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« Voilà que vous serez muet, et vous ne pourrez point parler jusqu'au jour où ces choses arriveront, parce que vous avez douté de ce que j'ai dit, et qui s'accomplira dans son temps. >>

La faute de Zacharie, cette incrédulité qui ne dura qu'un instant, peut être comparée à la faute de Moïse, qui ne lui fit pas perdre la grâce, quoiqu'elle lui ait mérité l'exclusion de la terre promise.

VI

Cependant le peuple, qui attendait Zacharie, et qui s'étonnait de cette longue station dans le temple, connut qu'il avait eu quelque vision, quand, en le voyant reparaître, il s'aperçut qu'il avait perdu l'usage de la parole.

Il demeura ainsi muet; et quand le temps de son ministère fut passé, il retourna chez lui.

Quelques jours après, Elisabeth devint enceinte, et elle fut cinq mois sans se montrer, pour ne point exposer à la dérision publique les premiers signes d'une grossesse qui, à raison de son âge, aurait paru au moins étrange. Mais lorsqu'elle fut devenue incontestable et ne pouvait plus exciter que l'admiration, elle ne craignit plus de se montrer, et s'écriait, transportée d'une joie religieuse :

« C'est là la grâce que le Seigneur m'a faite en ce temps auquel il lui a plu de me tirer de l'opprobre où j'étais devant les hommes. »

Ces choses se passaient sous le règne d'Hérode, roi de Judée.

VII

Cependant, comme Elisabeth était dans son sixième mois depuis la conception du divin précurseur, Dieu envoya l'ange Gabriel à Nazareth, ville de Galilée, à une vierge qui se nommait Marie, et avait pour époux un homme de la maison de David, appelé Joseph.

L'ange entra chez elle, et lui dit :

« Je vous salue, vous qui êtes pleine de grâce: le Seigneur est avec vous; vous êtes bénie entre toutes les femmes. >>

Troublée par ces paroles, Marie se demandait ce que signifiait cette sorte de salut, lorsque l'ange continua :

<< Ne craignez point, Marie, car vous avez trouvé grâce devant Dieu. Vous concevrez dans votre sein, et vous enfanterez un fils que vous nommerez Jésus. Il sera grand et sera appelé Fils du Très-Haut; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père; il régnera éternellement dans la maison de Jacob, et son règne n'aura point de fin. »

Marie ne douta pas, mais elle interrogea l'ange pour être éclairée sur la manière dont s'accomplirait sa parole.

:

« Le Saint-Esprit descendra en vous, lui réponditil, et la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre c'est pourquoi le fruit saint qui naîtra de vous sera appelé le Fils de Dieu. Voilà même que votre cousine Elisabeth a conçu un fils dans sa vieillesse ; et celle qu'on appelait stérile est à présent dans son sixième mois, car rien n'est impossible à Dieu. >>

Dès lors, certaine qu'elle était la vierge dont il est prédit qu'elle concevra, par la seule opération du SaintEsprit l'enfant divin, Marie dit simplement à l'ange :

« Je suis la servante du Seigneur; qu'il me soit fait selon votre parole. >>

Alors l'ange la quitta.

VIII

La révélation de l'ange, de ce qui était arrivé à Elisabeth, porta Marie à se rendre auprès de celle-ci.

Elle partit donc seule vers les montagnes de Judée; arriva en une ville de Juda, où habitait Zacharie. A peine était-elle entrée dans la maison et avait-elle salué Elisabeth, que celle-ci sentit son enfant tressaillir dans son sein, et, remplie du Saint-Esprit, elle dit à sa cousine :

« Vous êtes bénie entre toutes les femmes, et le fruit de vos entrailles est béni. Et d'où me vient ce bonheur que la mère de mon Seigneur me visite?»

Et elle lui fit part de ce qu'elle avait éprouvé à son approche, en ce moment qui fut celui de la sanctification de saint Jean-Baptiste. La voix de Marie servit donc d'instrument et fut le signe sensible de l'opération invisible de la grâce.

« Vous êtes heureuse, continua Elisabeth, vous qui avez cru que les choses qui vous ont été dites de la part du Seigneur s'accompliront. »

Marie entonna alors ce cantique que saint Ambroise appelle l'extase de son humilité :

<< Mon âme glorifie le Seigneur, et mon esprit est ravi de joie en Dieu, mon Sauveur, parce qu'il a regardé la bassesse de sa servante, car désormais toutes les générations m'appelleront heureuse; parce qu'il a fait de grandes choses en ma faveur, lui qui est tout-puissant, et de qui le nom est saint. Sa miséricorde se fait sentir

de race en race à ceux qui le craignent. Il a déployé la puissance de son bras, c'est sa conduite ordinaire d'élever ce qui est bas, et d'humilier les grandeurs superbes. De tout temps il a dissipé les desseins que les orgueilleux formaient dans leurs cœurs; il a renversé les grands de leurs trônes et il a élevé les petits. Il a rempli de biens ceux qui étaient affamés, et il a renvoyé dénués de tout ceux qui étaient dans l'opulence. Il a relevé Israël, son serviteur, se ressouvenant de sa miséricorde, selon la promesse qu'il a faite à nos pères, à Abraham, et à sa postérité pour toujours. »

La sainte Vierge demeura trois mois avec Elisabeth ; après quoi, elle s'en retourna dans sa maison.

Il n'entrait pas dans le plan de la Providence que la plus pure des vierges, la Vierge immaculée, assistât aux couches d'Elisabeth.

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Elisabeth mit au monde un fils. Ses voisins et ses parents, ayant appris que Dieu avait fait éclater sur elle sa miséricorde, l'en félicitaient. Il était d'usage de n’imposer le nom que le huitième jour après la circoncision, parce que de cette cérémonie datait l'incorporation dans la société du peuple juif. De même, les chrétiens nomment l'enfant en le baptisant.

Le huitième jour, donc, les parents de l'enfant le nommèrent Jean, selon l'ordre que l'ange en avait donné, et au grand étonnement de tout le monde, car il était contraire à l'usage de donner à un nouveau-né un nom qui ne se trouvât pas dans sa parenté.

C'est ce jour-là que Zacharie recouvra miraculeusement la parole. Ce saint vieillard eut également le don de prophétie. Rempli du Saint-Esprit, il proféra ce divin cantique qui contient tout le plan de l'Evangile, et la peinture de l'Eglise dans ses plus beaux jours :

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