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N° 19

TRAVAUX D'ASSAINISSEMENT

DE

FRANCFORT-SUR-LE-MEIN

Par M. HIRSCH, Ingénieur en chef des ponts et chaussées.

INTRODUCTION.

Les immenses travaux exécutés à Francfort-sur-leMein dans les vingt dernières années ont amené une transformation complète de l'ancienne et riche cité. La vieille ville, ses rues étroites, sombres, infectes, boueuses, ses fossés marécageux, ses maigres gares, sa navigation précaire, tout cela a disparu. De larges rues, des avenues immenses, des constructions grandioses, de magnifiques jardins, un port admirable et puissamment outillé, enfin un réseau serré de voies de fer et des gares colossales, voilà ce que le Francfort moderne offre à ses hôtes. Le pittoresque y a sans doute perdu, mais la richesse, l'aisance et le bien-être y ont beaucoup gagné.

Je rendrai un compte sommaire des travaux de voirie qui ont été spécialement exécutés en vue d'améliorer l'état sanitaire de la ville, lequel laissait beaucoup à désirer; ces travaux peuvent se ranger sous trois rubriques :

1° Distribution d'eau;

2o Évacuation des eaux;

3o Traitement des eaux d'égout.

Enfin, je terminerai par quelques indications sur les résultats obtenus au point de vue sanitaire (*).

I. DISTRIBUTION D'EAU.

Historique sommaire. L'alimentation d'eau de la ville de Francfort était restée, jusqu'en ces dernières années, fort défectueuse. Quelques distributions partielles avaient été établies; mais elles ne donnaient qu'un débit maigre et irrégulier.

Le 11 octobre 1869, une Commission fut instituée pour étudier un projet présenté par MM. P. Schmick, ingénieur en chef, et le Dr Kerner; ce projet comportait l'adduction des eaux empruntées aux sources du Vogelsberg. La concession fut accordée, sur les plans de M. Schmick, à une Société anonyme fondée le 12 juillet 1870, au capital de 3.500.000 florins (**). Le volume à amener devait correspondre à 138 litres par jour et par tête d'habitant, et suffire pour une population de 100.000 habitants, ce qui faisait en tout 13.800 mètres cubes par jour (la population de Francfort était, à cette époque de 87.850 habitants répartis dans 5.330 maisons).

(*) Ouvrages consultés :

W.-H. Lindley: Beschreibung der Entwoesserüng-Aulagen der
Stadt Frankfurt am Main, 1886.

W.-H. Lindley: Beschreibung der Wasserversorgungs- Aulagen
der Stadt Frankfurt am Main, 1886.

Revue d'hygiène, 1887, p. 232: L'épuration des eaux d'égout, par
M. le docteur Richard.

Revue d'hygiène, 1889, p. 277: Compte rendu du Congrès des
hygiénistes allemands, par le docteur Richard.

Docteur Proust: Rapport sur l'assainissement des villes, 1889. (**) Dans cette notice, les valeurs d'argent sont indiquées en florins et en

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Les eaux devaient être tirées des sources du Vogelsberg et de celles de Cassel et de Bieber, sur le Spessart (V. Pl. 11, fig. 1); la conduite maîtresse devait être établie pour un débit journalier de 18.400 mètres cubes.

Les travaux, commencés en octobre 1870, furent poussés avec activité. Le 25 septembre 1873, on put conduire les eaux du Vogelsberg jusqu'au réservoir de la Friedberger Warte, à l'aide d'une conduite de 66 kilomètres de longueur, et les distribuer dans la canalisation. intérieure de la ville, longue de 78 kilomètres. L'inauguration solennelle eut lieu le 22 novembre 1873. L'introduction des eaux du Spessart date du 8 décembre 1875. Les travaux terminés furent livrés à la ville en 1876.

Des travaux complémentaires furent exécutés dans les années suivantes, on adjoignit les eaux de quelques sources secondaires, et on fit servir les anciennes canalisations à l'arrosage des voies publiques, en les alimentant par les eaux du Mein, élevées à l'aide de pompes à vapeur.

Cependant la ville se développait rapidement, et de nouvelles ressources devenaient indispensables. Un nou veau projet, élaboré par M. Lindley, ingénieur de la ville, fut mis à exécution; il consistait à puiser, au moyen de pompes, les eaux d'une couche profonde existant dans le sol du Stadtwald, coteau situé sur la rive gauche du Mein, en aval de Francfort. Le projet fut approuvé le 15 avril 1885 et porté pour une dépense de 500.000 marcs. Les travaux, immédiatement entrepris, permirent, dès le 16 juillet de la même année, de verser dans les conduites un appoint journalier de 7.000 mètres cubes. En même temps, on construisit une nouvelle usine à vapeur, qui puise dans le Mein et verse dans l'ancienne canalisation, complètement restaurée et remaniée, un volume d'eau suffisant pour le service des marchés aux bestiaux et abattoirs récemment créés, des fontaines publiques, de l'ar

rosage des rues, promenades et jardins; cette canalisation fut mise en service en juillet 1885.

Ces augmentations de débit, combinées avec des mesures efficaces pour éviter le gaspillage des eaux, ont permis, depuis cette époque, de faire face à tous les besoins.

Ancienne canalisation.

L'ancienne canalisation amenait, au moyen d'ouvrages fort imparfaits, les eaux de quelques sources voisines de la ville.

Sur la rive droite du Mein, les eaux étaient captées à une altitude suffisante pour les amener par la seule action de la gravité; le volume journalier est de 480 mètres cubes. L'eau marque 14 1/4 à 15 degrés hydrotimétriques.

Sur la rive gauche, l'eau d'une source dite de Seehof se déverse dans un réservoir couvert de 1.550 mètres cubes; deux pompes à vapeur (28 chevaux) la relèvent de 27 mètres pour la refouler dans un réservoir de 750 mètres. Cette source a un débit de 1.200 mètres cubes par jour. Elle dessert aujourd'hui une brasserie et les abattoirs.

Un puits a été foré au Riederspiess; son diamètre est de 6,05 à la surface, et sa profondeur de 51,70; il recueille les eaux dans le grès rouge au moyen de galeries et conduites rayonnantes. Deux pompes à vapeur, de 36 chevaux chacune, la relèvent de 66 mètres pour la déverser dans la conduite des eaux de source. Le débit est de 1.100 à 1.300 mètres cubes par jour; l'eau marque 17°,33 et sa température moyenne est de 10 degrés centigrades.

Sources du Spessart. La région occupée par les sources du Spessart est partagée par un faîte en deux versants: celui de Cassel et celui de Bieber. Les sources sont fortes et espacées; elles sortent du grès rouge, en partie compacte, en partie fendillé ; le sol est couvert de

riches forêts; le grès, très poreux, absorbe les eaux météoriques; il en résulte que les sources ont un débit variable, abondant pendant les pluies, moindre pendant les gelées et en été. Le débit moyen des sources, mesuré pendant les années 1871-1874, a été trouvé de 8.136 mètres cubes par jour.

Le captage des sources a été exécuté en vue de conserver aux eaux toute leur pureté. A cet effet, le rocher a été déblayé jusqu'au vif au point d'émergence; la source est couverte d'une voûte dont les piédroits sont maçonnés au rocher. Les eaux de plusieurs sources voisines s'écoulent dans une chambre unique, munie de vannes et de décharges. Toutes les parties des ouvrages de captage sont rendues accessibles par des regards et escaliers.

Les dispositions du terrain ont permis de ne faire usage que de conduites libres pour réunir entre elles les diverses sources; en deux points seulement des vallées un peu profondes ont dû être traversées en siphon. Les conduites libres sont en tuyaux de ciment; leur longueur est de 9.267,43; leur diamètre varie entre 180 et 600 millimètres; elles sont calculées pour être mouillées sur les 5/6 de leur diamètre; elles sont posées à 2 mètres au moins au-dessous du sol, avec couverture d'au moins 3 mètres d'épaisseur, soutenue par une maçonnerie en pierre sèche. Des bouches d'air empêchent la pression intérieure de s'élever à plus de 5 mètres de hauteur d'eau et contribuent à l'aération du liquide. Les conduites une fois posées ont été essayées sous une pression de 5 mètres, maintenue pendant six heures.

Les sources de Bieber sont réunies à celles de Cassel au moyen d'un aqueduc en tunnel de 1.777 mètres de longueur, dont la section a 1,80 de largeur et de hauteur; il passe à 67 et 100 mètres au-dessous de deux faîtes. La conduite, de 600 millimètres de diamètre, est disposée sur le côté de manière à ménager un passage libre.

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