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à une action criminelle, puisqu'il n'en paraît presque pas une qui ne rapporte les imputations que le ministère public fait aux accusés, ou que les parties se font entre elles.

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ne demeurera pas dans vos mains. Elle cherchera aussitôt l'état, la nation, la patrie; dès qu'elle croira l'avoir trouvé, elle vous abandonnera. » CENSEUR, tome 7, pages 204-212.

Le volume dans lequel nous cherchions ainsi à défendre des hommes qui nous paraissaient injustement attaqués, et la violence qui se montrait dans quelques adresses nous faisant craindre une réaction terrible, nous pensâmes qu'il pouvait être utile de justifier les hommes qu'on attaquait le plus, et pour cela il nous parut nécessaire de faire voir que les hommes les plus violens, dans la réaction, étaient ceux là même qui avaient paru le plus dévoués à Bonaparte, et qui l'avaient présenté comme un héros, auquel tout le monde devait obéir.

« L'armée ni la classe ouvrière du peuple, disionsnous, n'ont jamais bien connu Bonaparte; l'une n'a pu voir en lui qu'un général qui souvent a fait de grandes choses; l'autre n'y a vu qu'un monarque qui voulait faire fleurir les manufactures, ou élever des monumens publics. Mais les militaires ni les ouvriers n'ont pu apprécier les conséquences de ses guerres continuelles ou de son administration. Les véritables bonapartistes, les véritables criminels, sont ceux qui, connaissant parfaitement cet homme, l'ont présenté aux uns comme le restaurateur de la religion; aux autres comme le destruc

» Le manuscrit venu de Sainte-Hélène, nous dit-on, renferme des faits qui, s'ils existaient, exposeraient le Roi au mépris ou à la haine des citoyens or, vous avez inséré ce mémoire dans

teur de l'anarchie; aux autres comme le modèle des guerriers et des législateurs.....>

<< On voit, ajoutions-nous, après avoir rappelé tous les efforts qu'on avait fait pour attacher les jeunes gens à Bonaparte et à sa famille, on voit que tout s'est réuni pour corrompre l'esprit de la génération qui s'est formée sous le gouvernement impérial, et qu'on n'a rien négligé pour tromper le peuple sur ses intérêts et sur ses devoirs, Lorsque Bonaparte est arrivé, il était donc tout naturel que les militaires qui étaient mécontens, et auxquels on l'avait présenté comme un envoyé de Dieu, se réunis, sent à lui. Mais leur erreur, qui a coûté si cher à la France, a été encore plus funeste pour eux-mêmes. Un grand nombre l'ont payé de leur vie, beaucoup de leur liberté; tous, enfin, ont été ou tués, ou mutilés, ou fait captifs, ou dispersés..

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» Cependant, il est des hommes auxquels tant de calamités ne peuvent suffire. Au milieu du deuil public, ils font entendre des cris de vengeance; ils se montrent altérés de sang. Et quels sont ces hommes ? Sans doute, ce sont ceux qui se sont opposés au retour de Bonaparte, ou qui en ont été les victimes. Non, ce sont ceux-là même qui lui ont prodigué leurs éloges et leurs sermens, ́tant qu'il a été sur le trône, et qui l'ont présenté à la France comme un nouveau messie auquel on ne pouvait

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votre volume; donc vous avez imputé au Roi des faits injurieux ou calomnieux. Ce raisonnement revient à celui-ci : Bonaparte dit, dans son mémoire, qu'à son retour de l'ile d'Elbe,

pas résister, sous peine de damnation éternelle; c'est F... qui, après avoir égaré la jeunesse pendant près de douze années, en lui présentant Bonaparte comme le modèle des héros, vient demander au Roi, que les malheureux qui ont suivi ses leçons soient expulsés de leurs places; c'est S..., qui, après avoir juré à Napoléon de tout sacrifier pour le maintenir sur le trône, s'écrie que la France est affamée de justice et de vengeance contre les aveugles partisans de Napoléon; c'est C..., qui, après leur avoir montré cet homme comme un César, comme un nouveau Cyrus qui venait rebâtir le temple de Jérusalem, ose affirmer au Roi que la France, à genoux, lui demande vengeance. Pour les obliger à mieux tourner la meule, les Scytes crevaient les yeux à leurs esclaves; mais du moins, après les avoir aveuglés, ils ne les égorgeaient pas, sous prétexte qu'ils n'y voyaient plus clair. »

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De l'impossibilité d'établir une monarchie constitu*tionnelle sous un chef militaire, et particulièrement sous Napoléon, 4. édit. pag. 70 et 71.

Voilà les écrits qu'on a confisqués, et pour lesquels la Cour royale a déclaré qu'il n'y avait pas lieu de nous poursuivre. Cela n'empêche pas qu'on nous en fasse un supplément de crime. Malheur à ceux qui, dans les temps de troubles, veulent s'opposer aux proscriptions!

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la France l'aimait comme son sauveur : or, vous avez inséré ce mémoire dans votre ouvrage; donc vous avez dit que la France aimait Bonaparte comme son sauveur. Cet argument n'est pas d'une grande force; et l'on pourrait peutêtre se dispenser d'y répondre : cependant nous ferons ici une observation qui suffira, sans doute,' pour faire disparaître toutes les accusations qui ont été dirigées contre nous au sujet de cet

écrit.

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» Nous reconnaissons que, dans notre volume,' nous avons imputé à Bonaparte, dans la page 9, d'avoir fait une brochure qui renferme les choses les plus condamnables; nous lui avons imputé, dans la page 149, d'avoir publié un mémoire que les hommes éclairés et amis de leur. pays, ne pouvaient pas lire sans un profond dégoût, un mémoire dont les pensées n'étaient que le produit d'un esprit faux et d'un misérable; et il est évident que si nous étions traduits devant un tribunal de Sainte-Hélène comme coupables de całomnie, nous aurions beaucoup de peine à nous défendre, puisqu'en lui attribuant ce mémoire; nous lui avons imputé un fait, 'qui, s'il était prouvé, l'exposerait au mépris ou à la haine des citoyens. Or, il s'agit de savoir si imputer à quelqu'un un fait qui le déshonore, c'est se

rendre son complice; si imputer à un individu, par exemple, un mémoire qui renferme des injures ou des calomnies, c'est calomnier une personne autre que cet individu. Nous sommes loin, au reste, de convenir que nous ayons jamais calomnié Bonaparte ou son gouvernement; nous en avons toujours parlé avec beaucoup de justice et d'indulgence.

» Pour établir que nous nous sommes rendu coupables d'injure ou de calomnie, en insérant dans notre ouvrage le manuscrit venu de SainteHélène, M. l'avocat du Roi a invoqué l'art. 368 du Code pénal. Cet article, qui suit immédiatement celui dans lequel se trouve la définition de la calomnie, a pour objet de déterminer les cas où les imputations qu'on a faites, doivent être considérées comme fausses; et cela indique assez que, pour qu'il y ait lieu à l'appliquer, il faut d'abord qu'on ait fait des imputations, ce qui ne se rencontre pas dans la cause actuelle. Voici en effet comment est conçu eet article :

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«Est réputée fausse, toute imputation à l'ap» pui de laquelle la preuve légale n'est point rap» portée. En conséquence, l'auteur de l'impu»tation ne sera pas admis, pour sa défense, à » demander que la preuve en soit faite il ne » pourra pas non plus alléguer comme moyen,

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