Page images
PDF
EPUB
[merged small][merged small][ocr errors][merged small]

SUR l'ordonnance de 1669, comme cause principale dit dépérissement des forêts, et sur les moyens pratiques de les améliorer; avec des réflexions sur les plantations particulières.

La diminution générale des bois en Europe, et particulièrement en France, où le prix devenu excessif commence à faire sentir la disette prédite depuis si long-temps, doit faire prendre les moyens d'en arrêter les dégradations, et d'en opérer le rétablissement d'une manière prompte et efficace.

Le gouvernement a prouvé toute sa sollicitude à cet égard, en régénérant les administrations forestières. Sans doute avec des moyens répressifs, il est facile de faire cesser les déprédations causées par les suites inévitables d'une grande révolution; mais la cause principale du dépérissement de nos forêts tient à un vice dans l'exploitation et plus particulièrement dans la manière de les emménager, et le vice ne me paraît pas être encore bien

connu.

La propriété des forêts ayant toujours été réservée aux

souverains, et les plantations de moindre étendue à leurs grands vassaux, ou aux gros propriétaires; le reste des citoyens dont la plupart ne tiennent les terres labourables qu'à titre précaire, ne se sont jamais occupés que de la culture des productions annuelles; telles que le bled, la vigne, etc. que l'intérêt personnel a trouvé moyen de perfectionner.

soit

par

l'om

Les bois au profit desquels ils se regardaient comme étrangers, n'ont jamais été envisagé par eux, que comme un objet nuisible à leurs récoltes; brage des grands arbres, soit par les accrues, soit enfin par le gibier qui dévorait leurs moissons à de grandes distances.

La culture des bois a donc dû être extrêmement négligée, et par conséquent peu connue cette ignorance et ces préjugés existent encore dans toute leur force.

que

Dans les tems les plus reculés de la monarchie, moins de consommation en tout genre, laissant toujours les forêts emménagées au-delà des besoins; il n'y avait à cet égard aucun sujet d'inquiétude; aussi les premiers réglemens bien connus, ne datent du treizième siècle; et ce né fut que sous Philippe-le-Bel, que les administrations forestières ont été créées sous la dénomination de maîtrise des eaux et forêts: mais sans autre but, que d'augmenter les revenus de la couronne et de se conserver exclusivement les plaisirs de la chasse.

Depuis cet époque, les administrations ont toujours conservées le même titre, et les réglemens ont été modifiés d'après des circonstances particulières, ou par le caprice des ministres, ou par l'intérêt particulier des maîtrises.

Après l'entière civilisation de l'Europe, et plus particulièrement depuis la découverte de l'Amérique ; la nécessité des constructions navales ayant fait sentir l'im

portance des forêts, toutes ont été régies dans l'intention
de conserver: mais faute d'observations
des moyens

souvent destructeurs et mème contraires au but qu'on se
proposait, ont été employés.

limité

L'ordonnance de 1669 qui n'est que la confirmation de celle de 1573, en est une preuve convaincante. Le but qu'on se proposait, en ordonnant de réserver la majeure' partie des forêts en massifs de futaie sans aucun tems pour les coupes, était d'assurer à la France des bois de constructions de toutes espèces, et pour tous les temps; mais les auteurs de ce projet n'avaient pas réfléchi, que dans le plan de la nature, ses productions ont un terme au-delà duquel elles doivent nécessairement finir, et que les ètres vivants ou végétants, sont plus particulièrement soumis à cette loi; que dans tous les animaux il existe une cause de mort naturelle , indépendante de

toute maladie ou autre accident.

Les personnes un peu instruies, savent qu'en supposant dans l'homme une vie exempte même d'infirmités, en avançant en âge, les m... lages se durcissent et deviennent cartilagineux, les cartilages osseux ; qu'enfin. les os parvenus à un dégré de densité qni intercepte a circulation des sucs nourriciers dans toutes les parties du corps, amènent une mort nécessaire.

les

La même cause et les mêmes effets existent pour arbres parvenus à un période où les couches ligneuses ayant acquises la plus grande densité possible, la sève no circulant alors, qu'autant qu'il faut pour produire au printems quelques feuilles languissantes, ils se couronnent insensiblement; et ne conservant plus au bout de peu d'années, qu'un reste de sève sans circulation, ils finissent par se corrompre.

J'ai eu occasion d'observer plusieurs fois dans la forêt de Compiègne, lors de l'exploitation de ces parties con

[ocr errors]

aues sous le nom de bois sur le retour; et sur beaucoup d'arbres de la même espèce, qui sont souvent renversés ou rompus par les ouragans; que des chênes d'environ 80 pieds de hauteur sur une grosseur qui dans ces anciennes futaies, n'est jamais proportionnée à cette même hauteur, étaient non pas défectueux par place, mais généralement d'une teinte rembrunie tirant sur le gris, et dans certains, cette même teinte tirant sur le rouge et comme imperceptiblement marbrée; (ce qui annonce dans ces derniers un plus grand degré d'altération) que ces bois sont extrêmement tendres, et ne présentent aucune solidité pour les constructions en général, et sont absolument incapables d'être employés pour la marine.

[ocr errors]

J'ai vu beaucoup de marchands qui avaient exploités de ces réserves, et un très grand nombre d'ouvriers qui tous m'ont assuré que mes observations étaient conformes à ce qu'ils avaient toujours vu eux-mêmes; ce qui doit paraître d'autant moins étonnant, qu'il y a dans ces coupes des parties qui ont deux cents ans et même beaucoup plus.

Or, il est facile de concevoir que l'âcreté des sels Contenus dans la sève, et que l'humidité intérieure maintient dans l'état de dissolution, se trouvant faute de circulation, fixés dans les interstices des couches ligneuses et dans les tuyaux capilaires, en détruisant l'élasticité de ces couches, doit nécessairement opérer ce premier degré de composition.

Une preuve certaine, que cet effet ne peut être attribué à d'autres causes, c'est que la forêt de Villert-Cottret qui tient à celle de Compiegne, et qui était dans l'apanage du duché de Valois, possédée par la maison d'Orléans qui en a toujours fait les coupes à des tems beaucoup plus approchés, quoiqu'exploitée en massifs de futaie, n'offre que très-peu de sujets semblables. D'ailleurs, l'expérience

pu

démontre que dans ces réserves, il périt insensiblement une très-grande quantité d'arbres qui dégarnissent le terrein; parce que sa qualité ou son peu de profondeur dans ces endroits, n'a fournir assez de sucs propres à leur nature pour les faire subsister plus long-tems; ce qui, joint aux ouragans, forme des clarières qui suivant leurs positions respectives, exposent aux rayons du soleil les arbres restant, auxquels ils donnent des directions différentes de celles qu'ils avaient primitivement, dans les tems où plus serrés, l'action de l'air et du soleil qui ne pouvait avoir lieu que sur leurs cimes, les attiraient perpendiculairement; et l'on ne peut douter, que cette action continuelle qui fait monter la sève avec vitesse " vers cette partie, ne soit la cause immédiate de la disproportion de la grosseur de ces arbres avec leur hauteur.

D'abord, il est constant que les arbres qui ont cru en futaie pendant long-tems, ne croissent plus, ou du moins très-peu, quand ils se trouvent exposés à l'air. Or, si l'on fait attention que leur grosseur n'est jamais proportionnée à leur hauteur, on se convaincra facilement, qu'ils doivent céder sans peine aux efforts des vents qui règnent le plus constamment dans notre climat, tels que ceux du Sud-Ouest et de l'Ouest : ce qui leur donne nécessairement une courbure qui rend les couches ligneuses excentriques, et occasionne par conséquent la rareté des pièces de longueur dont on se plaint depuis si long-tems: car en supposant un chêne de 80 pieds de hauteur, si l'excentricité de ses couches commence à 20 ou 25 pieds, on est forcé de le scier à cette longueur, pour tâcher de retrouver une seconde ligne droite au bout de laquelle il faut encore faire la même opération, de sorte que les plus grands arbres ne fournissent que de Courtes pièces.

« PreviousContinue »