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« Pourquoi m'appelez-vous bon? il n'y a que Dieu qui soit bon, c'est-à-dire qui soit bon par lui-même, étant la bonté parfaite et essentielle et la source de toute bonté. >> Ce jeune homme ne louait en Jésus qu'une bonté humaine et bornée, et le Fils de Dieu, en refusant le titre de bon maître et lui répondant qu'il n'y a que Dieu qui soit bon, voulait lui apprendre à reconnaître en lui une bonté divine et souveraine. Il lui dit ensuite, pour répondre à sa demande, qu'afin d'avoir la vie éternelle, il fallait garder les commandements; et parce que ce jeune homme lui demanda quels étaient ces commandements qu'il devait garder, il lui dit : « Vous savez les préceptes de la loi : Vous ne tuerez point, vous ne commettrez point d'adultère, vous ne déroberez point, vous ne porterez point faux témoignage, vous ne tromperez personne, vous honorerez votre père et votre mère, et aimerez votre prochain comme vous-même. » Il lui répondit: « J'ai observé toutes ces choses dès ma jeunesse, que me reste-t-il encore à faire?» Alors Jésus jeta les yeux sur Jui et il l'aima; mais cet amour qu'il conçut pour ce jeune homme ne l'empêcha pas de lui enseigner une vérité à laquelle il ne se rendit pas, car il lui dit : « Il vous manque encore une chose si vous voulez être parfait : allez, vendez tout ce que vous avez et donnez-le aux pauvres et vous aurez un trésor dans le ciel; après cela, venez et suivez-moi. » Mais ce seigneur, qui avait de grands biens, ne pouvant se résoudre à suivre le conseil qu'on lui donnait de les quitter, s'en alla tout triste; et Jésus, qui le vit ainsi affligé, regardant autour de lui, dit à ses disciples: « Je vous dis en vérité, il est bien difficile qu'un riche entre dans le royaume du ciel. » Et comme ils étaient tous étonnés de ces paroles, il répéta encore la même vérité en ces termes : « Mes enfants, qu'il est difficile que ceux qui se fient en leurs richesses entrent

dans le royaume de Dieu! il est plus aisé qu'un chameau passe par le trou d'une aiguille. » Ce discours ne fit qu'augmenter l'étonnement des apôtres, qui se disaient l'un à l'autre : « Eh! qui pourra donc être sauvé? » Mais il les rassura en leur représentant que ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu.

Alors Pierre lui dit : « Pour nous, vous voyez que nous avons tout quitté et que nous vous avons suivi; quelle récompense donc en recevrons-nous? » Jésus lui répondit qu'au jour de la résurrection, lorsque le Fils de l'homme sera assis sur le trône de sa gloire, ils seront assis avec lui sur des trônes pour juger tout le peuple d'Israël. Et il assura que, non-seulement eux, mais quiconque quittera pour lui et pour l'Evangile sa maison, ses parents et ses terres, recevra, dès ce siècle même, cent fois autant de maisons, de parents et de terres, avec des persécutions, et, dans le siècle à venir, la vie éternelle; ce qui veut dire que Dieu, qui récompensera ses élus en l'autre monde, ne leur refusera pas en celui-ci les consolations nécessaires pour les soutenir dans leurs afflictions, et qu'il leur fera trouver des personnes qui, par les devoirs de la charité chrétienne, leur serviront de parents et leur fourniront les choses qu'ils auront quittées ou perdues pour l'amour de lui.

Les apôtres étaient surpris de la promesse que JésusChrist leur faisait de les faire asseoir sur des trònes pour juger toute leur nation, eux qui étaient si peu considérables parmi les Juifs; le Fils de Dieu aurait voulu les tirer d'étonnement en leur répétant ce qu'il avait déjà dit dans une autre rencontre, que plusieurs de ceux qui auront été les premiers seront les derniers, et que plusieurs de ceux qui auront été les derniers seront les premiers. Pour leur expliquer cette vérité, il leur proposa cette parabole : Il en est du royaume du ciel comme

d'un homme qui, ayant envoyé dès le matin des ouvriers avec qui il est convenu du prix pour travailler à sa vigne, en envoie encore d'autres à neuf heures, à midi, à trois heures, et une heure avant la fin du jour, en leur promettant de les payer raisonnablement. Le soir étant venu, il fait appeler tous ces ouvriers, et, commençant par ceux qui sont venus les derniers, il leur fait donner la même somme qu'il avait promise à ceux qu'il avait loués dès le matin, de sorte que ceux-ci, s'attendant à recevoir plus que les autres, murmurent de ce qu'on ne leur donne que le prix qui a été arrêté. Mais le maître leur fait voir qu'il ne leur fait aucun tort, puisqu'il leur donne ce qui leur appartient, et qu'il est libre de donner aux autres ce qu'il lui plaît. « C'est ainsi, conclut le Fils de Dieu, que les derniers seront les premiers, et les premiers seront les derniers, parce qu'il y en a beaucoup d'appelés, mais peu d'élus. »

CHAPITRE X.

- Les

Résurrection de Lazare. Conseil tenu par les Juifs contre Jésus. Samaritains le rejettent. — Jésus prédit sa mort pour la troisième fois. Il blâme l'ambition de ses apôtres.

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Il loge chez Zachée.

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soupe à Béthanie. Il pleure sur Jérusalem. Il prédit de nouveau sa mort. Il chasse les marchands du temple.

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-

Paraboles.

Il prédit la ruine de Jérusalem.

Des

confond les pharisiens, les saducéens et les scribes. - Il loue l'aumône d'une pauvre veuve. cription du jugement dernier. - Il fait la cène. Il lave les mains à ses apôtres. Il les console, leur donne ses instructions, institue l'eucharistie, après avoir prédit la trahison de Judas.

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Pendant que Jésus instruisait ainsi ses disciples au delà du Jourdain, Marthe et Marie lui firent savoir la maladie de Lazare, leur frère. Il partit avec ses apôtres.

Ils n'arrivèrent à Béthanie que quatre jours après que Lazare avait été mis dans le tombeau. Marthe, ayant appris que Jésus venait, alla hors du bourg au-devant de lui, et lui dit : «Seigneur, si vous eussiez été ici, mon frère ne serait pas mort; mais je sais que Dieu vous accordera tout ce que vous lui demanderez. » Jésus lui répondit : « Votre frère ressuscitera. Je sais bien, répliqua-t-elle, qu'il ressuscitera au dernier jour. » Il lui

-

repartit : « Je suis la résurrection et la vie, celui qui croit en moi, quand il serait mort, vivra; et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Croyez-vous cela ? » Elle lui répondit : « Oui, Seigneur, je crois que vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant, qui êtes venu en ce monde. >>

Après ces paroles, elle s'en alla, et ayant appelé sa sœur, elle lui dit secrètement que le Maître était venu et qu'il la demandait. Marie se leva aussitôt et alla trouver Jésus hors du bourg, au lieu même où Marthe l'avait rencontré. Les Juifs qui étaient avec elle lorsqu'elle se leva pour aller au-devant du Fils de Dieu, la voyant sortir si promptement, la suivirent, s'imaginant qu'elle allait pleurer au tombeau de son frère. Dès qu'elle fut arrivée auprès de Jésus, elle se jeta à ses pieds, et lui dit en pleurant << Seigneur, si vous eussiez été ici, mon frère ne serait point mort. »

Il demanda où on avait mis le mort; on lui dit : Seigneur, venez et voyez. » Il y alla en pleurant, et ses pleurs firent dire à quelques Juifs : « Voyez comme il l'aimait! >> pendant que d'autres disaient ; « Ne pouvait-il pas l'empêcher de mourir, lui qui a ouvert les yeux à un aveugle-né? » Jésus, continuant à faire paraître les sentiments dont il voulait bien être ému, arriva au sépulcre, qui était une grotte fermée d'une pierre qu'on avait mise par-dessus. Il commanda qu'on ôtat la pierre; sur quoi, Marthe lui représenta que le mort devait sentir mauvais, parce qu'il y avait déjà quatre jours qu'il était dans le tombeau. Mais il lui répondit : « Ne vous ai-je pas dit que si vous croyiez, vous verriez la gloire de Dieu ? » On ôta donc la pierre, et Jésus, levant les yeux en haut, dit ses paroles : « Mon Père, je vous rends grâces de ce que vous m'avez exaucé. Pour moi, je sais bien que vous m'exaucez toujours, mais je dis ceci

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