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Depuis cette époque, la Cour de Vienne a des agens accrédités près les régences d'Alger, de Tunis et de Tripoli, pour y protéger le commerce et la navigation de ses sujets.

Si les deux Cours impériales n'avaient pas obtenu, par leurs traités de commerce avec la Porte, tous les avantages et facilités dont elle y promet de faire jouir le commerce de leurs sujets respectifs, elles n'auraient eu qu'une concession stérile dans la liberté de faire passer et repasser leurs navires de la Méditerranée dans la Mer-Noire, et vice versa.

CHAPITRE XIX.

Différends entre la Russie et la Porte pacifiés. Peste à Cherson.

J'ÉTAIS

'ÉTAIS trop empressé de profiter le premier des conditions favorables dont le traité de commerce assurait la jouissance au pavillon russe, pour être arrêté dans l'expédition de mes navires et différer leur départ, d'abord par l'avis que la peste s'était introduite à Cherson dans le mois d'octobre, et ensuite par la crainte que les différends survenus entre la Porte et les deux Cours de Vienne et de Pétersbourg n'occasionnassent une rupture: elle fut prévenue par les bons offices de la France.

Les papiers publics de ce temps-là disaient: Que M. le comte de Saint-Priest, déployant » à Constantinople les plus grands talens, >> s'était concilié à la fois l'estime et la con» fiance des deux Cours impériales et de la » Porte; que, par son entremise, les choses

» n'étaient pas venues à une rupture ou» verte; ce qui laissait encore espérer des » termes d'accommodement. »

Cet arrangement eut lieu en effet le 10 janvier 1784, et sans entamer le territoire des Turcs.

Il a existé, dans la suite, des différends entre la Russie et la Turquie, au sujet de la fixation des frontières orientales de leurs Empires. Des commissaires nommés respectivement ont établi une ligne de démarcation qui, d'après ce qu'on apprend, a obtenu tout récemment l'approbation des deux Cours.

S'il survient d'autres contestations entre elles, il y a lieu de présumer, d'après leurs dispositions conciliatrices, qu'elles se termineront également par la voie de la négociation; qu'ainsi les traités de paix et de commerce subsistans entre ces puissances peuvent être considérés comme une base de leurs relations et de leur politique, qu'elles sont disposées à respecter de part et d'autre.

Si la peste s'introduisit à Cherson, on ne saurait l'attribuer à imprévoyance de la part du Gouvernement : il avait prescrit la pratique des mesures usitées pour empêcher que les équipages des bâtimens et les marchandises venant de la Turquie n'eussent aucune

espèce de communication avec les habitans avant le terme d'usage.

Quoique, pour diminuer les progrès de la contagion, il y eût ordre de brûler les meubles et les marchandises existans dans les maisons de ceux qui en mouraient, ce terrible fléau fit malheureusement périr beaucoup de monde.

Les directeurs de mon établissement eurent le bonheur de s'en préserver, et par leurs soins les équipages de mes bâtimens furent également garantis de ce mal, en prenant les mêmes précautions employées par les Européens en Turquie.

Ainsi s'évanouirent les dangers dont la crainte aurait pu me fairé suspendre l'expédition de mes navires.

Le fléau de la peste n'a plus exercé de ravages dans les ports de Russie, sur la MerNoire, depuis l'établissement d'un lazaret dans plusieurs de ces ports, notamment à Odessa, Caffa, Kosolow, Sévastopol, Taganrok, et d'après l'observation rigoureuse qu'on y pratique des réglemens sanitaires établis, seul moyen de prévénir la contagion.

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CHAPITRE XX.

Instructions données aux capitaines des bâtimens expédiés dans la MerNoire et aux directeurs de l'établissement de commerce fondé à

Cherson.

J'AVAIS donné des instructions aux capitaines qui commandaient mes bâtimens ; je traçais à ces navigateurs la conduite à tenir dans le cas où ils seraient capturés par les corsaires barbaresques; je leur indiquais les formalités à remplir pour être expédiés plus promptement à Constantinople par la Porte, et par le ministre de Russie en allant et en revenant; je leur prescrivais de ne s'adresser dans leurs relâches qu'aux seuls consuls de l'Impératrice, de se conformer à ses lois sur la navigation, et de faire journellement prier pour cette souveraine à bord de leurs bâtimens.

Je leur recommandais de ne débarquer et de ne vendre aucune marchandise à leur pas

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