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ADMINISTRATION.

AVERTISSEMENT DE L'ÉDITEUR.

La troisième classe des OEUVRES DE BOSSUET contient les écrits qu'il a composés comme évêque, pour l'usage, la discipline et l'instruction de son diocèse, et ceux qu'il a composés au nom du Clergé de France. Le but de cet avertissement est de faire connoitre en peu de mots ce qui est contenu dans chaque volume. Fidèles au plan qu'avoit tracé M. l'abbé Mémey d'Auberive, pieux et savant docteur de Sorbonne, qui s'étoit chargé de diriger cette édition, nous nous interdirons les dissertations et les longues préfaces, et nous donnerons seulement, à la tête de chaque classe, les éclaircissements que les lecteurs pourroient raisonnablement désirer. La 3me Classe contient le CATÉCHISME DU DIOCÈSE DE MEAUX, LES PRIÈRES ECCLÉSIASTIQUES pour aider le chrétien à bien entendre le service divin, et les MEDITATIONS POUR LE TEMPS DU JUBILE.

Ce fut en 1686 que Bossuet donna son Catéchisme pour l'instruction du diocèse de Meaux, dont il étoit évêque depuis près de cinq ans. Il le publia dans le Synode, et le fit imprimer à Paris l'année suivante 1687. On voit dans ces instructions familières, dit l'abbé Pérau, ancien éditeur, « que Bossuet, dont le génie élevé parloit si » noblement le langage de la théologie la plus sublime, savoit aussi bégayer, pour » ainsi dire, avec les enfants, et leur préparer un lait capable de les sustenter, jus» qu'à ce qu'ils fussent en état de participer à la nourriture des forts. >>

Les Prières ecclésiastiques furent imprimées quelques années après le Catéchisme. La première édition est de 1689. Bossuet dit lui-même, dans l'avertissement qui les précède, que son dessein, en les composant, avoit été « d'aider les plus ignorants, qui > ne sont pas en état de faire de plus hautes méditations; les plus pauvres, qui n'ont » pas moyen d'acheter d'autres livres ; et enfin les plus occupés, qui n'ont pas le temps » de faire de longues lectures. » Tout ce qui concerne le service divin y est parfaitement expliqué. Plusieurs de ces prières ne sont que des traductions françoises des Psaumes, des Hymnes et des Prières publiques de l'Eglise. Cependant on a cru devoir les conserver, parce que la version est de Bossuet, et qu'elle est accompagnée de sommaires et d'explications très-utiles.

En 1702, Bossuet donna un mandement pour publier dans son Diocèse le Jubilé de l'année sainte, accordé par le pape Clément XI. Il l'accompagna d'un Exercice spirituel qu'il avoit déjà publié à l'occasion du jubilé de 1696, et qui consiste dans deux méditations aussi pieuses que solides. L'une, sur la Rigueur de l'Eglise, et l'autre sur l'Indulgence qu'elle a pour ses enfants. Cet Exercice, dans lequel les réflexions sont mêlées avec les prières les plus affectueuses, est suivi d'une Instruction sur le Jubilé. On peut prendre dans cette instruction une idée juste de la nature et de l'effet du Jubilé.

Les STATUTS ET ORDONNANCES SYNODALES publiés par Bossuet dans les Synodes de 1688, 1691, et 1698. Ce sont des monuments très-remarquables de sa sollicitude pastorale. On ne peut les lire sans gémir sur l'affoiblissement de l'autorité des évêques, qui réprimoient autrefois les désordres des peuples par leurs décrets et leurs censures, et qui ont aujourd'hui si peu d'influence sur les mœurs publiques. L'ordonnance de

VIII.

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1688, ne regarde que la résidence des curés. Celle de 1691, fruit des connoissances que Bossuet avoit acquises sur les besoins de son Diocèse, pendant dix ans d'épiscopat, embrasse un très-grand nombre d'objets. Bossuet déclare dans le préambule, qu'il veut « profiter de ses expériences pour déraciner les abus qui existent, et pour prévenir ceux qui ne manqueroient pas de s'élever sans la vigilance du pasteur. » L'ordonnance de 1698, est relative à la suppression de quelques fêtes, et contient divers règlements sur la communion pascale et sur la discipline ecclésiastique.

Les Pièces du procès que Bossuet eut à soutenir contre Henriette de Lorraine, abbesse de Jouarre, pour soumettre cette abbaye et ses dépendances à la juridiction des évêques de Meaux, ont été placées après les Statuts synodaux. Le zèle de Bossuet fut couronné par un succès complet, qui fit disparoître de la maison de Dieu, suivant l'expression de ce prélat, un véritable scandale.

Déclaration de 1682, sur la Puissance ecclésiastique. Cette déclaration, connue sous le nom des quatre Articles du Clergé de France, est accompagnée de la Lettre que le Clergé écrivit au pape Innocent XI, de la réponse de ce pontife, et des Lettres que les députés à l'assemblée écrivirent aux prélats et aux autres ecclésiastiques du royaume, pour leur faire part de leur délibération et des motifs qui l'avoient rendue nécessaire. La première des deux lettres-de l'assemblée aux évêques et au Clergé du royaume, étoit restée manuscrite jusqu'en 1778; D. Déforis en trouva l'original écrit de la main de Bossuet, et la fit imprimer dans le IXe tome de son édition.

Bossuet avoit préparé un long Décret sur la morale, Decretum de morali disciplinâ, pour être publié au nom du Clergé, dans la même assemblée de 1682. On y condamnoit un grand nombre de propositions avancées par des théologiens peu éclairés. On y opposoit aux fausses maximes la saine doctrine de l'Ecriture Sainte et des Pères de l'Eglise. Mais l'assemblée fut dissoute par ordre de Louis XIV avant d'avoir adopté la censure proposée. L'affaire fut reprise en 1700, sous la direction de Bossuet; et la morale relâchée, qui ne trouvoit que trop de partisans, dans le sein même de l'Eglise, fut censurée solennellement par l'assemblée générale du Clergé de France tenue à Saint-Germain-en-Laye.

Nous offrons d'abord à nos lecteurs le Décret tel qu'il avoit été rédigé en 1682. Il a été imprimé pour la première fois en 1753, dans le tome III des OEuvres posthumes de Bossuet. Nous donnons ensuite les Actes de l'assemblée de 1700, avec un mandement latin de Bossuet, pour la publication de la Censure, dans son Diocèse.

A la fin du volume on trouvera plusieurs Mémoires et plusieurs lettres de Bossuet contre la prétention du chancelier de Pontchartrain, qui vouloit obliger les évêques à demander des priviléges particuliers, et à subir les formalités ordinaires de l'examen des censeurs, avant de faire imprimer leurs ouvrages concernant la doctrine et la discipline de l'Eglise. La plume de Bossuet fit encore triompher dans cette circonstance le droit de l'épiscopat.

Ces Mémoires et ces lettres furent donnés au public en 1778, dans le Xe volume de l'édition de D. Déforis; la plus grande partie avait déjà paru en 1753, dans le lle volume des OEuvres posthumes.

CATÉCHISME

DU DIOCÈSE DE MEAUX.

AVERTISSEMENT

DE MONSEIGNEUR L'ÉVÈQUE DE MEAUX,

AUX CURÉS, VICAIRES, AUX PÈRES ET AUX MÈRES, ET A TOUS LES FIDÈLES

DE SON DIOCÈSE.

:

JACQUES-BENIGNE, par la permission divine, évêque de Meaux à tous les curés et vicaires de notre diocèse, salut et bénédiction.

Il y a longtemps qu'on nous demande de tous côtés et de toutes les paroisses, que selon l'exemple de la plupart des évêques, nous ayons aussi à donner à notre diocèse un catéchisme un peu plus ample et plus expliqué que celui dont on s'est servi jusqu'à présent; et la grande ignorance où nous voyons la plupart des peuples, à l'égard de plusieurs vérités trèsimportantes, nous y invitoit d'elle-même. Outre que par les soins des évêques nos prédécesseurs, les instructions ayant été plus fréquentes et mieux faites que dans les temps précédents, il est juste que nous profitions de cette bonne disposition pour donner des catéchismes plus étendus, à mesure que les fidèles en deviennent plus capables. Et enfin, le retour des hérétiques à l'Eglise, nous sollicite à donner des instructions plus amples, pour ôter tout à fait le vieux levain.

C'est, mes Frères, ce qui nous a excité à vous donner ce nouveau Catéchisme, où si vous trouvez quelquefois des choses qui semblent surpasser la capacité des enfants, vous ne devez pas pour cela vous lasser de les leur faire apprendre, parce que l'expérience fait voir que, pourvu que ces choses leur soient expliquées en termes courts et précis, quoique ces termes né soient pas toujours entendus d'abord, peu à peu en les méditant, on en acquiert l'intelligence joint que, regardant au salut de tous, nous avons mieux aimé que les moins avancés et les moins capables, trouvassent des choses qu'ils n'entendissent pas, que de priver les autres de ce qu'ils seroient capables d'entendre.

П nous a aussi paru que le fruit du catéchisme ne devoit pas être seulement d'apprendre aux fidèles les premiers élements de la foi, mais encore de les rendre capables, peu à peu, des instructions plus solides; de sorte qu'il a fallu commencer à leur en inspirer le goût, et leur donner quelque teinture du langage de l'Ecriture et de l'Eglise, afin qu'ils fussent en état de profiter dans la suite des sermons qu'ils entendroient.

Nous avons jugé nécessaire d'appuyer un peu plus sur la création de

l'homme, sur sa chute, et sur les mauvaises dispositions où le péché nous a mis; comme aussi sur le mystère admirable de notre rédemption, et sur les saints sacrements qui nous en appliquent la vertu; afin que chacun connût plus distinctement les remèdes que Dieu a donnés à nos maux, et les dispositions avec lesquelles il les faut recevoir.

Et nous avons trouvé à propos de nous étendre davantage sur ces choses que sur les vertus et les vices particuliers, réservant cette instruction pour l'âge plus avancé, où l'on fait des réflexions plus sérieuses sur les obligations générales de tous les chrétiens, et sur les obligations particulières de son état.

Enfin, nous avons voulu principalement faire entendre les mystères et la vertu des sacrements, parce que ces vérités bien entendues contiennent la vraie semence venue du ciel, qui produit dans la suite les fruits des bonnes œuvres, quand la terre où on la jette est bien cultivée.

C'est pourquoi nous vous exhortons à répandre toujours dans vos prônes et dans vos sermons quelque chose du catéchisme, et d'y ramener souvent les mystères de Jésus-Christ et la doctrine des sacrements, parce que ces choses étant bien traitées, inspirent l'amour de Dieu, et avec l'amour de Dieu, toutes les vertus.

C'est aussi la véritable fin de tous les mystères, Dieu n'ayant pas fait des choses si admirables pour être la pâture des esprits curieux; mais pour être le fondement des saintes pratiques auxquelles la religion nous oblige.

Et il est clair qu'en expliquant aux fidèles ce qui est opéré en nous par le baptême, et à quoi nous nous y sommes obligés; quelles sont les lois de la pénitence chrétienne; quel est le dessein de Jésus-Christ dans l'institution de l'eucharistie, et avec quel sentiment il faut entendre la messe et communier, on produit insensiblement dans les cœurs la véritable piété, et on rend Jes hommes capables de profiter du service divin auquel ils assistent.

Et il ne faut pas croire que les peuples, et même les gens de travail, soient incapables d'entendre ces choses; l'expérience fait voir au contraire que, pourvu qu'on s'y prenne bien, et qu'en excitant en eux le désir d'apprendre, on se montre toujours prêt à les instruire, tant en public et dans l'Eglise, qu'en particulier et à la maison, on les peut avancer dans la connoissante de Dieu et de son royaume.

On trouve certains villages, qui, pour avoir cu seulement quelques bons curés qui se sont donnés tout entiers à les instruire, ont fait de si grands progrès dans la doctrine ehrétienne, qu'on en est surpris; de sorte que quand on crie tant que les peuples sont incapables, il est à craindre que ce ne soit un prétexte pour se décharger de la peine de les instruire.

L'exemple même des hérétiques peut fermer la bouche à ceux qui cherchent une excuse à leur négligence dans l'incapacité des peuples. Car enfin on y voit les plus grossiers artisans, et les femmes mêmes et les enfants, citer l'Ecriture, et parler des points de controverse; et quoique ces connoissances dégénèrent en un babil dangereux, et se consument en vaines disputes, c'en est assez pour nous faire voir de quoi on pourroit rendre les peuples capables, en tournant mieux les instructions.

Mais il est vrai que pour cela il faut un grand soin; et comme nous venons de dire, il faut faire le catéchisme plus encore dans les maisons et en particulier, que dans l'Eglise; et le faire non-seulement aux enfants, mais princi→

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