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ceux du port de Taganrok, sont décrits dans le chapitre LV, qui a pour titre : Observations nautiques sur la Mer-Noire. Jusqu'à ce jour aucun moyen n'a été suggéré pour obvier à cet état physique des lieux, ni pour en

diminuer l'incommodité. Les bancs de sable et les bas-fonds y sont tels, qu'ils ont détourné du projet de construire un hâvre, en creusant des canaux, ce projet ayant été jugé d'une exécution hasardée et d'une dépense incalculable.

Cet état des lieux avait fait concevoir un autre projet, auquel il paraît qu'on a également renoncé, celui de ne permettre la navigation de la mer d'Azow qu'à des bâtimens d'un tirant d'eau en rapport avec sa profondeur, et de l'ouvrir exclusivement au pavillon russe, en barrant aux autres navires l'entrée de cette mer vers le détroit de Taman mesure qui aurait l'avantage de procurer à l'État beaucoup de matelots.

Il a été sans doute rendu compte de ces divers projets à l'empereur Alexandre, pendant son voyage dans la Russie méridionale; et s'il existe quelque moyen praticable pour procurer à Taganrok l'activité, la prospérité auxquelles sa position l'appelle, ce Prince, qui a paru en affectionner les habitans, leur

témoignera sans doute son attachement et sa satisfaction, en s'occupant de la restauration de leur ville. Sa population, au rapport de quelques voyageurs, s'est élevée autrefois jusqu'à 70,000 ames. Elle est bien réduite aujourd'hui, car on n'en compte pas au-delà

de 10,000.

Ce décroissement provient évidemment de celui qui est survenu dans le commerce de Taganrok, et il ne peut manquer d'exciter le gouvernement russe à le ranimer, surtout d'après les avantages considérables qu'il a lieu de s'en promettre.

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Séjour à Pétersbourg. Mémoires présentés aux ministres de l'impératrice Catherine II, sur le commerce de la Mer-Noire. Résultat des démarches faites auprès d'eux pour le mettre en activité.

LA connaissance de la plupart des rapports de commerce entre les différentes villes dont je viens de parler, devait naturellement précéder mon arrivée à Pétersbourg. L'objet de ma mission en Russie consistait autant à Y solliciter des facilités pour l'établissement que je desirais former à Cherson, qu'à y présenter des observations sur les entraves locales dont il était à desirer qu'on affranchît ce nouveau commerce, et à inviter le Gouvernement à accélérer l'effet des mesures jugées les plus propres à le mettre en activité et à lui pro

curer un prompt essor.

J'arrivai à Pétersbourg dans la même année

de mon départ de Constantinople. Mon premier soin fut d'y rendre compte des motifs et des circonstances de mon voyage à M. le marquis de Vérac, ministre plénipotentiaire du Roi près l'Impératrice. Ce ministre fut affermi, par mon récit, dans les dispositions favorables que lui avaient déjà inspirées la

nature même de ces intérêts de commerce et les intentions de notre Cour.

J'eus l'honneur de remettre immédiatement les dépêches dont j'étais porteur à M. le feld-maréchal prince de Potemkin et à M. le comte de Vorontzow. La bonté avec laquelle ces ministres m'accueillirent et s'entretinrent avec moi du commerce de Cherson, me parut d'un très-bon augure pour mon projet. M. le comte de Vorontzow me répondit que mon affaire regardait M. le prince de Potemkin, qu'il en desirait sincèrement le succès, et qu'il y coopérerait en ce qui dépendrait de son département.

Le Prince me promit d'examiner avec attention les observations contenues dans mon Mémoire, sur les invitations de M. de Stachiew.

Quelque temps après, j'eus l'honneur de mettre sous ses yeux un précis des principaux objets qui y étaient traités. J'exposais

dans ce précis, comme essentiellement desirable pour mettre en activité le commerce de Cherson,

1o. Qu'on accordât aux négocians étrangers qui s'établiraient dans ce port, de quelque nation qu'ils fussent, la faculté d'armer des bâtimens sous le pavillon russe, le seul que la Porte laissait entrer alors, avec le sien dans la Mer-Noire, et qu'on leur donnât pour l'achat et l'armement des navires, toutes les facilités qu'exigeait le manque total, dans cette mer, de bâtimens et de matelots;

2o. Qu'attendu les difficultés que la Porte mettait au passage de plusieurs marchandises d'exportation et d'importation, on entamât au plutôt la négociation projetée d'un traité de commerce avec elle;

3o. Que l'on prît des mesures pour que les bâtimens russes fussent à l'abri, dans la Méditerranée, des insultes des Barbaresques;

4°. Que comme les bâtimens qui arrivaient de la Mer-Noire à Marseille y seraient réputés venir du Levant, et que ce commerce, exclusivement réservé pour le pavillon français, y était grevé, lorsqu'il se faisait sous celui des autres nations, d'un droit de 20 pour 100, s'élevant à 30 pour 100 avec les 10 sous par livre alloués à la ferme, il fût

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