CHAPITRE XXXVI.

Rétablissement de la tranquillité et de la paix en France. - Traité avec la Cour de Vienne.

Mort de

Paul Ier. Élévation de son fils

Alexandre au trône. Renouvellement des expéditions pour la MerNoire.

POUR délivrer la France des nombreux ennemis qui voulaient sa ruine, pour y étouffer les différentes factions qui la déchiraient, empêcher tous les partis de continuer à se détruire successivement les uns par les autres, pour rétablir enfin la tranquillité au dedans et au dehors, il fallait les succès obtenus par ses intrépides armées dans les champs de Marengo. A partir de cette glorieuse époque, les souverains en guerre avec cette puissance ont fait tour à tour des traités de paix avec son gouvernement.

Les relations politiques, suspendues depuis 1793 entre la France et la Russie, furent rétablies en l'année 1800. Pendant cet intervalle, les ports de la Mer-Noire n'avaient pu entretenir des rapports de commerce qu'avec quelques échelles du Levant, parce que la

Méditerranée était couverte de corsaires qui troublaient à l'excès la navigation des bâtimens neutres, dont on aurait pu se servir pour faire ce commerce directement ou indirectement.

Les navires autrichiens furent les premiers qu'on eut la faculté d'y employer. Il s'en affréta plusieurs dans les ports d'Italie, aussitôt après le traité conclu à Lunéville le 20 pluviôse an 9 (9 février 1801). On sait que ce traité donna la paix à l'empereur d'Allemagne, au Corps germanique et à la France. Des liaisons très-étroites commençaient à se former entre la Cour de Pétersbourg et le gouvernement français, lorsque la mort de Paul Ier, survenue le 28 mars 1801, fit monter son fils aîné, Alexandre Ier, sur le trône de Russie.

Ce Prince rendit immédiatement plusieurs lois favorables à l'industrie et au commerce de ses sujets. Dès qu'il eut pacifié les différends

survenus du vivant de l'Empereur son père, entre la Russie et l'Angleterre, il donna ses soins à la conclusion d'un traité de paix avec la France.

Ce traité fut signé à Paris le 16 vendémiaire an 10 (8 octobre 1801). L'article V qui intéresse le commerce des deux États est ainsi conçu :

« Les deux parties contractantes convien» nent, en attendant la confection d'un » nouveau traité de commerce, de rétablir » les relations commerciales entre les deux » pays, sur le pied où elles étaient avant la » guerre, en tant que faire se pourra, et sauf » les modifications que le temps et les circons» tances peuvent avoir amenées, et qui ont » donné lieu à de nouveaux réglemens.

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Je n'eus pas plutôt connaissance de cette disposition du traité, que je préparai une expédition pour la faire arriver dans la MerNoire au printemps suivant. Je la composai de vins de toute espèce, d'huile d'olive, de salaisons de divers genres, de liqueurs, de confitures, de fruits secs, etc. J'adressai ces marchandises à un ancien agent de ma maison à Cherson, qui n'avait pas quitté cette ville. On se formera certainement une juste idée

du plaisir que j'éprouvai quand je rétablis le cours de ces entreprises interrompues pendant dix années.

Mais quel essor pouvait prendre le commerce de la Mer-Noire, tant qu'il était gêné et entravé par la guerre que la France soutenait contre l'Angleterre et la Turquie?

CHAPITRE XXXVII.

Traité de paix de la France avec l'Angleterre et avec l'Empire ottoLiberté au pavillon français de naviguer dans la Mer-Noire.

man.

LES hostilités entre la France, l'Angleterre et la Turquie cessèrent enfin dans l'année 1802. Le traité de paix avec l'Angleterre fut signé à Amiens le 4 germinal an 10 (25 mars 1802), et le traité avec l'Empire ottoman fut conclu à Paris le 6 messidor suivant (25 juin 1802).

Voici la teneur du traité avec la Porte, qui intéresse si essentiellement notre commerce dans le Levant et dans la Mer-Noire.

Art. Ier. « Il y aura à l'avenir paix et amitié entre la République française et la sublime Porte-Ottomane. Les hostilités cesseront désormais et pour toujours entre les deux États.

II. >> Les traités ou capitulations qui, avant