Page images
PDF
EPUB
[merged small][merged small][ocr errors][ocr errors][ocr errors][merged small][merged small][merged small]

Cette métamorphose musicale n'est pas, rigoureusement parlant, d'une exactitude mathématique, car l'on sait que l'ut est plus haut que le ré b d'environ un comma, et que, dans toutes les suppositions enharmoniques, on rencontre le même vice; mais, dans la pratique, le sentiment des exécutants vient souvent, selon le besoin, corriger ce défaut, par l'abaissement ou l'élévation de l'intervalle sur lequel s'opère l'enharmonie, en se laissant guider (si l'on peut s'exprimer ainsi) par cet instinct musical qui nous porte toujours à élever un peu les degrés qui vont monter d'un demi-ton, et à baisser aussi un peu ceux qui vont descendre dans la même proportion. Les voix, les instruments à cordes et à archet, plusieurs instruments à vent, ont la puissance d'user de cette faculte; les instruments à sons fixes en sont privés le clavecin, le fortepiano, etc., etc., sont de ces derniers; aussi est-on obligé en les accordant, pour en rendre l'ensemble supportable à l'oreille, d'user d'une supercherie que l'on est convenu de nommer règles ou principes du tempérament.

:

L'enharmonie est, malgré ses défauts apparents, d'un grand secours pour aider à faire des transitions et sortir du ton principal ou y revenir d'une manière laconique. Les grands compositeurs en ont fait quelquefois un heureux usage, mais toujours avec sobriété. Ce genre demande donc à être traité avec beaucoup d'art, et à n'être employé qu'avec une grande réserve. H. BERTON.

GENS (DROIT DES ). Voyez POLITIQUE.

GENSERIC, roi des Vandales, nè à Séville en 406, s'était rendu redoutable en Espagne par ses victoires sur les Suèves, lorsqu'il fut appelé en Afrique (428) par le

[ocr errors]

comte Boniface, qui espérait avec son aide secouer le joug de Rome. Les deux alliés, également intrépides et dévorés par la même ambition, cessèrent bientôt de faire cause commune une guerre cruelle s'alluma entre eux, et ne se termina que par l'extermination presque totale des catholiques, envers lesquels, s'il faut en croire les anciennes chroniques, l'arien Genséric exerça des cruautés inouïes. Devenu tranquille possesseur des plus belles contrées d'Afrique, il s'efforça d'y comprimer les querelles religieuses, prétexte de tant de troubles et de révoltes dans ce siècle à demi barbare; et ce fut sans doute autant pour accomplir ces sages projets que par ambition qu'il s'empara de Carthage le 19 octobre 430 au mépris d'un traité qu'il avait conclu sept mois auparavant avec les Romains lors de la défaite de Boniface. Aucun espoir ne restant désormais aux chrétiens d'Orient, ceux-ci invoquèrent la merci du barbare, qui, repoussant leurs prières, répondit qu'il avait résolu d'exterminer toute leur nation. C'est alors aussi qu'il prit le titre de roi de la terre et de la mer; mais il n'était point encore parvenu au plus haut terme de sa puissance. Méditant de nouvelles conquêtes, il crea en peu de temps une flotte redoutable; et, après avoir fait l'essai de ses forces maritimes dans une première expédition en Sicile, il s'embarqua à la sollicitation de l'impératrice Eudoxie pour la délivrer des importunités de l'affreux tyran Maxime, meurtrier de son époux. Rome subit presque sans résistance la loi du vainqueur (445), et les ariens firent un butin immense dans cette capitale de l'empire pendant quatorze jours que

dura le pillage: le pape saint Léon avait en vain obtenu de Genséric la promesse qu'il épargnerait les habitants; la fleur de la jeunesse fut emmenée en captivité, ct l'impératrice Eudoxie subit le même sort. Enfin, après avoir dévasté les cotes d'Occident et porté la terreur jusqu'au sein de la capitale de l'Orient, Genseric accorda la paix à l'empereur Zénon, et mourut à Carthage l'an 477, redouté des Romains, et laissant un puissant empire qu'il avait su affermir par la paix après l'avoir fondé par les armes. Les historiens font de ce barbare un portrait affreux, peut-être autant parce qu'il était arien qu'à cause de ses ravages; mais on ne peut lui refuser l'honneur d'avoir été le plus grand prince de son siècle. • GENSICHEN (JEAN-FRÉD.), mathématicien allemand, mort en 1807 à Koenigsberg, premier bibliothécaire royal, a laissé entre autres écrits une dissertation intitulée de Figuris circulo inscriptis maximis, nec non de figurarum divisione, 1790, in-4°.

:

* GENSONNÉ (ARMAND), né à Bordeaux en 1758, était un des avocats distingués au parlement de cette ville à l'époque de la révolution, et il en adopta les principes comme la plupart des jeunes gens de son âge et de son état. Nommé député à la seconde assemblée nationale en 1791, puis à la convention nationale, Gensonné fut un des membres les plus remarquables du parti connu sous la dénomination de la Gironde ou des girondins (voyez Guadet et Vergniaud ). Il vota d'abord l'appel au peuple dans le procès de l'infortuné Louis XVI; mais voyant cet appel rejeté, il opina ensuite pour la mort et contre le sursis à l'exécution. Plus tard il demanda que la municipalité de Paris fût responsable de la sûreté du jeune Dauphin et de sa sœur. Enveloppé dans la proscription générale de son parti au 31 mai 1793, Gensonné fut arrêté le 2 juin et traduit devant le tribunal révolutionnaire, qui le condamna à mort avec vingt-un de ses collègues le 31 octobre de la même année. Gensonné mettait beaucoup d'art dans la discussion; railleur et caustique, il savait saisir à propos les moyens qui produisent de l'effet dans une grande assemblée. Traçant un jour à la tribune un tableau hideux des horreurs commises par les partisans de Marat et de Robespierre, il en designait clairement du geste et de la voix les auteurs, lorsque l'un d'eux s'écria:

« Les hommes dont vous parlez ont sauvé » la patrie. Oui, répliqua Gensonné, » comme les oies du Capitole.

[ocr errors]

* GENSSANE (N. de), directeur général des mines de Languedoc, concessionnaire de celles de la Franche-Comté, mort vers 1780, fut l'un des correspondants de l'Académie des sciences, et a laissé les ouvrages suivants: Description d'un planisphère, cadrar et machine, pour observer les astres par le méridien, 1736; Observation sur un météore igné en forme de comète, 1738; Nouvelle correction faite aux pompes, 1741; Observation sur un niveau, etc., 1741; Manière d'employer l'eau pour les pompes, 1741; Correction faite à la pompe à feu, 1744; Observation sur les mines d'Alsace et du comté de Bourgogne, insérée dans le recueil de Gobel (voyez ce nom); Traité de la fonte des mines par le feu de charbon de terre, Paris, 1770 et 1776, 2 vol. in-40; la Géométrie souterraine pour l'exploitation des mines, Montpellier, 1776, in-8°; Histoire naturelle de la province de Languedoc, partie minéralogique et géographique, ibid., 1776 et 1777, 2 vol. in-8°.

GENT (THOMAS), antiquaire anglais, né à York en 1691, mort en 1778, exerça la profession d'imprimeur et fit des recherches sur les antiquités de sa patrie. On a de lui: Histoire ancienne et moderne de la fameuse cité d'York, in-12; Histoire ancienne et moderne de la loyale ville de Rippon, York, 1733, in-8°; Annales regioduni hullini, ibid., 1735, in-8°, Histoire abrégée de l'Angleterre et de Rome, ibid., 1741, 2 volumes in-12: ces trois ouvrages sont en anglais.

* GENT. Voyez GENTIUS.

* GENTIEN (PIERRE), poète ou plutôt trouvère français du 13e siècle, né à Paris, et tué avec son frère selon les conjectures de Cl. Fauchet ( voyez ce nom), en 1304, à la bataille de Mons-en-Puelle, est auteur d'un livre en rimes, où il décrit un tournoi que des dames (qui voulaient accompagner leurs chevaliers dans une croisade) celébrèrent pour s'exercer au maniement des armes, et disputer le prix de la valeur.

* GENTIEN (BENOÎT), religieux de l'abbaye de Saint-Denis dans le 15° siècle, docteur en théologie, fut député de l'université de Paris au concile de Constance, où il se distingua par son zèle et par son éloquence. Il est principalement connu comme l'auteur de l'Histoire de Charles VI (sous le

nom de moine de Saint-Denys), traduite et publiée par Le Laboureur (voyez ce nom), en 2 vol. in-fol. Gentien avait écrit cette histoire par les ordres et sur les mémoires de Gui de Monceaux et de Philippe de Villette, abbés de Saint-Denis.

* GENTIL (LE). Voyez LEGENTIL.

GENTIL (JEAN-Baptiste-Joseph), colonel d'infanterie, né à Bagnols (Languedoc) en 1726, passa dans l'Inde en 1752, avec le régiment où il venait d'être reçu enseigne, servit successivement sous les ordres de MM. Dupleix, de Bussy, de Conflans, de Lally et Law de Lauriston, et se distingua dans un grand nombre de rencontres. Après la ruine de nos établissements dans cette partie du monde, Gentil, qui s'était alors avancé jusqu'au grade de colonel, alla offrir ses services au nabáb du Bengale, puis à celui d'Aoude, visir de l'empire Moghol. Il fut bien accueilli, surtout par le dernier de ces princes, qui le conbla de bienfaits. Le colonel en employa la plus grande partie au soulagement des Français, dispersés dans les diverses contrées de l'Hindoustan; et il enróla 600 d'entre eux qui formèrent un corps soldé par le nabâb. Il rentra en France en 1778, avec un grand nombre d'objets utiles et précieux dont il fit hommage au gouvernement, et mourut dans sa ville natale en 1799. Il a laissé les manuscrits suivants, déposés à la bibliothèque du roi : Histoire métallique de l'Inde, I vol. in fol. avec un grand nombre de dessins; Histoire de l'empire Mogol, or née de vignettes et de portraits, I volume in-folio; Abrégé géographique de l'Inde, avec la carte de chaque gouvernement, Histoire des Radjahs de l'Hindoustan depuis Barth jusqu'à Petaurah. Son fils a publié en 1814 un Précis sur J.-B.-J. Gentil, ancien colonel d'infanterie, etc., in-8°, de 24 pages.

* GENTIL (ANDRÉ-ANTOINE-PIERRE ), religieux bernardin, savant agronome, né en Franche-Comté dans les premières années

du 18e siècle, prit l'habit de Saint-Bernard à l'âge de 18 ans, employa le temps que lui laissait la pratique de ses devoirs religieux à étudier avec fruit la chimie, la physique et l'histoire naturelle, et devint procureur de l'abbaye de Clervaux. C'est alors qu'il s'appliqua spécialement à l'agriculture, et qu'il augmenta en peu de temps les revenus de l'abbaye et l'industrie des habitants du voisinage La révolution l'ayant exilé de son cloitre, il vint à Paris, où il mourut pauvre et presque ignoré en 1800. Ses vastes connaissances, principalement en économie rurale, l'avaient fait admettre dans plusieurs académies et sociétés d'agriculture. Nous signalerous les plus importants de ses ouvrages: Premier essai d'agronomie, ou Diététique générale des végétaux, et application de la chimie à l'agriculture, Dijon, 1777, in-8°; Mémoire sur des questions concernant le labour, couronné par la société d'agriculture d'Auch en 1779; M¿moire indiquant les substances fossiles propres à remplacer la marne, couronné par la société d'agriculture de Limoges (1779); Mémoire sur cette question : Quel est le meilleur moyen de cultiver les terres basses et nouvellement desséchées? ce mémoire obtint le premier accessit à l'académie d'Amsterdam; Mémoire sur le sujet proposé, en 1779, , par la société des sciences de Montpellier (concernant la fabrication du vin ) ; les Avantages et les désavantages de l'incinération simple, etc., mémoire couronné par la société de Limoges en 1781; Mémoire sur les Plantes inutiles et vénéneuses qui infectent souvent les prairies et diminuent leur fécondité, etc. : cet écrit obtint le premier accessit à l'académie de Dijon ; Est-il avantageux ou non de soutirer les vins? etc., couronné par l'académie de Lyon en 1787; Manière de faire de trèsbon vinaigre avec du petit-lait, Dijon, 1787. L'Eloge de dom Gentil, par M. de Fuschamberg, se trouve dans le Recueil des travaux de l'académie de Besançon, tom. 3.

FIN DU ONZIÈME VOLUME.

[graphic]
« PreviousContinue »