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sait. Un homme vint lui faire cette question : «< Seigneur, y en aura-t-il peu de sauvés ? » Jésus prit de là occasion de dire à ceux qui l'écoutaient : « Faites vos efforts pour entrer par la porte étroite, car je vous déclare que plusieurs chercheront les moyens d'y entrer, et ne le pourront. Et, quand la porte sera fermée, on aura beau dire : Seigneur, ouvrez-nous; le père de famille dira alors : Je ne vous connais point; et si on lui répond: Nous avons bu et mangé avec vous, et vous avez enseigné dans nos places publiques, il répondra to jours: Je ne sais d'où vous êtes; retirez-vous de moi, ouvriers d'iniquité. » Ce sera pour lors que les Juifs seront dans les pleurs, en voyant entrer dans le ciel tant de gentils qui y viendront de tous côtés, pendant qu'eux, qui étaient les hérétiers du royaume, seront chassés dehors, et se verles derniers, des premiers qu'ils étaient auparavant.

Le même jour, des pharisiens lui vinrent dire « Retirez-vous de ce lieu, car Hérode veut vous faire mourir. » Jésus, qui savait le temps de sa mort, puisqu'il ne devait mourir que quand il voudrait, les renvoya à ce renard (c'est ainsi qu'il nomme Hérode, pour montrer qu'il était au-dessus de toutes les ruses et artifices de ce prince), et leur ordonna de lui dire qu'il avait encore quelques jours à chasser les démons et à guérir les malades; après quoi, il consommerait son sacrifice par la mort, qu'il endurerait à Jérusalem. Sur quoi, il fit ces reproches à cette malheureuse ville : « Jérusalem, Jérusalem, qui tues les prophètes et qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants comme une poule rassemble ses petits sous ses ailes, et tu ne l'a pas voulu ! » Il la menaça ensuite de sa désolation, et il assura qu'elle ne le reverrait point jusqu'à ce que ses habitants lui disent : « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur. »

Jésus entra ensuite un jour de sabbat dans la maison d'un des principaux pharisiens, pour y prendre son repas. Là, il vit devant lui un homme hydropique, et il demanda aux pharisiens et aux docteurs, qui l'observaient, s'il était permis de guérir un homme un jour de sabbat; comme ils ne répondaient rien, il prit l'hydropique par la main, le guérit, et l'ayant renvoyé, il leur dit ce qu'il avait déjà dit autrefois en de pareilles rencontres : « Qui est celui d'entre vous qui, voyant son âne ou son boeuf qui tombe dans un puits, ne l'en retire aussitôt, le jour même du sabbat? » Mais ils ne répondirent pas plus à cette question qu'à la première; et Jésus, qui avait considéré de quelle manière ceux qui avaient été conviés à ce repas choisissaient les premières places, leur dit, pour confondre leur vanité, que, quand un homme est invité à des noces, il ne doit pas se mettre de lui-même à la première place, de peur d'avoir la honte qu'on le fasse descendre plus bas, pour faire place à quelqu'autre plus considérable que lui; que, s'il se met, au contraire, au dernier rang, celui qui l'a convié le fera monter plus haut, ce qui lui sera ue sujet de gloire devant toute l'assemblée; parce que quiconque s'élève sera abaissé, et quiconque s'abaisse sera élevé. A cette instruction, qui regarde les conviés, Jésus en ajouta une autre qui regarde ceux qui invitent, et il leur apprit à ne point appeler à leur table les riches qui les devaient traiter à leur tour, mais à y convier les pauvres et les infirmes, parce que Dieu les récompensera luimême, au jour de la résurrection, de ce qu'ils auront fait sans aucun intérêt et par charité. Un de ceux qui étaient à table, ayant entendu ces dernières paroles, lui dit : « Heureux celui qui mange du pain dans le royaume de Dieu ! » Mais Jésus lui fit voir, par une parabole, qu'il venait appeler les hommes à ce grand festin du ciel, et que

cependant, quelque bonheur qu'il y eût d'être de ce festin, tous ceux qui y étaient appelés n'y viendraient pas, parce qu'ils aimeraient mieux les biens de la terre, qui finissent, que ceux du ciel, qui demeurent éternellement. Voici cette parabole : Un homme, ayant invité plusieurs personnes à un grand souper, les envoya querir lorsque tout fut prêt, mais ils s'en excusèrent tous; en sorte que, le serviteur ayant rapporté tout ceci à son maître, il jura qu'aucun de ceux qu'il avait conviés ne goûterait de son souper, et il fit venir en leur place les pauvres et les infirmes qu'on rencontra dans les rues et dans les carrefours de la ville. Lorsqu'ils furent assemblés, il se trouva encore des places vides, et le roi envoya son serviteur dans les chemins et le long des haies, avec ordre de presser ceux qu'il trouverait de venir remplir sa maison. C'est ainsi que les gentils ont été appelés au ciel à la place des Juifs, et qu'entre ces gentils il y en a que Dieu y fait entrer en les pressant avec plus d'instance.

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Un jour, Notre-Seigneur se retourna vers ceux qui le suivaient, et leur dit : « Celui qui vient à moi et qui ne hait pas son père et sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, ses sœurs, et même sa propre vie, ne peut être mon disciple, non plus que celui qui ne porte pas sa croix et ne me suit point. » Il établit le fondement du salut dans ce renoncement général à toutes choses. Il ajouta : « Ainsi, quiconque d'entre vous ne renonce pas à tout ce qu'il a ne peut être mon disciple. >>

Parmi ce grand nombre de personnes qui étaient ordinairement autour de Jésus, il y avait des publicains et des gens de mauvaise vie, qui aimaient à entendre sa parole. Les scribes et les pharisiens ne pouvaient souffrir la bonté qu'il avait de se laisser approcher par ces sortes de personnes, et ils murmuraient de ce qu'il les recevait si facilement, et de ce qu'il mangeait même

avec eux. Pour les convaincre de l'injustice de leurs plaintes, Jésus leur demanda si un homme qui a cent brebis n'en laisse pas quatre-vingt-dix-neuf pour courir après la centième qui s'est égarée, et si, l'ayant trouvée, il ne la rapporte pas tout joyeux sur ses épaules, invitant tous ses amis à prendre part à sa joie; de même, si une femme qui, de dix pièces d'argent, en a perdu une, ne balaye pas toute la maison pour la chercher, et si elle ne se réjouit pas avec ses voisines de l'avoir trouvée. Il leur déclara que, comme la brebis et la pièce d'argent retrouvées causeraient un plaisir plus sensible que celles qui n'avaient point été perdues, de même il y avait une grande joie dans le ciel pour la conversion d'un pécheur.

Il expliqua encore cette vérité par une autre parabole: Un homme avait deux enfants, dont le plus jeune, s'étant fait donner par son père ce qui lui pouvait revenir de son bien, alla le dissiper en débauche dans un pays éloigné. Après avoir tout mangé, il fut réduit à garder les pourceaux pour gagner sa vie; et dans cet état, réfléchissant sur sa misère, il résolut de retourner chez son père, et de lui avouer humblement sa faute, de lui demander, pour toute grâce, d'être traité comme ses serviteurs. Dès que son père le vit, il fut touché de compassion et de joie tout ensemble; il courut à lui, se jeta à son cou et le baisa, pendant que son fils lui disait : << Mon père, j'ai péché contre le ciel et contre vous, et je ne suis plus digne d'être appelé votre fils. » Cette humble confession acheva son entière réconciliation avec son père, qui, l'ayant dépouillé de ses haillons, et lui ayant donné de beaux habits, fit un festin magnifique pour se réjouir de son retour.

Cette conduite déplut à son fils aîné, qui, revenant des champs, ne voulut point entrer dans la maison, parce

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