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Plusieurs dispositions sont nécessaires pour la lecture et la méditation de l'Evangile : l'ardeur, la foi, l'exactitude et la confiance.

II

Ce qui doit nous inspirer l'ardeur, c'est d'abord l'exemple.

<< Puisque plusieurs, dit saint Luc, ont entrepris de mettre par ordre l'histoire des choses qui ont été accomplies au milieu de nous, selon que nous les avons apprises de ceux qui les ont vues de leurs yeux et ont été euxmêmes les ministres de la parole, j'ai aussi jugé à propos,

après m'être exactement informé de toutes choses dès leur origine, de vous les écrire de suite, ô mon cher Théophile, afin que vous connaissiez la vérité de ce qu'on vous a enseigné. »

Saint Luc a été excité à écrire son Evangile par l'exemple de saint Matthieu et de saint Marc, qui avaient écrit avant lui, mais qui n'avaient pas tout écrit.

Il ne s'agit point ici de spéculations abstraites. L'histoire de Jésus-Christ est à la portée de tout le monde ; ne peut-on y consacrer quelque temps, quand on en a tant perdu à des lectures, à des pensées, à des réflexions pernicieuses, au moins inutiles?...

III

Il faut méditer l'Evangile avec foi, c'est-à-dire avec l'amour de Dieu et de la vérité, sans parti pris, sans arrière-pensée.

Exactitude selon l'esprit, exactitude selon le cœur.

Enfin, il faut méditer l'Evangile avec confiance. Mystérieux et incessant travail de l'âme, car les ennemis de l'Eglise ont été obligés de l'avouer eux-mêmes, l'Evangile est la loi de l'amour. Tout y tend à l'amour; tout nous y porte. Saint Luc, nous adressant son Evangile, comprend tous les chrétiens sous le nom de Théophile, qui veut dire « qui aime Dieu. »

Nous avons vu comment parle saint Luc; saint Marc, autre disciple, a pu tenir le même langage; mais les deux apôtres évangélistes ont pu dire, et saint Jean a dit en effet: « Ce qui a été dès le commencement, ce que nous avons ouï, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons considéré, ce que nos mains ont touché concernant le Verbe de vie..., c'est ce que nous vous annon

çons, afin que vous entriez en société avec nous, et que la société qui est entre nous soit avec le Père et avec JésusChrist son Fils. >>

C'est-à-dire que les uns racontent ce qu'ils ont vu, et les autres ce qu'ils ont appris de ceux qui l'ont vu; les premiers, témoins éclairés, les seconds, auditeurs attentifs; tous, historiens fidèles.

Ils sont trop bien d'accord entre eux pour qu'on puisse leur reprocher la moindre contradiction, et, en même temps, ils sont assez différents pour qu'il soit impossible de les accuser de s'être concertés; les différences n'empêchent pas de reconnaître qu'ils sont les organes du même esprit ainsi, sous des traits différents, on reconnaît les enfants d'un même père.

Avant de pénétrer dans leur récit, disons ce qu'était avant tous les temps ce Verbe éternel dont la vie temporelle fait le sujet de cette histoire.

IV

Le Verbe, parole du Père, expression de son intelligence, production éternelle et infinie de sa connaissance infinie, était au commencement, et le Verbe était en Dieu; il était au commencement en Dieu.

Ainsi, lorsque tout ce qui a un commencement a commencé d'être, il était déjà; donc il est sans commencement; donc il est éternel. Cette reprise : il était au commencement en Dieu, représente la situation du Verbe pendant l'éternité qui a précédé la créatior. Il demeurait renfermé dans le sein de son Père; il n'avait pas encore été proféré au dehors, il le fut par la création et l'incar

nation.

Toutes choses ont été faites par lui, et de ce qui a été fait, rien n'a été fait sans lui. C'est en lui qu'était la vie, et la vie était la lumière des hommes. Il était l'auteur et la cause méritoire de la vie de la grâce, qui doit être suivie de la vie éternelle et de la gloire. Dieu nous a donné la vie éternelle, et cette vie est dans son Fils. C'est en éclairant les hommes que le Verbe leur donne la vie et la lumière dont il est ici question : c'est la lumière de la foi.

Jean fut envoyé de Dieu pour rendre hommage au Verbe, vraie lumière qui éclaire tout homme qui vient au monde. Le Verbe était dans le monde, et le monde a été fait par lui, et le monde ne l'a point connu. Il est venu dans son propre héritage, et les siens ne l'ont point reçu; mais pour tous ceux qui l'ont reçu, il leur a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en son nom, qui n'ont tiré leur seconde naissance ni du sang, ni des désirs de la chair, ni de la volonté de l'homme, mais de Dieu, et le VERBE A ÉTÉ FAIT chair, c'est-à-dire qu'il a été fait homme. L'évangéliste nomme la partie pour le tout, et la partie la plus méprisable pour mieux faire sentir le prodigieux abaissement du Fils de Dieu.

Il a habité parmi nous, plein de grâce et de vérité, et nous avons vu sa gloire, telle qu'elle est, la gloire du Fils unique qui vient du Père; gloire manifestée par ses miracles. Saint Jean avait eu de plus l'avantage d'être un des trois qui la virent dans sa transfiguration.

V

Dieu voulut désigner lui-même par des caractères sensibles celui qui devait le premier montrer au monde le Verbe incarné.

En ce temps-là, servait, dans le rang d'Abia, un prêtre du nom de Zacharie, dont la femme, Élisabeth, était de la race d'Aaron.

C'étaient deux personnes pieuses et justes devant Dieu. Ils n'avaient point d'enfants, parce qu'Elisabeth était stérile, et qu'ils étaient tous deux fort âgés.

Or, le sort étant tombé sur Zacharie pour entrer dans le temple du Seigneur et lui offrir l'encens, un ange lui apparut, au côté droit de l'autel des parfums, et comme tout le peuple priait au dehors, les prêtres seuls ayant le droit d'entrer dans cette partie du temple.

L'ange, voyant le trouble dans lequel sa présence avait plongé Zacharie, lui dit :

<< N'ayez point de peur, Zacharie, car votre prière est exaucée, et Elisabeth, votre femme, vous donnera un fils que vous appelerez Jean. Vous serez transporté de joie, et plusieurs se réjouiront à sa naissance; car il sera grand aux yeux du Seigneur... Dès le ventre de sa mère, il sera rempli du Saint-Esprit. Il convertira un grand nombre des enfants d'Israël au Seigneur leur Dieu, et il marchera devant lui avec l'esprit et la vertu d'Elie, pour tourner les cœurs des pères vers les enfants, et les esprits indociles à la sagesse des justes, afin de préparer au Seigneur un peuple qui soit parfait.

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Comment m'assurerai-je de la vérité de ces choses? repartit Zacharie; car je suis vieux, et ma femme est avancée en âge. »

L'ange lui répondit :

« Je suis Gabriel, qui suis toujours présent devant Dieu, je suis envoyé pour vous annoncer cette bonne nouvelle. >>

Et, afin qu'il ait un signe qui soit la punition de son incrédulité en même temps qu'il en devait être le remède, l'ange ajoute :

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