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longée davantage, on concevra facilement vent à consommer leur acte de folie. Et comment a lieu la démence des épilepti- qu'on ne vienne pas dire que les préparatifs ques. La texture des fibres de leurs cer- médités depuis long-temps, la manière veaux sera altérée, et le mouvement ou les dont ils ont éludé l'attention ou la surveilfonctions de cet organe seront détruits. lance de leurs amis, les moyens pour C'est justement la démence. Nous ne pou- teindre leur but, parfaitement bien imaginés vons pas examiner ici toutes les espèces de et raisonnés, l'exécution soudaine de leur monomanie, parce que ces recherches nous projet, souvent immédiatement après un mèneraient à de trop longs détails: il est divertissement auquel ils paraissaient prenpourtant indispensable que nous nous arrê- dre la part la plus vive, les dispositions tions encore à l'examen de quelques-unes, testamentaires faites avec pleine connaisqui intéressent, non-seulement la science, sance de cause, etc., sont des preuves que mais la société tout entière, le bonheur les facultés de leur esprit n'étaient pas en des familles et la législation. désordre. Rappelons-nous la manière dont les autres monomanies se manifestent, et nous verrons que la marche de celle-ci est analogue à celle des autres. On attribue ordinairement le suicide à des causes accidentelles, sans faire attention que le mal exis tait déjà dans l'individu. En effet, si la jalousie, l'amour malheureux, une place manquée ou perdue, une dette à payer, un remords de conscience, etc., devaient être la cause immédiate du suicide, combien y en aurait-il journellement ! Ainsi nous pouvons conclure que le penchant au suicide est une véritable maladie du cerveau. Le suicide est plus fréquent chez les hommes que chez les femmes d'après Brosson, la proportion des hommes aux femmes est comme cinq à un; et, d'après MM. Esquirol et Falret, le suicide est a peu près trois fois plus fréquent chez les hommes que chez les femmes. Ce penchant est malheureusement héréditaire : l'on a observé des familles entières de suicides.

Suicide. La tendance au suicide est une maladie, une sorte d'aliénation mentale. Il est prouvé que très-peu de personnes se donnent la mort sans avoir un dérangement cérébral. Ceux même qui le font à la suite d'une passion violente ne sont pas responsables de cet acte, parce que, dans la supposition qu'ils eussent pu modérer leur pas sion des son commencement, du moment qu'elle est parvenue au point de leur donner un malaise tel qu'ils lui préfèrent la mort, c'est que les facultés de l'esprit n'y sont plus. Il n'y a peut-être que ceux qui veulent éviter une mort certaine et ignominieuse, ou ceux qui ont perdu la fortune et l'honneur, qui peuvent avoir conservé assez de liberté morale pour juger sainement de leur action. Les individus qui ont une tendance naturelle au suicide, d'après les recherches de M. Gall, sont ceux qui ont l'organe de la circonspection très-énergique. Ceux-ci commencent à être portés à la pusillanimité, à l'indécision, à l'ennui, à l'inquiétude, au mécontentement. S'il leur survient quelque chagrin réel, il se trouve infiniment augmenté par leur propre manière de le sentir; leur malaise, leur inquiétude sont extrêmes, et ils commencent à avoir du dégoût pour la vie. Cette espèce d'exaltation finit par dominer toutes les autres facultés de l'esprit. Les premiers symptômes de cette maladie sont très-difficiles à reconnaître les individus qui en sont affectés, dans l'état de santé encore apparente, sont méticuleux, soupçonneux, moroses, mélancoliques, et quelquefois en proie à une gaîté excessive. Les uns tourmentent par des tracasseries minutieuses tous ceux qui les entourent; les autres s'imaginent que tout le monde les méprise, qu'on ne leur rend pas justice, etc. C'est par des préludes de cette nature qu'ils arri

Monomanie homicide. Y a-t-il réellement une sorte d'aliénation qui porte les hommes à l'homicide? Oui. Comment! les attentats les plus horribles contre la société devront donc être regardés comme la suite d'une aliénation mentale? Oui, répondrai-je encore, dans certains cas, puisque c'est une chose de fait; mais je m'empresse de dire aux lecteurs méticuleux, qu'il ne s'ensuit pas qu'il faille laisser libres des fous de cette espèce. J'ajouterai immédiatement qu'il est pour nous moins pénible de regarder certaines atrocités commises par des hommes dans l'état de folie, que de penser que l'homme raisonnable puisse commettre les mêmes crimes avec pleine conscience, avec délibération et avec toute la liberté morale, sans autre motif que le plaisir d'exercer la cruauté. Malheureusement il faut reconnai tre dans la nature humaine un penchant à

la cruauté et au meurtre, qui existe dans certains individus, indépendamment de toute circonstance extérieure, de la naissance, de l'éducation, du besoin, des exemples, etc. Nous pourrions citer mille exemples pour preuve de cette vérité. C'est contre les dispositions de cette nature que les lois, l'éducation, l'instruction et les principes de la religion et de la morale, doivent exercer leur plus salutaire influence. Mais, tant que le penchant existe sans actes, et que les facultés intellectuelles, d'un ordre supérieur, empêchent l'in-, dividu de s'y livrer, il n'y a rien de repréhensible pour eux; et, du reste, l'examen ultérieur de cette question n'entre pas dans notre sujet. Il faut donc reconnaitre l'existence d'une folie qui porte les hommes à l'homicide et à la destruction. Avant les recherches de plusieurs savants de nos jours, et spécialement de M. Gall, ces mal. heureux aliénés étaient confondus avec les plus grands criminels, et condamnés comme tels; et ce n'est que depuis la publication de plusieurs histoires détaillées de cette horrible maladie, qu'on a commencé à s'en occuper. Dans les ouvrages de Pinel, de M. Gall, de M. Georget, on trouve plusieurs exemples frappants de cette espèce d'aliénation. Comme nous ne pouvons pas même les rappeler en abrégé, parce qu'il faut les connaître dans leurs détails, nous nous bornons à les signaler à la méditation des médecins, des jurisconsultes et des

moralistes.

Infanticide. Une explosion impétueuse de colère ou de jalousie peut être facilement regardée, à cause de sa violence, comme une folie passagère. Il y a des affections et des passions qui, sans éclater d'une manière violente, ne sont pas moins sensibles pour cela. M. Gall observe trèsbien que la honte, le sentiment affligeant d'une injustice soufferte, le désespoir que produit le déshonneur, la jalousie dont les tourments se renouvellent sans relâche, n'obscurcissent pas moins l'esprit de l'homme que l'attaque soudaine d'une affection ou d'une passion plus impétueuse. Plus un sentiment douloureux est profond et ronge l'ame pendant long-temps, plus il affaiblit les forces et donne à l'âme une secousse violente. Une résolution funeste, prise dans cet état, doit être regardée à la fois, dans une foule de circonstances, comme l'effet de l'affection la plus forte, et

comme la conséquence d'une santé altérée et d'un jugement égaré. C'est surtout sous ce point de vue qu'il faut considérer l'infanticide tel qu'il a lieu le plus souvent. Nous engageons encore les jurisconsultes et les legislateurs à étudier par eux-mêmes ce sujet, afin de pouvoir juger la culpabilité de cet acte, non d'après leur manière de sentir ou d'après l'idée qu'ils se sont formée de l'énormité de ce crime, mais d'après le degré de liberté morale que pouvait avoir l'individu qui l'a commis. Que l'on se rappelle que l'action simple de l'accouchement, indépendamment de toute autre cause, agit dejà puissamment sur le système nerveux, et spécialement sur le cerveau de la femme, au point de produire bien souvent l'aliénation mentale.

Délire. Le délire est aussi une sorte de dérangement des facultés intellectuelles et des qualités morales; mais il est passager, et on peut le regarder plutôt comme le symptôme d'une autre affection, que comme une maladie essentielle. Une inflammation du cerveau, une fièvre ardente, un accès de fièvre pernicieuse, une convulsion, l'ivresse, certaines substances narcotiques causent le délire sitôt que ces causes ont cessé, le délire cesse de même. On ne peut donc pas le confondre avec les alienations mentales.

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Sur ce que nous avons dit jusqu'ici des manies partielles, il ne faut pas croire qu'elles existent ordinairement d'une manière si isolée que ces aliénés soient parfaitement raisonnables sous les autres rapports. Plus souvent cette folie est d'un genre mixte : après le trouble des fonctions d'une faculté suit le trouble de quelqu'au. tre, et, plus tard encore, elle passe à la manie générale, qui finit ordinairement par la démence.

Les organes de notre cerveau sont destinés, les uns à des penchants ou à des talents déterminés, les autres à des facultés intellectuelles ou à des qualités morales. Quand la monomanie se porte sur les premiers, et que les facultés intellectuelles sont intactes, il y a perversion de goût, de penchant, d'affection; mais, pour le reste, on raisonne très bien. C'est ce qui a fait appeler ce genre de folie, folie raisonnante. Il y a aussi des folies d'une autre espèce qui se rapportent à des idées ou à des sensations tout-à-fait isolées; tels sont les aliénés qui croient avoir un serpent ou une grenouille

vivante dans le corps, ceux qui croient être possédés par le démon, qui croient avoir la tête ou les jambes de verre, etc.; ceuxci raisonnent très-bien sur tout ce qui n'est pas en opposition avec leur idée fixe..

De la manière dont nous avons expliqué les différents genres d'aliénation mentale, l'on a pu comprendre qu'il y aura folie genérale lorsque les fonctions de toutes les facultés de l'âme et de l'esprit seront troublées, et qu'il y aura folie partielle lorsque ce derangement n'aura lieu que dans un ou plusieurs organes. Toutes ces alienations peuvent être continues ou intermittentes. Quant aux premières, elles se manifestent d'une manière si visible, qu'il est très-facile de les reconnaître; il n'en est pas de même quand l'aliénation générale est périodique, et que les accès, après avoir cessé entièrement, renaissent, ou quand l'aliénation est partielle, et en même temps intermittente. Ces formes diverses d'aliénations rendent très-difficiles les jugements que l'on doit porter sur l'innocence ou la culpabilité de certaines actions. Comment prévoir le retour d'un accès, quand l'approche d'evacuations accidentelles ou perio. diques, l'influence des saisons, la nourriture, et une infinité d'autres causes peuvent en déterminer la crise?

Causes de la folie. Nous nous arrêterons peu sur cette matière. Les auteurs font des distinctions entre les causes générales et particulières, physiques et morales, primitives, secondaires, predisposantes, constantes, etc. Quant à nous, sachant que la folie est une affection du cerveau, nous pouvons dire simplement que tout ce qui agit puissamment au physique comme au moral, sur cet organe, peut devenir une cause de la folie. Les dispositions héréditaires, et une mauvaise organisation céré brale, doivent être considérées comme les causes les plus communes. Il paraît prouvé que, dans les climats tempérés, il y a plus de fous qu'ailleurs; et que, dans les pays marécageux, l'on observe plus facilement l'idiotie et la démence. Nous croyons que certaines dispositions de l'atmosphère, et, par conséquent, les différentes saisons, doivent exercer une influence marquée sur la folie, parce que nous voyons qu'elles agissent aussi sur notre esprit dans l'état ordinaire. Des observateurs ont noté que les aliénés sont plus agités dans la pleine lune: nous ne réprouvons pas ces observa

tions, puisqu'il est constant que cet astre exerce quelqu'influence sur certaines fonctions périodiques des corps humains. Dans l'enfance, on observe l'imbecillité, mais pas la folie. La raison en est claire : le cerveau n'ayant pas acquis sa consistance nécessaire, ses fonctions ne se sont encore manifestées que d'une manière très-impar faite, et elles n'ont pu par conséquent être troublées par un excès d'activité. La folie commence avec l'âge de la puberté, et à cette époque ce sont les folies érotiques Ou celles de la vigueur qui dominent; dans l'âge mûr, ce sont les différentes espèces de meancolie, celles qui prennent leur source dans la vanité, l'orgueil, la circonspection, etc.; dans la vieillesse, c'est la démence. Par rapport aux sexes, l'on observe, d'après M. Esquirol, plus de femmes alienées que d'hommes, particulièrement en France. Tout ce que les auteurs nous disent sur l'influence des tempéraments est erroné. Quand il faut venir à l'application de leurs principes, l'on remarque tout de suite la contradiction et la confusion qui règnent dans leurs idées, parce que la doctrine même des tempéraments est mal foudée. Les professions: toutes les fois qu'on mettra en activité le cerveau, et que, par le travail même, cet organe se trouvera surexcité, il y aura prédisposition à la folie : l'étude et la meditation prolongées sont donc des causes très-fréquentes de folie. Dryden a dit que les hommes de génie et les fous se tiennent de très-près; en ce sens, que l'activité cérébrale de l'homme de genie est très-près de le dominer exclusivement, et de troubler les fonctions régulières de son cerveau. Les monomanies, occasionées par la vanité sont les plus fréquentes; aussi ceux qui par leur état sont souvent flatte's par le parfum de l'approbation, tombent facilement dans la folie. C'est ainsi que l'on voit souvent, parmi les aliénes, des peintres, des poètes, des musiciens, etc. Les riches et les grands sont plus souvent sujets aux differents genres de melancolie que les pauvres. Tous ceux qui vivent dans le grand monde, qui sont dans une espèce de tension intellectuelle permanente, comme les négociants, les hommes d'État, les militaires d'un rang supérieur, sont sujets à tomber dans l'alienation mentale. Ceux qui passent rapidement d'une très-grande occupation à une vie tranquille, sont exposés au même désordre. Cet aperçu suflira pour

pouvoir évaluer les autres causes qui peuvent agir ou directement on indirectement pour troubler les fonctions du cerveau.

Sur le siége de la folie. On reconnaît presque généralement le cerveau comme le siége immédiat de cette maladie. Les observations des médecins les plus distingués ont prouvé que les lésions à la tète ont souvent amené la manie ou la démence. Quelquefois l'explosion du délire n'a eu lieu que quelques années plus tard. Ils ont trouvé généralement, à l'ouverture des cadavres, une alteration sensible dans le cerveau et dans le crane. Les autopsies de Morgagni, de Ghisi, de Bonnet et d'autres, démontrent jusqu'à l'évidence que dans la manie, et surtout dans la démence, il y a altération de la substance cérébrale. Ils ont observé des changements remarquables dans la consistance du cerveau: tantôt il était plus dur, tantôt plus mou, tantôt d'une consistance inégale dans ses parties; de même ils ont trouvé des squirrhes, des calculs, des épanchements d'humeurs corrosives, etc. On a encore reconnu dans la folie des altérations d'une autre nature; par exemple, des dépôts de matière osseuse sur la surface interne du crâne, des excroissances, des vaisseaux ossiɓés, etc. Les causes de la manie, comme nous avons dit plus haut, sont celles qui agissent immédiatement sur le cerveau. Lorsqu'elle a duré plusieurs an nées, la masse cérébrale diminue, la cavité du crâne se rapetisse, et il s'ensuit la démence incurable. Greding, Gall et quelques autres ont observé que les os du crâne, dans ces cas, sont devenus épais, durs et compactes comme l'ivoire, au lieu d'être légers comme ils le sont dans la vieillesse. Toutes ces observations prouvent donc que le siége de la folie est dans le cerveau. Que si, dans quelques maladies mentales, on ne trouve pas dans l'encéphale de vice qui saute aux yeux, cela ne prouve pas qu'il n'existe aucune altération. Nous n'avons pas de moyens pour juger des changements imperceptibles qui doivent avoir lieu dans la texture des fibres du cerveau ou des nerfs dans certaines maladies de ces parties.

Pronostic. La guérison de la folie est toujours incertaine et difficile, quel que soit le traitement qu'on emploie pour cet effet: bien souvent les guérisons sont incomplètes et les rechutes très-fréquentes. La folie héréditaire, celle des personnes âgées ou épuisées par des excès, ou mal organisées

dans leur cerveau, sont presque incurables; ainsi que les monomanies qui dépendent d'un développement trop considérable d'un organe cérébral déterminé. Dans ce cas, il est presque impossible d'affaiblir son activité par un traitement quelconque. Les folies qui reconnaissent une cause accidentelle, la frayeur, la colère, l'accouchement, celles dont l'invasion est subite, etc., sont plus faciles à guérir. M. Esquirol, qui a fait, entre autres choses, beaucoup de recherches sur la statistique des aliénés, a trouvé que l'âge le plus favorable pour la guérison est de vingt à trente ans ; passe les cinquante ans, les guérisons sont rares. Il a observé qu'elles ont lieu plutôt au printemps et à l'automne que dans les autres saisons, et que la folie qui est la suite du scorbut, de la paralysie, de l'épilepsie, est incurable. M. Georget a résumé les observations suivantes : il dit que, dans des établissements bien tenus, on guerit au moins le quart et souvent plus du tiers des aliénés mis en traitement; que l'or guérit plus de fous en France et en Angleterre, puis en Allemagne, que dans tous les autres pays; et il rapporte, d'après les recherches de M. Esquirol, le nombre comparatif des guérisons obtenues dans divers établissements: mais nous avons observé que tous ces calculs sont fondés sur des données fausses, sur des éléments qui ne peuvent pas être comparés ensemble, et par conséquent les conclusions qu'on en tire ne sont pour nous d'aucune valeur.

Traitement de la folie. Par ce qui a été dit en parlant de l'idiotie, de l'imbécillité et de la démence, il ne nous reste plus rien à dire pour le traitement de pareilles affections. Quant à la manie, elle est guérissable, et il faut le plus promptement possible employer les secours de l'art, si l'on veut la guérir. Nous pouvons mettre deux moyens en usage à cet effet ceux qui modifient le cerveau par l'exercice même de ses fonctions, et ceux qui appartiennent directement à la thérapeutique. Que l'on fasse attention que les aliénés conservent la sensation, la perception, la mémoire, le jugement, beaucoup des connaissances acquises, et que les qualités de leur esprit sont seulement altérées, mais ne sont pas détruites. L'art donc doit s'occuper à redresser ces égarements. Pour le traitement de la folie, l'isolement du malade est de la première importance; il doit être séparé de ses parents, de ses domestiques et de tous les

objets qui ont déterminé l'alienation, ou qui l'entretiennent et l'aggravent. Nous recommandons ce moyen comme indispensable.

Les injures, les mauvais traitements, les violences et les chaînes doivent être bannis pour toujours dans le traitement des aliénés. M. Georget, dans son excellent ouvrage sur la folie, observe sagement « qu'on peut rapporter à trois principes toutes les modifications qu'on doit chercher à faire naître dans l'exercice de l'intelligence chez les aliénés lo ne jamais exciter les idées ou les passions de ces malades dans le sens de leur délire; 2o ne point combattre directement les idées et les opinions déraisonnables de ces malades par le raisonnement, la discussion, l'opposition, la contradiction, la plaisanterie ou la raillerie; 3° fixer leur attention sur des objets étrangers au délire, communiquer à leur esprit des idées et des affections nouvelles par des impressions diverses. »

Pour le traitement de la manie partielle, que nous regardons comme le résultat de l'activité et de l'exercice involontaire d'un organe cérébral surexcité, voici ce qu'il y a à faire. C'est M. le docteur Gall qui nous éclaire sur ce sujet. « Du moment, dit-il, qu'un médecin s'aperçoit qu'une personne est menacée d'une manie partielle, il faut lui conseiller de renoncer à ses occupa tions ordinaires, de se distraire, d'entreprendre un voyage, de se faire une nouvelle occupation favorite. Par ce régime, les organes trop fortement irrités trouvent l'occasion de se refaire, pendant que d'autres organes remplissent leurs fonctions avec plus d'activité. Lorsque l'exaltation d'un organe est parvenue au point que son action devient involontaire, tous les conseils que l'on donne au malade sont inutiles. C'est alors qu'il appartient au médecin et aux proches de le transplanter dans un monde nouveau de sentiments et d'idées, et de réveiller l'activité d'organes qui, jusque là, étaient restés presque dans l'inaction; de provoquer en lui des passions nouvelles, de lui faire prendre un goût décidé pour des occupations qui, jusque là, lui étaient étrangères, et de donner ainsi aux organes trop fortement irrités et affaiblis le temps de reprendre leur ton naturel, et de rentrer sons l'empire de leur action régulière.

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Les aliénés n'ont pas besoin d'un régime alimentaire particulier; il est nécessaire

qu'ils soient suffisamment nourris, à moins que des circonstances particulières ou une maladie accidentelle n'exigent la diète. Il y a des aliénés qui refusent toute nourriture par des motifs imaginaires : ceux-ci doivent être nourris malgré eux, moyennant une sonde introduite dans l'œsophage, par laquelle on fera passer des substances liquides nourrissantes. Les aliénés doivent être vêtus; les turbulents seront contenus par la camisole ou les entraves aux pieds. Il est utile, en général, que les aliénés se promènent et fassent du mouvement.

Quant au traitement interne ou thérapeutique, nous commencerons par dire que presque tous les médecins se sont conduits jusqu'ici comme des aveugles; ils ont essayé de tout, et toujours sans être dirigés par des principes solides, en ce qu'ils ont méconnu la nature de la maladie. Voici ce que nous pouvons dire en peu de mots sur ce sujet. Les observations et les recherches les plus récentes nous portent à considérer la folie, dans son commencement, comme la suite d'une surexcitation, ou d'une sorte d'inflammation du cerveau, ou de quelqu'une de ses parties. Nous devons considérer ensuite la démence, qui suit la manie ou la monomanie, comme la conséquence de l'inflammation qui a précé- . dé, comme le résultat d'une alteration organique de l'encéphale : nous aurons ainsi un guide dans le traitement de la folie. La saignée sera donc utile, presque toujours au commencement de la manie ou de la monomanie, particulièrement sur les individus plethoriques et forts; et on pourra la répé ter convenablement. Dans la démence, elle sera généralement inutile ou dangereuse. Le lecteur entendra facilement maintenant pourquoi, précisément dans ces cas, elle n'a pas réussi, et comment les praticiens ont pu abuser de ce moyen salutaire. Que les mêmes principes dirigent le médecin dans l'emploi des bains. Il trouvera également la raison de l'utilité générale des bains tièdes, de l'utilité de l'application de l'eau froide à la tête, et verra l'absurdité de l'usage de ces douches violentes, par lesquel les on ébranle le cerveau des malades. Il trouvera aussi une raison suffisante pour conseiller des boissons aqueuses abondantes dans la manie. Si les médecins étaient d'accord entre eux sur la manière d'expliquer l'action des médicaments sur nos propriétés vitales, nous pourrions, d'après les mêmes

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