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policés. Ils séduisaient les hommes vicieux, en remuant et flattant les passions les plus basses du cœur humain. Ils inspiraient aux femmes le goût du faux savoir, et le mépris des vertus modestes. Ils entraînaient sur-tout la jeunesse qui, depuis l'extinction d'une société que l'Église, l'Etat et les lettres ne peuvent assez regretter étudiait la Religion dans Voltaire, la morale dans Helvétius, le droit public dans Raynal. Cette secte corruptrice faisait des progrès rapides dans une nation corrompue; et l'homme d'Etat, ainsi que l'homme de bien, calculait avec effroi le dépérissement journalier de la Religion et des mœurs.

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D'abord les philosophes n'avaient demandé que la tolérance: ils ne reclamaient que la liberté de penser que nos lois ne disputaient à personne, et qu'ils affectèrent de confondre avec la liberté d'écrire et de dogmatiser publiquement contre la Religion et la police de l'Etat. Mais l'arrogance avec laquelle ils prêchaient leur doctrine, le zèle fanatique avec lequel ils la propageaient, leurs manœuvres pour s'emparer exclusivement de l'opinion publique annonçaient dès lors à tous les hommes clair-voyans, ce qu'a révélé la correspondance imprimée du Roi de Prusse avec d'Alembert et Voltaire, un dessein formé de détruire, par toutes les voies possibles, la Religion chrétienne.

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Il fut aisé de voir, et Rousseau, qui les connaissait bien avait prédit, en termes exprès, que, si jamais ils devenaient les plus forts, les philosophes seraient les plus intolérans des hommes. La révolution en a fait des législateurs, et aussitôt ils ont réduit leurs systèmes en décrets; ils n'ont plus écrit contre le Christianisme, ils l'ont proscrit, et joignant à la cruauté de Galerius les artifices de Julien, ils ont ouvert la plus sanglante et la plus dangereuse persécution que la Religion ait essuyée depuis sa naissance.

Dans cette lutte à jamais mémorable de la tyrannie contre la conscience, de la philosophie contre le christianisme, le monde a reconnu la force divine de cette Religion qui, selon les promesses et l'expresse prédiction de son fondateur, sera toujours persécutée et toujours triomphante. La foi qui semblait s'être endormie dans le calme d'une longue paix, s'est réveillée sous le glaive. Le sang des Martyrs a coulé, et cette semence féconde ne sera pas perdue. Le culte de la Religion catholique a été aboli dans toute l'étendue de la France, Ses Pontifes et ses Prêtres ont été massacrés emprisonnés, bannis ou transportés sur des rivages barbares, ses autels renversés, ses temples démolis ou indignement profanés. Ces faux pasteurs, à qui le parjure les avait livrés, ont renversé de leurs

propres mains cette église adultère qui trompait les peuples par sa ressemblance extérieure avec l'Eglise légitime. En un mot, la philosophie n'a pas laissé dans le royaume très-chrétien une seule trace du Christianisme. Mais, au milieu de tant de violence et de scandales, la Religion n'a pas péri; elle a perdu son culte et conservé son esprit. Chassée de ses temples, elle s'est refugiée dans les cœurs, d'où elle brave la rage des tyrans. La tempête qui a dépouillé de son feuillage cet arbre antique, n'a fait qu'affermir ses racines; la coignée qui a retranché des branches malades s'est brisée contre le tronc; et la sève plus concentrée prépare des rejetons vigoureux, qui remplaceront les rameaux flétris que le fer avait moissonnés.

Per damna, per cædes, ab ipso

Ducit opes animumque ferro.

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Un jour viendra, qu'avec les seules armes qui lui sont propres, la patience, la vertu et la vérité, la Religion triomphera de ses persécuteurs, et brillera d'un nouvel éclat.

En attendant avec une ferme confiance le terme que Dieu a marqué aux épreuves de son Eglise, examinons quelles seraient pour la France les suites politiques de l'entière abolition de la Religion catholique.

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La Religion catholique, plus ancienne en France que la monarchie, était la religion dominante par le droit, et la religion nationale par le fait. Ses lois adoptées, protégées, sanctionnées par les EtatsGénéraux, par les Rois, par les cours de judicature, avaient le caractère et l'autorité des lois de l'Etat. Ses ministres formaient un ordre dans la Constitution politique. Les droits respectifs de la puissance civile et de l'autorité ecolésiastique étaient fixés d'après les saines maximes de l'antiquité, et l'harmonie qui régnait entre les deux puissances affermissait l'un par l'autre l'empire de la loi, et celui de la Religion.

Dans une province du royaume, le Lutheranisme, en vertu d'une capitulation constamment respectée, partageait avec le Catholicisme les droits de religion dominante. Partout, le Calvinisme jouissait de toute la tolérance que demandent les droits de la conscience, et que permettait le bien de l'Etat.

Les édits rigoureux de Louis XIV étaient adoucis par la jurisprudence des parlemens, et cette secte inquiète était contenue sans être persécutée.

La France n'avait nul besoin de nouvelles lois sur la tolérance religieuse. Elle n'avait pas besoin surtout de cette maxime de la déclaration des droits de l'homme, art. 10: « Nul ne doit être in» quiété pour ses opinions, même religieuses, » pourvu que leur manifestation ne trouble pas >> l'ordre public établi par la loi. » Maxime captieuse qui, confondant l'erreur avec la vérité, les nouveautés les plus dangereuses avec le culte de nos pères, ne permettait l'enseignement et l'exercice de toutes les religions, que pour enlever au Catholicisme le caractère de religion dominante et nationale, et préparer les moyens de la mettre en opposition avec l'ordre public établi par la loi.

En proclamant la tolérance illimitée de tous les cultes, l'assemblée constituante méditait la proscription du culte catholique. Par une marche hypocrite et insidieuse, de décrets en décrets, elle en vint à déclarer que la loi ne reconnaissait plus de religion; ce qui emportait de la part de l'État une profession publique d'Athéisme. Cependant, il fallait encore user de quelques ménagemens et pour dérober au peuple la vue de l'abîme où l'on le conduisait par degrés, on voulut

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