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VII

Jésus s'en retourna près du lac de Génésareth. Là, on lui présenta un homme qui était sourd et muet, le priant de lui imposer les mains; il le tira de la foule, et le prenant à part, il lui mit ses doigts dans les oreilles, et de la salive sur la langue, puis levant les yeux aux ciel, il jeta un soupir, et lui dit : « Ephpheta, » qui veut dire, en langue syriaque, ouvrez-vous et déliez-vous. Les oreilles de cet homme furent aussitôt ouvertes et sa langue fut déliée, en sorte qu'il entendit et parla. Jésus défendit à ceux qui furent témoins de cette guérison miraculeuse d'en parler à personne; mais plus il le leur défendait, plus ils la publiaient.

Le Sauveur monta ensuite sur une montagne où le peuple lui amena plusieurs malades, et il les guérit.

Les assistants rendaient gloire à Dieu des prodiges qu'ils voyaient, et ils ne pouvaient se lasser de suivre celui qui accompagnait de tant de miracles la doctrine salutaire qu'il enseignait. Il semblait qu'ils avaient oublié le soin de manger, et le Sauveur, qui connaissait leurs besoins, dit un jour à ses disciples: « J'ai une grande compassion de ce peuple, parce qu'il y a déjà trois jours qu'il est avec moi, et il n'a rien à manger; je ne veux pas le renvoyer à jeun, de peur qu'il ne tombe en défaillance sur les chemins; car il y en a parmi eux qui sont venus de loin. - Comment, dirent ses disciples, pourrions-nous trouver en ce lieu désert assez de pains pour rassasier une si grande multitude de personnes? » Il leur demanda combien ils avaient de pains, ils lui dirent qu'ils en avaient sept, avec quelques petits poissons. Il fit asseoir tout le peuple, bénit et fit distri

buer les sept pains et les poissons; et il en nourrit et rassasia quatre mille personnes, en sorte qu'on rapporta encore sept corbeilles pleines de morceaux qui étaient restés.

Dès qu'il eut renvoyé la foule, il passa l'eau avec ses disciples, et alla dans le pays de Dalmanutha, à l'orient du lac de Généraseth, entre Gérasa et Corozaïn, sur les confins de Magedan. Les pharisiens et les saducéens l'y vinrent trouver pour le tenter, et lui demandèrent de nouveau qu'il leur fît voir quelque prodige dans l'air; mais, au lieu de faire ce qu'exigeaient de lui ces incrédules et ces opiniâtres, qui refusaient de se rendre à tant de miracles dont ils étaient témoins, il leur reprocha qu'ils savaient bien prédire par les différents changements de l'air s'il ferait chaud ou froid, si on aurait de la pluie ou du beau temps, et qu'ils ne savaient pas discerner ce qui est juste, ni reconnaître à tant de marques visibles que le temps bienheureux de l'avénement du Messie était arrivé. Puis, il répéta ce qu'il avait déjà répondu autrefois à une parcille demande : « Cette nation corrompue. et adultère demande un signe et un prodige, et il ne lui en sera point donné d'autre que celui du prophète Jonas. » Il les quitta ainsi et repassa l'eau avec ses disciples, à qui il dit : « Ayez soin de vous bien garder du levain des pharisiens et des saducéens, et du levain d'Hérode. ». Les apôtres crurent qu'il leur parlait de levain, parce qu'ils avaient oublié de prendre des pains avec eux, et qu'ils n'en avaient qu'un dans la barque. Sur quoi, il les reprit fortement de leur peu de foi, du peu de réflexion qu'ils faisaient sur tout ce qu'ils voyaient, de l'aveuglement de leur cœur, qui les empêchait de comprendre tout ce qui se faisait en leur présence et d'en profiter, enfin de ce qu'ils oubliaient si promptement tout ce qu'ils avaient vù. Il leur demanda combien il était resté

de paniers des cinq pains dont il avait nourri cinq mille hommes, et des sept dont dont il en avait rassasié quatre mil'e; et il leur fit comprendre qu'au lieu de s'occuper l'esprit, comme ils faisaient, d'un pain qui ne nourrit que le corps, et de leurs besoins temporels, ils devaient écouter avec attention les vérités spirituelles qu'il leur enseignait sous le nom et le voile des choses naturelles, et concevoir ainsi que le levain dont il leur parlait était la doctrine corrompue des pharisiens et des saducéens.

Ils arrivèrent à Bethsaïde, où on lui présenta un aveugle qu'on le pria de toucher; il le prit par la main, et l'ayant mené hors de la ville, il lui mit de sa salive sur les yeux. lui imposa les mains, et lui demanda s'il voyait quelque chose. L'aveugle lui répondit qu'il voyait marcher des hommes qui lui paraissaient comme des arbres. Le Fils de l'homme lui mit encore une fois la main sur les yeux; l'aveugle commença à mieux distinguer les objets et recouvra entièrement la vue. Après quoi, Jésus le renvoya chez lui, avec défense de dire à personne ce qui lui était arrivé.

CHAPITRE VII

Saint Pierre confesse la divinité de Jésus.

disciples.

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Il est transfiguré sur une montagne. sédé lunatique et muet. - Il prédit sa mort.

-

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de ses disciples. - Règles qu'il donne pour corriger et pour pardonner.

Il guérit dix lépreux. 11 enseigne dans le temple. - Il sauve la vie à une femme adultère. Il continue d'enseigner dans le temple.

- Il rend la vue à un aveugle-né. Le bon pasteur.

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Le Sauveur partit de là avec ses disciples, et remontant vers la source du Jourdain, il s'en alla dans les villages proches de Césarée de Philippe, ville située sur le même fleuve, dans la partie septentrionale de la Galilée. Il leur demanda en chemin ce que les hommes disaient de lui; ils répondirent que les uns le prenaient pour Jean-Baptiste, les autres pour Elie, d'autres pour Jérémie, et d'autres enfin pour quelqu'un des prophètes qui serait ressuscité. « Mais vous, leur dit-il, que dites-vous que je suis? » Pierre prit la parole et lui répondit : « Vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant. >> Sur quoi, Jésus lui dit : « Vous êtes bienheureux, Simon, fils de Jean, parce que ce n'est point la chair et le sang qui vous ont révélé ce que vous venez

de dire, mais mon Père qui est dans le ciel. Et moi aussi, je vous dis que vous êtes Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, et les portes de l'enfer ne prévaudront point contre elle. Je vous donnerai les clefs du royaume du ciel, et tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel. >>

Jésus défendit ensuite à ses apôtres de publier qu'il était le Fils de Dieu, et il commença à leur parler de ce qu'il devait endurer comme Fils de l'homme. Il leur découvrit qu'il fallait qu'il allât à Jérusalem, qu'il y fût rejeté par les magistrats, par les prêtres et par les docteurs, qu'il y souffrit beaucoup, qu'il fût mis à mort, et qu'il ressuscitât le troisième jour. Pierre, qui aimait tendrement Jésus-Christ, ne put souffrir ce discours; il tira son Maître à part et lui dit : « Ah! Seigneur, à Dieu ne plaise, cela ne vous arrivera point. » Mais Jésus reprit celui qui se mêlait de lui donner des conseils, et qui, l'aimant d'une affection trop humaine, n'était pas encore capable de pénétrer les desseins de Dieu; c'est pourquoi il lui dit, en présence des autres disciples : « Retirez-vous de moi, Satan, vous m'êtes à scandale, parce que vous n'avez point de goût pour les choses de Dieu. >> Tout ceci s'était passé en particulier entre JésusChrist et les apôtres; mais il appela alors le peuple, et commenca à annoncer devant tout le monde des vérités que Pierre n'avait pas comprises quand il avait voulu le détourner de mourir : car il déclara publiquement que, pour le suivre, il faut renoncer à soi-même et porter sa croix tous les jours; que se perdre pour l'amour de lui et de l'Evangile, c'est se sauver; que vouloir se sauver autrement, c'est se perdre, et qu'il ne sert de rien de gagner tout le monde si l'on se perd soi-même. Qu'un jour il viendra lui-même, dans sa gloire, rendre à chacun selon

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