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Cette ville a une communication des plus actives et des plus importantes avec Cherson. Ce port est pour Odessa un entrepôt précieux, et même indispensable à son commerce extérieur et à sa consommation.

Le Gouvernement a établi à Cherson le magasin général de tous les matériaux destinés à ses chantiers militaires et civils. On a fait précédemment mention d'un pont de radeaux nouvellement établi à Bereslaw, à travers le Niéper, pour faire communiquer avec cette presqu'île les diverses habitations. voisines la ville de Cherson ne peut manquer d'en retirer des avantages progressifs.

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Les ruches à miel réussissent fort bien aux environs de Cherson : il y a donc lieu d'espérer qu'un jour l'on pourra en tirer beaucoup de cire.

On doit se promettre un égal succès pour la laine des mérinos qui ont été introduits dans la Russie méridionale et dans la Crimée. Leur multiplication et leur prospérité prouvent que le climat leur est favorable, et que la qualité des vastes pâturages de ces contrées leur convient sous tous les rappports. On y rencontre déjà de nombreux troupeaux de première, deuxième et troisième race. La laine provenant de leur tonte est achetée avec empressement,

empressement, et elle augmente de prix chaque année.

Il existe en outre, dans ces pays, une trèsgrande quantité d'autres bêtes à laine leur toison est grossière et de différentes couleurs; il y en a de blanches, de noires, de grises et de brunes. Il s'exporte beaucoup de ces laines pour Constantinople, et il s'en consomme immensément dans les provinces. populeuses qui les produisent.

Parmi le grand nombre de familles allemandes arrivées à Cherson, plusieurs ont été transférées à Tifflis, capitale de la Géorgie; elles s'y sont établies et prospèrent. Le Gouvernement y salarie les hommes qui exercent quelque métier; il fait des avances aux cultivateurs et encourage tous ces colons.

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l'empereur Alexandre en faveur du commerce de cette place. — Importance de son commerce en blé.

LE capitaine d'un navire que j'avais expédié à Cherson, postérieurement à mon séjour dans cette ville, ayant relâché dans la rade ou baie de Kojabey, aujourd'hui Odessa, située sur sa route, crut qu'on pourrait en tirer parti pour le commerce de ces cantons. Ses idées furent communiquées au gouverneur de Cherson, qui les transmit à Pétersbourg. Il en résulta l'ordre d'une vérification des lieux. Sur le compte qu'on en rendit, il fut arrêté, en 1796, de faire du village de Kojabey une place de commerce sous le nom d'Odessa.

Les vues et l'attention de Catherine II se fixèrent sur cette ville maritime de la Bessa

rabie, dont ses conquêtes dans la dernière guerre avec les Turcs l'avaient mise en possession. Elle est située sur la rive droite du Niéper, entre le Bog et le Niester, à l'ouest d'Oczakow, à neuf lieues de distance de ce port, et à quarante-cinq lieues de celui de Cherson.

Odessa cessera d'être considérée comme une rade, et son port sera très-sûr, lorsque les ouvrages importans qu'on y a commencés, et qui sont très-avancés, auront mis les navires à l'abri des vents d'est ; qu'ils lui auront procuré en hiver, au moyen d'une jetée, toute la sûreté dont il est susceptible; qu'enfin on sera parvenu à le dégager des sables qu'y entraînent annuellement les eaux du Niéper. On assure qu'il peut contenir audelà de six cents bâtimens marchands. Les grands froids de 1803 l'avaient gelé.

Le climat d'Odessa est vif; l'air y est trèssain.

Son port est protégé par une citadelle. Il est situé dans une anse dominée par une hauteur où est bâtie la ville, qui offre de ce côté l'aspect d'un amphithéâtre.

Cette ville est très-bien percée, les rues en sont longues et larges; mais comme elles ne sont point pavées, et qu'il y passe journelle

ment un grand nombre de charriots, la poussière en été et la boue en hiver les rendent fort incommodes. Leur pavage peut seul faire cesser ce fâcheux état : aussi y attend-on avec empressement l'arrivée des grès, pour le transport desquels des bâtimens ont été expédiés par ordre de l'Empereur dans la Tauride (Crimée).

La population d'Odessa et des villages voisins est évaluée à soixante mille ames environ. Elle se compose d'indigènes, de Polonais, de colonies d'Allemands et de Bulgares, de Tartares nogaïs, d'anciens habitans de la Crimée, de Cosaques, de Grecs, de Juifs et Arméniens sujets du Grand-Seigneur, enfin, de divers capitalistes et commerçans de la Russie et de l'étranger: aussi parle-t-on à Odessa toutes sortes de langues.

Odessa est heureusement située pour le commerce de la Bessarabie, pour celui des palatinats de Braslaw, de Podolie, de Volhinie, et autres pays échus à la Russie dans les trois partages de la Pologne. Plusieurs des pays passés sous la domination de l'Autriche et de la Prusse peuvent s'y procurer des marchandises étrangères et donner leurs productions en échange; mais pour que ces rapports acquièrent plus de consistance et d'étendue,

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