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'Néceffité

faires pour établir un commerce univerfel, & qui en foi-même a un fonds inépuisable de fécondité, à l'égard de differentes chofes dont les Etats voifins ne fe peuvent paffer.

Quelques avantages que le Royauque le Roi me de France ait, foit par fon heureuprotége le fe fituation, ou par l'industrie de fes

commer

ce.

>

habitans, jamais le commerce n'y fera confiderable, tant qu'il n'y aura point d'établiffement qui en foit connu. Le pere commun du commerce est en état de favorifer les entreprises des Négocians tant en general qu'en particulier, foit en foutenant les foibles, pour empécher qu'ils ne faffent banqueroute; ou en protégeant les forts, afin de leur donner moyen d'augmenter leur commerce, & de le porter auffi loin que leur genie pourra s'étendre.

Le Confeil de commerce peut bien protéger les Négocians auprès du Roi, contre les entreprises des Fermiers & Financiers,mais il ne fournira pas de l'argent aux Fabriquans & manufacturiers, pour foutenir le travail de leurs fabriques, ou manufactures; il n'en four

nira pas aux Fermiers & Laboureurs
pour
leur donner moyen de mieux cul-
tiver les terres, & parvenir à d'abon-
dantes récoltes, qui eft la mine iné-
puifable & le Peron que l'on a quité
trop légerement, pour l'aller chercher
bien loin, avec beaucoup de hazards &
de dépenfes.

Il ne fe chargera pas non plus du foin de faire mettre en referve la provifion des bleds, des villes, bourgs & paroiffes du Royaume, avant qu'on en permette le tranfport à l'Etranger, afin d'éviter les difettes & les chertés exceffives des grains, comme il n'eft que trop fouvent arrivé.

Il faut donc un établiffement gene- Projet d'ural qui mette la main à l'œuvre, pour ne com. pagnie ge parvenir à ce point de vûë, lequel nerale de par fa direction, fon commerce & né- commer goce de participation, puiffe réunir dans ce. un même efprit tous les Négocians du Royaume, fans néanmoins captiver l'inclination de chacun en particulier, ni les empécher d'agir fuivant leurs vûës particulières; & en même tems ouvrir un moyen affuré à tous les Sujets de

Preuves

ceffité de cet établiffe

S. M. de pouvoir faire commerce en gros fans déroger, ou faire valoir leur argent dans le négoce fans ufure & avec fureté.

Plufieurs raifons utiles & politiques de la né neceffitent cet établissement. En premier lieu, on fuprime beaucoup de charges & offices, qui occupoient ceux qui en étoient pourvus: les taxes qui font demandées aux Financiers, & par eux payées, les obligent à congédier beaucoup de Domestiques & Commis.

ment.

En fecond lieu, il y a une infinité de jeunes gens de famille, & il s'en éleve tous les jours, à qui il faut donner moyen de s'occuper utilement pour eux & pour l'Etat, afin de les tirer de l'oifiveté, fource de tous les maux, & les empêcher de s'attacher à la Pratique, qui dégenere trop fouvent dans une dangereufe chicane qui ruine les Feuples.

En troifiéme lieu, tout le monde n'eft pas né pour être Soldat ou Laboureur, & ces deux profeffions ne fuffifent pas pour rendre un Etat heureux. Il faut des Fabriquans de toutes efpe

ces, & des Négocians, afin que les uns & les autres s'aident, & que le commerce & l'agriculture fleuriffent.

C'eft pourquoi on fait à S. A. R. les propofitions fuivantes.

PREMIERE PROPOSITION.

raport à

D'établir à Paris, par commiffion, Propofi fix perfonnes, avec le titre de Confeil- tions par lers d'Etat, grands Treforiers du com- cet éta merce, Proviseurs generaux du Royau

me.

Accorder à ces fix grands Officiers. des Lettres patentes pour l'établiffement d'un Trefor, & Direction generale du commerce dans la ville de Paris, à l'effet de protéger & foutenir l'agriculture, les fabriques & manufactures, & generalement faire toute forte de commerce & négoce licite, qu'elle verra bon être, tant par terre qué par mer dedans & dehors le Royaume, fans exclufion, ni anticiper en aucune maniére fur les priviléges exclufifs accordés à la Banque generale,& aux autres Compagnies prefentement établies; les arti

bliffe

ment,

Permiffion

à tout le

reffer.

cles ci-après fervant de reglement pour la dite Direction.

I.

Que tous les Sujets de S. M. de monde de quelque qualité & condition qu'ils s'y inte foient, pourront prendre interêt dans le commerce de la Direction, fans deroger à leurs nobleffe & priviléges, de quoi S. M. aura la bonté de les difpenfer.

IL

Que tous les Etrangers, & Sujets de quelque Prince & Etat que ce foit, pourront pareillement prendre interêt dans le commerce de la dite Direction.

III.

Compofi

vifion du

Que le premier fonds capital du tion & di- Trefor de cette Direction fera compofé de toutes les fommes de deniers, feront portés par ceux qui y prendront interêt, dans le courant de la

fonds de

cet établiffement.

y

qui

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