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venons que ces sévérités doivent paroître dures et quelque peu étranges à des écrivains excessivement gâtés par les indulgences de l'ordre légal; mais ceux qui ont mission de maintenir les règles de la morale et les principes de la religion, comme si de rien n'étoit, sont obligés d'appliquer aux temps mauvais ce qui s'appliquoit jadis à des temps meilleurs. Les seniences de vie qu'ils ont à répandre sont toujours les mêmes; ce n'est pas leur faute si la qualité du sol a tant changé. Lorsque la société tendoit en France vers sa conservation, le bourreau brûloit quelquefois, en place publique, des écrits beaucoup moins mauvais que ceux qui font aujourd'hui le bonheur d'une génération impie et révolutionnaire; şi donc les ministres de la religion continuent de voir les choses comme les gouvernemens les voyoient euxmêmes, quand ils cherchoient à lutter contre la dissolution de l'ordre social, il nous semble que ce ne sont pas les quarante années de révolutions que nous avons déjà sur la tête qui peuvent fournir de grands argumens pour deur donner

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PARIS. La génération qui fuit n'est point propre à former la génération qui commence; la langue de l'une n'est plus intelligible pour l'autre il faut des hommes nouveaux pour élever la jeunesse nouvelle, sans quoi le monde marchera tout de travers. C'est le Cour rier français qui prononce là-dessus. Il ne veut point qu'il reste de bátons dans la roue des révolutions.

Nos journaux révolutionnaires trouvent tout simple qu'on fasse déclarer à tous les membres du corps enseignant qu'ils n'appartiennent à aucune congrégation religieuse; mais ils sont très-scandalisés d'apprendre que, dans les Etats romains, on ose faire prêter serment à des bannis révolutionnaires amnistiés qu'ils n'appartiennent point à la société secrète des carbonari, ni aux autres propagandes qui travaillent à renverser les gouvernemens établis.

- Voici un grand sujet d'affliction et de scandale pour les écrivains libéraux qui se sont chargés de veiller au salut de la patrie. A Metz, on dépense 9400 fr. pour les écoles chrétiennes, et pas un sou 'pour l'enseignement mutuel! Ensuite, dans le comité d'instruction primaire de Saint-Mihiel, on ne compte qu'une seule voix en faveur des écoles lancastriennes; encore ne fait-elle que des remontrances timides, qui semblent dénoter que le monde est à la veille de retomber sous l'empire de la congrégation."

Il est arrivé de Valenciennes une nouvelle qui vaut son pesant d'or pour les journaux anti-religieux : on leur mande de cette ville que les Frères des écoles chrétiennes ont ose renvoyer de leur école des petits garçons qu'une troupe de comédiens ambulans avoit loués pour jouer dans ses farces des rôles de saltimbanques et de figurans. Voyez donc un peu! vraiment, si on laissoit faire ces malheureux Frères, ils seroient capables de sauver les mœurs religieuses et d'éloigner la jeunesse de la comédie. On imagine bien que nos régénérateurs ont un remède tout trouvé, qui est l'enseignement mutuel : celui là se préte mieux au recrutement; c'est une vraie cour d'appel pour les comédiens ambulans.

Sur la demande de M. l'abbé Cabau, aumônier des prisons de la ville de Pamiers (Arriège), M. le Dauphin a accordé une somme de 400 fr. pour subvenir aux besoins les plus pressans de la chapelle de ces prisons.

- Lorsqu'au mois de septembre dernier Mme la Dauphine passa à Sologne, près Metz, M. l'abbé Bertin, curé de cette paroisse, exposa à la princesse les besoins de son église. S. A. R. vient de lui faire remettre une somme de 400 fr. Déjà Mme la Dauphine avoit fait un don de pareille somme au même curé, pour l'aider dans la construction d'une église à Saint-Jean-les Marville, construction que -M. Bertin fait faire à ses frais.

-Il paroit que le prince de Polignac a été mandé en toute hâte à Paris. Est-il appelé pour entrer au ministère? Les journaux révolutionnaires en sèchent d'inquiétude; ils regardent le monde comme perdu, et le Constitutionnel affecte une terreur qui ne seroit que ridicule, s'il n'étoit visible que c'est un prétexte pour dire à M. de Polignac toutes les injures dont il peut s'aviser.

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-M. Auguste de Saint-Aignan, ancien député, candidat libéral, a été élu par le collège électoral de Pont-Rousseau (Loire-Inférieure) à une assez foible majorité: il avoit 83 voix, et M. Louis Levesque, maire de Nantes, 72.

A Laval, M. Dumans, a été élu à la majorité de 91 voix contre 84, obtenues par M. le comte de Hercé.

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Après un ballotage qui a duré plusieurs jours, M. de Lachèze, conseiller de préfecture, a été élu à Montbrison (Loire). Il a fini par réunir 57 suffrages. M. de Vougy en avoit 52.

- Le Moniteur vient de publier le tableau des recettes des différentes contributions pendant l'année 1828. Il présente un excédant de 17 millions sur les prévisions du ministère et le budget, et dépasse de 28,618,000 fr. les produits de l'année précédente.

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Une ordonnance royale du 11 janvier porte qu'à dater du 1er mars prochain, il sera reçu dans tous les bureaux de poste du royaume, mais à la destination de Paris seulement, sous la dénomination de lettres recommandées, des lettres qui seront enregistrées à présentation, et qui ne seront délivrées aux destinataires que sur leur récé

pissé. Pour qu'une lettre soft admise à recommandation, A suffira de la présenter sous enveloppe et scellée de deux cachets en cire avec empreinte. On en donnera un bulletin à l'envoyeur. Les lettres recommandées ne pourront être affranchies; mais elles pourront êfre adressées poste restante. Leur taxe sera la même que pour les autres lettres.

- Par ordonnance royale du 11 de ce mois, M. Roux de Raze de Sauvigny, procureur du Roi à Pontarlier (Doubs), a été révoqué de ses fonctions. On dit que ce fonctionnaire avoit été arrêté sur la ligne des douanes par des préposés, lorsqu'il faisoit entrer dans sa voiture des objets de contrebande.

M. Borgnon de Laire, ancien substitut du procureur-général à Poitiers, est rehabilité dans ses fonctions à Nîmes.

- Une ordonnance royale du 28 septembre fixe les points de sortie pour les boissons expédiées à l'étranger par la voie de terre.

-La souscription ouverte par M. de Belleyme pour l'extinction de la mendicité par la création de plusieurs maisons de refuge, s'élève maintenant à 400,000 fr.

M. le comte d'Offalia, nouvel ambassadeur d'Espagne, a présenté au Roi, dimanche dernier, les lettres de son souverain qui l'accréditent près la cour de France.

- Le sieur Sanejouant, architecte, qui avoit assigné la ville de Paris en indemnités des dégâts qu'il avoit éprouvés en novembre 1827 dans les troubles de la rue Saint-Denis, a été, le 16 de ce mois, débouté de sa demande et condamné aux dépens par le tribunal de pre mière instance, attendu, dit le jugement, que, d'après l'article 8 de la loi invoquée par le sieur Sanejouant et les principes du droit commun, il n'y a lieu à dommages que lorsque la commune n'a pas pris les mesures qui étoient en son pouvoir pour prévenir les désordres ou les empêcher.

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- Un des plus libéraux des journaux littéraires, la Pandore, qui avoit succédé au Miroir, vient de renaître à Senlis (Oise), où le cautionnement est moins élevé, et où elle est à portée de se distribuer promptement à Paris pour la propagation de ses doctrines.

-M. le curé de Guillerval (Seine-et-Oise), vieillard presque octogénaire, a été assailli chez lui, dans la soirée du 9, par deux individus, et a reçu dans la figure plusieurs coups d'un instrument tranchant qui l'ont grièvement blessé. L'un des assaillans, jeune instituteur, a été arrêté; celui qui a porté les coups a pris la fuite. Ce crime a été suivi de vol.

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L'établissement des caisses d'épargne et de prévoyance dans quelques villes a produit des résultats avantageux pour les classes laborieuses, en assurant leur avenir, en les détournant de la loterie et

des dépenses de débauche, et en excitant en elles l'amour du travail, de l'ordre et de l'économie. Une institution de ce genre manquoit à Toulouse. Dans sa sollicitude pour tout ce qui peut concourir au bonheur et au perfectionnement moral de la population, S. Em. le cardinal-archevêque, entouré des autorités locales, vient de convoquer chez lui, pour s'occuper des moyens de fonder une caisse d'épargne dans le département, une réunion composée des autorités, des pairs et députés du département, des magistrals de l'ordre judiciaire, des chefs d'administration, de la chambre du commerce, des membres des conseils du département, et des doyens des notaires, avocats et avoués.

Le conseil municipal de Toulouse a voté la somme de 700 fr. pour les frais d'administration de la Société du prêt gratuit, établie dans cette ville.

L'Echo du Midi, journal politique et royaliste, qui paroissoit à Toulouse, va changer de titre et de format; il s'appellera désormais le Mémorial de Toulouse.

Un commissaire de police du Havre s'est transporté au bureau du Journal du Havre, pour y saisir le numéro du 31 décembre, qui a rendu un compte inexact des troubles qui avoient eu lieu, le 28, au spectacle de Rouen. La même saisie a été opérée dans les cafés de la ville.

Le roi don Miguel n'ayant point voulu faire à nos libéraux le plaisir de se laisser mourir, ils se raccrochent maintenant aux autres dangers dont ils peuvent le menacer. Dans ce moment, c'est son ar ́mée régulière qui est prête à tomber sur ses volontaires royaux. Dėpuis quelque temps ils ont souvent fait passer de mauvais quartsd'heure à don Miguel; mais de son côté il leur fait passer de bien mauvais jours.

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Un journal annonce que ce sera probablement le duc de Northumberland qui sera nommé vice-roi d'Irlande.

Le général Maison a suspendu les travaux qu'il avoit entrepris pour la défense du Péloponese; le gouvernement grec paroit être chargé de les terminer. Les soldats français, qui, lors de leur arrivée dans le pays, étoient très-portés pour les Grecs, le sont moins maintenant, et attendent avec assez d'impatience l'ordre de rentrer dans leur patrie.

-On lit, dans la Gazette d'Augsbourg, la déclaration portée à Constantinople par M. Jaubert. Elle est datée de Londres le 11 août, et signée de lord Aberdeen, et de MM. Polignac et Lieven. Cette note fait connoître à la Porte que le but de l'expédition de Morée, qui étoit le départ d'Ibrahim, l'évacuation des troupes turques et l'occupation des forteresses par les Grecs, étant rempli, les trois puissances sont disposées à retirer ces forces; mais que jusqu'à ce qu'un arrangement définitif ait lieu, elles placent la Morée et les îles des Cyclades sous leur garantie provisoire.

Esquisse politique, avec cette épigraphe : Plura paucis (1).

Cet ouvrage, entièrement de circonstance, est adressé par l'auteur aux royalistes. C'est une suite de réflexions, de vues et de maximes sur notre situation actuelle, sur ses causes, sur ses résultats, sur le mouvement des partis, sur la marche du ministère, etc. Outre la dédicace, qui est fort courte, la préface, qui l'est encore davantage, et l'introduction, qui a principalement pour objet de bien classer les partis; il y a 21 chapitres; l'énoncé seul des titres indiquera assez les divers objets que l'auteur passe en revue. Ces titres sont: Mil huit cent vingt et un, la Dissolution de la chambre, la Pairie, les Elections, l'Adresse, le Déficit, les deux Lois, la Liberté de la pressé, les deux Ordonnances, les Congrégations, les Jésuites, l'Interprétation des lois, les Milices bourgeoises, l'Accusation, l'Expédition de Morée, la Grèce, la Turquie, le Conseil d'Etat, le Portugal, les Communes, Conclusion.

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Ainsi, on voit que l'auteur embrasse la politique intérieure et extérieure. Il procède le plus souvent par sentences détachées. Il y a, dans son livre, des choses vraies, des aperçus judicieux, même des pensées fortes; mais l'auteur, qui affecte la concision, la pousse quelquefeis trop loin. Il y a des chapitres où on désireroit plus de développeméns; celui de la liberté de la presse, par exemple, est d'une extrême brièveté. L'auteur auroit-il craint de s'expliquer franchement sur les inconvéniens et les dangers de cette liberté qui, telle qu'on la conçoit aujourd'hui, est un véritable fléau dont nous ressentons la mortelle influence? Est-il un Etat, est-il une société qui puissent résister à l'action continue d'un tel dissolvant? L'auteur, en évitant de traiter ce sujet, laisse donc dans son plan une importante lacune, et je le regrette d'autant plus, qu'il étoit plus capable de la remplir.

Parmi les chapitres qui offrent le plus d'intérêt, j'indiquerai ceux sur les élections, sur l'adresse, sur le déficit, sur l'accusation, sur les milices bourgeoises, etc. Il y a dans ces chapitres des traits d'un observateur habile et d'un politique exercé; mais pour ne pas so tir du cercle des matières qui sont plus particulièrement de notre ressort, nous nous bornerons à considérer les chapitres sur les deux ordonnances, sur les congrégations et sur les Jésuites. Dans le premier, l'auteur fait des réflexions fort justes sur quelques dispositions de l'ordonnance; nous ne citerons qu'une petite partie de ce morceau :

« Voici un homme qui a consacré sa jeunesse à l'étude des choses

(1) In-8°, prix, 2 fr. 50 cent. et 3 fr. franc de port. A Paris, chez Blaise, rue Férou, et au bureau de ce journal.

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