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22. Et je leur ai donné la gloire que vous m'avez donnée 1, afin qu'ils soient un comme nous sommes un.

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23. Je suis en eux et vous en moi, afin qu'ils deviennent parfaitement un '; et que le monde connoisse que vous m'avez envoyé“, et que vous les aimez comme vous m'avez aimé.

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24. Mon Père, je veux que là où je suis, ceux que vous m'avez donnés y soient aussi avec moi, afin qu'ils voient la gloire que vous m'avez donnée, parce que vous m'avez aimé avant la création du monde.

25. Père juste, le monde ne vous a point connu "; mais moi je vous ai connu, et ceux-ci ont connu que vous m'avez envoyé. 26. Et je leur ai fait connoître votre nom, et je le leur ferai connoître encore, afin que l'amour dont vous m'avez aimé soit en eux, et moi en eux 10.

En vous-même par ma naissance éternelle, et au dehors par la glorification de la nature humaine qui m'est unie. Le chrétien est appelé à cette gloire ? il a part à la gloire du Fils, comme il a part à son unité avec le Père.

Par ma doctrine, par mon esprit, par ma chair que je leur donne dans les mystères. S. Hilaire, liv. vIII. de la Trin.

A leur manière et en nous en sorte qu'ils deviennent ce que nous sommes ; qu'ils deviennent par grâce ce que nous sommes par nature et par excellence. De mot à mot qu'ils soient consommés en un, réduits à être une même chose entre eux et avec nous; et l'enchaînement consiste en ce que le Père étant dans le Fils et le Fils dans les fidèles, tout est fait un par ce moyen avec la proportion qui peut être entre la source et les ruisseaux, entre le modèle et l'imitation, entre l'exemplaire ou l'original et les copies tirées dessus.

4C'est ce qu'il a déjà dit ƒ. 21, et qu'il inculque de plus en plus, afin que nous soyons pénétrés de cette vérité, et unis par la charité avec tous nos frères.

Je veux. Il exprime ici une volonté absolue et parfaite, toujours conforme à celle de son

Père.

Qu'ils voient. On traduiroit mieux, selon le grec: qu'ils contemplent; ce qui montre une vision permanente : où il faut entendre la vision bienheureuse et face à face.

C'est un effet de votre justice d'avoir privé de votre connoissance le monde qui s'en étoit rendu indigne: ou bien Père juste, le monde ne vous connoît pas, il ne connoit pas votre justice, ni la profondeur de vos jugements.

De cette parfaite connoissance dont le Fils de Dieu a dit ailleurs : Nul ne connoit le Fils, si ce n'est le Père: et nul ne connoit le Père, si ce n'est le Fils, et celui à qui le Fils le voudra révéler. En saint Matth. XI. 22.

En leur envoyant le Saint-Esprit, et par mes continuelles illuminations.

10 Comme je suis en eux: à la manière expliquée, †. 23 : ainsi l'amour que vous avez pour moi s'étend sur eux, et passe du chef aux membres. C'est le comble de notre bonheur, le fondement de notre espérance, et celui de nos prières, par où aussi Jésus-Christ finit la sienne.

MÉDITATIONS

POUR LE TEMPS DU JUBILÉ

MANDEMENT

De monseigneur l'illustrissime et révérendissime évêque de Meaux.

JACQUES-BENIGNE, par la permission divine, évêque de Meaux, aux doyens ruraux de notre diocèse au clergé et au peuple, salut et bénédiction en Notre-Seigneur Jésus-Christ.

Nous vous annonçons la grâce qui nous a été accordée par notre saint Père le pape Clément XI, à notre supplication, pour la consolation spirituelle et le salut des chrétiens commis à notre charge, qui n'ont pu aller à Rome pour y gagner le jubilé de l'année sainte. Cette grâce est accordée à tous les fidèles vraiment pénitents, confessés et communiés, qui visiteront quatre églises, chapelles, autels ou lieux pieux désignés une fois par nous, durant quinze jours de suite, ou discontinués, et dans l'espace de deux mois, pareillement marqués de nous lequel nombre pourra être diminué en faveur des malades, des prisonniers, et autres qui ne seront pas en état de satisfaire à ce que dessus, avec pouvoir, à leurs supérieurs ou confesseurs, de changer ces obligations en autres œuvres pieuses suivant le besoin des âmes, religieux ou religieuses et autres, avec prudence et discrétion. Ils diront cinq Pater et cinq Ave à chaque église, chapelle, autel, ou lieux pieux où les stations seront marquées, pour la rémission de leurs péchés, la concorde des princes chrétiens, l'extirpation des hérésies, l'exaltation de l'Eglise, l'accomplissement des pieux désirs de notre saint père le Pape et pour les nécessités présentes. Par ce moyen ils gagneront l'indulgence plénière de l'année sainte, comme s'ils avoient été à Rome aux tombeaux des saints apôtres, et qu'ils en eussent visité dévotement les quatre grandes églises qui sont les principales, et comme les mères de toutes celles de la chrétienté. Tous confesseurs approuvés de nous auront pouvoir d'absoudre des cas réservés à notre saint père le Pape, ou à nous ; et de toutes peines et censures, à l'effet de gagner le présent jubilé : dont ceux mêmes qui l'auront déjà gagné à Rome, pourront encore ici obtenir la grâce. Ceux qui voudront satisfaire ensemble aux devoirs du jubilé et de la confession annuelle ou communion pascale, le pourront en se présentant pour leurs pâques à leurs curés, afin d'en recevoir les avis et les permissions nécessaires. Nous avertissons les curés de se servir même

en public des méditations, prières, et autres instructions que nous avons publiées exprès pour le temps de cette indulgence; et nous exhortons les fidèles à profiter des avertissements paternels que nous leur donnons en ces livres en toute simplicité et charité. Les deux mois destinés à ce jubilé commenceront le dimanche de la Passion, 2 d'avril prochain, et finiront le dimanche de la Pentecôte, 4 de juin inclusivement. Nous vous demandons le secours de vos prières pour T'heureux accomplissement de notre charge pastorale, pour la gloire de Dieu par Jésus-Christ, et le salut de vos âmes, pour lesquelles nous veillons nuit et jour. Et se fera la publication du jubilé, ensemble de notre présent mandement, le quatrième dimanche de Carême, 26 mars, au prône et au sermon dans toutes les églises.

Donné à Meaux, dans notre palais épiscopal, le 15 de janvier 1702.

AVERTISSEMENT.

L'on pourra faire plusieurs sujets de méditation de la matière proposée dans celleci, en les divisant comme on voudra, et chacun selon son attrait; mais on les réduit à deux, par rapport à la double puissance de l'Eglise : la puissance de lier et de re tenir; la puissance de délier et de remettre.

Ces deux puissances, qu'il faut ici présupposer comme connues par la foi, dans le fond n'en font qu'une seule, qui a un double exercice.

L'Eglise peut lier et délier, remettre et retenir, tant à l'égard de la coulpe qu'à l'égard de la peine.

Elle délie et remet, quand elle donne l'absolution; elle lie et retient, lorsque par un sage discernement elle la diffère à ceux qu'elle n'en juge pas encore capables : et voilà ce qui regarde la coulpe.

Pour les peines, l'Eglise a droit d'en imposer de très-rigoureuses aux pénitents; et elle a droit aussi de les tempérer, de les relàcher, de les remettre avec prudence et discrétion. Le premier est l'effet de sa juste et salutaire rigueur : le second est l'effet de son indulgence. Ces deux parties de la puissance de l'Eglise, tant à l'égard de la coulpe qu'à l'égard des peines, sont également constantes par l'Ecriture et par la tradition. Le dessein de ces méditations n'est pas de considérer la puissance de l'Eglise par rapport à la coulpe, mais seulement par rapport à la peine, dans le dessein de tirer tout le profit que l'Eglise attend des pénitences qu'elle impose aux pécheurs, et tout ensemble de l'indulgence dont elle use pour les relâcher. De ces deux parties la première, qui est le fondement de l'autre, ne peut être mieux expliquée que par la doctrine du concile de Trente, dans la session XIV où il traite de la nécessité et du fruit de la satisfaction; et la seconde n'est pas moins saintement et moins sagement exprimée dans le décret des indulgences, où ce concile en établit la foi et en règle l'usage. Qu'il me soit donc permis de proposer ces deux endroits aux chrétiens, selon la simplicité de l'Evangile, dans ce temps de jubilé, afin que chacun règle ses pratiques et ses oraisons selon les principes de la foi, conformément à cette parole du prophète et de l'apôtre: Le juste vit de la foi.

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Pour marcher plus simplement dans cette voie de la foi, on s'attache ici à ce qu'il y a de certain et tout le but de ces méditations est que, quelque opinion que l'on veuille suivre dans la manière d'expliquer l'effet des indulgences, le chrétien demeure toujours convaincu qu'il doit tàcher d'augmenter son amour envers Dieu, à proportion des grâces qu'il en reçoit ; selon cette sentence de la parabole: Qui est celui qui aime le plus ? c'est celui à qui on a le plus pardonne. Luc, vi. 42, 43.

PREMIÈRE MÉDITATION.

LA RIGUEUR DE L'ÉGLise.

PREMIER POINT.

Considérations générales sur la rigueur de l'Eglise.

PREMIÈRE CONSIDÉRATION.

Paroles du concile de Trente, pour nous l'expliquer.

La rigueur de l'Eglise nous est expliquée par ces paroles du concile de Trente: « Le fruit du baptême est différent de celui de la » pénitence; car par le baptême nous sommes revêtus de Jésus>> Christ, et nous sommes faits en lui une nouvelle créature, en >> recevant une pleine et entière rémission de tous nos péchés. Mais >> nous ne pouvons parvenir dans le sacrement de pénitence à cette >> première nouveauté et intégrité, sans de grands pleurs et de grands >> travaux, la justice l'exigeant ainsi; en sorte que ce n'est pas sans >> raison que la pénitence est appelée par les saints Pères un bap» tême laborieux. »

Ecoutez, enfants de l'Eglise, les paroles de votre mère; elle vous propose de grands pleurs et de grands travaux, un baptême laborieux; elle vous apprend que la justice divine l'exige ainsi. Cette rigueur de l'Eglise est de son esprit primitif, qui ne s'éteindra jamais, et qu'elle ne cessera d'opposer au relâchement. Que nous sert de détester, avec le concile, la mollesse des hérétiques, qui ont rejeté ces saintes rigueurs de la satisfaction, si nous tombons dans une semblable langueur, et que nous méprisions en effet ce que nous confessons en paroles?

IIC CONSIDÉRATION.

Par les travaux de la pénitence on revient, selon le concile, à la pureté du baptême.

Le concile nous a fait entendre la rigueur de l'Eglise. Elle est juste; car elle imite la justice de Dieu, le pécheur vengeant sur lui-même l'injure qu'il a faite à cette bonté, à cette majesté infinie. Elle est sainte, parce que la justice de Dieu, que l'Eglise exerce, est sainte aussi; ce qui fait dire au Psalmiste: Son nom est saint et terrible *. Elle est salutaire, parce que c'est un nouveau baptême, pénible à la vérité et laborieux; mais enfin toujours un baptême par lequel, comme dit le saint concile, en pleurant nos péchés dans l'amertume de notre cœur, et en subissant une pénitence proportionnée à leur énormité, nous recouvrons cette première nouveauté et intégrité bap1 Sess. XIV. cap. 2.-2 Ps. cx.

tismale que nous avions perdue: tant est grande l'efficace des peines que nous portons pour nos crimes sous les ordres de l'Eglise, et en esprit de componction et d'obéissance à ses prêtres!

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Désirs des saintes âmes que les rigueurs de l'Eglise leur soient appliquées. C'est ce qui a inspiré à toutes les âmes pénitentes un désir intime, qu'on leur appliquât les saintes rigueurs de l'Eglise. On leur voyoit demander à genoux cette grâce à leurs évêques, à leurs pasteurs, à leurs confesseurs, avec une humilité et une ardeur admirable. Je ne m'en étonne pas elles étoient toutes pénétrées de l'amour de Jésus-Christ; et sentant la séparation que met le péché entre l'âme et l'Epoux céleste, elles désiroient, quoi qu'il leur en coutât, de lui être réunies par ce laborieux baptême de la pénitence. Il a été institué pour nous ramener à la pureté que nous avions reçue aux fonts baptismaux; et il détruit tellement le péché, qui seul met la division entre Dieu et nous, que nous serions avec lui dans une union consommée, si nous mourions en cet état de parfait renouvellement où la pénitence nous peut rétablir. Ainsi il ne faut pas s'étonner qu'on la demandat, et qu'on la reçût comme une grâce.

PRIÈRES, AFFECTIONS ET RÉSOLUTIONS.

Disons donc avec le Sauveur : J'ai à être baptisé d'un baptême1. O mon Sauveur ! ce baptême, dont vous deviez être baptisé, étoit le baptême de votre sang, où vous deviez être plongé pour nos péchés dans votre douloureuse passion; et vous ajoutiez: Ah! combien me sens-je pressé, jusqu'à ce qu'il s'accomplisse! Pécheur que je suis, j'ai aussi à être baptisé dans le baptême de la pénitence, qui est un baptême de larmes, et en quelque sorte un baptême de sang, s'il est vrai, comme dit un Père, que les larmes qu'on y doit répandre soient une espèce de sang; et encore un baptême de sang, parce que c'est un baptême d'une véritable et parfaite mortification. Ah! que je me sens pressé à porter les saintes rigueurs de ce baptême laborieux, pour y être entièrement renouvelé! O mon Sauveur ! appliquez-moi ces saintes rigueurs du baptême de la pénitence: inspirez à vos ministres, qui sont mes pères, une sainte inflexibilité, pour m'imposer les peines que j'ai méritées. Je reçois en esprit de pénitence les maux que vous m'envoyez, les pertes, les afflictions de corps et d'esprit, les maladies; dans ce temps rempli de misères, loin de murmurer je baisse la tête sous vos fléaux : mais comme vous me faites ressentir la grâce et la bénédiction particulière qu'il y a à vous

1 Luc, XII. 50.

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