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forces, fans intereffer le refte de l'Etat à cette defenfe, il la céda fous le nom de Duché, ou Marche de France, qui comprenoit la moitié du Royaume, au fameux Robert le Fort, Tige de la Maifon régnante.

Comment

trône

Les enfans de celui-ci d'une gens grande valeur, & d'un merite rare en la Maison ce tems-là, s'ouvrirent par cette même et parve régnante puiffance les chemins jufqu'au trône, nuë au Il eft vrai que l'aîné n'y parvint que par élection pour fervir de tuteur à un Roi mineur; mais le fecond l'ufurpa à force armée, & s'y feroit maintenu, vû la foibleffe du Roi légitime, fi celui-ci ne l'avoit tué de fa main dans une bataille.

Le Duc de Bourgogne, gendre du mort, & de même famille que lui, se crut en droit de lui fucceder, fans le confentement de perfonne, & régna veritablement douze ans entiers. Enfin Hugue Capet, auffi Duc de AveneFrance, arrière-petit-fils de Robert le ment de Hugue Ca Fort, ayant augmenté fes Etats de la pet à la plus grande partie de la Bourgogne, & Couron, fes forces par fon union avec les Capi

ne.

taines les plus renommés du tems, auquel lui, ou fon pere Hugue le Blanc, avoit acquis de grandes terres, monta fur le trône, & s'y maintint, à la faveur d'un teftament de Louis V. qu'il foutint l'avoir inftitué fon héritier. Il fe fit facrer fous ce titre quinze jours après fa mort. Charles,Duc de Lorraine, oncle du dernier Roi, voulut revendiquer fa fucceffion & fa Couronne, auxquelles la proximité & le fang lui donnoient un droit inconteftable; mais la fortune ne lui fut pas favorable. Hugue le prit prifonnier, & l'enferma dans la groffe tour d'Orléans, feconde ville de fa Duché de France, où il mourut. Dira-t-on fur cet expofé que PHIC toire justifie dans toutes les circonftangnante ré ces, que les fuffrages des François libres de fe choifir un Maître par l'extinction conquête. de la Maison régnante, ayent élevé Hugue Caper fur le trône ne voit-on pas, au contraire, que la France a eu le fort commun de tous les Empires de longue durée, dans le changement de races qui y ont régné, & où les plus forts, & les plus habiles à profiter des

Preuve que la

Maison ré

gne par

droit de

preuve de

circonftances, ont chaffé les plus foibles, & ont occupé leurs places? Mais il faut aller plus loin, & faire Autre voir que Hugue Capet étoit fi éloigné, cette prolorfqu'il parvint à la Couronne, de pofition, s'en remettre à une élection libre des François, qu'il diffipa à force un Parlement, ou affemblée de la nation,qui fe tenoit à Compiegne, auprès de la perfonne de Louis Valors mourant. Et c'eft ce que l'on aprend au long d'une Lettre du Pape Silveftre II. alors encore Ecolâtre de l'Eglife de Rheims, & connu fous le nom de Gerbert, écrite à Diéteric, Evêque de Metz, qui fe voit au recueil de Du Chêne.

tion de

Cependant Hugue, voulant affurer la Refuta Couronne à fon fils, & à fa pofterité, Pobjecaffembla, un an après, un Parlement à ton tirée Orléans, où l'on peut raifonnablement croire qu'il ne s'y trouva que de fes

du Parle, ment qui confirma la Cou Tonne à

feudataires & de fes créatures. Mais eft-
ce là ce que l'on peut apeller élection li- Hugue
bre? Le trône n'étoit-il pas occupé par Сарес.
celui même dont s'eft faite l'élection ;
& fondera-t-on fur un pareil tître ce
droit prétendu fondamental du peuple,

Conclufion que

jamais la

choili li brement

les Rois

de fe choifir des Maîtres, quand la race légitime eft éteinte?

On ne foupçonnera pas cet écrit d'avoir été compofé dans la vûë d'affoiblir le droit de la Maison regnante à la Couronne. Une poffeffion conftante de plus de fept cents ans eft un tître fi puiffant & fi demonftratif, que toute ła malice des hommes n'y fauroit donner atteinte, quoiqu'il foit vrai de dire qu'il femble que tous nos Hiftoriens ont aprehendé de faire connoître la maniére dont cet évenement s'est accompli. Mais cela peut être arrivé par un effet de leur peu de lecture & d'inftruction, auffi-tôt que par leur timidité.

Il est donc parfaitement évident, par cette difcuffion abrégée de notre nation n'a Hiftoire, qu'un Ouvrage plus étendu pourroit réduire aux termes d'une demonftration, qu'il n'eft aucun tems dans la Monarchie, où l'on puiffe dire qu'il ait été libre à la nation de fe choifir des Rois, & où on ait ufé de ce droit dont Mrs, les Princes veulent aujourd'hui la gratifier; & partant il . eft pareillement évident que la nation

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n'a aucun interêt réel, ni prétexte à s'opofer à la grace que Louis XIV. a faite aux Princes, fes enfans légitimés.

tion des

III. Enfin la requête de M. le Duc Troifime contient une derniére & troifiéme pro- propofipofition, que l'on peut dire en quel- Princes du que façon plus étonnante que les deux Sang. précédentes: car,au lieu que pour faire connoître le faux & le vrai de ce que celles-là contiennent, il a falu difcuter certains faits dont tout le monde n'a pas une égale connoiffance, celle-ci doit être décidée par notre experience, celle de nos peres, & celle de nos ayeux de plus de trois cent ans. Ils prétendent que le feu Roi n'a pas eu le pouvoir de faire l'édit & la Déclaration dont il s'agit.

dent.

Le principe d'où part cette conclu- Principe fion,eft qu'en general un Monarque ne fur lequel peut rien contre les loix fondamentales se fon de fon Etat, & que fi l'excès de fon autorité oblige quelquefois les Sujets à fe foumettre à fes ordres contre la régle, il eft neceffaire que fon fucceffeur revoque au plûtôt les Ordonnances qu'il auroit pu faire, fans que l'on puiffe dire

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