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CHAPITRE V

Prédication dans la Galilée. guérit plusieurs malades.

possédés.

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Il guérit un paralytique à Capharnaüm. Il appelle le publicain Matthieu à sa suite. Nouvelles guérisons. Il choisit douze apôtres et prêche sur la montagne.

1

I

Deux jours après ce que nous venons de raconter, Jésus, étant parti de Sichar, continua son voyage de Galilée, et fut bien accueilli par les Galiléens, qui avaient vu les miracles accomplis à Jérusalem pendant la solennité de Pâques. Ce fut alors que Jésus commença à prêcher l'Evangile, c'est-à-dire l'heureuse nouvelle du royaume de Dieu, qui allait être ouvert aux hommes, et il disait : « Le temps est venu, le royaume de Dieu est proche, faites pénitence et croyez à l'Evangile. »

Un jour qu'il était à Cana, où il avait changé l'eau en vin, un officier alla le trouver, et le pria de venir avec lui à Capharnaum pour guérir son fils mourant. Le Sauveur, qui pénétrait le fond des cœurs, lui dit : « Si vous ne voyez des prodiges et des miracles, vous ne croyez point. » Mais l'officier le pressant de venir avant que son fils mourût, il lui répondit : « Allez, votre fils se porte

bien. » Il crut ce que Jésus lui disait. Comme il partait, ses serviteurs vinrent au-devant de lui, et lui apprirent la guérison de son fils. Il s'informa de l'heure à laquelle son fils s'était mieux porté; ils lui dirent que la fièvre l'avait quitté le jour précédent à une heure après midi. Or, c'était à la même heure que Jésus lui avait dit : « Votre fils se porte bien. » Ce miracle convertit toute sa famille.

II

Il y avait à l'orient de la Galilée un grand lac, à qui l'Evangile donne le nom de mer, selon la manière de parler des Hébreux, et qui est appelé, tantôt la mer de Galilée, tantôt lac ou mer de Génésareth ou de Tibériade.

Un jour que Jésus marchait le long de ce lac, il vit deux pêcheurs qui jetaient leurs filets dans l'eau; l'un était Simon, et l'autre André, son frère, qui, ayant ouï dire à saint Jean, dont il était disciple, que Jésus était l'Agneau de Dieu, l'avait suivi, et lui avait amené son frère le lendemain. Ils ne s'étaient point attachés dès lors entièrement à sa suite, et ils étaient retournés chez eux. Quelques pas au delà de l'endroit où il les vit pêcher, il y avait deux autres frères nommés Jacques et Jean, qui étaient, avec Zébédée leur père, dans une barque, où ils raccommodaient leurs filets: ces quatre pêcheurs étaient de Bethsaïde. Il les appela tous les quatre à lui et leur fit tout quitter pour le suivre. Etant sur le bord du lac de Génésareth, et se trouvant accablé par la foule du peuple qui se pressait pour entendre la parole de Dieu, Jésus vit deux barques dont les pêcheurs étaient descendus pour laver leurs filets. Il entra dans celle de Simon, et l'ayant fait éloigner un peu du bord,

il s'y assit, et de là se mit à enseigner le peuple. Lorsqu'il eut cessé de parler, il dit à Simon : « Avancez en pleine cau et jetez vos filets pour pêcher. » Simon lui dit : « Maître, nous avons travaillé toute la nuit sans rien prendre; néanmoins, sur votre parole, je jetterai le filet. » L'ayant jeté, ils prirent une si grande quantité de poissons, que, leur filet se rompant, ils firent signe à leurs compagnons, qui étaient dans une autre barque, de venir les aider. Ils y vinrent et remplirent tellement les deux barques, qu'elles semblaient vouloir couler à fond. Sinon, épouvanté de ce miracle aussi bien que ses compagnons, se jeta aux pieds de Jésus en disant : « Seigneur, retirez-vous de moi; car je ne suis qu'un pauvre pècheur. » Jésus lui dit : « Ne craignez point, vous serez désormais un pêcheur d'hommes. » Ce fut donc apparemment après ce prodige qu'il dit à Simon et à André : « Suivez-moi. » Il appela en même temps Jacques et Jean, qui laissèrent dans la barque Zébédée leur père, avec ceux qui travaillaient pour lui; et tous quatre abandonnèrent leurs filets et renoncèrent à tout pour le suivre et pour s'attacher désormais entièrement à lui.

III

Le Sauveur alla ensuite demeurer quelque temps à Capharnaum, ville située sur les bords du Jourdain, à l'endroit où ce fleuve entre dans le lac dont nous venons de parler. Il prêcha dans cette ville et y fit admirer sa doctrine; car il parlait avec puissance et autorité. Les jours de sabbat il faisait des instructions dans la synagogue.

Un jour, il s'y trouva un possédé qui se mit à blasphémer. Mais Jésus dit au démon : « Tais-toi et sors de

cet homme. » Le démon obéit. Tous ceux qui furent témoins de ce prodige étaient dans le plus grand étonnement.

Etant sorti de la synagogue, Jésus alla avec les fils de Zébédée dans la maison de Simon, dont la belle-mère était gravement malade. Ses disciples l'ayant prié pour elle, il s'approcha du lit, la prit par la main, la fit lever, et commanda à la fièvre de la quitter. La malade fut si parfaitement guérie, qu'ayant abandonné le lit, elle les servit et leur prépara à manger.

Cependant le miracle que Jésus avait fait dans la synagogue se répandait de tous côtés dans Capharnaüm; de sorte que le soir, après le soleil couché, toute la ville s'assembla devant la porte du logis où il était; car tous ceux qui avaient des personnes affligées de quelques maladies que ce fût, les lui amenèrent, et il les guérit tous en imposant les mains sur chacun d'eux. Il délivra aussi par sa parole plusieurs possédés, et les démons, en les quittant, criaient à haute voix : « Vous êtes le Fils de Dieu ! » Mais il les menacait et les empêchait de dire qu'il était le Christ, soit qu'il ne voulût point recevoir des louanges de la bouche des esprits impurs, ni que la vérité fût annoncée par le père du mensonge, soit qu'il voulût faire connaître qu'il n'avait aucun commerce avec les démons, prévoyant ce que la calomnie inventerait quelque jour contre lui, qu'il ne chassait les démons qu'au nom de prince des démons.

IV

Le lendemain, il sortit seul de grand matin, et s'en alla faire sa prière dans un lieu désert. Simon et ceux qui étaient avec lui le suivirent, et l'ayant trouvé, ils

lui dirent que tout le monde le cherchait. Il leur répondit qu'il fallait qu'il allât prêcher dans les villages et autres lieux voisins, puisque c'était pour exercer ce ministère qu'il était venu. Cependant tout le peuple arriva au même lieu, et voulait l'obliger de demeurer avec eux; mais il leur dit ce qu'il venait de dire à ses disciples: « Il faut que je prêche aussi aux autres villes l'Evangile du royaume de Dieu, car c'est pour cela que j'ai été envoyé. » Il parcourut la Galilée, prêchant dans les synagogues, et guérissant les malades: sa réputation s'étant répandue dans toute la Syrie, on lui amenait de tous côtés des possédés et des personnes affligées de différents maux, et il était suivi continuellement d'une foule immense et sympathique.

Un jour qu'il s'en vit presque accablé, il ordonna à ses disciples de le passer à l'autre bord du lac de Génésareth. Un docteur de la loi, qui vit que Jésus les allait quitter, s'approcha de lui, et lui dit : « Maître, je vous suivrai en quelque lieu que vous alliez. » Jésus lui répondit : « Les renards ont des tannières, et les oiseaux ont des nids, mais le Fils de l'homme n'a pas où reposer sa tête. » C'était qu'il fallait un plus grand désintéressement et un plus grand courage qu'il ne pensait pour suivre un homme qui, loin d'enrichir les siens, n'avait pas lui-même sur la terre la moindre chose qui fût à lui. Il refusa ainsi ce docteur, et il traita un de ses disciples d'une manière toute différente, car il lui ordonna de le suivre ; et ce disciple lui demandant la permission d'aller auparavant inhumer son père, il lui répondit : « Suivezmoi, et laissez aux morts le soin d'ensevelir leurs morts; mais pour vous, allez annoncer le royaume de Dieu. » Il lui apprit, par cette réponse, que la prédication de l'Evangile est quelque chose de plus que de rendre aux hommes les devoirs qui leur peuvent être rendus par

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