INÉDITS DE LOUIS-HENRI DE LOMÉNIE, COMTE DE BRIENNE, SECRÉTAIRE D'ÉTAT SOUS LOUIS XIV; PUBLIÉS Sur les Manuscrits autographes, AVEC UN ESSAI SUR LES MOEURS ET SUR LES USAGES DU XVII© SIÈCLE, AVERTISSEMENT. UN historien, dit Mably, n'est plus un « homme privé : il juge les peuples et les « Rois. » Brienne n'a jamais eu de si hautes pensées. Après avoir été ministre, c'est en homme privé qu'il écrit ses Mémoires. Il n'est point historien, il est peintre : il n'a voulu juger ni son souverain ni son siècle, mais il a montré l'un et l'autre ; et perà la cour de Louis XIV, ne fut peutêtre mieux placé pour rendre un semblable tableau tout à la fois piquant et vrai. sonne, Les Mémoires de Brienne renferment des particularités si secrètes, qu'on pourrait s'étonner qu'elles aient été sues. Mais ses premières années, âge heureux où les souvenirs sont si vifs, il les passa pour ainsi dire dans l'oratoire d'Anne d'Autriche, dans les cabinets des ministres et dans la familiarité d'un jeune Roi, qui n'avait rien de caché pour lui. A quinze ans il était secrétaire d'État Mazarin, tout-puissant, lui dictait ses dépêches; Louis XIV, amoureux, s'étonna de l'avoir pour rival: jeune, bien fait, courtisan spirituel, homme aimable et ministre, il surprit à la cour de son maître les secrets de l'amour et de la politique, C'en est assez déjà pour exciter un désir curieux ; mais la curiosité redouble quand des manuscrits autographes ne laissent aucun doute sur l'authenticité de ses révélations.' Elles sont, je l'avouerai, quelquefois indiscrètes ; et cependant la malignité n'y a point 'Henri-Auguste de Loménie, comte de Brienne, père de celui dont il est ici question, publia, en trois volumes in-12, des Mémoires qui parurent en 1719. Quant aux Mémoires inédits de son fils, il y a long-temps qu'on en connaissait. l'existence. Presque tous les biographes en ont parlé. C'est un devoir pour moi de donner des détails scrupuleux sur le hasard qui les a fait passer dans mes mains. Ils se composent de deux manuscrits. Le premier, relié en maroquin rouge, est d'une belle écriture du temps. Je dois la propriété de ce volume à M. Robert, conservateur de la Bibliothéque Sainte-Geneviève; il le tenait de son |