Page images
PDF
EPUB

D'abord après le débarquement des mâts, on procéda à leur examen, et il fut reconnu qu'ils étaient en effet de la même espèce que les mâts importés de Riga. La visite des premières pièces eut lieu en présence de M. de Kinsbergen, amiral hollandais, des officiers de son escadre, et de M. l'abbé Raynal.

Le prix auquel ces mâtures revenaient à la marine, était évidemment très - inférieur à celui que des fournisseurs auraient exigé.

Ainsi les espérances que j'avais osé concevoir sur cet objet intéressant, furent justifiées par l'événement.

Les ministres de la marine en France qui ont succédé à M. le maréchal de Castries détournés par les événemens de la révolution survenue dans ce royaume et par ceux qui l'ont suivie, n'ont point cherché à donner suite à ces premières importations de munitions navales la Mer-Noire. Elles ne pouvaient guère être entreprises par des négocians pour leur compte personnel. Il aurait fallu que le Gouvernement les ordonnât pour le sien en fît les fonds et courût les risques.

[ocr errors]

par

Le choix et la coupe de ces bois à effectuer dans les forêts, leur flottage sur le Niéper, leur transport à Toulon sur des navires qui

y fussent propres, étaient autant de difficultés qu'un particulier ne pourrait vaincre par ses propres moyens.

Mais la marche est tracée aujourd'hui ; il ne dépend que des puissances de la Méditerranée d'en faire usage, soit dans un temps de paix, soit en cas de guerre. Il est à desirer qu'il s'établisse dans les ports de Cherson et d'Odessa, des commerçans entreprenans, disposés à exploiter le commerce des bois de construction, à l'instar des négocians de Riga.

Il est prouvé maintenant que les mâtures de pin, qui se vendent sur cette place pour les arsenaux militaires de l'Europe, sortent des mêmes forêts que celles qu'on transporte à Cherson.

Désormais on les fera arriver à Odessa directement, ce port étant à tous égards plus convenable pour y faire descendre par le Niéper les radeaux de mâtures, et pour en effectuer le chargement sur des bâtimens construits pour leurs transports, et envoyés exprès des ports de la Méditerranée. Odessa n'était pas connu à l'époque où a eu lieu le transport des mâts que j'ai fait faire en 1785; je les fis embarquer à Cherson. Mais à l'avenir, on se servira préférablement du port d'Odessa. Il ne

s'agira que de faire descendre les radeaux sur le Niéper, vingt-cinq lieues plus bas, distance de Cherson à Odessa, puisqu'ils flotteront sur le même fleuve, qui aboutit à Odessa, après avoir passé devant Cherson.

la

On a vu que ces mêmes forêts de pin sont en outre meublées d'excellens bois de chêne et d'orme. L'on sait aussi que le chanvre forme de plus en plus une branche principale du commerce de Cherson et d'Odessa ; que viande salée de ces deux ports, préférable, au moins égale à celle d'Irlande, deviendra également un objet d'approvisionnement pour la marine royale et marchande, ainsi que mes essais l'ont prouvé dans le temps. L'escadre anglaise stationnée à Malte, par suite de la cession de cette île à l'Angleterre, en a fourni la preuve convaincante, par les achats qu'elle a fait effectuer à Cherson, d'une forte provision de ces salaisons.

A

CHAPITRE XXVII.

Passage de deux de mes frères à Cherson pour former un établissement en Pologne. Envoi d'un saleur, d'un tonnelier, d'un chandelier et d'un radelier.

[ocr errors]

J'AVAIS fait passer à Cherson, sur la flûte la Syrène, deux de mes frères pour aller former un établissement dans l'Ukraine polonaise, et j'avais chargé sur ce vaisseau plusieurs genres de marchandises propres à la consommation de cette contrée. Elle fournissait en abondance du blé, du suif, de la cire et d'autres productions, et il me convenait de faire ce commerce par mes propres agens, afin d'établir des relations directes, par Cherson, entre la Pologne et la France.

Pour faciliter et accroître les opérations de ma maison dans ce port de la Mer-Noire, je jugeai à propos de prendre à son service et de lui envoyer un saleur, pour préparer et

saler à l'irlandaise la viande de bœuf, un tonnelier pour tous les travaux de son état, un chandelier pour la fonte des graisses et la fabrication du suif, très-mal soignée dans ce temps-là; enfin, un radelier pour diriger le flottage des bois sur le Niéper. Je passai des contrats avec ces divers ouvriers, et leur donnai tous les ustensiles, outils et instrumens qui leur étaient nécessaires.

« PreviousContinue »