en littérature, et, ce qui est plus précieux à vos yeux, une piété sage et éclairée.

». C'est à vous, N. T. C. F., qui, faute de connoître l'innocence calomniée, auriez pu céder à d'injustes préventions, que nous devons une déclaration solennelle de nos vrais sentimens. Ne soyez pas surpris qu'elle soit aussi tardive; nous nous étions reposés, peut-être avec trop de sécurité, sur la justice de leur cause; nous pensions que le temps, qui calme les plus justes ressentimens, finiroit par dissiper ceux qui ne sont fondés sur aucun motif réel, et qui n'ont subsisté jusqu'ici que par l'effet des plus malheureux préjugés: car nous n'osons croire à de sinistres et à de

coupables desseins. Nous avons dû penser aussi qu'en leur accordant la même confiance que nos prédécesseurs, en continuant de laisser sous leur sage direction les jeunes aspirans au sacerdoce, en les appelant à seconder les pasteurs de la ville d'Amiens dans les fonctions du saint ministère, nous avions déclaré assez hautement qu'ils étoient innocens à nos yeux de tant d'absurdes imputations; mais il est temps enfin de proclamer par nos paroles les sentimens que vous a manifestés notre conduite, de satisfaire à un besoin de notre cœur en portant le baume de la consolation dans l'âme de bons ecclésiastiques qui gémissent sous le poids de la plus cruelle persécution, celle qui tend à leur ravir votre estime, à flétrir leur honneur et à leur faire encourir votre haine.

» Des hommes qui n'ont jamais connu les prêtres de Saint-Acheul les accusent, auprès de vous, de professer une doctrine subversive de la moralité et de l'autorité des rois : nous, qui sommes chargés de surveiller leur enseignement et de le soumettre au plus sévère examen, nous vous protestons qu'il n'a jamais été souillé par ces abominables principes. On leur reproche de se mêler aux affaires et aux intrigues politiques : nous vous protestons qu'ils y sont étrangers, et qu'ils se livrent exclusivement à la culture des lettres, à l'étude de la science sacrée, à l'éducation de la jeunesse et à l'exercice du saint ministère. Leur vie est pure, leur piété est vraie, et leurs mains répandent dans le sein du pauvre d'abondantes aumônes.

» Tel est le témoignage que leur doit le premier pasteur de ce diocèse. Nous aimons à le rendre devant vous N. T. C. F., qui êtes si dignes d'entendre la vérité, et à qui il est si facile d'en acquérir des preuves incontestables. Si jamais il pouvoit devenir un objet de contradiction, vous sauriez le peser dans la balance de la justice; vous opposeriez à des déclamations vagues les suffrages de tant de familles respectables, de tant de prêtres pieux et éclairés, d'un grand nombre d'hommes sages et religieux qui ne démentiront point la voix de leur évêque. Il ne la fait entendre aujourd'hui que parce qu'il est convaincu que la justice lui en impose le devoir, et que, chargé devant Dieu de ne confier les jeunes clercs de son diocèse qu'à des maîtres pieux et habiles, il ne l'est pas moins d'empêcher que la calomnie ne frappe de stérilité leurs utiles travaux. »>

Lettre de MM. les Curés de la ville d'Amiens, en réponse à la Lettre pastorale ci-dessus.

« Monseigneur, les curés de votre ville épiscopale s'empressent d'exprimer à votre Grandeur leur vive reconnoissance pour votre Lettre pastorale, au sujet des calomnies répandues contre les prêtres qui dirigent votre petit séminaire de Saint-Acheul. Cet éclatant témoignage que vous rendez à ces dignes prêtres, si injustement calomniés, a été pour nous, Monseigneur, un grand sujet de consolation. Unis comme nous le sommes, d'esprit et de cœur, à ces directeurs respectables, nous ressentons vivement les attaques iniques dont ils sont l'objet, et notre douleur est d'autant plus profonde, que nous sommes plus à portée d'apprécier les vertus qui les distinguent.

» Oui, Monseigneur, nous nous plaisons à le répéter après votre Grandeur, leur vie est pure, leur piété est vraie, et leurs mains répandent dans le sein du pauvre d'abondantes aumônes. Chaque jour, nous avons sous les yeux de nouvelles preuves de leur zèle et de leur charité; aussi formons-nous des vœux ardens pour que l'orage qui gronde sur leurs têtes soit à jamais dissipé (1).

» Ah! puissent, Monseigneur, puissent nos paroles retentir non-seulement dans votre diocèse, mais encore dans la France entière! Puissent-elles être recueillies comme le méritent et le caractère dont vous êtes revêtu et la vérité dont vous plaidez si bien les intérêts! Puissent-elles dissiper tant d'injustes préventions, et convaincre tous les Français que ceux que la malignité ou l'ignorance représentent sous de si noires couleurs sont en effet les modèles du clergé!

» Nous vous le disons, Monseigneur, dans la sincérité de notre âme, nous ne nous consolerions jamais de la perte d'auxiliaires si dévoués, que nous trouvons toujours prêts à venir à notre aide dans les fonctions si nombreuses et souvent si pénibles de notre ministère. Aussi, pour détourner un pareil malheur, nous ne cesserons de prier avec un si grand nombre de nos paroissiens qui partagent vos sentimens et les nôtres. >>

(1) L'ordonnance royale n'étoit pas encore connue à Amiens,

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