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heureux avaient dévoué leur vie à la fortune des combats. A ces discours, les sujets furent saisis muets, immobiles; cet abattement donnait du repos à l'armée; Monck achevait à loisir son traité de vente (1).

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Un messager se présenta à la chambre des communes; il apportait deux dépêches, l'une adressée au général et aux officiers de l'armée, l'autre aux députés des sujets. Ces lettres étaient envoyées par Charles, fils de Charles Fer., autrefois roi de l'Écosse, et maintenant retiré au-delà des mers avec les débris de ses troupes. Le secret fut mis au jour. C'était à Charles que Monck remettait, par accord, le commandement de l'armée et la propriété du pays. Le nouveau général promettait aux troupes anglaises le paiement exact de leur solde; le nouveau possesseur promettait aux sujets anglais l'oubli de ce qu'ils avaient osé contre son père (2).

Le pacte qui donnait l'Angleterre à Charles II, n'était pas de la nature de celui que les Anglais

(1) On trouve dans Echard l'histoire détaillée de cette négociation. (Voy. le livre I, chap. 111.)

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(2) The king's letter assured the soldiers of all their arrears, and promised them for the future, the same pay which they then enjoyed.

(Hume's history, chap. LXII.)

avaient en vain conclu avec Charles Ier, (1). HI était, comme celui que Cromwell avait proposé

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à ce roi, comme celui que Charles II, luimême, avait proposé à Cromwell (2), indépendant de la volonté des sujets. Les contractan's étaient Mouck, au nom de toute l'armée des nouveaux maîtres, et Charles au nom de toute l'armée des anciens maîtres; le peuple anglais n'était rien que la matière du contrat; c'était une chose, et non des personnes.

Les portes du pays furent ouvertes aux anciens conquérans; ils s'y jetèrent en foule, et reprirent leurs postes. Les lords recommencèrent leurs délibérations (3).

Le général qui devenait roi de l'Angleterre, débarqua à Douvres, le 29 de mai; le général qui abdiquait cette place, marcha à sa rencontre, et les deux états majors, confondus en(1) Voy. ci-dessus.

(2) A private offer and proposal was made to his highness; which in substance was, << that if he would res» tore, or permit the king to return to his throne, he » would send him a blanck paper, in which he might » writ his own terms and limitations, and settle what » power and riches he pleas'd upon himself, family, » friends.» Cromwell refusa.

(Echard's hist., liv. 111, ch. 111.)

(3) Hume's history, chap. LXII.

semble, l'épée nue à la main, traversèrent la ville de Londres (1). Cinq cents citoyens, vêtus de noir, avec des chaînes au cou, servaient d'ornement à ce triomphe (2). On n'entendait que les cris de joie de ceux qui redevenaient maîtres sans.victoire, et les acclamations des troupes qui saluaient leurs nouveaux chefs (3). Au milieu de ces clameurs confuses, de cette agitation tumultueuse, de cette ivresse de tant d'hommes, les sujets, dont l'état ne changeait point, étourdis,

(1) Mémoires de Ludlow, tom. III, pag. 21.
(2) Id.

(3) At Black-Heath, the army was drown up in the sight of his majesty, who us'd many gracious expressions towards them; which were answer'd with the loudest acclamations.

(Echard's history, liv. III, chap. 11.)

Ce fut un étrange spectacle pour moi, dit Ludlow, de voir alors les soldats de notre armée employés à une fonction si différente de celle qu'ils avaient d'abord embrassé, sur-tout quand je considérais qu'ils s'étaient enrôlés d'euxmêmes, par esprit d'indépendance, pour la défense de leurs droits. Mais après s'être corrompus sous la tyrannie de Cromwell, après avoir été regardés comme des troupes en pied, soudoyées pour tenir le peuple en bride et le fouler, ils ne pouvaient plus être autre chose que des mercenaires. (Mémoires, tom. 111, pag. 22.)

enivrés eux-mêmes par contagion, mêlaient leurs voix à celles des heureux de ce jour. C'est ainsi que le peuple anglais échut seconde fois, à ses premiers usurpateurs (1).

A. THIERRY.

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N. B. Cette histoire sera continuée dans l'un des volumes suivans.

(1) Voy. la première partie, page 20.

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OUVRAGES

SCIENTIFIQUES ET LITTÉRAIRES.

DE L'INSTITUTION DU JURY

EN FRANCE ET EN ANGLETERRE,

ου

MOYENS D'ÉTABLIR, D'APRÈS LES DEUX MÉTHODES COMPARÉES, CELLE QUI CONVIENDRAIT LE MIEUX AU JURY FRANÇAIS, POUR ASSURER SA MARCHE ET LE CONDUIRE AU BUT, etc.

PAB M. RICARD (D'ALLAUCH),

Président du tribunal criminel du département des Bouchesdu-Rhône, en 1791. \

(Broch. in-8°. de 96 pages, chez PATRIS, imprimeurlibraire.)

EN réfutant le Manuscrit venu de Sainte-Hélène, nous avons dit que Bonaparte ne pouvant pas détruire l'institution du jury, avait voulu que les jurés fussent désignés par ses préfets, co Cens. Europ. Toм. V.

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