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CHEZ-moi, Seigneur, & mettez-moi a couvert du tumulte des hommes charnels, en me retirant dans le secret de votre face. • C'est la priere que nous devrions faire fans ceffe, si nous defirons de bonne foi le repos refervé au peuple de Dieu, si nous le cherchons de tout notre cœur & de toute l'ardeur de notre ame. In pace in idipfum dormiam & requiefcam. » O >> paroles charmantes, (a) s'écrie S. Au>> gustin du fond de son cœur, ô paix in. comprehensible, ô repos defirable, re>> pos en Dieu même, repos dans l'Etre >> immuable, repos qui fait oublier tou> tes les peines, repos qui fait toute notre >> efperance! Car rien n'est égal à vous, >> Seigneur, & tout ce qui n'est pas ce >> que vous êtes, n'est pas digne d'être >> le repos de mon ame. Donnez-nous >> donc, ô mon Dieu, votre paix & vo>> tre repos, le repos de ce Sabbat éternel ➡ qui sera comme un clair-midi toûjours > permanent & toujours fixe, sans être >> suivi d'aucun foir. (6) Et faites, s'il >> vous plaît, que nous travaillions sans >> relâche durant les fix jours de cette

>> vie, à accomplir votre volonté, afin

-(a) Auz. Confeß. l.

9. C. 4.

(b) Ibid. l.

13.6 35. 369

qu'après avoir achevé nos œuvres, qui « ne font bonnes que parce que ce sont ce en nous des dons de votre grace, nous nous reposions en vous dans ce glo- << rieux jour de Sabbat de la vie éternelle & bienheureuse.

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Si l'ame est vuide quand Dieu ne la remplit pas, & qu'elle ne puiffe être que dans l'inquiétude quand elle ne se repofe pas en Dieu; disons encore qu'elle est malheureuse si Dieu ne la rend heureuse par lui-même & de lui-même. Il n'y a point de nature spirituelle sur la terre, (a) il n'y a point de Saint dans le ciel, il n'y a point d'Ange, quelque excellent qu'il foit, qui puisse rendre notre ame heureuse; bien loin qu'elle le puisse devenir par aucune des créatures sensibles & corporelles. Ces dernieres peuvent flater & châtoüiller les sens du corps, & à cause de la liaison étroite qui est entre le corps & l'ame. L'ame peut être touchée de quelque plaisir à l'occasion de ce chatoüillement du corps; mais rien ne la peut rendre heureuse que la participation de la vie toûjours vive de la substance éternelle & immuable, qui eft

(4) Aug. tr. 23 in Joan. n. 7.

Dieu. Car elle ne peut trouver son bon heur que dans ce qui lui est superieur. Or elle n'a rien au dessus d'elle que Dieu qui l'a faites & toutes les créatures sensibles & corporelles étant au dessous d'elle, ne sçauroient la faire vivre heureuse. Voilà, dit S. Augustin, en quoi consiste la Religion chrétienne telle qu'elle est prêchée par tout le monde. Mais helas, que cette union avec Dieu est foible en cette vie ! Et telle qu'elle est, à combien de viciffitudes n'est-elle point sujette à quels perils n'est-elle point exposée ? quelles furieuses attaques n'at-elle point à soûtenir? de combien d'en-nemis n'a-t-elle point à se défendre ? Tant il est vrai que cette vie est un combat, une tentation & une misere continuelle. La mort seule nous en peut délivrer. Et celui qui a de la foi, loin de la regarder comme son ennemie, & de la fuir comme son malheur, devroit aller' au devant d'elle par ses defirs, & la recevoir, quand elle se presente, comme fa liberatrice & comme une amie qui la décharge d'un fardeau pesant & incommode, pour la faire paffer d'un païs ennemi dans un lieu de sureté, & de la region de la mort au sejour aimable & de

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licieux de la vie bienheureuse. Car il ce
est necessaire, dit un sçavant Auteur, (a) «
que celui-là meure de bon cœur, qui «
aime & qui defire le bonheur où la c
mort nous conduit. Et ceux qui la fuient <<
fous pretexte de vouloir encore profi-
ter dans la vertu, font moins voir un <<<
vrai defir d'y avancer, qu'une preuve
certaine de leur peu d'avancement;puis ce
que c'est dans le defir de la mort que ce
consiste le progrès de la pieté. Qu'ils ce
defirent donc ce qu'ils fuient pour de- <<<
venir parfaits, & des là ils seront parfaits.<<
• Ne disons donc jamais ces paroles:
Notre Pere qui êtes dans le ciel, sans nous
fouvenir que celui à qui nous parlons,
est non seulement le Pere & le principe
de la vie de notre ame, mais encore
qu'il en est la fin & le centre; que là où
est notre Pere celeste, c'est là que nous
doivent élever tous nos defirs, où nous
devons tendre de tout notre cœur com-
me au lieu de notre établissement; &
que ce Pere adorable voulant être lui-
même dans l'éternité notre vie, notre
repos, & notre bonheur parfait, la mort,
qui est le paffage à cette felicité immua-
ble, doit être l'objet de nos souhaits &
de notre impatience.

(a) Ang. vel alius aut qq. 17. in Matth.

POUR LE MATIN.
Vertu.

L'ESPRIT DE RELIGION.

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A premiere vertu dans laquelle on renouveller pour se préparer à paroître devant Dieu, en renferme plusieurs: & j'appelle cette vertu composée, la religion du cœur. Elle nous apprend avant toutes choses, à bien connoître ce qu'on doit adorer ; & comment, on le doit adorer; à n'adorer que Dieu, & à l'adorer par JESUS-CHRIST, c'est à dire, par ses merites & par sa grace, dans son corps & par son esprit, qui nous étant donné, nous inspire une dif-, position intime & permanente d'estime, de respect, de soumiffion & de dépendance à l'égard de Dieu & de tout ce que nous connoiffons de ses perfections, de ses mysteres, de sa conduite, de fes dons; en un mot, de tout ce qui est de Dieu : disposition qui a sa racine dans une foi vive & amoureuse de sa grandeur, de fa sainteté, de sa sagesse, de fa toute-puiffance, & de sa bonté infinie.

Celui qui porte cette disposition dans fon cœur, n'a jamais d'idées basses de

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