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principal qui part directement de la base de la lame et se prolonge dans toute sa longueur, en se tenant à égale distance des deux bords, de manière à la partager en deux portions égales. Les nervures sont des faisceaux très-marqués qui naissent de la base de la lame ou de la côte, et se portent, en divergeant, de l'un et de l'autre côté. Les veines sont des filets déliés qui, partant de la côte et des nervures, se ramifient dans toute la lame et s'anastomosent çà et là. Les veinules sont des filets encore plus déliés que les veines. Des ramifications vasculaires marquent les sinuosités, les découpures, les dents de la feuille. Quelquefois elles se prolongent en épines au delà du tissu cellulaire, mais plus ordinairement celui-ci semble céder à la force d'expansion des ramifications vasculaires, et il s'étend avec elles.

Différentes causes empêchent ou favorisent le développement du tissu cellulaire et modifient le contour des feuilles : mais la disposition des nervures est toujours la même, et la seule différence qu'on y remar que, est qu'elles s'alongent plus ou moins, selon que le bord de la lame s'étend ou se resserre davantage, comme on le voit dans le mûrier à papier, plusieurs chênes, etc.

La côte, les nervures, les veines, les veinules sont composées de trachées, de fausses trachées, de vaisseaux poreux qui se terminent à leur extrémité en un tissu cellulaire très-alongé. Ces vaisseaux contiennent des sucs épais et colorés dans les liserons, les euphorbes, etc.

La face supérieure de la lame est ordinairement lisse et luisante; les nervures y paraissent, mais n'y produisent pas d'eminences. La face inférieure, au contraire, est velue, inégale, chagrinée, relevée de nervures et quelquefois rude et raboteuse. Elle est souvent d'un vert moins foncé que n'est la surface supérieure. Cette différence des deux faces est, en général, plus prononcée dans les arbres que dans les herbes.

Lorsque les filets vasculaires, destines à pénétrer dans la lame, s'épanouissent immédiatement au sortir de la tige, la feuille, dépourvue de petiole, est sessile, selon l'expression des auteurs. Si les filets vasculaires partent de plusieurs points rangés en anneau autour de la tige, la feuille forme nécessairement une gaine à sa base. Quelquefois le petiole est roulé en gaine, tandis que Ja lame offre une surface planc. Telles sont

les feuilles des graminées. Entre la feuille simple, dont le contour uniforme n'est tourmenté ni par des angles ni par des sinuosités, et la feuille composée, dont le contour, revenant sans cesse sur lui-même, divise la lame en une multitude de folioles, on trouve des nuances sans nombre, qui ne permettent pas d'assigner, d'une manière précise, où finissent les feuilles simples, où commencent les feuilles composées. Il y a des feuilles qui sont découpées à leur bord en dents aiguës ou en crénelures arrondies; d'autres qui sont entamées par des échancrures plus ou moins profondes; d'autres qui sont partagées presque jusqu'à leur côte moyenne, ou jusqu'à leur base, en lobes plus ou moins larges; d'autres qui sont divisées en folioles, et qui out en outre des pétioles articulės. Parmi les feuilles composées, il en est dont le pétiole principal porte immédiatement les pétiolules, et par conséquent les folioles ; d'autres dont le pétiole se subdivise une fois, deux fois, trois fois, quatre fois même, avant de produire les pétiolules.

Le rachis est quelquefois articulé au point de départ des folioles, quand celles-ci sont disposées par paires. Les vrilles qui terminent certaines feuilles composées sont produites par le rachis, prolongé au delà des dernières folioles. Ces vrilles pétioléennes portent des ramifications disposées comme des folioles, les unes à l'égard des autres ; c'est ce qu'on observe dans le pois.

En général, les feuilles ont si peu d'épaisseur, que l'on peut dire qu'elles sont tout entières en surface; mais ce caractère admet des exceptions notables, car il y en a d'épaisses, façonnées en aiguille, en épée triangulaire, etc. Enfin il s'en rencontre de creuses, qui offrent peu de substance, eu égard à leur grand volume.

Les feuilles primordiales, c'est-à-dire celles qui existent déjà toutes formées dans la graine, et qui sont les premières à se développer dans la germination, diffèrent quelquefois, par leur forme et leur position, des feuilles qui se développent dans un âge plus avancé. Ainsi les feuilles primordiales du haricot sont opposées deux à deux par leur base et n'ont qu'une foliole : les autres feailles en ont trois. Dans certaines espèces, les feuilles sont sujettes à varier sur un même individu, selon qu'elles naissent des racines, des tiges, des branches ou des rameaux. Le broussonetia, ou mûrier à papier, porte des

feuilles en cœur, d'autres à deux lobes, d'autres à trois. Dans beaucoup de plantes aquatiques, telles que la renoncule aquatile, le macre ou trapa natans, etc., les feuilles varient selon le milieu où elles se developpent: les supérieures, qui surnagent ou même s'élèvent au dessus de l'eau, ont une lame pleine, composée de nervures sailiantes, de veines réticulées, et de tissu cellulaire remplissant les mailles du réseau vasculaire; les inférieures, qui sont plongées dans l'eau, ont des nervures presqu'entiérement dépourvues de tissu cellulaire, et elles semblent avoir été découpées avec un scalpel. Presque toujours les feuilles des herbes vont se rapetissant de la base au sommet de la tige. Quelques plantes n'offrent, en guise de feuilles, que des écailles, comme l'hypociste, le lathraea; d'autres n'offrent que des gaines, comme les ephedra, les casuarina; mais la cuscute est tout-à-fait dépourvue d'organes comparables à des feuilles. Les cierges, les stapelia, etc., semblent aussi privés de feuilles, mais ce n'est que parce que ces dernières sont fort petites et tombent de très-bonne heure.

La disposition des feuilles est telle, que les plus voisines ne sont jamais placées les unes au dessus des autres, et cela provient de ce que la naissance de chaque feuille détermine une déviation dans les vaisseaux de la tige ou de la branche.

On peut ramener à trois modes la disposition de toutes les feuilles. Elles sont alternes, opposées ou verticillées. Les feuilles alternes naissent une à une sur la tige, en décrivant une ligne spirale. Les feuilles opposées sont attachées par paires et naissent depoints diametralement opposés. Les feuil. les verticillées sont rassemblées de distance en distance au nombre de plus de deux, et partent de la circonférence de la tige en rayons divergents.

Les feuilles engaînantes des monocotyledones s'alongent par leur base, et leur som met ne prend aucun accroissement. Les autres feuilles, à quelque classe qu'elles appartiennent, grandissent encore quelque temps par leur sommet, après que leur base a cessé de croître.

Les stipules sont des appendices membraneux ou foliaces de formes diverses, qui accompagnent assez souvent les feuilles, et qui naissent, pour l'ordinaire, en nombre de deux à leur base, comme dans le pois, l'épine vinette, etc.

Les feuilles remplissent dans l'atmosphère les mêmes fonctions que les racines dans la terre; on les a donc nommées avec raison des racines aériennes. Ce sont aussi des espèces de poumons; car les fluides contenus dans le végétal se portent dans les nervures des feuilles, et y subissent, par le contact de l'air ambiant, des élaborations qui les rendent propres à la nutrition. Mais il est à propos d'observer que la respiration des plantes, ne produisant pas de combustion comme la respiration des animaux, n'élève point leur température, qui reste à peu près la même que celle du sol, dans lequel leurs racines sont enfoncées. Les poils, et ce qu'on nomme les glandes miliaires, paraissent être autant de suçoirs au moyen desquels les gaz et les fluides sont introduits dans le tissu des feuilles. Les feuilles des arbres reçoivent et aspirent, par leur face inférieure, les vapeurs aqueuses qui s'élèvent de la terre. Les feuilles des herbes, plus voisines du sol, et tout entières plongées dans une atmosphère humide, pompent indifféremment leur nourriture par l'une et l'autre face. Si l'on pose des feuilles d'arbre sur l'eau par leur face inférieure, elles se conservent saines pendant plusieurs mois; mais, si on les pose par leur face supérieure, elles sc fanent en peu de jours. Les feuilles des herbes se conservent long-temps saines dans les deux positions.

Les feuilles, aussi bien que les autres parties vertes soumises à l'influence des rayons solaires, décomposent le gaz acide carbonique qu'elles reçoivent des racines, ou qu'elles enlèvent à l'atmosphère, retiennent tout le carbone, et rejettent presque tout l'oxygène ; alors le carbone forme du bois, des résines et autres matières combustibles. Les phénomènes sont tout autres à l'obscurité. Les feuilles, au lieu d'exhaler de l'oxygène, en enlèvent à l'atmosphère, et le remplacent par un volume égal de gaz acide carbonique. Dans ces circonstances, les composés saccharins se produisent, et les végétaux s'alongent plus qu'ils ne se fortifient. Il est certain, cependant, qu'alors même les feuilles décomposent du gaz acide carbonique, mais pas en quantité suffisante pour les besoins de la végétation. Par cette raison, les plantes qui végétent à l'ombre sont faibles et décolorées.

Lorsque l'air est sec, les feuilles lui cèdent une partie des fluides qu'elles contiennent, et il s'établit une transpiration

plus ou moins abondante, qui, par le vide momentané qu'elle occasione, contribue beaucoup à l'ascension de la séve; lorsqu'au contraire l'air est chargé d'humidité, les feuilles s'imbibent, et la séve devient stationnaire, ou même elle rétrograde dans les vaisseaux.

Aux approches du printemps, avant que les végétaux ligneux aient pris leurs feuilles, les vaisseaux sont gorgés de séve, et le premier effort de ce fluide nourricier fait ouvrir les boutons et alonger les branches. A cette époque, les végétaux ne croissent pas encore en épaisseur; mais, quand les feuilles sont développées, l'alongement des branches s'arrête, et le tronc, aussi bien que ses ramifications, commence à grossir. Si, dans ces circonstances, on supprime les feuilles, la séve se porte vers les boutons, qui ne devaient bourgeonner que l'année suivante; ils s'alongent tout d'un coup, et la croissance en grosseur est suspendue.

ce genre que Linnée désigne sous le nom de sommeil des plantes, Les feuilles, en cet état, éprouvent une véritable contraction. Si l'on essaie de les étendre, on sent une légère résistance; et, dès qu'on les abaudonne à elles-mêmes, elles reprennent leur position.

La plupart des physiciens pensent que l'irritabilité organique est la cause de ce phénomène ; mais en même temps ils croient que certains agents extérieurs se comportent comme stimulants. Linnée, considérant l'accord du mouvement des feuilles avec le mouvement diurne de la terre, juge que l'absence de la lumière est la cause occasio nelle du sommeil des plantes. M. de Candolle plaça, dans un caveau, des mimosa et autres plantes à feuilles composées : il les priva de lumière pendant le jour, les éclaira fortement pendant la nuit, et obtint ce curieux résultat, que quelques-unes changèrent insensiblement les heures de leurs veilles et de leur sommeil, de telle sorte qu'elles firent de la nuit le jour, et du jour la nuit. Mais ce qui montre bien que la lumière n'est ici qu'une cause secondaire, c'est que d'autres persistèrent dans leurs habitudes, et veillèrent et sommeillèrent aux mêmes heures que celles de leurs espèces qui végétaient en plein air.

La suppression des feuilles arrête la transpiration, ou du moins la ralentit considérablement. Les arbres transplantés pendant la végétation périssent presque toujours, parce que leurs racines, meurtries et déchirées, ne peuvent aspirer une séve suffisante pour fournir à la dépense des feuilles, et que, par conséquent, le tissu se dessèche. Si donc, avant la transplantation, on sup- · Les feuilles ont d'autres mouvements prime la lame des feuilles, la déperdition d'irritabilité auxquels la lumière n'a aucune n'est plus à beaucoup près aussi forte, el part. Lorsque le voyageur parcourt les sales arbres, non-seulement ne périssent pas, vanes de l'Amérique, où croît en abondance mais même nouent leurs fruits. le mimosa pudica, les feuilles de cette legumineuse, agitées au loin par sa marche, s'inclinent vers la terre et semblent se faner; mais les articulations, au lieu d'être flasques, sont au contraire dans un état de raideur. Une secousse, une égratignure, la chaleur, le froid, les agents chimiques ont une action marquée sur ce végétal. Le temps nécessaire à une feuille pour se retablir varie suivant la vigueur de la plante, l'heure du jour, la saison et les circonstances atmosphériques. Le balancement d'une voiture fait d'abord fermer les feuilles; mais, quand elles sont, pour ainsi dire, accoutumées à ce mouvement, elle se rouvrent et ne se ferment plus.

Si l'on abaisse l'extrémité supérieure d'une branche vers la terre, de manière que la face inférieure des feuilles regarde le ciel, elles se contourneront sur leur petiole, et reprendront la position qui leur est naturelle. Le retournement des feuilles s'opère la nuit comme le jour, mais il est plus prompt à la lumière. En général, la position des fenilles n'est pas précisément la même pendant la nuit que pendant le jour. Cette différence est bien marquée, surtout dans les plantes à feuilles composées avec articulations. Quand le soleil se lève, les folioles de l'acacia s'étendent horizontalement; à mesure que la chaleur et la lumière deviennent plus vives, elles se redressent, et, au milieu du jour, elles pointent vers le ciel; mais, quand le soleil est sur son déclin, elles s'abaissent, et, durant la nuit, elles sont tout-àfait pendantes. D'autres espèces offrent d'autres positions; ce sont les phénomènes de

L'hedysarum gyrans, autre légumineuse du Bengale, a des feuilles composées de trois folioles : l'une est grande et terminale, les deux autres sont petites et latérales. La grande n'a qu'un mouvement de ginglyme, qui parait dépendre de l'action

de la lumière; les petites ont un double mouvement de ginglyme et de torsion, qui s'exécute sans l'intervention apparente d'un stimulant extérieur. Elles tournent continuellement sur leur charnière. Les mou vements sont brusques, interrompus, irréguliers. En même temps qu'elles se meuvent de haut en bas, elles se rapprochent ou s'éloignent de la grande foliole. Quelquefois l'une est en repos, tandis que l'autre s'agite. Cette irritabilité est indépendante de la plante-mère; car la feuille détachée de la tige continue à en donner des marques. Chaque foliole même, fixée par son petiole particulier sur la pointe d'une aiguille, se balance encore. Enfin, le pétiole isolé laisse apercevoir un reste d'irritabilité.

La feuille du dionæa muscipula a deux lobes réunis par une cóte médiane faisant fonction de charnière. Quand un corps quel conque, un insecte par exemple, touche la face supérieure de ces lobes, ils se rapprochent et saisissent l'animal qui les irrite. De là le nom d'attrape-mouche, donné à cette plante de l'Amérique septentrionale. On observe que tous ces mouvements s'exécutent mieux quand le ciel est pur, la lumière vive, la température élevée. L'extrémité supérieure des feuilles du nepenthes est façonnée en un vase pourvu de son couvercle. Le vase se remplit d'une liqueur que distille sa paroi interne; le couvercle tantôt s'ouvre, tantôt se ferme, selon l'état de l'atmosphère.

Les lois de la mécanique n'expliquent qu'imparfaitement ces phénomènes. L'irri tabilité animale se manifeste surtout dans la fibre musculaire, laquelle est toujours accompagnée de filets nerveux; mais les plantes n'ont point de muscles et de nerfs, et l'on ignore jusqu'ici dans quelle partie de leur tissu réside la force contractile qui fait mouvoir les feuilles.

La mort des feuilles est, sans doute, la cause principale de leur chute. Le développement des boutons, la formation du bois, la chaleur, la sécheresse, les frimas, etc., en accélèrent l'époque.

Il est des espèces dont les rameaux sont chargés, en tout temps, de feuilles vertes et vivantes. Ces espèces abondent en sucs resineux et huileus; l'épiderme de leurs feuilles est épais et dur. Les filets vasculaires du petiole et les nervures de la lame acquièrent la rigidité du bois. Les pins, les Tume 11.

myrtes, les lauriers, etc., appartiennent à cette classe. Si ces végétaux sont toujours verdoyants, ce n'est pas que leurs feuilles ne tombent à la longue; mais c'est que les jeunes sont déjà développées quand les anciennes se détachent. Les feuilles des herbes ne se séparent point de la tige; elles meuM...L. rent en même temps qu'elle.

FEUILLÉE (Louis), religieux minime, astronome et botaniste célèbre, un des voyageurs qui ont le plus contribué à l'avancement de l'astronomie, de la géographie et même des différentes parties de l'histoire naturelle, né à Mane, près de Forcalquier, en 1660, mort à Marseille en 1732, a laissé les ouvrages suivants, qui sont le fruit de ses rccherches longues et périlleuses dans l'Amérique méridionale et dans les Indes: Journal des observations physiques, mathématiques et botaniques, faites sur les côtes orientales de l'Amérique méridionale et dans les Indes occidentales de 1707 à 1712, Paris, 1714, 2 vol. in-40; Suite du Journal des observations physiques, etc., faites à la Nouvelle-Espagne et aux iles de l'Amérique, Paris, 1725, in-40 : cette suite est terminée par une Histoire des plantes médicinales qui sont les plus d'usage aux royaumes du Pérou et du Chili, composée sur les lieux par ordre du roi, en 1709, 1710 et 1711.

* FEUILLET (NICOLAS), chanoine de Saint-Cloud, célèbre au 17e siècle par son esprit et son rigorisme, a écrit une Histoire de la conversion de Chanteau, Paris, 1712, 1 vol. in-12. On a en outre de lui plusieurs Lettres, et une Harangue à la reine d'Espagne. Cet ecclésiastique était animé du plus grand zèle pour la religion, et s'efforcait, sans relâche, d'y ramener les incrédules: c'est ce qui a donné lieu au vers suivant de Boileau :

Et laissez à Feuillet réformer l'univers.

* FEUILLET (MADELEINE), nièce du précédent, employa ses loisirs à la composition de différents ouvrages de piété qui eurent du succès, et parmi lesquels on distingue : Sentiments chrétiens, etc., publiés à Paris vers 1689, in-12; Concordance des prophéties avec L'Évangile, Paris, 1689, in-12; les Quatre fins de l'homme, ibid., 1694, in-12; l'Ame chrétienne soumise à l'esprit de Dieu, ibid., 1701, in-12. Elle a, en outre, traduit du latin les deux ouvrages suivants du jesuite Drexelius: la Voye qui conduit au ciel, Paris, 1684, in-12; l'Ange gardien, ibid., 1691, in-12.

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* FEUILLIE ou FEULIE, acteur comique, débuta à la comédie française en 1764, obtint un brillant succés et mourut en 1774, au moment où il promettait de devenir le digne successeur de Préville.

berté avec laquelle il s'était exprimé sur le compte de plusieurs officiers-généraux alors en crédit. On conçoit que cette inactivité dut lui être bien pénible dans un âge où il avait encore toute sa vigueur, et lorsqu'il pouvait espérer de parvenir au premier rang de l'armée, en raison de son expérience, de ses services et de ses talents reconnus. Il chercha à s'en consoler en suivant dans sa retraite les opérations de la guerre à laquelle il ne lui était pas permis de prendre part, en recueillant d'utiles matériaux, et eu écrivant, pour l'instruction de son fils et des jeunes militaires, des Mémoires qui parurent pour la première fois après sa mort (arrivée en 1711), sous le titre de: Mémoires sur la guerre, Amsterdam, 1731, in-12, réimprimés ensuite dans la même ville et à Paris. La 4e edition, faite sur le manuscrit de l'auteur par les soins de son neveu, a été publiée à Paris, 1770, 4 vol. in-4° et in-12 avec cartes et planches, et la vie de Feuquières en tête, écrite par son frère, qui avait été le témoin d'une grande partie de ses travaux guerriers. Ces Mémoires doivent être mis au nombre des meilleurs livres qui aient paru sur l'art militaire; on y trouve de bons jugements et une grande liberté d'opinion sur les opérations du temps: les causes diverses des eveneinents de la guerre de 1701 y sont développées avec une grande sagacité; mais parfois l'auteur s'y montre trop sévère et partial envers plusieurs de ses anciens com. pagnons d'armes.

* FEUQUIÈRES (MANASSÈS DE PAS, marquis de), lieutenant-général sous Louis XIII, né à Saumur en 1590, servit avec distinction au siége de La Rochelle, et contribua à la prise de cette ville par les intelligences qu'il avait dans la place. Envoyé en Allemagne en qualité d'ambassadeur après la mort de Gustave-Adolphe, il releva le courage des Suédois et forma avec eux un traité d'alliance qui fut très-utile à la France. Louis XIII lui donna, pendant la campagne de 1637, les temoignages les plus flatteurs de sa confiance, et le chargea en 1639 du siége de Thionville Feuquières fut attaqué dans ses retranchements, eut un bras casse et fut fait prisonnier après avoir soutenu courageusement deux attaques dans la même journée. Neuf mois s'écoulèrent à négocier sa rançon, et Feuquières mourut en 1640, au moment où il allait recouvrer la liberté. On a de lui: Lettres et négociations du marquis de Feuquières, ambassadeur du roi en Allemagne en 1633 et 1634, Amsterdam (Paris), 1753, 3 vol. in-12. - FEUQUIÈRES (Isaac de PAS), fils aîné du précédent, lieutenant-général, gouverneur de Toul et de Verdun, fut successivement chargé de diverses ambassades en Allemagne, en Suède et en Espagne, et mourut à Madrid en 1688.-FEUQUIÈRES (Antoine de PAs, marquis de), fils aîné d'Isaac de Feuquières, né à Paris en 1648, entra au service à l'âge de 18 ans dans le régiment du roi, fut aide-de-camp du maréchal de Luxembourg, son parent, pendant la campagne de 1672 et 1673, devint colonel du régiment royal-marine, à la fin de 1674, se distingua à la tête de ce corps, sous les ordres du célèbre Turenne, obtint ensuite un autre régiment qui prit son nom, puis fut nommé brigadier en 1688, mare chal-de-camp l'année suivante, et lieutenant-général en 1693. Tous ces grades furent le prix de la valeur et des talents militaires les plus distingués. Feuquieres cut une très-in-12; Robinson Crusoé, nouvelle imitation grande part au mémorable succès de Nerwinde, où le maréchal de Luxembourg commandait l'armée française. La paix de Ryswyck mit fin, en 1697, à la carrière militaire de ce général distingué. Il ne fut pas employé dans la guerre qui recommença en 1701, et sa disgrâce fut attribuée à la li

FEUTRY (AMÉ - AMBROISE - JOSEPH ), homme de lettres, né à Lille en 1720, se fit recevoir avocat au parlement de Donai, se livra ensuite entièrement à la culture des lettres, et mourut en 1789. On a de lui un grand nombre d'ouvrages en vers et en prose, des traductions de l'anglais et du hollandais. Nous citerons parmi ces productions : Épitre d'Héloïse à Abailard, en vers, imitée de Pope, 1751; le Temple de la mort, poème, 1753; Ode aux nations, 1754; les Tombeaux, poème, 1755; Mémoires de la cour d'Auguste (tirés de Blakwell et de J. Milss), 1768 et 1781, 3 vol.

de l'anglais, 1766, 2 vol. in-12; 4e édition, 1788, 3 vol. in-12; Opuscules poétiques et philologiques, La Haye (Paris), 1771, in-8o ; Nouveaux opuscules et suppléments, Dijon, 1779, 2 vol. in 8°; Supplément à l'art du serrurier, traduit du bollandais de J. Botterman, Paris, 1781, in-fol., fig. On trouve

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