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Les productions des gouvernemens désignés plus haut, consistent dans les objets suivans qu'on trouve à acheter dans le grand marché d'Astracan, en plus ou moins grande quantité, soit contre des espèces, soit par voie d'échange.

Les marchandises pour l'exportation sont: le fer de Sibérie, les mâts et merrains de cette contrée et de Kasan, propres à la construction des vaisseaux; le caviar, le suif, les laines, le beurre, appelé aussi la mantégue; les pelleteries de tout genre, le bœuf salé, la cire, le chanvre, le lin, les toiles à voiles, les cordages, les cuirs rouges dits jouffts; les laines, différentes sortes de drogues et autres marchandises, au nombre desquelles peut se ranger la soie de Perse, et divers articles de ce royaume et des Indes, mais non en grande quantité, à cause de la distance des lieux et de la médiocrité de leur consommation locale, la plupart n'étant que de passage pour Moscou et Pétersbourg, où il s'en fait cependant un débit assez considérable.

C'est à Astracan et à Orenbourg que les Tartares usbecks apportent ces belles touloupes de petits agneaux, dont on éventre les mères pour avoir des peaux moirées blanches et fines.

On trouve aussi à acheter à Astracan du thé vert, qu'on y porte de Kiakta, ville limitrophe de la Sibérie, qui est l'entrepôt du commerce entre la Russie et la Chine. Il est connu que le thé importé par terre est supérieur de beaucoup à celui qui nous arrive par mer.

Les objets propres à l'importation pour le commerce entre la Russie et la Chine, sont détaillés dans le chapitre X, sur le commerce de Taganrok: ce sont les mêmes, en général, qui composent nos importations en Russie.

C'est par la voie de la mer Caspienne qu'ont été importées en 1819, à Marseille, d'où elles ont passé dans la bergerie royale de Perpignan, ces fameuses chèvres du Thibet, nommées par M. Tessier, inspecteur général des bergeries de France, chèvres à duvet de cachemire, dans le titre de son Mémoire circonstancié sur l'importation récente de ces chèvres dans le royaume (1).

La protection accordée par le Roi à cette importation, effectuée par les soins de M. Ternaux aîné, les vues élevées et bienfaisantes

(1) Moniteur, no 288, du 15 octobre 1819.

de Sa Majesté, font concevoir les plus flatteuses espérances pour l'extension et la prospérité de l'industrie et du commere français.

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Le transport en France des chèvres du Thibet fera époque dans les annales de nos manufactures.

M. Ternaux, convaincu qu'il serait d'une grande utilité pour la France de parvenir à imiter dans tous ses détails la fabrication des schalls, imagina, pour obtenir le plus haut degré de perfection, d'introduire en France, où il avait l'espoir fondé de les acclimater, les mêmes chèvres dont le lainage (espèce de duvet, que fait découvrir la tonte de ces bêtes, immédiatement au-dessous d'un poil plus rude), était employé à former le tissu des schalls dans le Kachmyr. Cette contrée, située au nord du Thibet, est entourée de montagnes; dans le centre se trouve la ville de Kachmyr, nommée anciennement SeriNagria.

Pour l'exécution de ce projet, M. Ternaux a fait acheter dans le pays occupé par les Tartares kirguès 12 à 1500 chèvres du Thibet, et les a fait passer des bords de la mer Caspienne à Taganrok et à Caffa, d'où elles sont arrivées dans les ports de Marseille et de Toulon.

Tout fait espérer que cette première importation en France par la mer Caspienne, qui a tant excité l'attention et l'intérêt public, aura, sous différens rapports, les résultats les plus avantageux.

CHAPITRE L.

Routes pour commercer en Perse et dans les Indes orientales, par les

ports asiatiques sur la Mer-Noire.

La liberté de naviguer dans la Mer-Noire, accordée présentement à tous les pavillons, permet de commercer dans tous les ports de cette mer, soit en Europe, soit en Asie, comme dans tous les pays situés à leur proximité, ou avec lesquels ces pays peuvent communiquer.

Il s'agit d'indiquer les ports de l'Asie par lesquels on pourrait établir une communication avec la Perse et les deux presqu'îles de l'Inde, autre que l'ancienne qui était établie par la mer d'Azow, le Don, le Volga et la mer Caspienne, voie par laquelle les marchandises de l'Europe passaient à Astracan et de ce port à celui d'Astrabat, situés l'un et l'autre sur la mer Caspienne. Cette voie, assez courte, serait encore convenable pour le transport des productions de l'Asie desti

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