Page images
PDF
EPUB

cissement à toute l'étendue de la Loire. Cent mille francs furent accordés pour un nouvel essai, dont l'emplacement fut fixé en amont du confluent de la Vienne, près du village de Chouzé; mais cet essai ayant consisté dans la construction de trois digues perpendiculaires au courant, chacune de 250 à 280 mèt., disposées sur la même rive et comprenant un espace de 760 mèt. de longueur, il ne s'agissait plus de passes artificielles.

Un fait toutefois est à constater.

Lorsqu'il s'est agi de la reprise des travaux, les chambres de commerce des villes riveraines furent consultées, et celle de Nantes se prononça pour le rétrécissement elle le trouva préférable à l'exécution d'un canal latéral. « Un de ses membres, faisant partie de la commission qu'elle avait nommée pour l'examen des moyens proposés, écrivait le 8 mai 1823, qu'il était maintenant reconnu que les plaintes du commerce, au sujet des constructions exécutées par le sieur Magin, n'étaient pas entièrement fondées. En effet, dit-il, la Loire, depuis cette époque, a offert au moins la même profondeur dans les bras resserrés. L'ensablement s'est porté dans les canaux fermés par les digues; le mal n'a donc pas augmenté, et si le bien n'a pas été réalisé autant qu'on l'espérait, on doit l'attribuer au défaut de continuation des travaux (1). »

De cette assertion qu'il suppose exacte, de ce que les travaux exécutés de 1755 à 1768 n'auraient eu, pendant les cinquante-cinq années qui ont suivi, d'autre effet que de conserver le statu quo dans les endroits où ils ont été effectués, M. Beaudemoulin conclut qu'on doit peu compter sur les rétrécissements pour augmenter la profondeur d'eau en Loire (2).

Il serait peut-être permis de tirer de là une conclusion contraire.

Car, si la largeur du rétrécissement a eu pour résultat, dans son état actuel, d'arrêter les altérissements et de s'opposer à un nouvel exhaussement du fond, il est certain que la direction de la passe est excellente, et il est infiniment probable qu'une section de moindre largeur, calculée dans les conditions de la pente et du débit de la rivière, aurait déterminé l'approfondissement, à moins que le fond n'ait trop de résistance, qu'il ne soit formé de ce tuf inaffouillable nommé jalle, qu'on rencontre en plusieurs points sous le gravier de la Loire.

Les faits relatifs au duit d'Orléans (3), ouvrage encore plus ancien, viennent à l'appui de cette conjecture, et il est vraisemblable qu'à l'aval de Nantes on serait arrivé à de meilleurs résultats, si, au lieu de laisser 200 mèt, de largeur à la section, on lui eût assigné une largeur moindre.

D'autres essais plus récents ont été faits sur d'autres rivières. La Meuse et a Moselle en offrent quelques exemples remarquables.

(1) Considérations sur le système de rétrécissement, etc., par M. BEAUDEMOULIN. Annales des ponts et chaussées, t. VII.

(2) Ibid.

(3) Rapport du 30 octobre 1841.

Sur la Moselle, diverses passes ont parfaitement réussi, et déjà j'ai eu l'honneur de vous en entretenir (1`.

Plusieurs passes ont de même été ouvertes avec un plein succès sur la Meuse française. Les deux plus anciennes, celles de Dom-le-Mesnil et de St-Louis, ont été commencées au mois de juillet 1837, et terminées, l'une vers la fin de l'automne de la même année, l'autre dans l'été de 1838. La solidité de leur construction est attestée par leur durée; leurs bons effets pour la navigation ne se sont point encore démentis.

La Midouze a été améliorée dans la totalité de son cours, depuis Mont-deMarsan jusqu'à l'Adour, de manière à devenir propre à la navigation à vapeur, au moyen de digues transversales, formées de piquets clayonnés, entre lesquelles sont échoués des corps d'arbres; ces épis et ces échouages, élevés de 0m,30 à 0m,40 au-dessus de l'étiage, sont liés par des digues longitudinales continues; ce système détermine des ensablements à la fin des crues de l'hiver, et lorsque ceux-ci sont assez élevés, on les consolide par des plantations en boutures de saules et de peupliers, ainsi que par des semis de foin et de bruyère (2).

De semblables résultats, il semblerait que l'on pût conclure que l'emploi des passes artificielles est, non-seulement praticable, mais utile et avantageux, et c'est aussi ce que je pense.

Il n'est pas permis d'espérer pour toutes les rivières des moyens d'amélioration tels que ceux qui ont été mis en œuvre par M. Laval, avec beaucoup d'habileté, sur la Douze et la Midouze. L'amélioration totale de la Midouze, sur un développement de 41,360 mèt., s'est effectuée pour la modique somme de fr. 85,000, ou à raison de fr. 2-05 par mètre courant (3).

Sur la Meuse française, le chenal de Dom-le-Mesnil a coûté fr. 36,374-66; sa longueur étant de 758 mèt., ce travail est revenu à fr. 47-98 par mètre.

Pour le chenal de St-Louis, la dépense a été de fr. 51,753-01, ce qui, pour une longueur de 700 mèt., porte le prix du mètre à fr. 73-93.

Sur la Meuse belge, six passes ont été construites comme ouvrages d'essai :

A Anseremme, 1,000 mèt. de longueur pour la somme de fr. 39,127-41, ou à raison de fr. 39-13 par mètre ;

A Tailfer, une jetée sans aucun draguage du fond, longue de 650 mèt., a coûté fr. 18,732-50, ou fr. 28-82 par mètre ;

Aux Grands-Malades, jetée, revêtement de la rive en moellons, draguage

(1) Rapport du 30 octobre 1841.

(2) Rivière de la Midouze, etc., par M. Laval, ingénieur des ponts et chaussées.- Annales des ponts et chaussées, t. VIII, 1833.

(3) Ibid.

à 1,50 de profondeur, sur un développement de 1,312m,23 (1), au prix total de fr. 161,813-28, ou de fr. 123-30 par mètre ;

Aux îles de Beez. 12.450 mèt. cubes de draguages, sur une longueur de 740 mèt., ont coûté fr. 42-81 par mètre courant ;

A Chokier et au Val-St-Lambert, la jetée en rivière, le revêtement d'une partie de la rive, le draguage sur 1,023 mèt. à 1,50, et à 0m,60 sur 1,280 mèt., reviennent à fr. 132,933-96; la longueur totale de la passe est de 2,300 mèt., et par conséquent la dépense est de fr. 53-17 par mètre ;

A Jupille, draguages et remblais, dressement de la rive gauche, établissement d'un chemin de halage, jetée en rivière à l'amont des draguages, etc., sur une longueur de 1,375 mèt., pour la somme de fr. 76,503-85, ou à fr. 55-64 par mètre.

En évaluant les dépenses sur la Meuse comme celles de la Midouze, c'està-dire en les répartissant sur le développement total du fleuve mis en valeur par les travaux effectués, on trouve des résultats encore plus exacts. Ainsi : La passe de Dom-le-Mesnil améliore la navigation sur une longueur d'environ 4,000 mèt., en sorte que le prix du mètre courant n'est en réalité que de fr. 9-10;

Le chenal St-Louis, pour une longueur améliorée de 3,000 mèt., n'a exigé qu'une dépense de fr. 17-25 par mètre ;

Et les six passes sur la Meuse belge améliorant la navigation sur des longueurs respectives de 4,100 mèt., 2,500 mèt., 3,000 mèt., 4,000 mét., 3,700 mèt, 4,000 mèt., ne reviennent en définitive qu'aux prix de fr. 9-73, fr. 7-89, fr. 53-94, fr. 7-92, fr. 33-93, et fr. 19-13 par mètre.

Si enfin on prend la moyenne de la dépense, on trouve qu'elle est de fr. 21-84 par mètre courant.

Ce chiffre devrait être diminué de beaucoup, il serait même au-dessous de fr. 7-89, prix qui vient d'être indiqué pour les travaux de Tailfer, si l'on supprimait les draguages (2).

Du décompte de chaque ouvrage résulte la dépense de chaque nature pour chacune des passes dont la construction a été autorisée.

(1) De la dépense des Grands-Malades, ont été déduits les frais pour le matériel qui subsiste encoré en entier, et dont la valeur est de fr. 34,922-84.

(2)

« Les 760 mètres courants de digues submersibles exécutés à Chouzé ont coûté fr. 83,213-44, ce qui fait fr. 109-49 par mètre courant, et fr. 109,490 par kilomètre. L'office qu'auraient à remplir les digues longitudinales serait assez rude pour qu'on ne puisse supposer qu'elles reviennent à meilleur marché. Le kilomètre de chenal coûterait donc fr. 218,980. M. Brisson a déduit, de la comparaison des divers canaux exécutés, une évaluation générale dans laquelle il estime les canaux de première classe à fr. 90,000 le kilomètre, en ayant égard aux changements survenus dans la valeur de l'argent et des terres. Il est donc évident qu'un système de digues longitudinales qui coûteraient deux et trois fois plus qu'un canal, n'est pas proposable. Considérations sur le système de rétrécissement, etc.; par M. BEAUDEMOULIN.

Ces évaluations, qui supposent deux digues longitudinales pour chaque passe, qui en outre les supposent nécessaires partout et dans toute la longueur du lit, doivent se rapporter à un bien petit nombre de rivières; elles ne regardent probablement qu'une partie de la Loire et ne sont en rien applicables à la Meuse.

[merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][ocr errors][merged small][merged small][merged small][ocr errors][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][ocr errors][ocr errors][merged small][ocr errors][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small]
[graphic][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][ocr errors][subsumed][ocr errors][ocr errors][ocr errors][ocr errors][ocr errors][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][ocr errors][ocr errors][subsumed][ocr errors][subsumed][ocr errors][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][ocr errors][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][merged small][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed]
« PreviousContinue »