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contre les ministres, à l'occasion de ces actes, les poursuites que la charte autorise.

» Il ne nous paraît donc point exact 'de dire,' comme le fait M. l'avocat du Roi, qu'en faisant la critique des actes du gouvernement, on doit considérer ces actes comme émanés de la volonté royale, qu'on doit les critiquer avec le respect qu'on doit à des volontés du Roi, et qu'en les critiquant d'une manière trop forte on encourt les peines prononcées par la loi du 9 novembre. Nous pensons très-fermement que les garanties renfermées dans cette loi sont personnelles au monarque, qu'elles ont été créées pour le défendre contre les attaques qui pourraient être dirigées contre sa personne ou contre son autorité prise en elle-même et considérée dans son principe, et non pour réprimer les attaques qui seraient dirigées contre son autorité mise en action par ses ministres, contre l'exerque son gouvernement fait de son autorité. Nous ne saurions croire que les auteurs de la loi du novembre aient voulu mettre le gouvernement du Roi, qui est essentiellement responsable, sous l'égide d'une loi d'exception qui suspendrait en quelque sorte sa responsabilité.

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Toutefois, en ne pensant pas qu'on ait voulu mettre l'exercice du pouvoir, la matière

de la responsabilité, à l'abri d'une loi d'exception, nous sommes bien loin de croire qu'il soit permis d'attaquer d'une manière injuste les actes du gouvernement. Nous regardons comme très-punissables les injures et les calomnies par lesquelles on tenterait d'affaiblir le respect qui lui est dû; nous pensons seulement que ces injures et ces calomnies doivent être punies d'après les lois ordinaires, et non d'après la loi du 9 novembre 1815.

» Au reste, soit qu'on veuille appliquer aux injures et aux calomnies par lesquelles on aurait tenté d'affaiblir le respect dû au gouvernement, les dispositions de la loi du 9 novembre; soit qu'on veuille punir ces injures et ces calomnies, d'après les lois pénales ordinaires, toujours estil nécessaire d'examiner si, en effet, on a injurié ou calomnié, si, en effet, on a voulu affaiblir le respect dû au gouvernement.

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Or, Messieurs, il est établi, d'une part, que, dans la partie de notre ouvrage que je viens d'examiner, il n'y a ni injures ni calomnies. J'ai fait voir que les passages incriminés ne renfermaient que des faits vrais et notoires; j'ai dit que, si on contestait ces faits, nous demandions à les prouver par acte authentique, et nous renouvelons expressément ici cette demande. D'un autre côté, j'ai démontré, je crois, jusqu'à l'évidence, que

loin d'avoir voulu affaiblir le gouvernement, en laireprochant ces mêmes faits, nous avons tendu, d'une manière très-directe, à l'affermir. Comment donc aurions-nous pu mériter qu'on nous appliquât, soit la loi du 9 novembre 1815, soit les dispositions du Code de 1810 sur l'injure et la calomnie? new ba

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C'est, en vérité, Messieurs, une chose merveilleuse qu'on nous accuse, nous, de vouloir affaiblir le gouvernement, c'est-à-dire, sans doute, de tendre de loin à le renverser. Et au profit de quí, s'il vous plaît, voudrions - nous renverser le gouvernement ? Est-ce au profit des Ironínies laborieux et paisibles dont nous avons soutenu la cause? Eh! que voudrions-nous pro curer à ces honimes par de nouveaux bouleversemens? La faculté d'envahir à leur tour les places! Nous nous efforçons de les détourner du pouvoir, Une liberté plus grande! Nous leur démontrons que les secousses violentes détruisent leurs franchises au lieu de les étendre ou de les affermir. La ruine des factions qui les travaillent! Nous leur faisons voir que les révolutions ne servent qu'à entretenir les factions, qu'à les rendre plus robustes, plus vivaces, plus avides. Ce n'est donc pas pour les hommes que nous défendons que nous pouvons desirer des changemens.

» Est-ce dans l'intérêt de quelque faction? Et

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quelle raison aurións - nous d'en préférer quelqu'une? Que nous importe d'être exploités par des ultra, des jacobins ou des bonapartistes ? Toutes les factions se ressemblent, nous l'avons assez appris ; ce qu'elles veulent toutes, ce sont les plaisirs et les profits du pouvoir; c'est la faculté de vivre sans travail aux frais des hommes qui travaillent ; elles sont toutes également nos ennemies; nous les combattons également toutes. Ce n'est donc point pour les factions nous pouvons desirer des changemens.

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>> Est-ce pour nous-mêmes? Quel avantage pourraient-ils nous offrir? Avons-nous d'autres intérêts que ceux des hommes livrés à des travaux utiles? Ces hommes ont-ils quelque chose à gagner à des révolutions ? Nous ne pourrions desirer des changemens que dans des vues d'ambition, ou pour l'amour de la liberté, pour obtenir des places, ou pour étendre les franchises communes. Or, on sait, d'une part, que nous ne sommes pas extrêmement avides d'emplois. On sait ensuite: que si nous chérissons la liberté, ce n'est point par des révolutions, m mais par voies légales que nous desirons, que nous croyons possible de l'établir. On sait, non-seulement que nous n'avons jamais conseillé d'employer d'autres moyens, mais encore que nous sommes convaincus du danger qu'il y aurait d'en em

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ployer d'autres, et que nous nous sommes constamment attachés à le faire sentir. Il est donc manifeste que nous n'avons aucune espèce de raison pour desirer qu'il s'opère des bouleversemens; nous ne pouvons le desirer, ni pour les hommes que nous défendons, ni pour leurs ennemis, ni nous-mêmes. Comment veut-on, après cela, que nous tendions à affaiblir, à renverser le gouvernement?

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Et puis, avec qui voudrions-nous opérer des secousses? Quels sont les hommes dont nous aurions l'appui? Quelque parti nous prêterait-il son assistance? Nous combattons à la fois tous les partis. Les classes laborieuses viendraient-elles à notre aide ? Les classes laborieuses ne se révoltent point; et d'ailleurs elles seraient peut être plus sourdes à notre voix qu'à celles de tous autres hommes; car nous flattons peu leurs passions. Si nous nous emportons quelquefois contre les fureurs et l'avidité des factions, plus souvent encore nous reprochons à l'industrie ses préjugés et son ignorance, et nous n'avons pas l'avantage d'être populaires, même parmi les hommes dont nous défendons les intérêts.

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Enfin, quels sont les moyens par lesquels nous tendons à renverser le gouvernement? Ces. moyens, Messieurs, les voici : Nous faisons

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