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CR 5065 A25 1854

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Depuis l'époque à laquelle a paru le Manuel du Légionnaire, des recherches nouvelles m'ont permis de me procurer sur l'institution de la Légion d'honneur des documents précieux qui n'avaient pu être consignés dans la première édition. En outre, des décrets récents très-importants, tels que ceux relatifs à la discipline des membres de l'ordre, aux brevets à leur délivrer, aux traitements donnés désormais aux officiers nommés ou promus dans l'ordre du 27 février au 7 juillet 1815, etc., méritaient d'être signalés à l'attention publique. Ce nouveau Manuel renferme donc aujourd'hui tout ce qui est relatif à cette glorieuse institution depuis sa création jusqu'à nos jours.

L'accueil bienveillant fait à cet ouvrage m'imposait le devoir de le rendre aussi utile, aussi complet que possible. C'est ce à quoi je me suis appliqué, dans la deuxième édition, en ne négligeant rien de ce qui pouvait offrir de l'intérêt au lecteur.

Afin de faciliter ses recherches, j'ai divisé ce volume en plusieurs livres où sont traitées séparément les diverses parties qui le composent.

Dans le livre Ier j'ai relaté tout ce qui se rapporte à l'institution de la Légion d'honneur.

J'ai réuni, dans le livre II, ce qui est relatif aux maisons d'éducation. Cette intéressante matière forme ainsi un recueil spécial

MANUEL DU LÉG.

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dans lequel les membres de l'ordre trouveront les divers règlements auxquels ces maisons sont et ont été successivement soumises, en un mot tout ce qui a trait à ces utiles établissements.

Le livre III renferme ce qui concerne la médaille militaire, noble institution de l'empereur Napoléon III, alors président de la République, pour récompenser d'une manière qui parle aux yeux de tous, en leur assurant en même temps une pension annuelle de 100 francs, les sous-officiers et soldats qui ont rendu à l'État les plus dignes services. Les documents consignés sur cette matière, dans la première édition, sont complétés par les nouveaux décrets de l'Empereur.

Les décrets sur les secours viagers accordés aux anciens militaires de la République et de l'Empire, dans une pensée de réparation et de justice, forment le livre IV. La somme de 2,700,000 francs, consacrée pour venir en aide à ces honorables infortunes, était déjà épuisée lorsque l'Empereur, dans sa haute bienveillance, a daigné leur consacrer de nouvelles ressources déterminées par la loi du 10 juin 1853.

Jusqu'à présent aucun ouvrage ne signalait la législation relative aux ordres étrangers, non plus que la manière d'obtenir l'autorisation de les porter. J'ai comblé cette regrettable lacune dans le livre V que terminent les décrets de l'Empereur du 10 juin 1853, ainsi que les avis du grand-chancelier sur cette matière.

Un précis historique succinct précède cet ouvrage et rappelle, en quelques pages, les péripéties diverses par lesquelles a passé l'institution de la Légion d'honneur depuis les remarquables séances du Conseil d'État et du Corps législatif, au moment de la création de cet ordre, jusqu'à ce jour (1).

(1) Dans la première édition du Manuel du légionnaire, nous nous sommes fait un devoir et un plaisir de citer les auteurs qui ont fait paraître antérieurement d'utiles ouvrages sur cette matière. Nous leur rendons de nouveau justice en signalant ici les noms de MM. Saint-Maurice, Lyévins, Verdot et Begat qui ont publié, le premier l'histoire, les derniers les fastes de la Légion d'hon

neur.

PRÉCIS HISTORIQUE

SUR LA

LÉGION D'HONNEUR

CHAPITRE I.

Tableau des ordres équestres existant en France avant la révolution de 1789.-
Suppression de ces ordres. - Constitution de l'An vin.

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:

La révolution de 1789 trouva debout devant elle plusieurs ordres institués par différents rois de France. Elle ne demanda pas s'ils étaient utiles les révolutions tranchent les questions, mais ne les discutent pas. Ces ordres disparurent avec tant d'autres institutions qui n'avaient qu'un tort, celui d'appartenir à l'ancienne monarchie. Il fallait tout détruire pour arriver à une régénération complète, car les obstacles que la révolution rencontra rendirent impossible toute concession au passé, toute transaction avec ce qui méritait d'être conservé. Enfin, tous les ordres eurent le sort des titres de la noblesse; ils subirent indistinctement le même arrêt de proscription.

On comptait en France, avant la révolution de 1789, cinq ordres équestres, savoir: 1o l'ordre de Saint-Michel, institué par Louis XI à Amboise, le 1er août 1469; 2o l'ordre du Saint-Esprit, institué par Henri III, roi de France et de Pologne, le 21 décembre 1578 et le

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1er janvier 1579; 3° l'ordre royal et militaire de Saint-Louis, in tué par Louis XIV, au mois d'avril 1693 et confirmé par Louis en 1719 (1); 4o les ordres royaux, militaires et hospitaliers, de Sai Lazare de Jérusalem et de Notre-Dame du Mont-Carmel. On fixe fondation de Saint-Lazare de Jérusalem avant 1060, temps des p mières croisades. Louis VII conduisit en France les premiers chev liers de Saint-Lazare, en 1154. Louis XI ramena ce qui restait ces chevaliers en 1251. Henri IV unit cet ordre à celui de Notr Dame du Mont-Carmel, qu'il venait d'instituer le 31 octobre 160 Ces ordres furent confirmés par Louis XIV en 1664 et 1672; de no veau par Louis XV en 1722, 1757 et 1770; 5° l'ordre du mérite m litaire, institué par Louis XV, le 10 mars 1759, en faveur des off ciers nés dans le pays où la religion protestante est établie.

Mais à peine quelques années s'étaient-elles écoulées depuis l'abo lition de ces ordres, qui, pour la plupart, étaient la récompense de services militaires, qu'on sentit le besoin de les remplacer par une distinction spéciale. Dans les premières guerres que la France avai eues à soutenir, l'enthousiasme enflammait le courage des soldats ils marchaient au combat en entonnant l'hymne républicain; et la mort, éclaircissant leurs rangs, multipliait pour eux les occasions d'un avancement rapide. Bientôt les traits d'héroïsme furent si nombreux, que la rémunération devint difficile, impossible même; les grades n'y pouvaient suffire, et le gouvernement devait craindre d'encourir le reproche d'ingratitude envers tant de braves qui réclamaient le prix de leurs glorieux services.

Leur voix fut entendue par un homme de génie, par un général qui avait vaincu avec eux, qui avait pu apprécier la justice de leurs réclamations. Bonaparte ne les oublia pas, lorsque, parvenu à la direction des affaires, il put faire valoir efficacement les droits de ses compagnons d'armes, dont sa haute fortune militaire et politique était en quelque sorte l'ouvrage.

L'art. 87 de la Constitution de l'an VIII (13 décembre 1799), atteste l'influence de Bonaparte sur la rédaction de cet acte, qui reconnaissait une dette sacrée, et annonçait que la patrie ne tarderait pas à l'acquitter.

(1) Cet Ordre, conservé par l'Assemblée constituante, fut ensuite aboli par la Convention.

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