« Vous êtes Simon, fils de Jean; vous serez appelé Céphas, c'est-à-dire Pierre. >>

Le lendemain, Jésus, voulant aller en Galilée, rencontra Philippe, qui était de Bethsaïde, d'où étaient égalément André et Pierre, et lui dit :

« Suivez-moi. >>

Philippe rencontra Nathanaël et l'amena à Jésus, qui dit en le voyant :

« Voilà un véritable Israélite en qui il n'y a nul artifice. »

Nathanaël, tout surpris, lui demanda d'où il le connaissait; à quoi Jésus répondit :

« Je vous ai vu avant que Philippe vous eût appelé, lorsque vous étiez sous le figuier.

<< Maître, dit Nathanaël, vous êtes le Fils de Dieu, vous êtes le roi d'Israël. »

Jésus lui répondit :

« Vous croyez, parce que je vous ai dit que je vous ai vu sous le figuier; vous verrez de plus grandes choses. En vérité, en vérité, je vous le dis, vous verrez désormais le ciel ouvert et les anges de Dieu monter et descendre sur le Fils de l'homme. >>

V

Etant parti des bords du Jourdain, il se trouva le troisième jour à des noces qui se faisaient à Cana, en Galilée, où la sainte Vierge était et où il avait été convié avec ses disciples.

Le vin venant à manquer, la sainte Vierge dit à son Fils:

<< Ils n'ont point de vin. >>

Mais Jésus, voulant apprendre, non pas à sa mère, mais

à ses disciples, qu'il ne faut avoir aucun égard humain dans les fonctions où il y va du service et de la gloire de Dieu, et qu'on doit alors regarder ses propres parents comme des étrangers, répondit à sa mère :

<< Femme, qu'y a-t-il entre vous et moi? Mon heure n'est pas encore venue. »

La sainte Vierge, qui comprenait la vérité et l'enseignement caché sous ces paroles, dit à ceux qui servaient de faire tout ce qu'il leur ordonnerait.

Jésus fit emplir d'eau six grandes urnes de pierre qui se trouvaient là, et quand elles furent pleines, il dit aux serviteurs:

<< Puisez à présent, et portez au maître du festin. » Dès que celui-ci eut goûté l'eau qui avait été changée en vin, il dit à l'époux qu'il faisait contre la coutume, puisqu'il gardait le meilleur vin pour la fin du repas.

Ce premier miracle de Jésus-Christ servit beaucoup à faire éclater sa gloire, et ses disciples furent confirmés dans la foi qu'ils avaient en lui.

CHAPITRE IV

Jésus chasse du temple les marchands. Entretien de Jésus Christ avec Nouveau témoignage que saint Jean rend au Sauveur.

Nicomède.

- Emprisonnement de saint Jean. La Samaritaine.

-

I

De Cana, Jésus alla, avec sa mère, ses parents et ses disciples, à Capharnaüm, ville de la même province de Galilée, où il demeura peu, parce que la solennité de Pâques était proche; de Capharnaüm il se rendit à Jérusalem, il y trouva dans le temple des marchands qui vendaient des boeufs, des moutons et des colombes, et des changeurs qui étaient assis à leurs bureaux; il fit aussitôt un fouet avec des cordes et les chassa tous du temple, jeta par terre l'argent des changeurs et renversa leurs bureaux, et dit à ceux qui vendaient des colombes : «Otez tout cela d'ici, et ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic. »

Cette action fit souvenir ses disciples de ces paroles de l'Ecriture « Le zèle de votre maison m'a dévoré; » mais elle surprit et irrita les Juifs, qui lui demandèrent un miracle pour prouver le droit qu'il avait d'agir de la sorte.

« Détruisez ce temple, leur dit-il, et je le rétablirai dans trois jours. » Ce qu'ils entendirent du temple, dont il avait chassé les vendeurs, lui l'entendait du temple de son corps, qui devait être détruit par la mort, et ressusciter le troisième jour.

Il fit plusieurs miracles à Jérusalem pendant la fète de Pâques, qui durait sept jours, et beaucoup de personnes crurent en son nom; mais il ne se fia pas à tous ceux que ses miracles attirèrent à lui, parce qu'il pénétrait le fond de tous les cœurs, et qu'il connaissait parfaitement ce qu'il y avait de solide ou d'imparfait dans leur foi.

II

Pendant que le Sauveur était à Jérusalem, un sénateur juif de la secte des pharisiens, nommé Nicodème, le vint trouver la nuit, et lui dit :

<< Maître, nous savons que vous êtes un docteur venu de la part de Dieu, car personne ne saurait faire les miracles que vous faites si Dieu n'est avec lui. »

Jésus prit de là occasion d'apprendre à ce pharisien la nécessité du baptême pour entrer dans le ciel, lui disant que, «< si on ne renaît de l'eau et du Saint-Esprit, on ne peut entrer dans le royaume de Dieu; » à quoi il ajouta ces importantes vérités :

« Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l'esprit est esprit, et l'esprit souffle où il veut. »

Nicodème, surpris, lui demanda comment tout cela pouvait se faire, et Jésus, après lui avoir reproché qu'étant docteur il ignorait néanmoins ces choses, lui dit:

« Nous rendons témoignage de ce que nous avons vu, et cependant vous ne recevez pas notre témoignage. x

Il lui découvrit ensuite ces grands mystères de notre religion, que nul n'est monté au ciel que le Fils de l'homme, qui est descendu du ciel; que le serpent d'airain, qui fut élevé par Moïse dans le désert, afin que tous ceux qui, ayant été mordus par des serpents de feu, fussent guéris de leurs blessures en le regardant, n'était que la figure du Sauveur qui devait être élevé sur la croix pour délivrer de la mort éternelle tous ceux qui croiront en lui; qu'il n'avait pas été envoyé au monde pour le condamner, mais pour le sauver; que tel a été l'amour de Dieu envers les hommes, que de leur donner son propre Fils; mais que cet amour sert à la juste condamnation de ceux qui, loin de croire en ce Fils et de recevoir cette lumière, qui est venue les éclairer, aiment mieux demeurer dans les ténèbres, et ne veulent pas exposer leurs œuvres à la splendeur de la vérité, parce qu'ils s'obstinent à ne pas reconnaître que des actions qu'ils aiment soient criminelles.

La grâce dont le ferment accompagna l'instruction qu'il donnait à Nicodème fit de ce prosélyte un fidèle disciple. Il se joignit plus tard à Joseph d'Arimathie pour rendre à son divin Maître le devoir de la sépul

ture.

III

Jésus, étant sorti de Jérusalem après la fête, s'arrêta dans les terres de la Judée avec ses disciples, et il y baptisa, pendant que Jean continuait de donner son baptême sur les bords du Jourdain. Les disciples de ce saint précurseur eurent alors quelques disputes avec les Juifs touchant le baptême, et ils vinrent trouver leur maître et lui dirent, en parlant de Jésus :