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François..

Mais au moins que l'on faffe voir que du chan
l'autorité,& le pouvoir des Rois, ayent gement
été restraints par quelque Ordon- verne
nance publique, à laquelle ils ayent ment
bien voulu fe foumettre. On accufe au
contraire Louis XIV. d'avoir porté la
fienne plus loin que tous fes prédécef-
feurs, & d'en avoir joui jufqu'à opri-
mer la volonté des Princes de fon fang;
mais le principal de cette autorité de-
mefurée remonte jusqu'à Louis XIII. &
Henry IV. Ainfi il y a déja une poffef-
fion plus que certaine, qui prefcrit
contre la foibleffe des règnes anterieurs,
avec d'autant plus de force que l'ufage
des derniers tems fe rejoint à celui des
tems plus anciens, dont les preuves
font évidentes.

Mais que peut-on répondre à la dif- Nouvelle
pofition du Traité par lequel même preuve ti
Louis XIV. reçut la ceffion de la Du- rée du
Traité de
ché de Lorraine, fous la condition ceffion des
que les Princes de cette Maifon fuc la Lorrai
céderoient à la Couronne, après les
Princes du fang, & leur pofterité.
Le grand Prince de Condé, Bifaïeuk
de M. le Due, & le Prince de Con-
ti fon frere, euffent pu s'opofer à

ne.

l'enregîtrement du Traité, & de l'élit donné en conféquence. Mais s'ils ne l'ont pas fait, il feroit abfurde d'en rejetter la faute fur la terreur du Gouvernement qui, loin d'avoir alors retenu perfonne, ou contraint les Princes du fang à une diffimulation indigne de leur courage, & de leur naiffance, laiffa toute liberté aux Ducs & Pairs de reprefenter dans les termes toûjours. dus à la majefté des Rois, que la dignité du fang ne pourroit admettre de Concurrens, ni d'égaux; que la multitude des Princes Lorrains, qui entroient dans l'ordre de la fucceffion, & qui en avoient voulu autrefois exclure l'Ayeul & le Bifaïeul du Roi mê me, qui avoient porté leur ambition jufqu'à vouloir détrôner Henry III. ne meritoit pas l'avantage que le Traité lui donnoit, ni même l'honneur de précéder les Pairs de France, qui font les Grands nés du Royaume, & par conféquent auffi élevés au-deffus des Princes étrangers que la Couronne de France a d'éclat & de gloire au-deffus des petites fouverainetés particuliéres. Le Parlement yit cette remontrance,

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& malgré l'opofition il enregîtra l'édit,
pour en rendre l'exécution perpétuelle.
Le tems & la Nature l'ont enfin dé-
truit. Cette Déclaration eft dévenuë
caduque par elle-même; mais l'on n'a
point vu les Princes du fang commet-
tre à fon fujer, ni difcuter les droits
de la Royauté d'une maniére odieufe,
à l'ufage des feuls Anglois Puritains.
On n'a point allegué, pour la détrui-
re, l'insuffisance du pouvoir du Roi,
ni prétendu qu'il n'y a que l'élection li-
bre des peuples qui puiffe préparer des
Maîtres à la nation.

Il refulte de ce détail, que la Monar- Divers change chie Françoife a fouffert diverfes for- mens de

chie Fran

mes dans une fi longue continuité de la Monar
fiécles. On a vû d'abord l'autorité par- coife.
tagée entre les Rois, & les Maires du
Palais, dépendans toutefois les uns &
les autres, en quelque maniére, des af
femblées du Champ de Mars. Charles
Martel, Conquerant de la France, en
ufa felon fa fortune, & ne connut de
loix qu'à fon bon plaifir. Son fils réta-
blit les affemblées ; mais il les modifia,
& les dirigea à fa volonté.Charlemagne,
plein de confiance, leur rendit tout leur

.

Ancienne

pouvoir. Louis le Débonnaire & Charles le Chauve tâcherent de les alterer, & de corrompre la foi de ceux qui les compofoient. Enfin l'introduction de l'inféodalité les a détruits, pour faire place à une autre espéce de Gouvernement, dont toute l'economie rouloit fur la foi refpective des Seigneurs & du Souverain. L'idée de procurer un plus grand bien, & de le faire à fa fantailie, porta St. Louis à introduire plufieurs hommes de loix dans le Parlement, où avant lui il n'y avoit place que pour les Seigneurs des Fiefs & les grands Officiers. Dans la fuite ces nouveaux venus ont chaffé les anciens. Enfin la guerre des Anglois a bouleversé toute la régle du Gouvernement; & les Rois, qui le font trouvé Conquerans des païs d'où ils les ont chaffés, après plus de cent ans de poffeffion, y ont établi des loix prefque arbitraires, que le changement univerfel des mains a autorifées, jufqu'au période où Henri IV. Louis XIII. & Louis le Grand, ont.porté & maintenu leur pouvoir.

La France eft donc accoutumée à l'u

té du pou- fage de cette puiffance abfoluë, & l'on

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I

de

ne trouve point dans l'Hiftoire d'autre tems où l'on s'en foit plaint, que ceux des troubles & adverfités, parce que c'eft la coûtume des Chefs de faction de crier toûjours contre l'opreffion des peuples. Pourquoi? parce qu'ils difent être dans l'intention de les foulager, & que dans les difgraces les évenemens fâcheux font ordinairement fentir l'épuifement des forces, que la gloire du Monarque foutient toute feule dans la profperité.

en deman

dant une

minorité,

Dans le fait, voici la premiére fois Injustice où l'on ait vû le second Prince du fang: qu'ya a fi près de la Couronne, qu'il n'y a der l'aboque deux têtes entre elle & lui, fans lition penTo faction, fans interêt, fans gloire à acRoquerir, fans fortune à faire. Mais peutpal on fe plaindre de l'excès de puiffance où les Rois ont porté leur autorité, & s'en plaindre, non pour ameliorer la condition du fucceffeur, mais pour l'obliger à fe départir pendant fa minorité, quoique les droits des Mineurs foient facrés comme ceux des Rois; pour l'obliger, dis-je, à fe départir d'un droit auffi effentiel que celui de

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